Livre de raison de la famille Fontainemarie/04

IV.

JOURNAL DE JEAN-BAPTISTE DE FONTAINEMARIE.
(1720-1774).


Je Jean-Baptiste de Fontainemarie, aujourd’hui Conseiller en la Cour des Aydes et finances de Guyenne, fils de feu Monsieur François de Fontainemarie, Conseiller du Roy et doyen en la Cour des Aydes de Guienne, et de Madame Marie-Marguerite Boutin, suis né à Marmande le 24 juin de l’année mille sept cens vint et trois à deux heures après midy. Ma naissance fit beaucoup de joye à toute la ville, surtout à mon très cher père qui se trouvoit pour lors âgé d’environ soixante ans. Il étoit généralement aimé et respecté de tout le monde, rendant service au pauvre comme au riche, ne prenant jamais d’orgueil pour personne. Il étoit extremement religieux, donnant toujours de fort bons conseils ; il étoit prudent, grand jurisconsulte, accomodoit beaucoup d’affaires, n’en travailloit jamais aucune pour peu qu’il reconnut qu’elle étoit mauvaise ; en un mot, c’étoit à tous égards un grand juge et très estimé en sa Cour.

À peine fus-je en état de recevoir de l’éducation qu’il songeoit à ne rien négliger et se donnoit tous les mouvements pour me la donner aussi bonne qu’il l’avoit lui-même reçue et principalement pour la religion. Il crut ne pouvoir mieux faire que de me mettre à Poitiers chès les Jésuites, au collège que l’on nomme Pygarreaux, après avoir passé deux ans chés les Barnabites an collège de Bazas[1]. Je fus donc à Poitiers où je resté tout de suite quatre ans avec mon frère. J’entré, en y arrivant, en seconde, y fis l’année suivante ma rhétorique et, deux ans de philosophie. Ce fut pendant ce tems-là et en l’année 1741 le 19 novembre que j’eus le malheur de perdre mon très cher père ; j’en ay senty toute la perte depuis, et elle auroit été bien plus grande si nous n’eussions pas eu une mère aussi tendre pour ses chers enfanfs, et aussi respectable qu’elle l’est. Mon très cher père, qui cognoissoit son mérite, luy laissa par son testament[2] la jouissance de tous ses biens ; il m’y fit son héritier et légua à chacun de ses cinq autres enfants 6000 livres pour leurs droits légitimaires ; elle a parfaitement bien répondu à sa confiance.

En 1743. je fus à Bordeaux pour y étudier en droit. Au commencement de 1745, je fus reçu avocat et le 6 du mois de septembre de la même année je fus reçu Conseiller en la Cour des Aydes de Guienne. Ma mère avoit vendu la charge dont étoit revêtu mon très cher père à M. Faget, procureur du Roy au siège royal de cette ville, pour le prix et somme de vint et une mille livres et acheta celle que j’occupe dix-huit mille livres qu’elle paya comptant à M. de Minvielle. C’est une de la première crüe. Je fus reçu à la Cour avec plaisir et distinction. Je picqué ma loy et profité en cela de l’avis que mon très cher père m’a laissé par écrit au commencement de ce livre. J’ay servy fort exactement les 4 ou 5 premières années. Je fus ensuite au commencement de l’année 1748 à Paris avec M. l’abbé de Malromé, Conseiller clerc au parlement de Bordeaux[3] mon intime amy, du consentement de ma mère ; j’y resté 6 à 7 mois et ce voyage me couta environ 3, 000 livres y compris les habits que j’y acheté et autres petits présents qui me coûtèrent bien 1, 500 livres. C’estoit la pure curiosité qui m’engagea à faire ce voyage et l’occasion d’y aller avec un amy avec qui je vivois à Bordeaux depuis deux ans et avec lequel j’ay continué de vivre et d’habiter jusqu’en la présente année 1759, toutes les fois que j’ay été à Bordeaux, mon beau-père n’ayant point dans sa maison assez de logement pour m’y donner un appartement.

En 1750, le 29 décembre, j’épousé Mlle Marie Rose Dublan dans la paroisse de Saint-Projet à Bordeaux. M. Durand, chanoine de Saint-André, et ancien amy de M. Dublan, nous impartit la bénédiction nuptiale. Elle est née à Bordeaux, paroisse de Saint-Projet l’an 1728 le 30 septembre ; elle fut baptisée à Saint-André. A l’âge de 7 ans, elle fut au couvent du Mas-d’Agenais, où elle a resté jusques au mois de may de l’an 1750, d’où elle sortit pour aller à celuy de Notre-Dame à Bordeaux où elle y avoit une tante religieuse. Elle est fille de M[essi]re Pierre Du Blan, actuellement ècuyer secrétaire du Roy prés la Cour des Aydes de Guienne, directeur et receveur général des domaines du Roy[4] et de dame Marie Tubiez. Leur contrat de mariage se passa à Paris[5], estant de Paris mème et M. Dublan, de Créon entre deux-mers[6].

Ils constituèrent conjointement à leur fille la somme de cinquante mille livres dont je reçus à compte au passement du contrat celle de vint mille livres dont dix mille livres furent employés à payer à M. Drouilliet de Sigalas, Conseiller au parlement[7], une pareille somme qu’il avoit prêté à ma mère sur son simple billet pour l’aider a payer comptant la charge de Conseiller qu’elle avoit acheté à M. de Minvielle, et partie du restant des autres dix mille livres ; j’ay employé environ mille écus à acheter de l’argenterie, et me deffis de la vieille de la maison.

Le contrat fut passé à Bordeaux et retenu par Sarrauste, notaire, le 28 septembre 1750. Ils estoient pour lors 4 enfants, aujourd’huy ils ne sont que 3, deux garçons et ma femme. L’ainé est actuellement à Paris[8], pour se faire recevoir en la charge de procureur du Roy du domaine et des finances de Guienne, laquelle luy revient à cent trente mille livres y compris la reception et autres fraix. M. son père me l’a ainsi dit. M. Auguste, second fils, est lieutenant dans le régiment Dauphin infanterie actuellement dans le duché d’Enhovre[9] faisant partie de la réserve que comande M. le duc de Broclie[10]sous les ordres de M. de Contade lieutenant général[11], et sa demoiselle est morte religieuse à Nostre-Dame, il y a environ 3 ans. L’on pense que c’est de la poitrine.

Mon beau-père me paye exactement chaque année 1500 livres d’interest pour le principal des 30, 000 livres restantes faisant partie de la constitution dotale. Il est généralement aimé et estimé de tout le monde à Bordeaux ; il est fort sage, fort prudent, il ne fait point de folles dépenses ; il a augmenté par ce moyen depuis neuf ans de beaucoup sa fortune, et si le Seigneur le conserve encore quelques années, elle sera des plus brillantes, et sûrement il en faira part à ma femme, ou bien à mes enfants. Monsieur le duc de Lavauguion, aujourd’huy gouverneur des enfants de France[12] le protège beaucoup, aussi bien que M. le Maréchal duc de Richelieu, actuellement gouverneur de la haute et basse Guienne résidant à Bordeaux depuis un an[13]. M. Laleman de Bets, beau-père de M. le Comte de Pons[14], l’a toujours extremement aimé et l’a favorisé dans toutes ses entreprises. La maison de Caumon de la Force luy est extremement attachée, et plusieurs autres seigneurs à qui il a toujours rendu en province tous les services qu’il a dépendu de luy, Il n’y a eu que M. de Chabannes, marquis de Curton[15], qui luy témoigna sa reconnaissance d’une façon bien odieuse, en luy intentant un procès en 1754 des plus iniques. Aussi le parlement de Bordeaux au rapport de M. de Guionnet[16] rendit un arrêt contre M. de Chabannes, le 13 aoust da l’année 1755 par lequel mon beau-père est relaxé des demandes injustes que lui faisoit M. de Curton ; ordonne de plus ledit arrêt que les termes injurieux à M. Dublan, insérés dans les Mémoires du sieur Curton, seront biffés et bâtonnés par le greffier de la Cour, permet audit Dublan de faire imprimer et afficher le susdit arrêt où bon luy semblera, à l’effet de quoy il luy en sera passé deux cens exemplaires en taxe, condamne ledit Chabannes de Curton envers ledit Dublan en la somme de huit mille livres de dommages et intérêts et en tous les depends faits tant au Senechal qu’en la Cour, et en douze cens livres d’amande envers le Roy, à raison de sa ditte appellation.

A la suite de cet arrêt, M. de Chabannes se pourvut au conseil pour en obtenir la cassation, mais le conseil le confirma en tout son contenu par un arrêt qu’il donna, le Roy y étant, y est-il dit. Il est du commencement de l’année 1758, au moyen de quoy cette affaire, bien loin de luy prejudicier, a fait voir au public sa probité et sa droiture, et il n’en a resté que la honte aux agents de M. de Curton, c’est-à-dire à M. la comte de Buron, son beau-père, qui avoit été le moteur de cette affaire sous le nom de son gendre. Aussi M. Dublan proceda-t-il contre luy par la voye d’information, devant le lieutenant criminel en Guienne, sur laquelle toute la grand’chambre assemblée prononça arrêt le 23 juin 1758 qui ordonne que le sieur Buron remettra au greffe de la Cour sous quinzaine un acte de luy signé, par lequel il déclarera que mal à propos, il a proféré les injures mentionnées dans la plainte, qu’il reconnoit le sieur Dublan pour homme de bien et d’honneur, et non de la qualité portée par la plainte et information, condamne ledit sieur Buron en 300 livres de dommages, et intérêts envers le sieur Dublan et aux dépends, permet aux surplus au sieur Dublan de faire imprimer, publier, et afficher ledit arrêt et d’employer dans la taxe des dépends le nombre de deux cens exemplaires etc. Fait à Marmande le 6 aoust 1759 pour servir de mémoire à ma famille.

Le 19 juin 1760, jour de jeudy, mon beau-frère l’aîné, âgé de 28 ans (la demoiselle en a 18) a épousé dans l’église de Talance en Grave[17] Mlle Le Grix, fille de M. Le Grix, trésorier de France, et de dame Agar Le Grix[18] à qui l’on a compté au passement du contrat cent mille livres, lequel contrat fut passé le 1er juin retenu par le sieur La France, notaire, et greffier au Bureau du domaine. M. Dublan, conjointement avec Madame son épouse[19] ont constitué à leur fils le bien de Quinsac avec ses appartenances et dépendances. Mon beau-frère s’est constitué sa charge, le pouvant faire comme émancipé, ce qui revient aux environs de cent mille écus les deux dites constitutions. Il aura beaucoup davantage de sa femme n’ayant que deux frères, et son père, m’a assuré M. Dublan, a au moins en argent, charge ou bien fons douze cent mille livres. Je me rendis à Bordeaux pour assister au contrat que j’ai signé. Le notaire passant par Marmande le surlendemain le porta à ma femme qui l’a également signé, aussi bien que ma mère, M. de Villepreux, M. Boutet et sa femme. Les bijoux que mon beau-frère a donné a sa femme vont aux environs de dix mille livres, sans y comprendre une bourse qu’il luy donna quelques jours avant d’épouser dans laquelle il y avoit cent louis. Je n’ay point assisté à la noce, m’étant retiré icy pour des affaires pressantes. La demoiselle est fort belle, ayant beaucoup de vertu et touchant du clavessin au parfait. Dieu veuille répandre sur eux sa sainte bénédiction !

Mort de ma mère. — Le 22 février 1765[20] jour de vendredy ma mère est morte âgée d’environ 69 ans ; elle fut enterrée aux Carmes dans les tombes de la famille le lendemain samedy à trois heures après midy. Elle est morte d’un cancer au sein qui luy est survenu par un coup qu’on luy donna en la descendant de cheval. Elle a laissé six enfans, dont deux sont relieuses et les 4 autres mariez ; elle a fait son testament clos par devant le sieur Ballias, notaire de cette ville ; je l’ay fait ouvrir en juillet 1766. Je suis son héritier général et universel aussi bien que dans mon contract de mariage ; elle a été généralement regrettée, elle étoit très habile ; elle avoit beaucoup de vertu et de religion elle n’a rien négligé pour tous ses enfans ; je l’aimois beaucoup et luy ay donné tous mes soins, étant toujours à côté de son lit jusqu’à son dernier soupir. Elle m’a donné sa bénédiction et à mes enfans aussi bien qu’à ma femme la veille de sa mort ; elle a beaucoup souffert, mais avec une patience peu commune ; enfin elle est morte comme elle a vécu, en prédestinée. Dieu me fasse la grace d’en faire autant. Priez pour le repos de son âme !

Ce 26 mars 1767 j’ay terminé le procès que m’avoit intenté le chevalier de Fontainemarie, mon frère, par exploit du 26 septembre 1765 en tête duquel étoient des lettres de restitution en entier, qu’il avoit impetrées contre le traité, ou arrêté de compte fait entre nous le 5 décembre 1755 qui portoit en ma faveur quittance finale de tous ses droits et qui étoit tout écrit de sa main et couché sur le livre de raison de ma mère, à la suite des dépenses qu’elle avoit fait pour luy. Cette affaire a fini par la voye de la médiation, ayant choisi M. Drouilhet de Sigalas, conseiller de grand’chambre au parlement de Bordeaux, pour notre arbitre. Nous passâmes un compromis sous la peine de cinq mille livres que celuy de nous deux qui refuseroit d’acquiescer à son jugement payeroit. Il y eut des mémoires de part et d’autre fournis devant le médiateur. Le chevalier de Fontainemarie demandoit à venir à division et partage des biens des père, mère, oncles et tantes, comme s’il eut ignoré les testaments qui avoient été faits en ma faveur et les quittances qu’il avoit donné en pleine majorité des différentes sommes qu’il avoit reçu. Je luy ay opposé dans mes mémoires la fin de non recevoir prise des actes geminez, et en outre mes demandes reconventionnelles qui s’élevoient au moins à plus de dix mille livres aux termes du traité du mois de mars 1756 passé entre luy et la dame sa mère et suivant son testament, ce qui l’auroit engagé à dire qu’il n’étoit pas rempli de ses droits légitimaires. Enfin par l’avis de M. le médiateur, pour éviter le désagrément d’en venir à une estimation des biens paternels et maternels, et pour un bien de paix, j’ay donné trois mille livres au chevalier de Fontainemarie au passement de la transaction retenue par Ballias, notaire de cette ville, le 26 mars 1767 et qu’il est bon de voir, aussi bien que mes mémoires et les différentes lettres que le chevalier de Fontainemarie m’a écrit, dans lesquelles il me promettoit une reconnaissance éternelle pour tous les services que je luy ay rendu, consequemment je n’avois rien moins mérité que son procédé aussi ingrat qu’injuste[21].

M. Maignol, procureur général de la Cour des Aydes, magistrat aussi eccleré (sic) qu’intègre[22] a voulu travailler à ma deffense ; il a fait mon second mémoire qui est une pièce achevée et qui faira toujours l’éloge de son autheur. J’ai mis toutes ses lettres en liasse dans le sac qui contient mes mémoires, ceux du chevalier de Fontainemarie, le livre de raison de ma mère et autres pièces pour servir à ma famille de preuves les plus convaincantes de l’amitié que ce magistrat avoit pour moy, et du zèle avec lequel il a soutenu mes intérêts. La transaction que j’avois dressé a été rédigée par luy elle est un peu longue, mais il a pensé comme moy qu’elle ne contenoit rien de trop pour démontrer toute l’injustice des demandes du chevalier de Fontainemarie.


MES ENFANS.


Marie Marguerite, ma première fille. — Le 5 aoust 1751 ma femme accoucha d’une fille le jeudy entre cinq et six heures du soir elle fut baptisée le six du même mois par M. Delbès, curé de cette ville, dans la paroisse de Notre-Dame. Ma mère l’a tenue sur les fonds baptismeaux avec le sieur Bailias, notaire royal, au lieu et place de M. Dublan, mon beau-père. On luy a donné le nom de Marie-Marguerite. On l’a donnée à une nourisse dans la paroisse de Malvoisin.

Confirmée par M. de Chabanne, évêque d’Agen[23], dans la paroisse de Marmande en may 1761. Et mariée le 30 avril 1777 avec Me Jean

Baptiste de Villepreux, écuyer, mon neveu, consequemment son cousin-germain. Je luy ay constitué pour porter en dot à son mari dix mille livres, sçavoir mille livres à elle léguées par demoiselle Beaufossé de Fontainemarie, sa grande tante, cinq cens livres que luy légua ma mère, et huit mille cinq cents livres pour luy tenir lieu de tous les droits qu’elle pourroit prétendre sur mes biens après ma mort, laquelle susdite somme de dix mille livres je luy ay payé comptant. Sa mère luy a également constitué de son chef, pareille somme de dix mille livres sans intérêts payables un an aprez le decez de M. Dublan, son père, ou après celuy de nous deux qui aura survequ, comme il paroit par le contract de mariage en datte du 21 avril 1777 retenu par Dupouy, notaire royal de cette ville.

Je luy ay donné de plus vingt-cinq louis, autrement six cens livres de présent, en outre une table de toilette qui m’a couté trente-six livres, et deux louis lorsqu’elle partit pour aller à Bordeaux y voir son grand père ; sa mère luy a donné une belle robe, coiffe a dentelle, chemises, et autres petits effets, et son grand-père M. Dublan, qui est son parrain, luy donna douze louis, autrement deux cents quatre vingts huit livres, la chaine en or, qu’il a fait acheter à Paris, et qui a couté six cents livres. Elle n’a pas voulu que son mari luy ait donné d’autres bijoux.

Comme Madame de Villepreux, ma sœur, n’a pas voulu donner son consentement à ce mariage, son fils a été forcé de luy faire les actes de respects, qui sont de règle en pareil cas, et elle les a soufferts tous les trois, ce qui nous a très mortifiez[24] ; elle n’a pas voulu assister consequemment ny au contract, ny à la noce ; elle n’a rien donné ni promis à son fils. Ce mariage a été approuvé de tout le monde parce qu’effectivement M. de Villepreux a beaucoup de religion, de bonnes mœurs, un bon caractère, et que je ne pouvois mieux placer ma fille, ny luy s’associer avec une personne qui sympatisat à ses gouts mieux que ma fille, ce qui nous fait espérer qu’ils seront heureux et que le seigneur répandra sur eux ses plus abondantes bénédictions. Ainsi-soit-il[25] !

Marie Rose, ma seconde fille, est morte le 12 décembre de l’an 1753 et ensevelie à Malvoisin où elle étoit en nourrice. — Le 3 septembre 1752 ma femme accoucha d’une fille le dimanche à 10 heures du matin ; elle fut baptisée le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale de Marmande. La fille de chambre l’a tenue sur les fonds baptismeaux avec Bernard Seguin, notre ancien domestique, à la place de Madame Doblan, son ayeule, et de M. Doriolle de Fontainemarie, mon frère, capitaine au régiment de Normandie. Je luy ay fait donner les noms de Marie Rose[26]

Jeanne Ursule, ma troisième fille, nourrie dans la paroisse de Bouillas. Confirmée par M. de Chabannes, évêque d’Agen, dans la paroisse de Marmande en mars 1761. — Le 20 octobre 1753 ma femme accoucha d’une fille le samedy à une heure après minuit ; elle fut baptisée le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale de Marmande. Un valet et une servante l’ont tenue sur les fonds baptismeaux à la place de. Me Dublan, fils aîné, son oncle, et de Madame de Villepreux, ma sœur, tous deux absens. Je luy ay fait donner les noms de Jeanne Ursule[27].

Catherine Thérèse, ma quatrième fille, nourrie dans la paroisse de Magdeleine. Confirmée par M. de Chabannes, évêque d’Agen, dans la paroisse de Marmande, en mars 1771. — Le 20 novembre 1754 ma femme a encore accouché d’une fille le mercredy à 4 heures après midy. Elle fut baptisée le même jour par M. Pouget, un des vicaires de cette ville dans l’église paroissiale de Marmande. Le sieur Marc Antoine Bouic, marchand, et Marianne sa sœur, l’ont tenue sur les fonds baptismaux, à la place de M. Louis Auguste Dublan, son oncle, et de Madame Boulet, ma sœur, tous deux absens. Je luy ay fait donner les noms de Catherine Thérèse[28].

Marguerite Rose, ma cinquième fille, nourrie au village des Constans dans la Mothe. Confirmée par M. de Chabanne, évêque d’Agen, dans la paroisse de Marmande en may 1761. — Le 29 décembre 1756 ma femme a accouché d’une cinquième fille à cinq heures du matin ; elle fut baptisée le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale de Marmande. La fille de chambre et mon valet l’ont tenue sur les fons baptismaux à la place de M. Villepreux, de Senestis, mon cousin, et de Mademoiselle Angélique de Fontainemarie, ma sœur. Je luy ay fait donner les noms de Marguerite Rose[29].

Jeanne Victoire, notre sixième fille, nourrie à Bouillas par la nourrice d’Ursulle. Confirmée par M. de Chabanne, évêqne d’Agen, dans la paroisse de Marmande en mars 1761. — Le 24 avril 1757 ma femme a accouché d’une sixième fille ; elle fut baptisée le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale de Notre-Dame de Marmande. Une de nos servantes et Bernard Seguin, notre ancien domestique, l’ont tenue sur les fons baptismeaux. Je luy ay fait donner les noms de Jeanne Victoire[30].

François Pierre de Fontainetnarie, notre premier fils, nourri en ville. — Le 21 mars 1758, jour de la très sainte Trinité, ma femme a accouché de notre premier fils ; il fut baptisé le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale de Marmande. Il a été tenu sur les fons baptismeaux par deux pauvres à qui nous fimes un présent, c’est-à-dire que nous les habillâmes, au lieu et place de M. Dublan, actuellement écuyer, secrétaire du Roy, maison et couronne de France, son ayeul, et de dame Marie Marguerite Boutin, de Fontainemarie, ma très honorée mère. Je luy ay fait donner les noms de François et Pierre, ce dernier étant celuy de M. Dublan, son parrain. Ma femme a voué cet enfant à la Sainte-Vierge et il doit porter le blanc à son honneur jusqu’à ce qu’il soit en état d’être mis à la culotte, si le Seigneur nous le conserve jusqu’à ce tems la. Il est nourry en ville par Mademoiselle Toumayragues, femme d’un chirurgien, le tout pour nous faire plaisir, n’ayant point trouvé de nourrice ailheurs qui fut ce qu’il faudroit. J’aurois cependant été bien aise qu’il eut été nourry en campaigne[31].

Blaise Jean Baptiste Anaclet, mon second fils, le chevalier, nourri en ville, à qui j’ay donné le nom de Beaufossé, qui est celui d’un vignoble que j’ay en Bourdelois dans la parroisse de Toulène, prés Langon. — Le 13 juillet 1859, jour de vendredy, ma femme a accouché entre six et sept heures du soir d’un second fils, il fut baptisé le même jour par M. Delbès, curé de cette ville, dans l’église paroissiale Notre Dame de Marmande. La fille de chambre et mon valet l’ont tenu sur les fons baptismeaux au lieu et place de M. de Fontainemarie, capitaine au régiment de Normandie, actuellement en garnison à Dunkerque, son oncle, et de dame Marie Tubie Dublan, son ayeule. Je luy ay fait donner le nom de Blaize, de Jean Baptiste et d’Anaclet, ce dernier étant le saint du jour de sa naissance. Il est nourry en ville par la fille de la Maubourguete, femme qui nous est extrêmement attachée ; il est fort bien, il a un lait de 8 jours et sa nourrice n’a que 20 ans[32].

Marie Julie, notre 7me fille, nourrie à Beissac. — Le 28 novembre 1760, jour de vendredy, ma femme a accouché vers les cinq heures du soir d’une septième fille, elle fut baptisée le lendemain 29 par M. Pouget, vicaire de cette ville, dans l’église paroissiale Notre-Dame de Marmande. Ma fille ainée et Villepreux, mon neveu, l’ont tenu sur les fons baptismeaux en qualité de parrain et de marraine. Je luy ay fait donner les noms de Marie Julie ; elle est nourrie à Beissac par une femme nommée Berguin Freche, nourrice d’un mois et à son aise.

Pauline, notre huitième fille, nourrie à Bouillas. — Le 9 juillet 1762, jour de vendredy, ma femme a accouché vers les huit heures du soir d’une huitième fille ; elle fut baptisée le lendemain, 10, par M. Delbès, curé, dans la paroisse Notre-Dame de Marmande. Une servante et Saint Pierre, mon valet, l’ont tenue sur les fons baptismaux en qualité de parrain et de marraine. Je luy ay fait donner le nom de Sainte Paule. Elle est nourrie à Bouilias par la nourrice de Thérèse, mon autre fille[33].

Jean Pierre Auguste, mon troisième fils, nourri a Beissac, que j’appelle Valladuc qui est le nom d’un petit fief que j’ay en cette ville. — Le 15 février 1764, jour de mercredy, ma femme a accouché vers les neuf heures du matin d’un troisième fils, il fut baptisé le même jour par M. Boc, vicaire de cette ville, dans l’église paroissiale Notre-Dame de Marmande. Messire Jean Defieux de Chillaud, docteur en Sorbonne, abbé de Letoille, ordre des Prémontrés, dioceze de Bloys, parrain, et dame Elisabeth Paranchere de Chillaud, sa sœur, religieuse de Saint-Dominique, au couvent du Mas, marraine, qui avoit demandé à ma femme pour son frère et pour elle l’enfant qu’elle portoit par la raison qu’elle nous est entièrement attachée. L’un et l’autre ont été représentez par Pierre Gavinau et Thérèse Compaigne, mes domestiques. Je luy ay fait donner les noms de Jean Pierre Auguste il est nourri à Beyssac par la nourrice de Julie ; son lait a 11 mois[34].

Pierre Ignace, mon 4me fils, venu au monde au septième mois fort heureusement. Est mort le 4 de février et enterré dans nos tombes à la paroisse. — Le 31 janvier 1765, jour de jeudy, ma femme a accouché vers les six heures du soir d’un quatrième fils et fut baptisé le lendemain 1er février par M. Delbès, curé, dans la paroisse Notre-Dame de Marmande. Pierre François de Fontainemarie, mon fils ainé, parrain, et Jeanne Ursule de Fontainemarie, marraine, qui l’ont tenu sur les fons baptismaux. Je luy ay fait donner les noms de Pierre Ignace ; il est nourri à Marmande chez la femme de M. Roullaud, fille de la Maubourguete, et il y est mort le 4 du même mois, c’est à dire 4 jours après sa naissance. Il avoit beaucoup souffert dans le sein de sa mère par rapport à une hydropisie de matrice, qui se manifesta un mois avant qu’elle n’accouchât par une perte presque continuelle des eaux qui la fatiguèrent beaucoup et dont elle est parfaitement guérie aujourd’huy grâces au Seigneur. Et cet enfant est mort d’une bile répandue, étant jaune comme du safran, n’ayant jamais voulu teter, ce qui obligeoit la nourrice à luy faire avaler de son lait avec un cuiller[35].

Le 24 janvier 1766, six heures du matin, ma femme a accouché d’un cinquième fils, qui étoit mort[36], mais, grâces au Seigneur, ses couches ont été assez heureuses, quoique l’enfant fut presque pourri dans son corps. Il y avoit déjà quelques jours qu’elle ne le sentoit point remuer ; elle attribuoit son inaction aux grands froids que nous éprouvons depuis le 9 décembre dernier et qui ont augmenté de jour en jour jusques à aujourd’hui. La rivière est prise depuis le 12 de ce mois ; les voitures la traversent à Eguillon[37] », la Réole, Langon, etc., et depuis ce temps là les batteaux n’ont pas navigué ; il y a eu beaucoup d’arbres de toute espèce qui se sont fendus. On ne sçait pas encore si les vignes et les bleds se sont gelez. Ce sont les plus forts froids qu’il y ait eu par icy depuis 1709. Et ils sont beaucoup plus longs, car il y a près de cinq semaines qui (sic) durent, et ceux de 1709 passèrent dans quinze jours, mais nous avons eu chaque jour depuis ces gelées, le soleil fort clair, ce qui a empèché qu’elles ne fussent si fortes. Le vin s’est néanmoins glacé dans les barriques et dans les bouteilles dans tous les chez et dans plusieurs caves. Je crains beaucoup pour mes meuriers. (Ils n’ont pas été gelés). Les vieilles vignes ont été gelées, mais il y en a beaucoup qui repoussent par racine ; les jeunes ont soutenu. Les bleds qui ont été semés de bonne heure, ont été fort bons, principalement ceux qui étoient dans les terres forts ; il en a péri beaucoup dans les autres terres, ce qui est cause qu’ils ont été fort clairs, mais les épis en sont magnifiques et ils ont beaucoup rendu, et ils se sont beaucoup multipliez dans le mois d’avril et avec le secours de petites pluyes qu’il y a fait en avril et may les jets ont monté en épi fort heureusement. On a ratissé, après les froids et en beau tems, les sègles aussi bien que les froments, dans le mois de mars et avril, et on s’en est très bien trouvé ; du côté de Senestis on a semé des froments vers le 15 mars et ils sont venus aussi beaux que ceux qui avoient été semez en octobre. C’estoit du bled ordinaire. Les fourrages ont été également tous gelez. On en a ressemé, c’est-à-dire avoine, pesillon[38], et on en a aussi semé des fèves, qui ont bien réussi. On a fait, après vendanges beaucoup de provins, pour remplacer les pieds gelez.

Ce même jour vendredy on a fait un très beau service pour le repos de l’âme de Mgr le Dauphin mort en prédestiné le 20 décembre 1765 à Fontainebleau. L’état et la religion ont fait en luy une très grande perte ; il est généralement regretté de tout le monde. Le Roy a nommé tout de suite son fils le duc de Berry Dauphin de France ; il a été enterré à Sens.

Le 13 de mars 1767 Madame la Dauphine est morte à Versailles de maladie de poitrine ; elle a été enterrée à Sens dans le caveau qu’elle y a fait faire et à côté de son mari M. le Dauphin, elle a été généralement regrettée ; elle avoit beaucoup de vertu et de religion ; elle laisse trois fils et deux filles.

Le 18 avril 1767, jour de samedy saint, il y a eu de la glace d’un demi-pouce d’épaisseur. Les deux tiers des pousses des vignes ont été gelées dans les endroits les plus à l’abri du nort et ce qui paroit au vent n’a pas souffert de long-temps autant.

Le cinq septembre 1767, naissance d’une neuvième fille, enterrée à la paroisse. — Le 5 septembre, ma femme a accouché vers une heure après midy d’une neuvième fille, n’étant enceinte que de sept mois et quelques jours. Elle est venue au monde hidropique (sic). La femme sage luy donna l’eau tout de suite et quelques minutes après, elle mourut. Elle fut enterrée le même jour dans nos tombes à la paroisse. Ma femme a été fort heureuse de n’avoir pas porté cet enfant selon le cours ordinaire de neuf mois, attendu qu’il y avoit près d’un mois et demy qu’elle avoit les jambes, les cuisses et une partie du corps si enflé qu’elle ne pouvoit absolument presque plus se remuer, ce qui nous faisoit craindre pour ses jours. Mais grâces au Seigneur elle a délivré le plus heureusement du monde et a rendu une si grande quantité d’eaux pendant quatre ou cinq jours, qu’elle est redevenue dans son état naturel, mais fort amaigrie. Dieu veuille me la conserver long temps, s’il le juge à propos pour sa gloire et notre salut[39] !

Le 10 mars 1774 le Roy est mort à Versailles de la petite vérole. C’étoit pour la troisième fois qu’il l’avoit eue ; on l’enterra le même jour sans grande cérémonie, parcequ’il y avoit eu de (sic) venin, et qu’il étoit gangrenné. Son petit-fils. Louis Auguste, Dauphin de France, a succédé à la couronne : il a remis à son peuple le droit régalien, c’est-à-dire le présent qu’il est d’usage de faire pour le joyeux avènement ; il a déclaré de plus par un Edit que les espèces continueroient à avoir cours, que les nouvelles que l’on feroit seroient seulement sous une nouvelle empreinte avec l’inscription de Louis XVI. Monsieur est son frère et il en a un autre que l’on nomme le comte d’Artois. Il a annoncé qu’il ne vouloit régner que par la justice et qu’il ne négligerait rien pour soulager ses peuples. La reine est fille de la reine de Hongrie et sœur de l’Empereur. Ses deux autres frères sont mariés avec deux filles du roy de Sardaigne ; personne n’a encore d’enfant. Le Roy n’a pas vingt ans[40].

  1. Pourquoi n’avons-nous pas une complète histoire de ce collège de Bazas qui, soit avant la Révolution, soit en notre siècle, a eu de si savants professeurs et de si brillants élèves ?
  2. Ce testament, du 10 avril 1738, fut déposé dans l’étude de Me Boiras, notaire à Marmande. Le testateur veut que l’on dise 400 messes pour le repos de son âme. Il y cite son mémorial domestique à propos de « vaisseaux vinaires desquels il est fait mention dant mes livres de raison.
  3. Marc Alexandre-Geneste de Malromé figure parmi les commissaires nommés par le parlement de Bordeaux, en mars 1762, pour examiner certains ouvrages publiés par les jésuites. Voir Histoire du Parlement de Bordeaux, par Boscheron des Portes, tome II, p. 281.
  4. « Secrétaire du Roy maison et couronne de France, charge qui lui revient aux environs de 60, 000 livres. » (Note marginale du narrateur).
  5. « Par devant le sieur Billheu, notaire à Paris, mort vers l’an 1754. » (Ibid).
  6. Chef-lieu de canton de l’arrondissement de Bordeaux, à 19 kilomètres de cette ville.
  7. C’était Charles-Ignace Drouilhet de Sigalas, né le 2 janvier 1709, un des treize enfants de François Drouilhet de Sigalas et de Catherine de Morin ; il fut pourvu, après la mort de son père (juin 1737), de l’office de conseiller au Parlement de Bordeaux, qu’il exerça jusqu’au 26 août 1780, date de son décès. Voir Nobiliaire de Guyenne et de Gascogne, tome I, p. 272.
  8. « 4 août 1759. » (Note marginale du narrateur).
  9. On a reconnu sous ce déguisement le duché de Hanovre.
  10. Victor-François, duc de Broglie, né en 1718, mort en 1804, venait de battre les prussiens à Sondershaus (1758) et de les rebattre à Berghen (1759), ce qui lui valut le bâton de maréchal et le titre de prince de l’empire.
  11. Louis-Georges Érasme, marquis de Contades, né en octobre 1704, mort en janvier 1793, selon le Dictionnaire historique de la France, en janvier 1795, selon le Nobiliaire de Saint-Allais (tome I, p. 104), avait été nommé maréchal de France le 24 août 1758, ce que semble ignorer le narrateur. La veille, pour ainsi dire, du jour où son nom était inscrit dans le livre de raison, Contades perdait (1er août) la bataille de Minden contre le prince de Brunswick.
  12. Antoine-Paul-Jacques de Quélen de Stuar de Caussade, duc de la Vauguyon, prince de Carency, né à Tonneins, le 17 janvier 1706, mourut à Versailles, le 4 février 1772.
  13. Le petit-neveu du grand cardinal de Richelieu est trop connu pour qu’il soit utile de donner sur lui le moindre renseignement. J’aime mieux annoncer à mes chers lecteurs — d’autant plus chers qu’ils sont plus rares, comme s’amuse à le dire un de mes spirituels amis — la bonne nouvelle que voici : un habile et heureux chercheur, auquel nous devons deux volumes charmants : Les dessous de l’histoire, M. J. Hovyn de Tranchère, prépare la publication d’un important recueil de documents inédits reatifs au fameux gouverneur de la Guyenne.
  14. Charles-Philippe de Pons, seigneur de Saint-Maurice, Saussignac, etc., né le 25 mars 1709, nommé lieutenant général des armées du roi, le 10 mai 1748, avait épousé, le 6 février 1736, Marie-Charlotte Lallemand de Betz, fille de messire Michel-Joseph-Hyacinthe Lallemant de Betz, seigneur de Nantrau, et de dame Marie-Marguerite Maillet de Batilly. Voir le Dictionnaire de Moréri, 1759, t. VIII, p. 462.
  15. Je ne trouve pas ce personnage dans la généalogie de la maison de Chabannes, branche des seigneurs et marquis de Curton (Moréri, t. III, p. 418-419). Le dernier des marquis de Curton mentionné en cette généalogie est Jacques de Chabannes, comte de Rochefort, lieutenant général en 1738, mort le 2 octobre 1742.
  16. Jean-Joseph de Guyonnet, seigneur de Cugnolz et de Montbalen, né à Bordeaux, le 18 décembre 1714, devint conseiller au Parlement de Bordeaux, en 1737 et céda sa charge en 1765, à J.-F. du Mas de Fontbrauge. Il fut, avec MM. de Bacalan, de Baritault, de La Montagne, de Marbotin, de Ségur, membre de la commission de 1762, signalée un peu plus haut (Note sur A. Geneste de Malromé). Voir sur ce magistrat et sur sa famille le Nobiliaire de Guienne et de Gascogne, tome I, p. 405-409. Je trouve dans les papiers des Fontainemarie mention de la vente d’une maison à Marmande (quartier de Labat) faite, le 6 mars 1756, par « messire Jean-Joseph de Guyonnet, chevalier, seigneur de Cugnolz, conseiller grand-chambrier au Parlement de Bordeaux, y demeurant, rue et paroisse Sainte-Eulalie, étant actuellement en la présente ville [Marmande}… à messire Jean-Baptiste de Fontainemarie, chevalier, seigneur de Castecu, conseiller du Roy, etc., demeurant à Bordeaux, rue de la Devèse, paroisse Saint-Siméon… » Je trouve encore dans les mêmes papiers un mémoire, du 28 janvier 1767, relatif à diverses affaires à traiter entre MM. de Guyonnet et de Fontainemarie, rédigé par ce dernier et qui débute ainsi : « M. de Guyonnet qui a beaucoup de rentes dans la ville et juridiction de Marmande, en a aussi dans la paroisse de Beaupuy… »
  17. Commune du canton de Bordeaux, à 3 kilomètres de cette ville.
  18. On trouve aux Archives départementales de la Gironde, en un registre des insinuations, les articles de mariage, du 1er juin 1760, entre messire Pierre Ozée Dublan, chevalier, conseiller du roi et son procureur au bureau des domaines et finances de Guyenne, fils de messire Pierre Dublan, écuyer, conseiller secrétaire du roi, maison et couronne de France, directeur et receveur genéral des domaines et droits-unis, et de dame Marie-Anne Tubie, d’une part — et demoiselle Marthe-Marie-Madeleine Legris, fille de messire Jacques Legris, chevalier, président trésorier général de France à Bordeaux et de dame Marthe Agard. De ces articles de mariage relevés par un des plus intrépides fouilleurs du bon pays de Gascogne, M. A. Communay, rapprochons deux notes prises dans le même dépôt par le même érudit, lequel sait donner avec la même facilité qu’il sait trouver : Le 9 septembre 1747, messire Jacques Legris avait acquis pour 18, 000 livres de messire Jacques de Lascombes, l’office de président trésorier général en Guienne. — Le 1er novembre 1775, messire Pierre Dublanc, écuyer, conseiller secrétaire, etc., fit l’acquisition, moyennant 65, 000 livres, de la maison noble et domaine y compris le vieux château de Lahet, dans les paroisses de Villenave et de Cadaujac, de messire Louis de Castelnau, chevalier, seigneur de Flouques.
  19. Je viens d’avoir le plaisir de lire Le duc de Nivernais de M. l’abbé Blampignon (Paris, 1888, in-8º) et j’emprunte à l’élégant auteur de ce livre la piquante observation que voici (p. 235) : « Votre épouse, mon épouse. Je vois souvent revenir sous la plume de ces grands seigneurs du XVIIIe siècle cette expression un peu emphatique dont aujourd’hui se sert M. Prudhomme tout seul. »
  20. L’année précédente, le narrateur (on s’étonne qu’il n’en dise rien dans son journal), avait cessé de faire partie de la Cour des Aides, mais il restait attaché par les liens de l’honorariat à cette compagnie. Voici le billet qu’il reçut du chancelier Maupeou « Monsieur, les services de vos ancêtres et les vœux de votre compagnie, ont déterminé le roi à vous accorder les lettres d’honoraire que vous demandés. Vous deurrés les faire présenter au sceau, quand vous le jugerés à propos. Je suis, Monsieur, votre affectionné serviteur. de Meaupeou : A Versailles, le 23 janvier 1764. »
  21. Les relations entre les deux frères ne redevinrent jamais affectueuses, mais ce ne fut point la faute du narrateur, comme le prouve la touchante lettre qu’il écrivit au chevalier de Fontainemarie et dont la simple et chaleureuse éloquence méritait un meilleur sort :
    « Copie de la lettre que j’écris à mon frère ce 7 avril 1777, jour de lundy. « Si j’eusse crû que ma présence vous eut été agreable, mon cher frere, il y a déjà long temps que je serois allé chés vous pour vous demander votre amitié, et vous assurer de la mienne. Souffrez, je vous supplie, que je fasse aujourd’huy l’un et l’autre par écrit ; je le fais avec d’autant plus de plaisir que je ne désire rien tant que de renouer des nœuds qui n’auroient jamais dû se rompre pour notre tranquillité, notre bonheur et l’édification de notre prochain. C’est sous ce double point de vue, mon cher frère, que je vous fais part du mariage de ma fille ainée avec notre neveu de Villepreux. Si je ne vous l’ai pas communiqué plutôt, c’est que le succez eu etoit trop incertain avant que nous n’eussions reçu de Rome les dispenses nécessaires pour le valider. Je souhaite que vous approuviez cette union, qui nous a parue à tous égards assez bien assortie ; il est vrai que notre sœur de Villepreux ne pense pas de même ; elle y est tellement opposée qu’elle n’a jamais voulu y donner son consentement, en raison, dit-elle, de la trop grande proximité du sang, ce qui a forcé son fils à luy faire samedy dernier le premier acte de respect. Comme l’on est dans l’intention de contracter soudain que les délais de la 3me sommation seront éches, pour profiter du peu de temps que l’abbé de Villepreux doit rester dans le païs, je me propose de vous instruire du jour que le contract devra se passer, pour vous prier de nous faire le plaisir d’y assister, si du moins vos affaires peuvent vous le permettre ; si non de souffrir qu’on vous le presente pour le revêtir de votre signature. Que si dans l’un ou l’autre cas vous voulez bien vous rendre à mes vœux, soyez assuré, mon cher frère, que j’en seray toute ma vie pénétré de la plus vive reconnaissance ; c’est avec ces sentimens et ceux de l’attachement le plus tendre et le plus sincère, que je suis et seray toujours autant à vous qu’à moy même. « 
    Votre bon frère Fontainemarie


    « J’ay pris tout l’intérêt possible à la maladie de votre femme ; je me suis informé très souvent de son état, et j’ay enfin appris avec bien de la joye qu’elle étoit enfin hors de danger. Je luy souhaite un prompt relablissement. Je desirerois bien que sa santé luy permit de pouvoir assister avec vous au passement du contrat. Au reste, mon cher frère, ame qui vive dans ce monde ne sçait que je vous écris : je ne l’ay dit à personne, qui que ce soit ne m’a engagé ny sollicité à le faire ; je n’ay suivi dans tout cecy que le penchant de mon cœur ; suivez le vôtre, et je suis assuré de l’heureux succez de mes démarche ?. »


    Nota
    .

    « Mes espérances ont été bien trompées ; il me répondit le lendemain ; 8 avril, et m’écrivit les choses du monde les plus dures, les plus humiliantes et les moins méritées, ce qui m’a d’autant plus affligé que je crains qu’il ne porte son ressentiment jusqu’au tombeau, quelque chose que j’aye fait pour le fléchir en luy faisant parler, et en allant au devant quoique je sois l’offensé, ayant toujours fait les plus grands sacrifices pour la paix. Ce qu’il y à de certain, c’est que je seray prêt dans tous les tems à luy prouver que je suis son frère autant par tendresse que par nature, quand il reviendra sincèrement à moy, ayant depuis longtemps oublié tous les sujets de mecontentement qu’il m’a donné, et notament les choses peu agréables que contient sa dernière lettre, à laquelle je n’ay pas voulu répondre pour ne tomber dans des répétitions qui auroient eu le même sort que ce que je luy ay dit cy devant, luy ayant communiqué le contract de mariage de Mr Grayon, où les droits de chaque légitimaire sont établis et fixez. »

  22. Jean-Baptiste de Maignol, seigneur de Mataplane, succéda, comme procureur général près la Cour des Aides, en 1752, à François d’Arche ; il fut remplacé, en 1775, par son fils aînée, Etienne Maignol, mort dernier titulaire de cette charge. Voir sur J. B. de Maignol le Nobiliaire de Guienne, tome I, p. 45.
  23. Joseph-Gaspard-Oilbert de Chabannes fut évèque dAgen de 1735 à 1767.
  24. J’ai vu dans les Archives de M. Boisvert la première sommation respectueuse faite à M. de Villepreux, par Dupuy, notaire de Marmande, le 5 avril 1777. J.-B. de Villepreux, le futur époux, y fait un grand éloge de sa cousine germaine, « Mademoiselle Marie-Marguerite de Fontainemarie, fille aînée de messire Jean-Baptiste de Fontainemarie, écuyer, seigneur de Castecu, et Valaduc, ancien conseiller en la Cour des Aydes, etc. » On mentionne dans la pièce les dispenses de la Cour de Rome, données pour cause honnête, ob causam honestam.
  25. L’ainsi soit-il ne se réalisa pas et Madame J.-B. de Villepreux devint bientôt veuve. Elle se remaria avec « Messire Michel-Dubois de Lagrange, écuyer, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint-Louis, capitaine commandant au régiment de Soissonnois. » De ce second mari, elle eut trois enfants un fils, l’abbé Dubois de Lagrange, qui fut curé de la ville de Marmande, et deux filles, Marie-Rose qui épousa François Boisvert, le grand-père de MM. Maurice et François Boisvert (ce prénom a été souvent porté dans la famille Boisvert, comme le montrent le testament de François Boisvert, du 26 juillet 1710, la donation faite par François Boisvert et Jeanne Héraud, père et mère, en faveur d’Antoine Boisvert, leur fils, ancien garde du Roy, du 5 mars 1695, etc.) et Marguerite-Georgette, qui épousa le colonel de cavalerie Faget de Renold, chevalier de Saint-Louis, demeurant à Virazeil. J’ai eu en main un testament de Marie-Marguerite de Fontainemarie « fait à Senestis, dans la maison de M. Salat, curé du lieu, le 26 novembre 1785. » La testatrice déclare que « ne pouvant écrire commodément », elle a dicté ses dernières volonntés au sieur Campmas, notaire royal de Gontaud ; elle veut que son corps soit enseveli à Marmande » dans « les tombes aux Cordeliers ; elle demande « six cens messes basses » pour le repos de son âme « à raison de dix sols chacune » ; elle donne et lègue aux Dames de la Charité de la ville de Marmande la somme de 500 livres et pareille somme à l’hôpital de la même ville ; elle institue pour son héritier « le posthume » dont elle est enceinte. Parmi les six témoins figurent Antoine Salat, prêtre, curé de Sénestis, Guillaume Salat, prêtre et chanoine du Chapitre St-Vincent du Mas. Revenons à la première belle-mère de Marie-Marguerite de Fontainemarie, pour citer une requête qu’elle adressa en 1773, à Mr Me Esmangart, chevalier, conseiller du Roy en ses conseils, intendant en la généralité de Bordeaux, dans son hôtel de Bordeaux : « Supplie humblement Jeanne Fontainemarie, veuve de noble Joseph de Villepreux, écuyer, habitante de la ville de Marmande, disant que la suppliante avoit un beau-frère et une belle-sœur nommés de Villepreux, restant l’un et l’autre au Mas-d’Agenais, dont le Seigneur l’a privée, de son beau-frère, le 25 may de l’année 1771, et de sa belle-sœur, le 28 avril de l’année 1772, dont cy joint leurs extraits mortuaires. Cette dernière qui a survécu douze mois et quelques jours, ayant trouvé que son frère devoit trois années de sa capitation, qu’il n’avoit pas payé n’étant pas en état, comme il avoit eu l’honneur de vous le marquer dans une requette qu’il vous présenta quelque tems avant sa mort, ou il avoit fait un détail sincère de la perte considérable qu’il avoit fait par la débordement épouvantable de la Garonne, qui arriva le 6 avril de l’année 1770, ayant tout son bien situé dans la paroisse de Sénestis, juridiction du Mas, et dans l’endroit le plus bas, où il faisoit alors sa demeure avec sa sœur. Il vous faisoit aussi le détail de deux autres débordements qui arrivèrent le même mois qui lui emportèrent douze journaux de bled, où il n’en cueillit pas un grain. Fontainemarie de Villepreux. La réponse de l’Intendant fut brève et tranchante : « Néant sur la demande de la suppliante la dette de capitation dont il s’agit devant être payée par son fils héritier des sieur et demoiselle de Villepreux. Fait à Bordeaux, le 22 février 1773. — Esmangart. » Il a été si souvent question des Villepreux dans le texte et dans les notes de ces livres de raison, que l’on me permettra de reproduire ici ce fragment d’une lettre qu’écrivit des environs de Bordeaux en cette même année, à « M M. de Villepreux, écuyer à Senestis, par Marmande », un parent et homonyme, lequel venait de perdre son père et répondait aux compliments de condoléance qui lui avaient été exprimés « Mes ancêtres sont d’origine de Norrnandie. Il y a près de trois cents ans que le sieur de Villepreux a passé dans cette province ; lui et tous ses descendants se sont fixés près de Sauveterre, et habitoient une maison nommée St-Gervais située dans la paroisse de St-Martin du Puy. J’ay souvent ouy dire à feu mon père que ce Villepreux avoit formé par la suite du tems deux branches, lesquelles on distinguoit par les Villepreux de Marmande, qui doit être la votre, et par celle de Saint-Germain, qui est la mienne. Feu mon père épousa en 1728 une Raoul, fille d’un conseiller au Parlement, laquelle ne trouvant pas le païs agréable et de plus son éloignement de ses parents l’obligèrent (sic) à demander à mon père de se rapprocher de Bordeaux, ce qu’il fit en vendant tout ce qu’il possédoit de ses pères, et acheta la maison de Sacolle, paroisse de Cailleau entre Deux Mers, distante de Bordeaux de deux lieues et demie. Ce n’est pas encore tout ce que vous demandez : il vous faut instruire de sa famille. Il y a 14 ans que l’énumération n’auroit pas été courte, mais la Providence y a pourvu, la détruisant en grande partie. Voici ce qui reste tous partis à prendre, deux demoiselles et votre très humble serviteur, et outre cela une autre demoiselle plus pressée que les autres mariée depuis 10 ans avec un de Gères, laquelle a de son mariage trois garçons de bon appétit et d’assez jolie figure. — À Sacolle, ce 20me aoust 1773. »
  26. M. Maurice Boisvert conserve dans ses archives une lettre de l’abbé Dumas, curé de Mauvezin, à M. de Fontainemarie, conseiller à la Cour des Aides, du 23 octobre 1753, contenant ces mots : « J’ay reçu par les mains de votre vigneron de Graion les six francs que vous avez envoyé pour la sépulture de votre jeune demoiselle ;. j’aurai l’honneur de vous envoyer la quittance du syndic fabricien de cette paroisse. »
  27. Jeanne-Ursule, épousa son cousin Dublan. Voici les indications fournies par le contrat passé le 3 décembre 1781 : Mathurin Dublan, receveur général des domaines du roi, au département de Bazas, habitant ordinairement de ladite ville de la Réolle, fils légitime de M. Fr. Dublan, et de demoiselle Marie-Magdeleine Maurel, de l’avis et conseil de Messire Pierre Dublan, écuyer de dame Marie Dublan, son épouse, ses cousin et cousine germaine, de Messire Pierre Ozée Dublan, procureur du roi au bureau des finances de Guyenne, de Messire Louis-Gabriel Dublan, capitaine commandant au régiment du Perche, chevalier de St-Louis, ses cousins seconds, et autres ses parents, et amis, et demoiselle Jeanne-Ursule de Fontainemarie, fille légitime de feu Messire Jean-Baptiste de Fontainemarie, conseiller honoraire en la Cour des Aides de Guyenne, et de dame Marie-Roze Dublan, du consentement de sa mère et de Messire Pierre Dublan, écuyer, son ayeul, de l’avis et conseil de messire Jean-Baptiste Anaclet de Fontainemarie, écuyer son frère, de dame Marie-Marguerite de Fontainemarie, sa sœur aînée, épouse de Messire Jean-Baptiste de Villepreux, écuyer, etc.
  28. Catherine Thérèse est mentionnée dans le contrat du 3 décembre 1781, comme « épouse de M. Maurice Bazin. »
  29. Marguerite Rose, se maria avec M. Bonnard et c’est par elle que Castecu vint en la possession de Madame Bastrate, née Bonnard.
  30. Je ne sais ce que devint Jeanne Victoire. Est-ce Jeanne Victoire qui fut Madame Noguey ? Est-ce sa sœur Marie-Julie ? Un mémoire judiciaire de 1810 donne à Madame Noguey, les prénoms Marie-Marguerite, mais le mémoire n’est d’accord, en cela, ni avec le Livre de Raison, ni avec le testament de J.-B. de Fontainemarie.
  31. Un extrait des registres de la paroisse St-Louis de la ville de Toulon nous apprend que « Le 29 mai 1779, le corps de sieur Pierre-François de Fontainemarie, sous-lieutenant au régiment de Perche, originaire de Marmande en Guyenne, fils de messire Jean-Baptiste, ancien conseiller en la Cour des Aides de Bordeaux, et dame Marie-Rose du Blanc, décédé le jour précédent muni des Sacrements et âgé de 20 ans, a été inhumé au cimetière. » Le 3 juin suivant, le major du régiment fit ainsi part de la funèbre nouvelle à MM. de Fontainemarie, conseiller honoraire de la Cour des Aides de Bordeaux, Marmande, par Agen en Agenois ; « C’est avec beaucoup de douleur, Monsieur, que je vous apprends la mort de M. votre fils ; il a succombé, malgré sa jeunesse, à la maladie dont vous étiez instruit. Tous les secours de l’art et ceux de l’amitié ont été employés inutilement. »
  32. Vingt-neuf ans plus tard, nous trouvons Blaise-Jean-Baptiste Anaclet, marié et père de famille : « Extrait du registre des baptêmes de la paroisse St-Cybard de la ville de Meilhan. Le 26 décembre 1788, a été baptisé par moi, curé soussigné, Pierre-Louis, né le 24 du même mois, du légitime mariage de messire Jean-Baptiste-Blaise Anaclet de Fontainemarie, chevalier seigneur de Castecu, Doriole et Valaduc, ancien chevau-léger de la garde du Roy, et de dame Marie Jeanne Grave, ses père et mère, habitants sur la paroisse de Marmande. Le parrain a été sieur Pierre-Roubinet de St-Paulin, ancien garde du Roy, habitant la paroisse de Leugeats, diocèse de Bordeaux ; la marraine, dame Marie-Rose Dublan, habitante de la susdite paroisse de Marmande. Couston d’Argence, curé. » La copie de ce petit document est revêtue de la signature du juge de Meilhan. Voici quelle était alors la formule de légalisation « Nous Jean Courreges, avocat en la Cour, conseiller du Roy, juge royal, civil et criminel de la ville de Meilhan, certifions que le sieur Couston d’Argence, curé de la ville de Meilhan, qui a signé l’extrait de baptesme de l’autre part, est tel qu’il se qualifie et que foy peut et doit être ajoutée à sa signature. En témoin de quoi nous avons délivré ces présentes que nous avons signé. Donné à Meilhan dans notre hôtel, le 30 décembre 1788 Jean Courreges. » En 1791, B.-J.-B. Anaclet émigra, ses biens furent séquestrés, puis vendus comme biens nationaux ; il mourut dans l’émigration. Un mémoire de 1810 déjà cité, où le langage de l’avocat s’élève jusqu’aux pompes de la métaphore, nous apprend que « la recherche de sa succession ne présenta que les tristes débris de la tourmente révolutionnaire. »
  33. Jeanne Pauline, comme l’appelle le rédacteur du mémoire de 1810, aurait été mariée, selon ce même mémoire, avec M. Cassaignet ou Castaignet (car une lettre est douteuse dans le nom).
  34. Valaduc émigra comme son frère ; plus heureux que lui, il put revoir la France vers 1840. Il partit pour les États-Unis où l’on perd sa trace.
  35. Si l’on s’en rapportait au Dictionnaire de Littré, J.-B. de Fontainemarie, en disant un cuiller, comme le disent encore beaucoup de méridionaux, se serait exprimé comme le plus illustre de tous, Henri IV qu’il faut surnommer à la fois Henri le bon et Henri le Grand. Voici en effet le récit du savant philologue : « Henri IV ayant dit à Malherbe qu’il fallait prononcer cuiller, et le faire faire masculin, Malherbe répondit que, tout puissant qu’était le roi, il ne ferait pas qu’on dit ainsi en deça de la Loire. » Mais en examinant le texte de Tallemant des Réaux, Historiette de Malherbe, ( tome 7 de l’édition P. Paris, p. 278). on voit « qu’il y eut grande contestation entre ceux du pays d’A-diou-sias et ceux de delà la rivière de Loire pour sçavoir s’il falloit dire une cueiller ou une cueillère. « Ainsi la querelle roulait non sur le sexe du mot, mais sur la façon d’en écrire la dernière syllabe. Loin de voir dans cuiller un mot masculin, Henri IV soutenait l’opinion contraire, d’après cette assertion formelle de Tallemant : « Le Roy et M. de Bellegarde, tous deux du pays d’A-Diou-sias, disoient que ce mot estant féminin, devoit avoir une terminaison féminine. »
  36. Le narrateur ajoute en une note marginale : « L’enfant avoit huit mois. Nous avons été bien mortifiez de cet accident, sans pouvoir en deviner la vraye cause. Le médecin Héraud nous a dit que l’abondance du sang l’avoit étouffé. »
  37. J.-B. de Fontainemarie écrivait Eguillon pour Aiguillon, comme au XVIe siècle, Ambroise Paré et Olivier de Serres écrivaient esguille pour aiguille ?
  38. On chercherait vainement le mot pesillon dans nos dictionnaires. C’est le mot à demi francisé de la langue populaire, peseou ; pois.
  39. La santé de Madame de Fontainemarie, épuisée par quatorze couches qui se succédèrent en moins de 16 années, resta languissante pendant plusieurs années. En 1774 les deux époux firent un pèlerinage a Garaison, pour obtenir la complète guérison de la vaillante mère, et, en 1775 et 1776, on continua dans le célèbre sanctuaire de la Gascogne des prières à la même intention. On lit dans les notes du narrateur jointes à son livre de raison : « Estant parti de Garaison le 25 juin 1774, où j’estois avec ma femme depuis le 17 du même mois, j’ay remis 18 livres à M. l’abbé Dastugues recepveur, pour continuer à dire le même nombre de messes suivant mes intentions et aux jours fixés par mon mémoire, qui est couché sur le livre de la sacristie de N.-D. de Garaison. Au commencement de juillet 1775, j’ay envoyé à M. l’abbé Lapeyre, chapelain de N.-D. de Garaison, 18 livres franches de port par la poste pour même nombre de messes. » Le 20 mars 1776, pareil envoi fut fait à M. Larroux, doyen des chapelains de N.-D. de Garaison.
  40. J-B. de Fontainemarie mourut six ans après avoir salué l’avènement de Louis XVI, le 1er mars 1780. On se demande pourquoi son livre de raison fut interrompu à partir du 10 mai 1774. La maladie causa-t-elle ce silence et ne lui permit-elle pas d’enregistrer en son mémorial de famille le décès de ce brillant militaire, son fils aîné, qui lui fut enlevé en toute la fleur de ses vingt ans ? Les premières lignes du testament de J.-B. de Fontainemarie (28 janvier 1780) attestent que le vieillard était accablé d’infirmités : « Au nom de Dieu soit fait mon testament. Je Jean-Baptiste de Fontainemarie, écuyer seigneur de Castecu, Doriolle et Valaduc, ancien conseiller en la Cour des Aydes et finances de Guienne, étant dans la ville de Marmande et dans ma maison d’habitation, considérant la certitude de ma mort et l’incertitude de son heure, je veux avant d’en être prévenu et pendant que je suis dans tous mes bons sens, mémoire et jugement faire mon présent testament clos et mystique que je n’ai pu écrire moi-même à cause de mes infirmités, mais que j’ay fait écrire par M. Jacques Dupouy, notaire royal de cette ville, en qui j’ay toute ma confiance et auquel je l’ai dicté mot à mot. » Les infirmités du testateur étaient si grandes qu’il ne put même « signer au bas de chaque page. » En 1780, il ne restait à J. B. de Fontainemarie, qui avait eu une si magnifique couronne d’enfants, que deux fils et sept filles qu’il nomme Marie-Marguerite, Jeanne-Ursule, Catherine-Thérèse, Marguerite-Roze, Jeanne-Victoire, Marie-Julie, et Paule. Toutes les filles reçoivent dix mille livres, excepté Catherine-Thérèse à qui est donnée la métairie d’Escoute-Loup. À J.-P. de Fontainemarie, écuyer, sieur de Valaduc, sont attribués le vignoble de Grayon (paroisse de Beaupuy) et le domaine de la Duronne (paroisse de Birac). J-B.-B. Anaclet est l’héritier général et universel. Voici quelques-unes des dispositions du testateur : « J’espère que le Seigneur mon Dieu me fera miséricorde et recevra mon âme après ma mort au rang de ses élus. Je veux et ordonne que mon corps soit inhumé sans aucune espèce de pompe funèbre. Je donne et lègue à l’hôpital et maison de charité de cette ville, la somme de trois cens livres… pareille somme à la confrairie des dames de la charité de cette ville… cent livres à la chapelle des pénitents blus (sic) de cette ville… trois cens livres pour célébration de messes dans les différentes églises de Marmande, etc. »