Louÿs – Poésies/Derniers vers 4

Slatkine reprints (p. 210).

À chacun de mes jours qui tombe


À chacun de mes jours qui tombe,
Mon pied, qui ne s’en défend plus,
Fait un ferme pas vers la tombe.
Mes grands jours sont-ils révolus ?

Mais je n’ai pas fini de vivre,
Et tout chez moi n’a pas péri ;
Même, il est là le meilleur livre,
Le seul que j’aie encore écrit.

Hélas ! que sais-je de ma vie ?
Triste, sans espoir, sans envie,
Je la continue en marchant

Sur cette magnifique arène
Qui fut si longtemps souveraine :
Je bêche encor mon propre champ.

Je bêche encor mon prop12 mars 1924.