Livre de raison de la famille Fontainemarie/01

I.

JOURNAL DE JACQUES DE FONTAINEMARIE
(1640-1708)



Je suis nay (sic) à Marmande le 28 janvier 1610[1] et baptisé le 5 février suivant dans l’église paroissialle de ladite ville, et confirmé dans celle de Tivras[2].

J’eus une sy grande maladie le mois d’aoust 1652 qu’on me croioit mort. Les novices des Carmes de Bordeaux communièrent à mon intention avec leur père (Melaine de St-Jean-Baptiste) qui l’escrivit le 19 septembre de ladite année au père prieur des Carmes de Marmande. Enfin Dieu me donna la santé. Mon père et ma mère furent alors à l’extrémité de vie.

Quelque temps après ; à cause de la peste et de la guerre[3], nous fûmes à Beaupui chez le sieur Sacriste[4] avec les sieurs Viliepreux[5] et Groullie en famille. Les ennemis firent un parti composé de treize personnes pour y prendre des prisonniers. Les uns furent à Castecu[6] où estoit ma mère avec ledit sieur Villepreux, son frère ; ils firent cotation chez ledit sieur Sacriste qu’ils prirent prisonnier et en eurent 2, 000 livres de rançon, du sieur Grouilie 240 livres et du sieur Plombart 100 livres qu’ils prirent aussy prisonniers. Ils ne dirent rien à mon père attendeu qu’ils creurent qu’il estoit le curé de la paroisse, comme ils ont dit depuis. Cette aventure arriva le 5 juillet 1653 auquel jour en action de graces, il est bon de faire dire une messe comme mon père. A cella près nous feumes à Foncande, proche La Réolle[7], où nous demurasmes sept mois chez le sieur Laborie, beau-frère de mon père.

Le 22 décembre 1657, j’ay souteneu des thèses de mois en philosophie soubs M. Pierre, principal dudict collège (de Guyenne)[8].Le XI may 1658 j’en ay souteneu dédiée a la Vierge, ex logica, ex phisico auditu, et ex libris de Cœlo et mundo[9].

Le 25 aoust 1658 j’ay souteneu un acte particulier en philosophie au collège des Loys dédié à M. le présidant[10] à cause de l’incendie arrivée[11] au collège de Guyenne[12].

Le XIII mars 1659 j’eus de lettres de mestre ez arts.

Je feus receu advocat le 15 décembre 1659 ayant commancé d’estudier en droit à l’ouverture du collège.

Le 15 may 1660, les articles de mariage d’entre demoiselle Jeanne de St-Angel[13] et moy furent signés à Bordeaux. Mon père et ma mère n’ayant que moy me constituent 50, 000 livres ; M. et Mlle  de St-Angel 20, 000 livres à leur fille ainée[14].

Le 5 octobre 1660 mon père m’achepta un office de conseiller en la cour des aydes et finances de Guyenne pour 28, 000 livres[15].

Le 21 février 1661, jour de lundi à 4 heures du matin, nous avons épousé dans l’église paroissiale de St-Cristoly de Bordeaux. J’ay donné à ma femme treize louis d’or[16] pour erres[17] et quelques petites nippes avec un Rond d’Or, luy ayant reconneu 2, 000 livres pour des bagues et joiaux par nostre contrat de mariage du 8 février 1661 receu par Rougier, notaire royal dudit Bordeaux. Sortant de l’église nous sommes allés chez ledit sieur de St-Angel où nous avons demuré huit jours. De là nous sommes allés dans un appartement d’une maison de la dame Dunoier que j’avois loué pour trois ans le 6 janvier 1661 à raison de 400 livres par an et 30 livres par dessus.

Le 13 mars 1661 mon père a acquité une lettre de change de 500 livres et de ses deniers pour ma dispanse d’aage ; il a donné 100 livres à celuy qui en poursuivit l’obtention.

Le 21 mars 1661 les semestres assemblés pour me donner loy M. le président Maniban[18] à prié la Cour de luy accorder un délai pour rapporter les provisions qu’il poursuivoit pour son fils auprès de Sa Majesté d’un office de conseiller en la Cour dont il disoit avoir traité il y a eu trois mois et cependant [il a été sursis] à ma réception ; il feut receu le premier aoust 1661 et moy le 5.

Le 15 février 1662, mon père a donné quittance receue par ledit Rougier audit sieur et demoiselle de St-Angel de 2, 000 livres qui a esté employée au paiement da partie de nostre ameublement, le surplus de icelluy ayant esté payé de l’argent de mon père, qui m’avoit envoyé par Jean Chalard, munier (sic) de Castecu, cinquante pistoles pour me mettre en estat d’epouser ; il m’a achepté une robe de palais de drap d’Hollande, une sotane et manteau long de moire.

Mon père est mort à Marmande le 20 janvier 1663 à 7 heures d’un samedi matin, jour de saint Fabien et saint Sebastien. Le lendemain, son corps a esté porté aux Carmes ou ma mère a fait dire tous les jours une messe expresse pour raison de quoi elle leur a donné 100 livres. L’invantaire de ses meubles a esté fait le 4 février 1663 par Boutet dit Boutilhon, notaire de Viraseil[19].


Sur nos enfants :


Le 15 novembre 1661, à deux heures après minuit, ma femme a accouché d’un garson qui a esté donné à Baptesme à mon père et à Mlle  de Saint-Angel ; il est mort le 2 de novembre et a esté enseveli à St-Projet à Bordeaux.

Le 9 octobre 1662, à une heure après minuit, ma femme a accouché d’une fille baptisée à St-André, à Bordeaux le 9 novembre suivant, mon père parrain, Mlle  St-Angel, marraine ; son nom est Jeanne.

Le 4 décembre 1663, à 4 heures après minuit, ma femme a accouché d’un garson baptisé le XI juillet 1667, ayant eu l’eau auparavant, ledit sieur de St-Angel parrain, et ma nièce, marraine ; il s’appelle François.

La 25 juillet 1664, ma femme estant grosse de deux mois, s’est blessée.

Le 28 may 1665, ma femme a accouché d’un garson baptisé[20] par M. Mallet et Mlle  St-Angel, sa tante, le 4 juin de ladite année ; son nom est Estienne.

(En regard de cet article on trouve à la marge la note que voici ajoutée près d’un demi-siècle plus tard : « il est mort cappitaine d’infanterie dans le régimant de Foix du côté de Strasbourg en septembre 1702) »·

Le 4 septembre 1666, ma femme a accouché d’un garson à une heure après minuit ; il a esté baptisé le XI juillet 1667, par le sieur St-Angel l’ainé et la demoiselle de Faure à la place de la demoiselle de Villepreux, ma tante ; son nom est Jean.

Le 10 aoust 1667, ma femme a accouché d’un garson baptisé par deux pobres[21]. Son nom est Jacques ; il est mort à Marmande le 28 septembre 1674. Il a esté enterré dans la sépulture de mon père aux Carmes.

Le 6 août 1669, jour de mardi, ma femme s’est blessée estant grosse de cinq semaines.

Le 12 juin 1670, ma femme a accouché d’un garson baptisé par François Fontainemarie, son frère, et Mlle  St.Angel la jeune, sa tante ; il est mort le 31 juillet suivant et enterré à St-Seurin, faubourg de Bordeaux, où il estoit en nourrice. Son nom estoit Joseph.

Le 3 juillet 1671, ma femme a accouché d’un garson baptisé le lendemain par nostre dit fils François et ladite demoiselle de St-Angel. Son nom estoit aussi Joseph ; il est mort le 14 février 1693 ; il a esté enterré le lendemain à Bordeaux, dans la deuxiesme chapelle de l’aisle gauche en entrant à St-André.

Le 1er  février 1673, ma femme a accouché, à Bordeaux, comme les autres fois et blessée de mesme, d’une seconde fille, baptisée le 3 dudit mois, ledit sieur Villepreux, parrain et dame Marguerite de Larrocque, marraine, femme dudit sieur Mallet ; son nom est Marguerite. Elle est décédée le 13 mars 1674, et enterrée à Fargues[22].

Le 7 avril 1674, ma femme a accouché d’une fille baptisée le lendemain par Estienne Fontainemarie et Catherine Roustaut, demoiselle. Son nom est Catherine.

Le 16 mars 1676, ma femme a accouche à Marmande, d’un garson baptisé le lendemain, dans l’église paroissialle de ladite ville ; mon oncle Fontainemarie a esté son parrain et Jeanne Fontainemarie sa sœur, sa marraine, il s’appelle Jean.

Le 15 avril 1677, ma femme s’est blessée à Marmande, estant enceinte de six semaines.

Le premier jour de mars 1678, ma femme s’est blessée, croit-on, de deux enfants, grosse de sept semaines y en ayant cinq qu’elle estoit malade d’une fièvre continue avec des redoubtemans des douleurs par tout le corps avec un mal de teste et de gosier effroiable. Je la trouvé dans cet estat à Marmande, venant de Bordeaux. J’ay fait prier Dieu pour elle à Nostre-Dame de Verdelais[23] où j’ay envoyé le sieur Plombart[24] et a Marmande, n’ayant rien espargné pour cella. J’ay eu plusieurs médecins, dont l’un nommé Proust, très habile, estoit à la suite de la chambre de l’Edit où il avoit un procès important, ladite chambre estant alors à Marmande de mesme que le Parlement[25], Dieu luy a donné la santé.

Le 22 octobre 1678, estant à la Duronne[26]. ma femme s’est blessée estant grosse de six semaines. Ma femme n’a plus porté d’enfants depuis ce terme.

Le premier avril 1664 j’ay loué au sieur Saint Martin, chanoine, une partie de sa maison presbiteralle située à la place Saint-André à Bordeaux pour 350 livres par an, et le 19 décembre 1667 je lui ay loué toute l’autre maison à 550 livres par an, d’où j’en ay souloué une partie pour 150 livres par an au sieur Polland, secrétaire du roy en la chancellerie près la Cour des Aydes, les contrats ayant esté receus par ledit Rougier.

Quelques particuliers de Marmande ne pouvant dissimuler la peine qu’ils ont de me voir conseiller en cour souveraine ont obligé les sieurs Roquette et Silvine, premier et second consul[27] de me fascher dans une procession, prétextant qu’un laqué (sic) parisien que j’avois vouloit marcher devant eux tenant un bâton haut la main, la conduite desquels Rocquette et Silvine a esté désapprouvée par les sieurs Mimaut et Bourgoignon, 3e et 4e consuls, et comme lesdits Rocquette et Silvine ont mandié un acte de jurade, les principaux taillables ont nommé scindic le sieur Groullie pour s’y opposer, dont ayant fait un procès verbal il a esté decretté d’adjournement personnel par le lieutenant criminel de Libourne devant lequel ils ont randeu leur audition, et comme il m’a esté permis d’informer du conteneu en mon procès verbal l’information a esté faitte. Cependant l’instance ayant esté portée au grand conseil, Monsieur le Marquis de Saint-Luc, chevalier des ordres du roi et lieutenant général pour sa Majesté en Guyenne m’ayant fait demander ma parolle par M. de Mallet a la prière desdits Rocquette et Silvine, je la luy ay donnée par l’advis de Messieurs de nostre compagnie.


S’ensuit l’acommodement de M. le lieutenant du Roy.


A Bordeaux le 9 d’avril 1664,Mrs  les conseuls, ayant examiné les différans survenus entre M. Fontainemarie, conseiller à la Cour des Aydes et les sieurs Rocquette et Silvine, pour lors conseuls de vostre ville, sur ce qui se passa à la procession de la pentecoste, dont il y a eu instance au grand Conseil, j’ay trouvé à propos de finir cet affaire pour empescher les suites de vos divisions et établir le repos de vostre communauté. Pour cet effet, la présente reçue, un de vous sera député pour aller avec lesdits sieurs Rocquette et Silvine dans la maison dudit sieur Fontainemarie l’assurer que la communauté ny les particuliers n’ont eu aucun dessain de luy contester aucun rang, qu’ils luy rendront ce qui est deub à un conseiller de à la Cour des Aydes, qu’ils honorent et respectent sa personne et son caractère, qu’ils le supplient très humblement d’oublier tout le ressentiment qu’il pourroit avoir eu contre lesdits sieurs Rocquette et Silvine, qu’ils n’ont jamais eu pensée de luy déplaire. et que s’il a creu en avoir eu occasion, ils luy en demandent excuse, comme aussy ladite communauté et lesdits Rocquette et Silvine le remercieront tres humblement de ce qu’il luy a pleu quitter à ma considération les dépens qu’il prétandoit de ladite instance. Et affin que les choses se fassent de part et d’autre sans y rien oublier, et que ledit sieur Fontainemarie en ayt une entière connoissance, vous fairès enregistrer la presante et luy en fairès donner une copie expédiée par nostre greffier, moienant quoy toutes choses demeureront assoupies de part et d’autre, à quoy m’assurant que chaquun se conformera, je demeureray, Mrs  les conseuls, vostre plus affectionné à vous servir.
Saint-Luc.


A Mess. Mess. les Conseuls de Marmande.

Cette copie a esté extraite sur le livre de jurade de la ville de Marmande par sieur Jean Despeironne, consul à Marmande[28] le 15 d’avril 1564. J’ay ladite copie avec mes provisions.

Cet accommodement a esté exécuté. Ledit sieur Despeironne, consul, ayant esté député, il me mena chez moy dans ma maison à Marmande, accompagné de Lambert, greffier de la communauté, desdits sieurs Rocquette et Silvine, qui me firent la satisfaction portée par ladite lettre de Monsieur le marquis de Saint-Luc, qui fut leue deux fois par ledit sieur Despeironne, député, en présance de plusieurs de mes amis, particulièrement des dits sieurs Mimaut et Bourguignon, alors consuls et collègues desdits sieurs Rocquette et Silvine que j’avois prié de se trouver chez moy, d’où sortant les dits sieurs Despeyronne, député, Lambert, greffier, avec les dits sieurs Rocquette et Silvine, je ne les accompaigné que jusqu’à la porte du salon.

Les conseuls de Marmande ont esté condamnés en 300 livres à la requeste de M. le Procureur général par arrest de let Cour des Aydes pour une levée de dix sols sur chaque pièce d’eau de-vie qui entroit dans ladite ville ou qui se portoit sur le port d’icelle. Il faut voir mon livre de collections d’arrests.

Le 12 juin 1668 la Cour, moy y estant, en presance dudit sieur marquis de St-luc et du sieur Pellot, intendant[29] a enregistré l’Edit portant suppression de la crue et du semestre créés par autre Edit du mois de juillet 1659. Il en a couté 30.000 livres à M. Suduiraut, premier président[30], 8.000 livres à chaquun des autres présidents, et 9.000 livres à chaquun des conseillers. J’ay payé cette somme. Toutes ces pièces sont ensemble avec mes provisions.

Le 28 juillet 1669 nostre compaignie a assisté aux Jésuites à Bordeaux à un acte particulier de philosophie qui luy a esté dédié par sieur Pierre de la Ville, fils du feu sieur la Ville, secrétaire du Roy en la chancellerie près la Cour des Aydes.

Le 2 aoust 1669 M. de St-Angel, père de ma femme, est mort ; il a esté le lendemain ensevely à St-Cristoli. Il a fait son testament le 3 novembre 1668 receu par ledit Rougier. Sa femme a la jouissance ; son aîné est héritier ; il y a substitution jusqu’aux filles.

Par transaction du 3 octobre 1669 receue par d’Artigolle. notaire de Marmande, le sieur Brezetz, cappilaine[31], dont mon père avoit esté curateur, et moy demurons reespectivement quittes pour raison de cette curatelle circonstances et dépandances.

Le 19 novembre 1669 le sieur Roux ayant dédié un acte particulier de mathematique audit sieur Suduiraut, premier présidant, nous y avons assisté aux Jésuites.

Le 30 novembre 1669 le Roy a interdit Mrs  d’Hostein et Métivier, présidans, et Lamezan, conseiller, et a exilé ledit sieur d’Hostein à Auxerre, ledit sieur Métivier à Alanson, et ledit sieur Lamezan à Saint-Malo. Ledit sieur Métivier a esté rappellé 6 sepmaines après, et lesdits sieurs d’Hostein et Lamezan le XX décembre 1670[32].

La communauté de Marmande ayant un procès à la Cour des Aydes au rapport de M. Lavigerie, doyen, les sieurs Coudroy, bourgeois[33], et Fizelier[34], scindic, députés de la communauté, me sont veneus saluer de sa part, et le 30 les sieurs d’Auber[35], Labarchède, Laperrière et Faget, conseuls de 1670[36] m’ont envoié une lettre de tous eux à la réserve dudit sieur Laperrière pour ne scavoir escrire ; cette lettre m’a esté randue par ledit sieur Fizelier, scindic, par laquelle ils me prient respectueusement de randre justice à leur communauté.

Le 25 mai 1670, moy estant à Marmande, lesdits sieurs Labarchède et Faget, conseuls, me sont veneus saluer dans ma maison de la part de leur communauté, et me remercier de la disposition que j’avois à leur randre justice dans le susdit procès.

Le dernier jour du mois de may 1671 M. le Mareschal d’Albret, chevalier des ordres du Roy, gouverneur et lieutenant général pour sa Majesté en Guyenne, a fait son entrée à Bordeaux par la porte du Caillau[37]. Le jour précédant il s’en alla incognito chez le sieur Lombard aux Chartrons d’où on l’alla chercher dans un bateau ou maison navalle, ayant esté receu au bruit du canon de la ville, du Chasteau Trompette et des vaisseaux qui estoient au port, et de descharges de trente-six compagnies de la bourgeoisie que le sieur Villepreux, major de Bordeaux[38] avoient mis sous les armes. M. le gouverneur ayant abordé à une tribune aux harangues, les maire et jurats furent les premiers qui l’aranguèrent (sic), luy ayant présanté dans un bassin d’argent une clef de la ville et les leur rendit après les avoir prinses ; à suite ayant monté au haut de ladite tribune il s’assit dans un fauteuil ayant soubs ses pieds un carreau de velours. Dans cet estat les juges et conseuls de la Bourse luy ont fait leur compliment ; après eux, les officiers de l’eslection, à suite l’université, après le sénéchal, le présidial, après les présidans et thrésoriers de France. Ces harangues finies, les députés de la Cour des Aydes ayant pareu, duquel nombre j’estois, M. le Mareschal desandits (sic) de la dite tribune et fit la moitié du chemin et nous l’autre moitié suivant les ordres du roi couchés sur nostre registre, et dans cet endroit, c’est-à-dire au milieu du chemin, à prandre depuis la tribune aux harangues la porte du Caillau. M. le président Metiver portant la parolle se distingua à son ordinaire et luy fit sa harangue [ici cinq lignes raturées avec tant de soin, qu’il est impossible d’en déchiffrer un seul mot] Nous nous sommes randeus au palais tenant les deux costés de la rue du chay de farines dont nous estions les maistres n’y ayant ni cavalerie ny infanterie mesme les deux rues qui y aboutissent venant de celle des Argentiers, lesquelles deux petites rues estoient fermées d’une barrière chaqune.

Le premier du mois de may de ladite année, moy estant à Marmande, les sieur Brezetz, cappitaine, Campaignol, le sieur Fizelier, et autre Fizelier, greffler, le sieur Perret, procureur du roy[39], portant la parole, estant accompaignés de maistre Jean Sacriste, scindic de la Communauté, des sieurs Villepreux, Basin, prestre, Marucheau puisné, Roquette, deux Fagets, frères, Despeirone, Mimaut La Sansonnette, Fauché, d’Artigolle, et Coudroy, secrétaire de la ville, m’ont porté un may à son nom ; je l’ay agréablement receu, tout s’est bien passé de part et d’autre et rien n’a esté oblië (sic).

Le 9 avril 1670, jour de mercredy de Pasques, sieur François de St-Angel feut, le soir, assassiné dans la rue St-Pol, et mourut à 7 heures du soir. Le nommé Laborie qui le tua a esté condamné par défaut à estre pandeu par le lieutenant criminel de Libourne. Cette mort a acquis à ma femme une portion de légitime sur laquelle Mlle  de St’Angel, sa mère, m’a donné 451 livres.

Le 24 décembre 1670, demoiselle Hélaine de Lavergne est décédée à Marmande ; elle a esté enterrée aux Cordeliers dans la sépulture de feu sieur Dumoran, son mari[40].

J’ay achepté le domaine de la Duronne uniquemant pour contanter ma mère scitué dans la paroisse de Birac, élection d’Agen, proche Marmande, pour dix mille livres des sieurs Lavergne et Villepreux, héritiers de ladite demoiselle de Lavergne, par contrat du 21 juillet et 30 septembre 1670, reteneu par Deymier, notaire royal de Mauvesin[41] demeurant à Castelnau sur Gupie[42].

Mgr l’Evêque d’Agen estant à Paris[43], ses vicaires généraux me donnèrent un titre de plassemant de banc dans l’église paroissialle de Marmande le dernier décembre 1675 en verteu duquel titre ledit banc a esté plassé le 28 janvier 1676, moy y estant en presance de M. Lagauzeire, curé, par le nommé Raboi, maistre menuisier, auquel pour sa façon ma mère a donné 30 livres, luy ayant conté 60 livres des deniers de sa mère, outre les 30 livres suivant ce que ledit sieur curé m’avoit dit, dont ledit Raboi m’a donne quittance le 23 décembre 1675, attendeu que lorsqu’on veut plasser un banc dans une église on luy doibt faire un honneste presant : lors duquel plassemant de banc le sieur Perret ayant seu qu’un masson coupoit la crête du pilier contre lequel mon banc est appuyé, suivant l’avis de maistre Lesperance, fort habille architecte qui a accommodé ladite église[44], et du consantement dudit Sieur curé qui m’avoit fait connoistre qu’il seroit bon de faire le banc de la manière qu’il est, entra seul dans ladite église et demanda audit masson par quel ordre il travailloit, et luy ayant répondeu que c’estoit moy qui l’avoit employé, il repondit que l’église en seroit incommodée et que du moins il en falloit parler aux conseuls. A cella près, il se retira. Comme je sortois de la sacristie avec le sieur Levisson, vicaire, le masson nous dit la chose, ce qui m’obligea d’en donner connoissance audit sieur curé qui escrivoit dans une chapelle, qui n’approuva pas la conduite dudit sieur Perret, non plus que maistre Lesperance et ledit Raboi. Les conseuls trouvèrent qu’il avoit tort, aussi bien que les sieurs Daligues, Villepreux, Groulie père et fils, Despeirone, premier marguillier, qui se vindrent tous offrir à moy, si bien que nous ne sortimes pas de l’église que tout ne feut fait de la belle manière.

J’ay achepté la maison que j’ay fait bastir joignant celle que mon père et ma mère m’ont laissé[45] pour 1, 150 livres à cause de la translation du parlemant à Marmande, et que la Cour des Aydes estant à Libourne, ma femme et moy demeurasmes d’accord, a l’imitation de plusieurs autres, que la famille resteroit à Marmande, ne pouvant nous passer de bastir, nostre famille estant nombreuse et coustant beaucoup moins à Marmande qu’à Bordeaux et à Libourne où j’iray servir Dieu aydant menant avec moy un laqué seulement. Cette maison qui est en franc aleu[46] a esté achetée par deux contrats : le premier, du 29 janvier 1676, (au sieur Lamouroux), le second, du 30 dudit mois (à Anne Coudroy).

Le XIII juillet 1671, dans une assamblée de cent et trante qui se fit à Bordeaux dans l’hostel de ville pour raison du franc aleu[47], M. d’Essenaut et moy y avons assisté en qualité de députés de nostre Compaignie, où estant arrivé quelque contestation à nostre éguard, M. de Mallet, jurat[48], la fit cesser à ma considération, et nous estant le lendemain rencontrés, nous proposasmes de nous mesme un accommodement entre nostre Compaignie et les maire et jurats, ce qui a sy bien reussi que par délibération de l’hostel de ville du X février 1672, remise au greffe de la Cour des Aydes le 14 mars suivant, homologuée au conseil le douziesme juillet 1672 par les soins de M. Minvielle qui se trouva alors à Paris, il a esté resoleu que lesdits maire et jurats randront à nostre Compaignie les honneurs et les devoirs qui luy sont deubs. Il est constant que ledit sieur de Mallet a bien vouleu obliger à ma considération nostre Compaignie, estant oncle de ma famme, car jamais lesdits maire et jurats n’avoient vouleu faire les démarches que la Cour avoit prétandeu avec justice, de manière que nous en avons l’obligation entière audit sieur de Mallet entre plusieurs autres, comme de ce qui se passa de favorable et d’advantageux pour nostre Compaignie lorsque M. le Mareschal d’Albret fit son entrée de Gouverneur de Guyenne dans la ville de Bordeaux. En exécution duquel règlement dans une autre assemblée des cent et trante ledit sieur de Minvielle et moy ayant esté députez, il n’y eut rien d’obmis à nostre éguard. J’eus l’honneur de porter la parolle, d’ouvrir les advis. Les commissaires du Parlement n’opinent pas dans ces occasions ; ils écoutent seulement, et c’est le premier honneur. Par cette raison, les commissaires du parlement qui sont prins ordinairemant de la grande chambre sont nommés commissaires, et les députés de la Cour des Aydes députés, pour marquer la differance des uns aux autres. Ayant le landemain randeu compte à la Cour de nostre députation, ma relation a esté couchée sur le Registre.

Le 27 mars 1675, à trois heures après midi, il y eut une sédition à Bordeaux, reitérée le jour de St-Roc suivant, où je me suis trouvé[49]. Quelques gens du cartier de St-Michel se soulevèrent, y sonnèrent le baffroi, tuèrent un nommé Rouleau, marchant, passèrent avec un tambour sur le fossé de l’hostel de ville, au Marché, à St-Projet, se rendirent dans la maison du sieur Vivey, thrésorier de France, où ils mirent le feu. M. le compte (sic) de Montegut, lieutenant du Roy en Guyenne et gouverneur du chasteau Trompette où ledit sieur Vivey s’estoit sauvé, en sortit avec quelques compaignies, print des prisonniers et mit en fuite le reste de ces mutins. Le landemain le mal fut plus grand ; tout le quartier de St-Michel se mit soubs les armes ; un nommé Jambe de bois à la teste ; à Ste-Eulalie on fit de mesme, laissant entrer les paisans dans la ville, le baffroy sonnant à St-Michel et à Ste-Eulalie ; le parlemant, les chambres assemblées, envoia des commissaires par les rues et à l’hostel de ville pour calmer cet orage ; M. le mareschal d’Albret, gouverneur de la province, agit de son costé. Les commissaires du parlement furent fort maltraités surtout M. d’Andraut, conseiller en la grand’chambre[50], et M, Dalon, advocat général[51]. M. Tarneau, conseiller aux Enquestes[52], feut tué devant sa maison qui est sur le fossé de l’hostel de ville pour n’avoir vouleu crier vive le Roy sans gabelle. Sa Majesté a conservé son office à sa famille qui estoit vacante aux parties casuelles et a donné 3, 000 livres de pension annuelle à la dame sa femme qui ayant coureu pour sauver son mary récent des coups de ces séditieux[53] qui demandèrent au parlement un arrest par force et violance, à quoy j’estime que ne s’applique pas mal le passage de Valère Maxime : non patrem conscriptorum volontate, sed letterima necessitate truculenta manu illi senatusconsulto stilum suum impressit[54]. Sa Majesté envoia huit jours après des lettres d’amnistie par l’entremise de M. le Mareschal d’Albret. Nous avions alors assemblée au palais d’où la Cour envoia M. le procureur général d’Arche vers M. le Mareschal d’Albret l’assurer, que nostre compaignie estoit preste à faire tout ce qui dépandroit d’elle pour le service du Roy, de quoy il feut très satisfait et approuva fort nostre conduite.

La seconde sédition arriva à trois heures du soir. Le prétexte fut le papier timbré, et la marque de l’étain fut le prétexte de la première. Le désordre fut très grand ; les gens de St-Michel et de Ste-Eulalie reprinrent les armes, les baffrois sonnans. M. le Mareschal d’Albret se rendit sur le fossé de l’hostel de ville avec la compaignie des gardes ; M. l’archevesque de Bordeaux s’y trouva[55], le sieur Villepreux, major de la ville, s’y rencontra ; les jurats, le sieur Dejehan, procureur syndic, et autres feurent assiegez dans l’hostel de ville par ces mutins. M. le comte de Montegut fit sortir quatre compaignies d’infanterie du régimant de Navaille tambour battant qu’avec une décharge qu’ils firent sur ledit fossé s’en rendirent maistres, et mirent en fuite cette populace qui se barricada dans la rue des Faures. Ceux qui voulurent alors sortir dudit hostel de ville le firent facilemant. Il y eut la nuit des corps de garde en plusieurs endroits surtout à l’hostel de ville, au marché, au Chapeau rouge, et ailheurs. Ces séditieux allèrent la nuit chez des particuliers pour les obliger à donner de l’argent ou à marcher avec eux. Le Parlemant fit pandre deux de ces misérables, l’un à la plasse St-Michel, l’autre sur le fossé de l’hostel de ville.

Le Roy voulant chastier la ville de Bordeaux y fit entrer le 19 novembre 1675 les troupes qui estoient en Roussillon, ce qu’elles firent tambour battant, mèche allumée, les timbales et les fifres sonnant, le sabre à la main.

Les officiers du Parlement, de la Chambre de l’Edit, de la Cour des Aydes, les thrésoriers de France, secrétaires du Roy, gentilshommes, jurats, procureur scindic et tuteur de la ville ont esté exempts du logement effectif. Les bourgeois et habitans ont esté désarmés et leurs armes portées au chasteau Trompette, les privilèges ostés, les gens de guerre se sont saisis de toutes les portes y faisant garde ; la cavalerie devant l’hostel de ville et la maison de M. le président Pichon[56] sur le fossé du Chapeau rouge, se relevant le sabre à la main, comme dans une ville prinse d’assaut, les cloches de Saint Michel et de Sainte-Eulalie et les canons qui estoient dans l’hostel de ville ont esté portes dans le chasteau Trompette.

Le Parlement et la Chambre de l’Edit ont esté transférés à Condom et la Cour des Aydes à Libourne par les déclarations de Sa Majesté, du 26 dudit mois de novembre.

La Cour des Aydes a fait son ouverture à Libourne le 28 novembre 1675, dans la maison de ville ou le Présidial tenoit sa séance, avec cette circonstance que par délibération de la Cour nous demurames d’accord que tous les officiers porteroient robes et chaperons rouges fourrés d’hermine.

Auparavant m’en aller à Libourne je fis sortir de Bordeaux sur un passeport de M. le Mareschal d’Albret tous les meubles que j’y avois et les fis porter à Marmande, où estoit ma famme et ma famille. Après avoir demeuré à Libourne jusqu’à Noël, je m’en retourné à Marmande, où le Roy a transféré le Parlement et la Chambre de l’Edit par autre déclaration, du 13 janvier 1676[57]. Le Parlement a fait son ouverture aux Cordeliers, le 6 février 1676[58] où je me trouvai en habit court ; ils estoient unze juges tant de la Grand Chamhre que des Enquestes y comprins M. Daulède, premier président[59]. L’advocat Gautier, natif de Marmande, fit la fonction de substitut de Messieurs les gens du Roy en leur absence à l’exclusion du sieur Perret, procureur du Roy. Ledit sieur Gautier requit l’enregistrement de ladite déclaration du Roy, ce que la Cour ordonna. La Chambre de l’Edit fit le même jour, qui estoit un judy, sont ouverture aux Carmes, M. le Président Duburg[60] estant à la teste.

Il s’y passa une chose remarquable a l’ouverture du Parlement, scavoir que Messieurs du Parlement n’estant que unze en nombre ne voulurent jamais que M. de Loupes, conseiller aux requestes dudit Parlemant, feut parmi eux ny dans la chambre, ni à l’audiance, tout son empressemant ayant esté inutile. Ledit sieur de Loupes estoit seul de la chambre des Requestes. La communauté de Marmande logea M. le premier président à ses dépans chez le sieur capitaine Brezetz ayant fait accommoder sa maison à ses dépans.

Le sieur Bley, second conseul[61], alla à Touars[62] au devant de M. le premier président, bien accompaigné avec des bateaux pour le prandre et à Messieurs du Parlemant qui s’y trouvèrent. Les conseuls les receurent avec leurs robes et chaperons de livrée au dela la jurisdiction de Marmande ; ils firent la mesme chose au bord de l’eau, a la porte de La Ma[63], et ils allèrent de la mesme manière à celle de M. le premier présidant. Ils rendirent aussi leurs devoirs a Messieurs les présidans, conseillers et gens du Roy.

J’ay offert à M. le Président Duburg estant à la teste de la Chambre de l’Edit mon banc qui est aux Carmes, dont il m’a remercié, Messieurs de la Chambre s’en estant servi de mon consantement.

Messieurs du Parlement n’ont point fait à Marmande de procession le jour de saint Joseph de la présente année, 1676, comme ils avoient accoutumé de faire à Bordeaux, où il n’y en a pas en ledit jour.

Le 25 mars 1676, il y a eu procession à Marmande à cause de l’Annonciation de Nostre-Dame faiste par les conseuls. M. le président Duburg y assista en robe à leur teste, et il m’a esté assuré qu’il disoit au premier conseul et au second de se mettre à son costé, le juge ny le procureur du Roy n’y ayant point pareu.

Il y a eu aussi sédition à la Réolle et à Bergerac qui a esté bientost calmée par les soins de M le mareschal d’Albret et de M. de Seve. intendant[64] qui en a condamné quelqu’un à estre pandeu avec le Présidial pour la seconde sédition de Bordeaux, Sa Majesté n’ayant point révoqué son amnistie.

La sédition arrivée dans ce terme en Bretaigne est cause que Sa Majesté a transféré son Parlement de Rennes à Vannes. Dans l’intervalle de la première et seconde sédition de Bordeaux le régiment de Lachau de cavalerie et celluy de Cossé de dragons jaunes ont resté dans la province de Guyenne.

Nostre réception à Libourne a esté telle. Après que deux jurats eurent fait a Bordeaux leurs complimans à M. le premier Présidant et à M. le Procureur Général, de mesme que le sieur Cazes, procureur du Roy au présidial dudit Libournes[65], nous tronvasmes au port de Cavernes[66] des bateaux à nous envoyés de la part de la communauté, tant pour nous que pour nos gens. Ce port est à quatre lieues de Libourne. Dans un de ces bateaux estoient M. et Mme  la première présidente, M. le président Maniban et deux jurats, députés du corps de ville ; dans un autre estoient M. et Mme  la présidente Métivier, MM, Lacrompe, Minvielle, Rolland, d’Arche, procureur général, et moy ; les autres Messieurs se mirent dans d’autres bateaux et nos gens en eurent aussy ; estant arrivés à une lieue de Libourne nous feumes salués de six coups de canon par une fregate angloise, et abordant à Libourne nous feumes receus au bruit du canon de tous les navires, barques et pataches du bureau, leurs estandars desploiés, les fanfares de trompettes ne manquant pas. Estant sortis des bateaux les maires et jurats, procureur, scindic et secrétaire de la communauté avec leurs robes et chaperons de livrée, accompagnés d’un très grand nombre de gens, nous firent leurs complimans en la personne dudit sieur premier Présidant qu’ils accompaignèrent dans l’hostel à lui préparé et payé aux dépans de la ville. Le landemain, les jurats avec le procureur scindic et le secrétaire saluèrent tous les présidans, le doyen et le procureur général avec leurs chaperons de livrée. Les advocats en firent de mesme en robe et bonnet. Les Officiers du Sénéchal et Présidial, le curé et les religieux nous virent en leur particulier.

Les troupes qui sont entrées à Bordeaux après la première sédition en sont sorties le 30 et 31 mars 1676.

Le 16 novembre 1679, demoiselle Jeanne de Saint-Angel, ma belle-mère, est morte à Bordeaux, en 9 jours, d’un choléra morbus.

Demoiselle Catherine Villepreux, veuve en premières nopses du sieur Moreau, sieur de Beaufossé, et en secondes du sieur Maruc, est décédée à Beaufossé[67], le 30 octobre 1663 (sic).

Le 2 avril 1676, jour du judy saint, à mon retour de Libourne, estant allé à la paroisse[68], j’y ay entendu la messe estant dans mon banc, d’où j’aurois veu M. Geneste, doyen du Parlemant, MM. Duval, Desnanotre, conseillers, M. Dalon, advocat général, assistant en robe dans le banc des conseuls, qui s’estoient plassés sur un banc portatif du costé droit entrant dans le cœur avec leurs robes et chaperons consulaires joignant le balustre, le sieur Lalyman estant en robe devant eux, le sieur Labat, secrétaire du Roy[69] estant à leur teste en habit et manteau noir. La messe finie, le Saint-Sacrement ayant esté porté en procession à la chapelle de la Charité, ces Messieurs du Parlement ont suivy, ledit sieur Labat après, et les juge et conseuls à la suite, le sieur Perret ayant resté en habit court dans la chapelle de Saint-Roc.

M. l’Evesque de Bazas[70] me chargeant par le titre de ma chapelle de Castecu d’emploier mes soins, crédit et authorité pour faire refondre la cloche de l’église de Saint-Vincent de Beaupuy, rompue depuis près de vingt ans, moienant quoi principalement il me déclara bienfaiteur insigne de ladite église, j’ay donné toute mon application à faire réussir la chose, qui est venue au point que je desirois ayant pour cet effet donné demy pistole, de manière que la cloche a esté refondue à Beaupuy, le 16 février 1676, à deux heures après midy, par le sieur Faure, maistre fondeur de Bordeaux à moy envoié par le sieur Seguin, thrésorier de La Réolle. Ladite cloche a esté bénite le 29 dudit mois et an par le sieur Castaing, curé de Lagupie, commissaire député par M. l’Evesque. C’estoit un dimanche, environ trois heures après midy, où j’assistay avec les sieurs Sacriste, Berry et autres et le sieur Sigaray, curé de Castelnau sur Gupie. Je pourveus aux choses nécessaires pour le disner. Voicy l’inscription que j’ay fait mettre sur la cloche où mon nom a esté mis nemine contradicente : Ab omni molo defende nos, domine (ll y a la mesme chose sur une des cloches de Marmande). J’ay esté faite pour l’église Saint-Vincent de Beaupuy, maistre Jean Brettes, curé, par les soins de M. Fontainemarie, sieur de Castecu, conseiller en la Cour des Aydes de Guyenne, et plus bas, Faure fecit avec une croix, pour la refonte de laquelle cloche j’ay passé en contrat avec ledit Faure, en 1676, retenu par Bernus.

Mon fils Jacques a esté ensevely dans l’église des Carmes à Marmande, le 29 septembre 1671.

La confirmation du banc[71] qui est dans ladite église m’a esté accordée par le Père Maure, provincial, la communauté assamblée dans les formes ordinaires le 18 mars 1676.

Le 15 may 1676. le Parlement a assisté en corps et en robes rouges au Te Deum dans l’église parroissialle, de la prinse de Condé[72]. Idem 13 jours après pour la prinse de Bouchain[73].

M. Merargue, conseiller au Parlement de Provence[74], m’a dit qu’il y avoit deux procureurs généraux, dont un servoit une année au civil, l’autre au criminel.

Le 22 mars 1677, l’audience de la Grand Chambre du Parlement, séant a Marmande, les lettres de gouverneur de Guyenne, accordées par Sa Majesté à M. le duc de Roquelaure[75] ont esté enregistrées, le sieur Poitevin, advocat dudit sieur de Roquelaure, ayant plaidé, et M. l’advocat général Dalon en ayant requis l’enregistremant.

Le 31 mars 1677 la ville de Valantiennes ayant esté prinse par Sa Majesté en personne[76], le Te Deum en a esté chanté. Le Parlement s’y est trouvé en corps et en robes rouges.

Le 30 avril suivant le Te Deum a esté chanté pour la défaite du Prince d’Orange, faite par M. le duc d’Orléans[77], qui vouleut secourir Saint-Omer, assiégé par Son Altesse Royale, n’y ayant que six officiers du Parlemant.

Le 4 may 1677 le Te Deum a esté chanté à Marmande, où le Parlement a assisté pour la réduction de la ville et citadelle de Cambrai, faite par Sa Majesté en personne[78], et pour la prinse de la ville de Saint-Omer, faite par Son Altesse Royalle[79].

Le 15 may 1678, Te Deum a esté chanté à Marmande où le Parlemant a assisté pour la prinse d’Ypres[80], la mesme chose ayant esté faite quelque jour auparavant pour celle de Gand[81].

Le 20 mars 1678, le Parlement a enregistré à Marmande la commission du Roy du 15 avril précédant, portant sa translation à la Réolle, qui ne pouvant alors contenir la Chambre de l’Edit, elle a esté transférée à Saint-Macaire[82], et par déclaration du mois de juillet 1679, enregistrée au Parlemant le premier aoust de ladite année, ladite Chambre a esté supprimée et les officiers de ladite Chambre incorporés audit Parlemant.

Une chute d’une partie de l’élise des Cordeliers où estoit le Palais du Parlement estant arrivée le 14 mars 1678, servit de motif à la translation dudit Parlemant et de la Chambre de l’Edit, pour ne dire pas de prétexte[83].

Commission dans un navire. — Le XXI décembre 1672 j’ay receude Pollard une pistolle d’Espaigne, un demy louis d’or, et trois equus blancs pour mes droits particuliers d’une commission par moy faite dans un navire devant les Chartrons par des marchands de Bordeaux.

Articles de mariage rédiges par moy le XI mars 1674 entre noble Anthoine Augustin de Poyferré, escuyer, seigneur de Varene, Baron d’Arricau[84], et dlle Susane de Saint-Angel, ma belle-sœur, qui s’est constitué en dot tous ses droits revenant à 20.000 livres. Le sieur de Saint Angel s’est depuis marié avec la cadette du sieur Nanor, juge de l’Admirauté de Guyenne qui luy a porté une semblable somme de 20.000 livres.

Trois commisions à Bordeaux. — Environ ce tems que je fis cette commission dans ce navire, j’en fis trois dans la ville de Bordeaux à la requeste des fermiers généraux du convoy et comptablie, la première pour de l’huile de baleine qu’on disoit estre cachée en fraude des droits du Roy. Je feus pour cet effet dans la maison du sieur Caupos visiter et autres ; la seconde chès le sieur Dauzac, marchand teinturier, demeurant au Peugue proche des Minimes où l’on avoit mis par entrepot des marchandises étrangères de saisie qui feurent trouvées ; le sieur Brussy, directeur du bureau de Bordeaux, beau-père de M. Laserre, conseiller en la Cour des Aydes estoit avec moy ; la troisiesme feut chès un hoste à Bordeaux pour des marchandises tenues en entrepot cachées en fraude des droits de Sa Majesté dans une petite rue proche du palais du Parlement d’où l’on va de la rue des Argentiers qui conduit dans la maison du sieur Masson qui aboutit à la rue des Baütiers, de toutes lesquelles commissions les pièces sont remises au greffe et de celles que je pourray faire à l’advenir il en sera uzé de mesme, car c’est l’ordre.

Commission importante faite à Bordeaux. — Le sieur Ranci, receveur du convoy de Bordeaux, m’estant veneu prier de me transporter dans la maison de Boisses, dans la rue de Laroselle, qui avoit fait banqueroute estant son débiteur de 22, 500 livres. je me rendis sur le lieu avec ma commission qu’il me porta de M. Suduiraut, premier présidant, J’y trouvé le sieur Malescot, lieutenant général, qui ne respondant pas à mon honnesteté, nous eusmes bruit ; il travailla d’un costé ci, moy de l’autre ; nous mimes tout sous le scellé le 28 juillet 1672 et nous fimes chaquun un inventaire. Les soldats de la patache que j’envoie chercher gardèrent les mubles. A cella près nous nous retirâmes. Le lendemain, la Cour des Aydes me nomma commissaire pour la levée des scellés avec ordre aux jurats dé tenir la main à l’exécution de l’arrest. Le sieur Mallet me donna un billet par lequel il ordonnoit au cappitaine du guet de me prester main forte, estant ledit sieur de Mallet premier jurat. Je me rendis dans la maison dudit Boysses avec Iedit sieur Ranci, le sieur Cardon, Descurain procureur du Bureau et autres. Le lieutenant général y vint avec de gens atroupés ; il me vint joindre dans une chambre où j’estois, me soutenant que ça n’estoit pas de nostre jurisdiclion, et moy le contraire, à cause qu’il estoit deub au Roy. Sur ce discours il fit effort de me faire sortir de la chambre. Je le prins au corps et je le mis dehors. Un de ceux qu’il avoit mené avec luy saisit ledit sieur Cardon par la cravate ; il se deffandit bien, les uns estant contre les autres, j’empeschè que les soldats de la patache ne tirassent. Le sieur Cal, cappitaine du guet, que j’avois envoié chercher, sur le billet dudit sieur Mallet, me vint trouver avec le guet et m’offrit les forces de la ville dont je le remerciè. Le lieutenant général s’estant retiré avec son monde s’en alla porter plainte contre moy au Parlement. Mrs  de la Tournelle tenoient l’audiance où assistoit M. Dalon, advocat général ; ils en sortirent et délibérèrent dans la chambre ce qu’il y avoit à faire ; ils résolurent d’envoier comme ils firent deux commissaires à M. le Mareschal d’Albret, gouverneur de la province, estant alors dans son hostel à Bordeaux pour luy parler de ces affaires et se plaindre à luy de l’entreprinse de jurisdiction de la Cour des Aydes dont ils escrivent en Cour et y envoient un procès-verbal dudit sieur lieutenant général, après le départ duquel de la maison dudit Boisses, je mis sy bien ordre à tout, que je me captivè facilemant la bienveillance de ceux qui estoient là, surtout des parans de Boisses qui m’ayant préparé une collation, je les en remercié. A cella près je me retiray dans mon logis suivy dudit sieur Cal et du guet, du sieur Ranci et des autres. Je demurois alors à la place de Saint-André. Ayant quitté la robe, je feus chés ledit sieur Suduiraut luy dire ce qui s’estoit passé ; il feut fort contant de ma conduite, et la Cour aussy. Le sieur Layac, directeur du Bureau, escrivit aux intéressés ; mon procès-verbal fut envoié, et ledit sieur premier présidant escrivit aussy. Il me dit que M le Mareschal d’Albret avoit envoié le sieur Combabesoule, son secrétaire, savoir s’il y estoit ; il se randit dans son hostel, M. le Mareschal qui avoit envoié deux de ses gardes dans la maison dudit Boisses et fait retirer les soldats de la patache dit audit sieur de Suiduiraut de luy proposer un expédiant pour terminer ce différant ce qui feut fait par le moien du paiement fait audit sieur Ranci de ce qui luy estoit deub. Cependant M. Albert, controlleur général des finances à qui toutes les pièces avoient esté envoiées, nous mit hors de cour et de procès, de quy je feus contant.

Le 6 may 1681 j’ay fait une déclaration devant Bernus, notaire royal de Marmande, du bien que j’ay en franc aleu dans la juridiction de ladite ville suivant l’intention de Sa Majesté à laquelle on s’est agréablement conformé.

Y ayant un affaire entre le sieur Despeirones, premier consul de Marmande, et le sieur Laperrière, M. le duc de Roquelaure, gouverneur de la province, a trouvé à propos qu’il se terminât par ma médiation et pour cet effet estant à Agen il m’a fait l’honneur de m’escrire le premier janvier 1681 n’envoiant pour cet effet une ordonnance en verteu de laquelle ayant fait venir chès moy les parties, ledit sieur Despeirone m’a donné sa parolle par escrit, et comme ledit sieur Laperrière se plaignoit d’avoir receu des coups de cane du sieur Despeirone, qu’il en faisoit actuellement informer, il donna sa parolle par escrit d’en passer par mon advis après qu’il auroit achevé son information, ce que je fis d’abord sçavoir à Thoulouze audit seigneur de Roquelaure suivant qu’il me prioit par sa lettre en propres termes, qui n’aiant pas trouvé de son goût la conduite dudit sieur de Laperrière, donna une ordonnance portant qu’il se randroit auprès de sa personne à Thoulouze où ledit seigneur Despeirones se trouva. L’accommodement feut fait à l’advantage dudit sieur Despeirone qui disoit que ledit sieur Laperrière s’estant le soir trouvé dans une meslée parmy de gens qui avoit bruit, il se servit de sa cane pour le faire cesser et luy ayant dit qu’il avoit touché ledit sieur Laperriére par mégarde et sans le connoitre, il s’en seroit allé droit à luy, se seroit mis à genoux et luy auroit demandé pardon. Après la mort de M. le duc de Raquelaure, ledit sieur Laperrière s’estant pourvu au parlement de Guyenne sur des actes secrets de protection faite à Thoulouze avant et après le jugement, M. le Marquis de Chateauneuf secrétaire d’Estat et des commandemens, escrivit à M. le Procureur général que l’intention du Roy estoit que cet affaire n’allast pas plus avant.

Par transaction du 5 mars 1686 receue par Bernus le sieur Villepreux, mon oncle paternel[85], et moy sommes sortis de tous nos affaires de famille, se trouvant néantmoins mon débiteur d’argent presté que je luy ay quitté pour le bien de paix par une seconde transaction du 9 septembre 1684 receue par Ducarpe, notaire du marquisat de Sibrac, demurant dans la paroisse Saint-Pey de Castex du costé de la riviére de Dordoigne, proche la ville de Castillon[86] le sieur de Villepreux, major de Bordeaux, nostre parant commun[87] nous ayant accordés.

Le Révérend Père Honoré, religieux capucin, accompagné du Père Nicolas et autres religieux du mesme ordre, a fait une très belle mission à Marmande qui a commencé le mois de novembre 1691. Le Père Nicolas preschoit tous les matins à 4 heures, et le P. Honoré faisait l’oraison mentale à 9 heures. L’apres-dinée il y avoit des catéchismes aux pénitans pour les garsons, à Sainte-Ursule pour les filles. A 4 heures du soir le père Honoré faisoit un sermon ; en de certaines occasions il se metoit la corde au col. faisant amende honorable pour les pescheurs qu’il faisoit crier tout haut pardon et miséricorde. Presque tout le monde pluroit. J’estois au commancemant à Libourne au service d’où je vins à Marmande pour assister à cette mission dont je feus charmé ! Il y avoit une foulle de gens incroiable qui y accouroient de toutes parts ; il me fit faire une confession généralle, et fit faire des communions généralles, je la fis par son advis avec les penitans de la confrérie desquels je me mis le 14 décembre de ladite année avant midy, et les sieurs d’Auber[88] et Campaignol après midy. Les sieurs La Sourdrie et Ferran[89] s’en mirent le matin, d’autres ont fait la mesme chose ; ledit Père Honoré a fait faire une multiplicité de réconciliations et d’accommodemans. A sa prière j’ay sorti d’affaires les sieurs Lamouroux père et fils, leur ayant fait signer chez moi une transaction. Il a fait planter une croix à la place du chasteau où il s’y fit une procession générale ; il y brusla quantité de livres de galanterie ; il est cause qu’il y a une orgue dans l’église parroissialle. Ce n’est pas seullemant à Marmande que ces pieux missionnaires ont très bien réussy, mais partout ailheurs où ils sont allés.

Commission pour Vayres, Saint Pardon et Izon. — Quelque tems après la translation de la Cour des Aydes à Libourne, j’ens une commission pour aller à Vayres,[90] Saint-Pardon[91] et Izon[92]. Le sieur de Saint Yvoine, receveur du Bureau, dudit Libourne, estoit avec moy, le capitaine de la patache et autres, sur un advis qui feust donné audit sieur de Saint Yvoine qu’on avoit fait passer en fraude des droits du Roy une barque chargée de scel venant du costé de Blaye, qui feust arrestée. Le scel se deschargeoit, se mettoit en entrepôt, se vandoit à la campaigne et les droits n’en estoient point acquittés.

Commission de Tournon. — Par arrest contradictoirement randru à Libourne du 29 mars 1683 j’ay esté nommé commissaire pour aller à Tournon[93], J’en ay parlé dans mon recueil d’arrêts[94]. Je l’ay faite d’une manière que j’ay bien sujet d’en estre contant. Estant arrivé à Marmande, les sieurs Mymaut, de Bruet, Pepin et Belioc, conseuls, le sieur Touchart, premier conseul, estant absant[95], accompaignés de plusieurs bourgeois et du sieur Gelibert, secrétaire de la communauté, lesdits sieurs conseuls ayant leur chaperon de livrée, me vindrent randre leurs devoirs. Je les reccus dans une chambre haute et respondis à leur honnesteté. Lesdits consuls s’estant retirés après leur complimant, je leur donné le pas que je prins aux autres. J’en uzè de mesme à Clairac[96] où les conseuls me vindrent saluer avec leur chaperon de livrée, ceux de Penne[97] et de Tournon avec leurs robes et chaperons consulaires. Nos Mrs  m’ont advoué que c’estoit une très belle commission[98].

Commission de La Réole. — J’advoue pourtant et on en demeure d’accord que la plus éclatante commission qu’un officier de la Cour des Aydes ayt faitte venant de son corps est la mienne à La Réolle le mois de juin 1683. Il est vray qu’auparavant rien faire j’ay veu M. le premier Présidant seul de tout le Parlemant, dont j’ay sujet d’estre contant suivant de nos Mrs  et qu’on m’a dit que ledit sieur premier présidant a fait coucher sur le registre de la Grand’Chambre. J’ay visité dans les greffes du Parlemant ce que j’ay vouleu, mesme les originaux, à quoy le sieur Dechiens, greffier en chef, ayant fait difficulté de se conformer, ledit sieur premier présidant l’y a condamné. J’ay fait la mesme chose dans des estudes de procureur, chès un libraire, en un mot je suis entré partout où j’ay vouleu et dans les endroits qui m’ont esté indiqués, ayant mandé le sieur Labissiere premier jurat[99], qui m’a accompagné partout avec sa livrée, ayant avec luy des valets de ville. Ayant esté adverti que le nommé Gaches faisoit du papier et du parchemin de faux timbre et qu’il les distribuoit, je feus à 4 heures du matin avec ledit sieur Labissière et autres dans l’estude de l’Héritier, procureur au Parlemant où estoit ledit Gâches ; ledit sieur Labissière y estant entré dit à Gâches que je voulois parler à luy ; il s’advança à moy et je l’arrestay ; l’ayant remis audit sieur Labissière il le donna a deux valets de ville. On le mit en prison où je le fit écrouer, et à suite traduire à Libourne. J’ay aussy parlé de cette commission dans mon recueil d’arrests.

La disme de toute sorte de bleds, vins, legumages, lins, chanvre et aigneaux se paye à Beaupuy, suivant une transaction du 9 octobre 1620 receue par Lagaüzeire, a raison de 14 gerbes une sauf du millet qui se doibt paier au grenier à mesme raison ; et pour le vin à raison de 16 charges de vendange une, en l’allant prandre et recevoir par les chanoines de la Réolle et recteurs, leurs fermiers ou commis.

Commission pour Villeneuve d’Agenois. — Ayant esté nommé commissaire le 24 novembre 1684 pour aller informer contre deux orfèvres de ladite ville[100] contre lesquels le sieur Lafargue, fermier des droits de marque sur l’or et sur l’argent, se plaignoit n’ayant peu m’y transporter cause que ma famme estoit incommodée, je donné mes lettres d’attache pour faire assigner chès moy les témoins à Marmande sur la réquisition de Bernus, procureur dudit Laffargue, depuis lequel tems s’estant accordé, il m’est veneu remercier chès moy à Marmande.

Le 19 avril 1683 jour de Pasques à 7 heures du matin ma nièce mourut à Marmande. Elle feut le lendemain enterrée dans l’église parroisialle aux sépultures de mon grand père proche l’autel de Saint-Anthoine, y ayant de très puissantes raisons pour cella. Rien n’a esté oblié pour sa guarison, et après son décès, les messes n’ont point manqué pour le repos de son âme.

Le sieur Villepreux, mon oncle maternel, est mort a Marmande le 22 janvier 1694 ; il a esté enterré aux Cordeliers dans la sépulture du sieur et Dlle Dumoran dessoubs la chaire du prédicateur où il y a une cave.

Le sieur Cazaux de Bouglon[101] m’ayant donné un de ses enfans à baptesme, avec la Dlle de Comarque[102], j’y ay envoié mon troisiesme fils. Le baptesme a été fait le 27 mars 1686. Le nom de Jacques luy a esté donné.

Autres commissions. — Une des principales raisons qui m’a empesché d’aller à Bouglon vient de ce qu’estant a la Réolle pour mes affaires, particulièrement le Parlement y tenant séance, M. d’Arche, procureur général en nostre compaignie, m’a envoié une commission par un exprès pour informer en subornemant de témoins contre le nommé Jean Maisonnade, habitant de la paroisse de Hautevignes[103], ayant prins pour son substitut le sieur Perret. Je me suis randeu à Marmande à l’effet susdit, ayant auparavant fait une information contre ledit Maisonnade, qui ayant esté condamné à la restitution de certains mubles s’ils estoient en nature synon la légitime valeur au dire d’experts en faveur d’un nommé Balan, peauvre tisseran Je suis aussy esté commissaire dans cette affaire.

J’ay prins ledit sieur Perret pour substitut dudit sieur Procureur général dans une commission que j’ay faitte à Marmande pour M. Tartas, prieur et conseigneur du Mas d’Agenais[104] La qualité que j’ay donnée audit sieur Perret dans ces occasions est la suivante : Maistre Jean Perret, procureur du Roy de Marmande et substitut de M. le Procureur général en la cour des Aydes et finances de Guyenne.

J’ay signé les articles de mariage du sieur La Saubiolle et de Dlle Marie Villepreux, ma cousine[105], rédigés en contrat le 4 novembre 1686 receu par Prioret, notaire de Castelnau sur Gupie. Le sieur Villepreux et sa femme luy ont constitué solidairemant 2.000 livres.

Commissions de Gontaut, de Fauillet, de Villote et d’Agen. Le 17 juillet 1687 estant arrivé de Libourne à Marmande, je receus une dépesche de la part de M. Robillard, premier advocat général de la Cour des Aydes, avec une de ses lettres et une de M. le présidant Métivier qui estoit alors à la teste de la compagnie. Je trouvé dans ce paquet un arrest de la Cour portant un décret d’adjournemant personnel contre le sieur Jehan du Rames, vissenechal d’Agen. Cependant la Cour ordonne que j’informeray contre ledit prévost de l’évasion dudit Maisonnade accusé d’avoir fait faire un faux contrat d’obligation de 500 livres et décrète de prinse de corps à la requeste de M. le Procureur général : ce vissenechal ayant longtems guardé ce décret de prinse de corps, le mit enfin à exécution le jour de la Pentecoste et au lieu de conduire comme il devoit ledit Maisonnade à Liboune, il le mena dans la prison d’Agen, sy bien que ledit Maisonnade s’est sauvé des prisons d’Agen longtemps après avec d’autres prisonniers. Ayant receu ma commission, je suis parti de Marmande avec le sieur Bazin fils, advocat en la Cour[106]faisant la fonction de substitut dudit sieur Procureur général, de Larroque, greffier de l’ordinaire de Marmande, et de Carbonnes, huyssier au mesme siège. Je suis alé à Gontaut[107] où j’ay visitay (sic) les prisons dont le premier Consul[108] a donné un certificat audit sieur Bazin, ce qu’ont fait ceux de Fauillet[109] où je me suis transporté, et dans le village de Villote, paroisse de Villotte[110], juridiction dudit Fauillet, auquel lieu de Villotte j’ay fait une information contre ledit sieur de Jehan. A cella près je suis arrivé à Agen a dix heures du soir et suis allé loger à Saint-Jacques ; le lendemain matin les conseuls me sont veneu faire leurs complimans[111] avec leurs livées consulaires, m’ayant offert un hostel qu’ils appellent la Maison du Roy dont je les ay remerciés et de leur honnesteté. M. Duval, conseiller en la Grand’Chambre du Parlemant de Guyenne, partit d’Agen la veille de mon arrivée, il estoit logé au petit Paris, et ayant sceu qu’il avoit refusé ladite Maison du Roy, j’ay vouleu en cette rencontre faire comme luy. Les officiers de la Cour de l’élection d’Agen me sont veneu voir en corps et randre leurs devoirs en qualité de commissaire, le sieur Sabré, présidant, portant la parolle. Ledit sieur Jehan m’est veneu randre visite et m’a témoigné la joye qu’il avoit de ce que j’estois son commissaire ; il a esté fort assidu auprès de moy. Quantité de gens de condition me sont aussy veneu voir. Les conseuls d’Agen m’ont donné un repas magnifique, je les ay aussy très bien régalés. M. Lasserre, couseiller à la Cour des Aydes, m’a aussy traité et moy à luy. Le sieur Lasserre, chanoine sont frère, m’a donné un très beau repas ; je n’ay pas eu loisir de luy rendre la pareille. Le sieur Rangouse[112], beau-frère dudit sieur Lasserre, m’a fait grande chère à Beauregard, qui est une très agréable maison de campaigne à un cart de lieue d’Agen et de l’austre costé de la ville. Ledit sieur Rangouse ayant un procès, je suis esté son arbitre à Bordeaux et M. Voisin, conseiller en nostre compagnie, de sa partie ; nous leur avons fait passer une transaction.

Commisssion de Tonneins. — Le sieur Ducasse, procureur du Roy de Lagruère[113] ayant escrit une lettre au sieur de Saint-Amans[114] intéressé aux fermes royalles unies contre le sieur Bailly, commis au bureau du tabac de Tonneins, ledit sieur de Saint-Amans l’a remise audit sieur Bailly, et comme cette lettre estoit cruelle contre luy, qu’il y estoit traité d’homme noirci de concussions et de malversations, il a demandé à la Cour permission d’en informer, laquelle luy ayant esté accordée, son information est décrétée contre ledit sieur Ducasse. La cause plaidée a l’audiance, M. de Maniban présidant, arrest le 24 mai 1688, par lequel la Cour avant faire droit aux parties, ordonne que ladite lettre missive et l’audition dudit sieur Ducasse seront remises au greffe pour servir de dénonciation au procureur général du Roy et qu’il sera informé par devant moy à ces fins commis… Je suis parti de Libourne le 17 juillet 1688, le sieur Lauron, greffier de la Cour, ne pouvant quitter le service, m’a prié de prandre pour son commis le sieur Moulinier, procureur au présidial de Libourne. Je suis le landemain parti de Marmande ayant prins le sieur Bazin fils, advocat à la Cour, pour substitut. Estant arrivé à Tonneins, j’ay mis pied à terre chez la veuve Castéra où pend pour enseigne les trois pigeons[115] qui me dit que le premier conseul[116] ayant sceu que je devois arriver luy avoit donné la clef de la maison pour me l’offrir, ayant esté nécessairement obligé de s’en aller à la campaigne, attendeu que le commandant de quatre compaignies d’infanterie du régimant Royal La marine, estoit logé aux Trois pigeons, je remercié Madame Castera de l’honesteté dudit premier conseul et je prins la maison du sieur Desclaux, advocat eu la Cour[117], pour luy faire plaisir qui est dans le voisinage, et où Messieurs les gouverneurs du Roy et intendans de la province ont accoutumé de loger, d’autant mieux que les parties m’en ont aussi prié. Les quatre conseuls de Tonneins avec leurs livrées accompaignés de quatorze bourgeois m’ont rendeu leurs devoirs ; ils m’ont dit que j’estois le premier commissaire de nostre Compaignie qu’ils avoient veu à Tonneins. Tout Tonneins m’a veu et quantité de noblesse de ce canton. Le sieur Catufe, juge[118], n’a pas esté des derniers ; il m’a traité magnifiquement chès luy. Ma commission à duré seize jours à Tonneins. J’y ay souvent donné à manger audit sieur Desclaux et a d’autres gens, car il faut faire honneur aux Commissions[119]. Le sieur Remond, directeur général du Convoy et comptablie de Bordeaux, a prié ledit sieur présidant Maniban de me nommer pour commissaire dans cette commission, à quoy il n’a pas eu beaucoup de peine, car c’estoit son sentimant.

Le deffinitoire[120] assamblé en Congrégation a accepté et ratifié le droit de banc et sépulture accordé à mon père et la fondation par luy faitte dans l’église des Carmes de Marmande de trois messes par semaine ainsy qu’il est énoncé par les contrats du 22 may 1650 et XX février 1655 receus par Galant et Fourès, notaires royaux dudit Marmande[121] veut et entend que lesdits contrats sortent leur plain et entier effet, et que les prieur et religieux dudit couvent tant presans qu’à venir s’acquitent plainement de toutes les obligations portées par lesdits contrats, et qu’ils me randent et à mes héritiers et successeurs à l’advenir les honneurs deubs à leurs bienfaiteurs selon qu’il m’a esté accordé cy devant par acte du 18 mars 1676.

Le 24 janvier 1689 maistre Jean Fontainemarie est mort à Marmande ; le lendemain il a esté enterre dans la parroisse et dans la sepulture de mon grand-père, il estoit mon oncle paternel.

Le 3 février 1689 M. Bazin de Bezons intendant[122] m’a donné une lettre pour mon second fils adressante a M. le marquis de Louvoi[123] pour le mettre aux cadets. Il est parti de Marmande le 22 mars 1689. Mon cousin Fontainemarie luy a fait presant d’un cheval et de ses pistolets. On luy a donné tout ce qui luy estoit nécessaire. Il a esté envoié dans la Compaignie de Cadets a Charlemont[124]. En estant sorti il a esté fait sous-lieutenant et après lieutenant dans le régimant de Foix qui est de campaigne[125]

Le Roy ayant cassé ces compagnies de cadets, mon quatriesme fils est party d’icy pour aller au service. Il a esté fait d abord souslieutenant dans le mesme régimant de Foix, tout ce qui luy a esté nécessaire luy ayant esté donné[126]

Le 2 mars 1690 m’estant trouvé à Libourne à la teste de la compaignie j’ay teneu l’audiance qui a esté très belle en robe et chaperon rouge formé d’hermine, ce qui ne m’estoit pas encore arrivé. Néanmoins j’en suis sorti avec honneur. Messieurs m’en ont félicité à l’issue de l’audiance. Le Bureau en a été très satisfait, et ceux qui s’y sont trouvés en ont pareu très contans.

Le 9 dudit mois et an, M. de Maniban, conseiller honoraire en la Cour, a esté reçeu présidant à mon raport à la place de M. le présidant Maniban, son père[127]. Il a veu Messieurs en robe et chaperon accompaigné de Mirmont, son procureur, en robe ; il a esté fait enqueste de sa vie, mœurs, religion catholique, apostolique, romaine et aage par devant le Rapporteur et son conbiné[128], ayant auparavant consigné au greffe 300 livres pour le festin et 50 livres pour la confrérie de Saint-Yves[129].

Le XXII septembre 1690, les déclarations du Roy portant translation du Parlement et de la Cour des Aydes à Bordeaux ont esté enregistrées à La Réolle et à Libourne. Le Parlement a prins une crue d’un présidant à mortier et de six conseillers[130] et la Cour des Aydes d’un présidant et de trois conseillers et de deux secrétaires en la Chancellerie.

L’ouverture de la séance de la Cour des Aydes a esté faiste à Bordeaux le 14 novembre 1690 en grande magnificence. M. de Bezons, intendant, s’y est trouvé. La Cour m’a député avec M. Dulong pour l’aller recevoir au haut du degré proche la sale des procureurs. Il est entré en robe et chaperon rouge et nous l’avons receu en robe rouge ; il s’est placé dans la chambre du Conseil au-dessus de M. le doyen. Peu de tems après, MM. les présidants en sont sortis en robes de velours noir sans estre suivis d’aucun de nous, et ont prins leurs places ordinaires à l’audiance. Peu de tems après, nous sommes sortis de la chambre du Conseil, M l’intendant estant à la teste des conseillers. Ledit sieur intendant a traversé le parterre et nous aussy ; il s’est mis à la gauche devant M. Guerin, doyen[131]. La déclaration du Roy ayant esté leue, après la réquisition de M. l’advocat général Baritaut[132], M. le premier Présidant, après avoir pris l’advis de Messieurs, a prononcé l’arrest d’enregistrement. A cella près, ledit sieur intendant estant sorti du Palais, nous l’avons aecompaigné jusqu’au haut du degré où nous l’avons prins en entrant, sans avoir dessendu aucune marche. Il nous a prié d’aller disner chès luy, ce que nous avons fait. Tout s’est passé fort honnestement, dont nostre registre a esté chargé.

On m’a assuré que le premier juin 1692, le juge lieutenant criminel et procureur du Roy, en robe, et les quatre conseuls de Marmande avec leurs chaperons de livrée estant aux Cordeliers et s’estant placés aux hauts sièges qui sont à main droite entrant dans l’église le sieur de Meaux, colonel d’un régimant de dernières milices, s’est mis à leur teste. Ce régimant a depuis esté cassé.

Ou m’a dit aussy que M. Touchard, conseiller au Parlemant, et commissaire aux Requestes du Palais, le jour de la Feste Dieu, 5 juin 1692, a assisté a la procession en robe et bonnet avec les juge, lieutenant criminel et procureur du Roy. Aussy de mesme ledit juge marchant à son costé, les quatre conseuls marchant devant et portant le poesle.

Mondit fils [le troisième des enfants du narrateur] a dit sa première messe à Marmande, le 8 juin 1692, jour de dimanche, dans le couvent des Religieuses de Sainte-Ursule. Beaucoup de gens y ont assisté, et plusieurs ont communié, moy le premier et la famille.

Mondit fils le prestre a fait une recounoissance le 24 juin 1695, receue par Bernus au sieur Dubosc, prieur de Guarrigue, d’un journal dix escats de terre labourable à Escouteloup, faisant partie d’une des pièces à luy données par ma femme et par moy[133].

Le 8 janvier 1693, ma famme a vandeu 100 livres un tonneau de vin à la fille de Roquelaure, venant de Gragnon[134] et trois jours auparavant cent boisseaux de fromant à 9 livres 3 sols le boisseau à prandre dans le grenier comme il est.

Le 25 février 1693, le sieur Gautier, troisiesme conseul de Marmande[135], m’estant veneu prier chès moy de la part du Corps de ville d’agréer qu’elle [c’est-à-dire la ville] choisit des gens pour prandre mon santimant ou je voudrois sur l’affaire du franc aleu, je luy ay répondu que j’estois prest à donner mon advis dans ma maison quand on voudrait. Le landemain, le sieur Despeirone, second conseul, ledit sieur Fizelier, prestre, le sieur Boc, advocat, les sieurs Fizelier et Bernus, notaires, et le sieur Fagel, scindic, s’estant rendeus chès moi, m’ont fait connoitre de quoy il estoit question. Ayant leu leurs pièces, je leur ay dit mon santimant, de quoy ils m’ont remercié, à cella près ils se sont retirés.

Les maisons qui sont dans l’enceinte des murs de Marmande n’y en ayant aucune noble de fonds ont esté taxées suivant la déclaration du Roy et ordonnance de M. Bazin de Bezons du 29 juillet 1694 à 4984 livres. Ma maison a esté taxée 40 livres avec ce qui en dépand, de manière que sachant ladite déclaration du Roy et ayant veu l’ordonnance de M. l’intendant, j’ay payé cette taxe au sieur Larroque, conseul, le 3 septembre 1694.

Le 13 février 1695. le sieur La Saubiolle est mort à Marmande[136]

Le 8 mars 1695, les articles de mariage de messire François de Mallet, escuyer, seigneur de Duran, conseiller du Roy en la Cour des Aydes et finances de Guyenne, et de demoiselle Catherine Marie de Lacheze, ont esté faits et arrestés a Bordeaux. Nous les avons signés à Marmande où ledit sieur Mallet, cousin germain de ma femme, nous les a portés. Depuis lequel tems ledit sieur Mallet a pris un office de conseiller au Parlemant de Bordeaux où il a esté receu sans examen, de mesme que M. Cæsar, gendre de M. Minvielle, conseiller à la Cour des Aydes, qui a esté receu conseiller au Parlemant sans examen, avant ledit sieur Mallet.

M. Denis, fils de M. Denis, conseiller audit Parlement, a esté receu présidant à la Cour des Aydes ; il a l’office de M. le présidant Métivier, son oncle.

Le 22 mars 1695, j’ay payé 150 livres pour ma part de la capitation généralle conformément au tarif contenant la distribution de classes et le Règlemant des taxes suivant la déclaration du Roy du 13 janvier 1695.

Payé pour 1696, 1697 et un cart pour 1698, à cause de la paix généralle.

Quittance du sieur Fleuri de 23 livres 10 sols du XI février 1697 pour l’enregistrement des armoiries ordonné estre fait par édit du mois de novembre 1696.

Le premier aoust 1697, j’ay déclaré devant Faget, greffer de Marmande, que j’ay fait mettre cette année en chanvre trois carts de terre ou environ, suivant les ordres de Sa Majesté.

Commission de Cocumont. — Par jugemant arbitral randeu par les sieurs Poitevin et Fontane, advocats en la Cour, entre la dame et la Communauté de Cocumont[137], le 14 décembre 1691[138] homologué en la Cour du consantemant de M. l’advocat général Robiilard, le 19 aoust 1692, il est dit que pour terminer le procès pendant en la Cour des Aydes, il a esté convenu qu’au lieu de trois cens journeaux de fonds dont ladite dame soutient devoir jouir comme nobles, elle ne pourra en demander que cent cinquante journeaux.

Commission de Marmande. — M. d’Arche, procureur général, ayant fait informer de l’authorité de la Cour contre sieur Jacques Faget, maire de Marmande, accusé de concussion, d’abus et de malversation dans l’exercice de sa fonction sur la dénonciation qui luy en a esté faite par devant un conseiller en l’élection d’Agen qui à ces fins s’est transporté à Marmande, la Cour a ordonné qu’il seroit assigné pour estre ouï et pour plus ample secret permit de continuer l’information et de faire procéder par fulminations et censures ecclésiastiques en forme de droit, en exécution duquel arrest ledit sieur procureur général a obtenu un monitoire de Mgr l’Evesque d’Agen[139] qui a esté publié par le sieur curé de Marmande qui a fait remetre au greffe de la Cour un cahier de révélations, dont ayant demandé l’ouverture par devant un commissaire de la Cour et qu’il feut procédé à la résomption et audition des Révélans et autres témoins par devant le premier conseiller de la Cour trouvé sur les lieux, la Cour par son ordonnance du 23 may 1696 mise au bas de la requeste dudit sieur Procureur général, a ordonné que l’ouverture desdites révélations seroit faitte par devant M. de Voisin, conseiller du Roy, ce qui a esté exécuté ; au surplus, que la résomption et audition des Révélans sera faite par devant moy à ce commis et député, à quoy j’ay satisfait avec toute l’exactitude possible, bien que M. Faget n’ayt rien oblié pour avoir en moy un commissaire relâché, mais inutilemant ; j’ay fait ma commission dans l’ordre ; j’en ay randeu compte à la Cour qui l’a approuvée, m’ayant donné acte de la remise des piesses le 28 aoust 1696. Le sieur Faget, après avoir reconneu la juridiction de la Cour, a trouvé à propos de la décliner, s’estant pour cet effet pourveu devant M. Bazin, seigneur de Bezons, conseiller d’Estat et intendant de la généralité de Bordeaux dont il a obtenu une ordonnance le 17 aoust de ladite année 1696, qui a fait naître un conflit de jurisdiction entre la Cour et ledit sieur intendant. M. le premier présidant en a escrit à M. le Chancelier, à M. le Coutrolleur général, et à M. le marquis de Chasteauneuf, secrétaire d’Estat. Ledit sieur intendant n’a pas aussy manqué d’en escrire en Cour de son costé, où il est très bien, de manière que les pièces ayant esté remises à M de Caumartin, il a traité de peu de chose cette poursuite dudit sieur Procureur général, ayant ajouté qu’il y avoit encore de nouvelles charges à vandre.

Cette charge de maire a depuis esté supprimée et ledit sieur Faget ayant achepté celle de Gouverneur, il en jouit.

Commission de Gontaut. — M. le Procureur général estant averty qu’il s’y est glissé un si grand abus dans la ville de Gontaut, située dans l’élection d’Agen, où les tailles sont réelles, qu’encore qu’il n’y ayt dans l’enceinte des murs de ladite ville aucune maison, grange ny aucune sorte de batimant noble de fonds, néantmoins on n’en paye point de taille ny aucune sorte d’imposition, ce qui la obligé de donner sa requeste pour les faire encadastrer et demander que par devant le commissaire de la Cour, il sera fait procès-verbal des roolles, des cadastres de ladite jurisdiction et des comptes qui ont esté randus. Laquelle requeste par ordonnance de la Cour mise au bas d’icelle, le 7 du mois de septembre 1696, a esté renvoiée en jugemant et néantmoins la Cour a ordonné qu’en qualité de son commissaire je me transporterois sur le lieu, ce que j’ay exécuté le mieux qui m’a a esté possible, toutes les piesses ayant esté remises au greffe comme dans les autres. Je suis pour cet effet parti de Marmande le 25 septembre 1690 avec le sieur Deymier, procureur du Roy de Sainle-Bazeille[140], greffier par moy prins d’office comme dans la commission que j’ay faite contre Faget, ne luy donnant point cette qualité. Après mon arrivée, le sieur Lajus, maire de Gontaut[141], et les conseuls ayant tous leur livrée consulaire, accompagnés de plusieurs bourgeois, m’ont rendeu leurs devoirs ; ils ont esté fort assidus auprès de moy pendant le tems que ma commission a duré. A cella près estant parti de Gontaut, je suis allé à la Duronne[142].

Commission de Blanquefort. — Cette commission de Blanquefort[143]m’a esté donnée par M. le premier Présidant sur une requeste de M. le Procureur général qui a demandé que les cotizateurs de cette paroisse fissent leur rolle en ma presance. M’estant transporté à Blanquefort, éloigné de Bordeaux de trois lieues, où les tailles sont personnelles, le 16 novembre 1697, j’ay fait les choses dans l’ordre, dont j’ay dressé mon procès-verbal, ayant prins Durieu, huissier en la Cour, pour greffier d’office.

M. d’Anglure de Bourlemont, archevesque de Bordeaux et primat d’Aquitaine, estant décédé à Bordeaux[144], M. l’abbé de Bourlemont, son nepveu. en a uzé à l’esguart de la Cour des Aydes comme envers le Parlement[145] et dans cette veue estant allé voir M. de Suduiraut, premier présidant, il a prié MM. Dulong et Loustau, conseillers à la Cour, de la supplier de sa part de se trouver en corps à la cérémonie d’un service qui se devoit faire à Bordeaux, à Saint-André, pour le repos de l’âme du deffunt, de quoy lesdits sieurs Dulong et Loustau se sont acquittés et en conséquance nous nous sommes randeus dans l’Archevesché en robe noire et bonnets, les huyssiers y estant. On nous a mis dans une sale à la gauche, le Parlement estant à la droite dans une autre. Nous sommes sortis de cette manière de l’archevesché en corps, le 20 novembre 1697. On a fait une procession par la rue des Trois Conils, on a coupé à la place Saint-Projet, on a continué par la rue du Loup, on est entré par la petite porte de Saint-André du costé du Peugue. La cérémonie a esté faite très magnifiquemant. Il y a eu chapelle ardante, l’église illuminée d’une très belle manière[146]. Le père Verneuil, jésuite, a fait l’oraison funèbre[147]Tout estant fini chaquun s’est retiré chez soy On m’a assuré que nostre compaignie ne s’est jamais trouvée dans une pareille cérémonie.

Te Deum pour la paix. – Le landemain la Cour est sortie en corps et en robes rouges du Palais de mesme que le Parlemant, à 4 heures de relevée, pour assister au Te Deum qui a esté chanté à Saint-André pour la paix générale, ce qui a esté fort magnifique[148]. Je me suis trouvé à l’une et à l’autre de ces deux occasions.

Le 7 février 1699, mon fils ainé est parti de Marmande avec le sieur Bazin, advocat en la Cour, pour aller à Thoulouse suivre le barreau du Parlement de cette ville, qui est le second Parlemant de France. Ma famme m’a dit qu’elle avoit donné à nostre fils 300 livres.

M. l’abbé de Gourgues, évesque de Bazas[149], dans le cours de sa visite à Beaupuy, le 26 may 1699, confirma le titre de ma chapelle dans l’église dudit Beaupuy[150].

Le 9 juin 1707, M. l’Evesque de Bazas, ledit seigneur de Gourgues, a fait la visite dans l’église de Beaupuy ; il a trouvé dans l’ordre tout ce qui me regarde. Il est vray qu’il a dit qu’à la fenestre de ma chapelle il faudroit que cella feut vitré, ce qui n’est pas un affaire.

Le XXI janvier 1700, demoiselle Anne Boisvert, veuve à noble Estienne de Villepreux, escuyer, mon oncle, est décédée à une heure après minuit. Comme elle a très bien vescu, elle est morte de mesme. Je luy ay ouï dire que mon père l’avoit mariée à l’aage de quatorze ans.

Commission pour informer contre le sieur Gelibert, docteur en médecine et premier conseul de Marmande, et le sieur François Mausacré, cy devant scindic de ladite ville. — Ledit sieur Gelibert est mort en 1705 à Marmande. — J’ay receu une commission de la Cour à moy donnée par M. le premier présidant Suduiraut, le 15 février 1701, sur la requeste de M. d’Arche, procureur général du Roy, avec la commission prinse en la chancellerie près la Cour, pour informer contre maistre Armant Gelibert, docteur en médecine et premier conseul de Marmande, ladite année, et sieur François Mausacré, cy-devant sindic de ladite ville. Le 18 dudit mois, et an, ledit sieur Gelibert et les sieurs Gautier, Bernus et Mausacré, me sont venus faire en robe et chapeau consulaire (les valets de ville estant sur la porte) leurs complimans de leur communauté, me marquer le respect qu’ils ont pour la Cour et pour moy, et qu’ils exécuteroient avec plaisir les ordres queje voudrois leur donner, ledit sieur Gelibert portant la parolle m’aiant traité de Monseigneur[151]. Je les ay receus en la seconde chambre en haut, où j’estois avec le sieur Lamarche l’aîné ; je les ay remerciés de leur honesteté, et je leur ay dit que si je pouvois leur rendre quelque service en général et en particulier je le ferois avec beaucour de plaisir. Ledit sieur Bernus, troisiesme conseul, est venu auparavant me demander, en habit court, quand je serois en estat de recevoir les conseuls qui estoient prests avec luy de me venir randre leurs devoirs : je luy ay répondu quand ils voudroient ; en effet ils sont venus, et je les ay accompagnés tous quatre jusqu’à la porte de la rue. Le sieur Bernus le clerc, frère du conseul, estoit avec eux. Mon fils le prestre s’y est aussy trouvé.

Le XXI août 1702, j’ay donné au sieur Couldroy, bourgeois de Marmande, quatre demi equus (sic) à 38 sols pièce, suivant le cours, pour le retable que ledit sieur fait faire en qualité de prieur des penitans[152]

En juillet 1703, j’ay donné audit sieur Coudroy, prieur, et au sieur Gautier, 3me  conseul, quatre demi equus suivant le cours pour accommoder toute l’esglise, ayant mis bas toute la muraille ; ils baillent 60 equus de façon au maistre masson nommé Lafontaine. Lesdits sieurs sont veneus chès moy à Marmande me prier d’y contribuer.

Le 5 mars 1703, ma famme et moy avons retiré nos testamens des mains de maistre Anthoine Larroque, notaire royal de Marmande, à cause de la mort de nostre second fils, décédé capitaine dans le régimant d’infanterie de Foix, et en ayant chacun fait un autre nous l’avons remis au pouvoir dudit sieur Larroque deux jours après par forme de dépôt.

Le 3 février 1704, jour de Dimanche, M. Touchard, natif de Marmande, conseiller au Parlement de Bordeaux, et commissaire aux requestes du Palais me vint voir l’après dinée ; il demura une heure ou environ avec moy. Après arriva M. le prestre Brezetz. A suite ledit sieur Touchart se retira chès luy, où il mourut le landemain matin sur les onze heures ; il a esté enterré le landemain dans sa sépulture à la paroisse. Dieu nous fasse la grâce de bien vivre pour bien mourir et nous préserve d’un pareil accident ! L’église estoit tendue de noir ; ses armes y estoient avec une couronne perlée. Il a laissé un fils qui est conseiller aux requestes, ayant l’office de son père ; il avoit deux filles dont l’une est religieuse, l’autre estant morte dans le cloistre au Mas d’Agenois celle qui est religieuse est dans le cloislre dudit Mas d’Agenois[153].

M. de Guèrin, doyen de la Cour des Aydes, est mort le 15 février 1708. Suivant une lettre de Mr le Président Barbot, du 6 mars 1708[154], Mr  Billy, premier advocat général de la Cour des Aydes, est mort en deux fois vingt-quatre heures.


  1. J’ai sous les yeux le contrat de mariage du père et de la mère du narrateur (Archives de M. Maurice Boisvert). Ce document porte la date du 23 septembre 1638. J’en extrais ce qui suit : « Dans la ville de Marmande en Agenois, aujourd’huy, 23 du mois de septembre 1638, maison du feu sieur Jean Dumourand, au quartier de Labat, pardevant moy notaire royal de ladicte ville soubsigné, ont esté constitués en leurs personnes, maistre Jean Fontainemarie, advocat en la Cour de Parlement de Bordeaux, et damoiselle Jacquette de Villepreux, habitans dudict Marmande. Ledict sieur procède de l’advis et consentement du sieur Jean Fontainemarie, son père, de Françoise de Treilhes, damoiselle veuve de feu sieur Jean Verguin, son ayeule maternelle, messire Pierre Daspe, archiprestre et recteur de la présante ville, son couzin, damoizelle Marthe de Pigousset, femme de noble Jean de Lagoutte de Lapujade, escuier, sieur du Bascon, sa couzine, Pierre Jean Sacriste, son oncle, Jeanne de Verguin, damoizelle, femme dudict sieur Sacriste, etc, et ladicte damoizelle de Villepreux, de l’advis et consentement de damoiselle Hélène de Lavergne, veuve dudict feu sieur Dumourand, sa tante… » Jacquette de Villepreux était fille de « feu maistre Guillaume de Villepreux, advocat en la Cour de Parlement de Bordeaux et de damoiselle Olive de Lavergne. » L’époux reçoit douze mille livres et l’épouse six mille. Les archives de M. Boisvert possèdent aussi le contrat de mariage du grand-père et de la grand’mère du narrateur. On lit dans cette pièce que, le 4 mai 1600, « ont esté personelement establis Me  Jehan Fontainemarie, advocat en la Cour ordinaire dudit Marmande, et honneste filhe Françoise Verguin. » Cette Françoise était fille de feu Jehan Verguin, bourgeois, et de Françoise Treilles elle est assistée de « Jehan Morisseau, bourgeois dudit Marmande, son oncle, de sieur Guillame Pigousset, son cousin germain, de M. Alexandre Daubert, escuier, aussi son cousin, tous habitans dudit Marmande ». L’acte est passé « en la maison des trois Verguin en présence de Me  Nicolas Deymier, advocat en la Cour ordinaire de Sainte-Bazeille, et de Me  Amanieu Boisvert, advocat en la Cour ordinaire de Marmande ».
    Le grand-père du narrateur, Jean, bourgeois de Marmande, testa en cette ville, le 9 décembre 1643, en faveur de son fils Jean, avocat. L’ouverture du testament fut faite le 18 juillet 1654, devant Jean de Bastard, avocat en la Cour, juge lieutenant principal (Archives de M. Maurice Boisvert).

    Rapprochons de ces actes un testament de Françoise de Treilhes, en date du 21 avril 1643, conservé aux Archives départementales de Lot-et-Garonne (Registre des insinuations de 1643-44, f° 163). Par ce testament, la veuve de Jean Verguin « donne et lègue à Jean Fontainemarie, le jeune, fils de Me  Jean Fontainemarie et de feue Françoise Verguin, la somme de 1500 livres
  2. Ancienne paroisse située dans la commune de Marmande, à 2 kilomètres à l’ouest de cette ville.
  3. Il s’agit là de la Guerre de la Fronde. M. Georges Tholin prépare un recueil de documents inédits relatifs à l’histoire de la Fronde en Agenais, recueil qui promet d’être bien curieux.
  4. Nous venons de trouver le nom de ce Sacriste dans le contrat de mariage du 23 septembre 1838 ( note 1). Voir sur la famille Sacriste, qui a une petite généalogie dans l’Armorial général de la France, de Louis-Pierre d’Hozier ( t. I. p. 181 une note de la monographie déjà citée de la ville de Marmande ( p. 118).
  5. Les Fontainemarie ont eu plusieurs alliances avec les Villepreux, comme on le verra dans divers passages du livre de Raison. Mentionnons les renseignements donnés sur la famille de Villepreux par le d’Hozier de notre région, M. le docteur Jules de Bourrousse de Laffore, dans son étude (en cours de publication) sur l’État de la Noblesse et des vivant noblement de la Sénéchaussée d’Agenais en 1717.
  6. Le domaine de Castecu, situé dans la commune de Beaupuy (canton de Marmande), appartient aujourd’hui à Madame Bastrate, née Bonnard et parente des Fontainemarie. Voir à l’Appendice, sous le n°1, un Mémoire. concernant la maison noble de Castecu, ses appartenances et dépendances, rédigé dans la seconde moitié du XVIIe siècle par Jacques de Fontainemarie et tiré des Archives de M. Boisvert.
  7. Foncande formait autrefois une juridiction de la sénéchaussée de Bazas. Voir Archives historiques du département de la Gironde ( tome XIII, p. 560, document de 1698). Ce n’est même plus aujourd’hui un simple chef-lieu de commune.
  8. Ce principal est nommé Jacques Piers dans le chapitre XXV de l’Histoire du collège de Guyenne, par M. Ernest Gaullieur (Paris 1874, p. 423-431). C’était un Irlandais qui d’abord professeur au collège de Guyenne, en devint directeur par intérim en 1629, directeur titulaire en 1646 et qui mourut en avril 1667.
  9. Traités d’Aristote ou du moins attribué à ce savant et qui font partie des Météorologiques.
  10. François Artus le Comte, conseiller au Parlement de Bordeaux en 1629, était devenu président à mortier en 1637 et fut célèbre pendant la Fronde sous le titre de président de la Tresne. Ce fut le père du premier président Jean-Baptiste Le Comte, Captal de La Tresne. Voir Le Parlement de Bordeaux. Notes biographiques sur ses principaux officiers par A. Communay, (Bordeaux, 1886, p. 117).
  11. On a souvent fait le mot incendie du féminin en dépit de l’étymologie (incendium) et à cause de la désinence. Tout le monde connait le joli mot de Sophie Arnould à ce sujet.
  12. Je ne vois pas la moindre trace de cet incendie dans l’ouvrage de M. Gaullieur. En revanche, la Chronique Bourdeloise nous apprend (p. 84) qu’à la suite de l’embrasement de l’Hôtel-de-Ville (13 décembre 1657), « l’église St-Eloy, le collège de Guyenne, et plusieurs autres bastiments non soulement circonvoisins, mais encore bien éloignés, furent beaucoup endommagés »
  13. Voir sur la famille de Saint Angel, dans le tome XIII des Archives historiques du département de la Gironde (p. 199-200), un document du 17 octobre 1599.
  14. J’ai vu les Articles de mariage entre M. Jacques de Fontainemarie, advocat en la Cour de Parlement de Bourdeaux, fils naturel et légitime de M. Jean de Fontainemarie, aussy advocat en ladite cour de Parlement, seigneur de la maison noble de Castecu, et de damoizelle Jacquette de Villepreux, ses père et mère ; et damoizelle Jeanne de Saint-Angel, fille légitime de noble Françoise de Saint-Angel, escuyer, seigneur de la Brède, et de damoizelle Jeanne de Mallet, ses père et mère, habitans de Bourdeaux, etc. La future épouse est assistée de son oncle, « noble Estienne de Mallet, escuyer, gouverneur des villes et chateaux de Cadillac et Rions sur Garonne. »
  15. C’était l’office laissé vacant par le décès de Louis de Chezelles.
  16. Voir dans l’Intermédiaire des chercheurs et curieux, du 25 juillet 1887, une note sur l’usage du treizain dans le sud-ouest de la France (p. 418).
  17. Errhes pour Arrhes. Littré, sous le mot arrhes du Dictionnaire de la langue française, a constaté que la forme errhes a duré jusque dans le XVIIe siècle. Ce n’est pas assez dire et, en province, on retrouve cette forme encore employée au siècle suivant.
  18. Gui de Maniban, fils de Jean de Maniban, seigneur de Lusson et de Larroque, successivement conseiller au grand Conseil, maître des requêtes et lieutenant général en la sénéchaussée de Bordeaux, et de Jeanne de Ram, fut d’abord conseiller-commissaire aux requêtes du Palais de Bordeaux ; il acquit, en 1633, une charge de président en la Cour des Aides. L’année suivante, il épousa Marie de Lavie, fille de Marc Antoine de Lavie, conseiller au parlement. Il mourut en 1689. Son frère cadet, Thomas de Maniban, habita Toulouse, où il devint avocat général, puis président à mortier au parlement de cette ville. Il fut l’auteur d’une branche qui s’éteignit par une fille, dans la maison du marquis de Bourbon-Malauze et à laquelle appartient François-Honoré de Maniban de Cazaubon, évêque de Mirepoix en 1721 et archevêque de Bordeaux en 1729, Nous retrouverons plus loin le fils de Guy de Maniban, nommé Alphonse, qui succéda à son père dans la charge de président. Sur le père et le fils on consultera avec le plus grand fruit un ouvrage que prépare M. A. Communay, sur les officiers de la Cour des Aides de Guyenne, et qui sera le digne pendant de son recueil relatif aux officiers du Parlement de Bordeaux.
  19. Virazeil, commune du canton de Marmande, à 5 kilomètres de cette ville.
  20. C’est-à-dire tenu sur les fons baptismaux par…
  21. Il arrivait souvent que l’on prenait pour parrain un pauvre que le hasard amenait vers la maison du nouveau-né. Le grand Montesquieu fut ainsi le filleul d’un mendiant qui s’appelait Charles-Louis. Voir plusieurs exemples de pareils baptêmes dans une note de mon compte-rendu de l’Histoire de Montesquieu par Louis Vian (Revue critique du 27 avril 1878, p. 276)
  22. Commune du département de la Gironde, canton de Créon, à 11 kilomètres de Bordeaux.
  23. Dans la commune d’Aubiac, canton de St-Macaire, arrondissement de La Réole, à 18 kilomètres de cette ville, et à 38 kilomètres de Bordeaux.
  24. Quand j’ai eu le plaisir d’examiner, en compagnie de M. Maurice Boisvert, les vieux papiers de ses archives, nous avons trouvé, parmi ces papiers, deux très anciennes et très naïves gravures qui représentaient la statue de N-D de Verdelais et qui appartenaient peut-être à l’époque où nous place le passage que l’on vient de lire.
  25. Le parlement de Bordeaux avait été transféré à Condom, en novembre 1675 et de Gondom à Marmande en janvier 1676. Les deux compagnies siégèrent dans cette dernière ville jusqu’en mai 1678. Voir Notice sur la ville de Marmande, p. 110.
  26. Le domaine de la Duronne est situé dans la commune de Birac, canton de Marmande, à onze kilomètres de cette ville. Après avoir longtemps appartenu à la famille Fontainemarie, ce domaine passa à la famille Bouic, qui l’a vendu depuis une vingtaine d’années. Nous trouverons plus loin des détails sur l’achat de la Duronne par Jacques de Fontainemarie en 1670
  27. Les noms de ces deux consuls, comme les noms de deux autres consuls de la même année mentionnés un peu plus bas, manquent à la notice sur la ville de Marmande. Le livre de raison nous fournira bien d’autres renseignements additionnels.
  28. Encore un personnage consulaire dont le nom n’a pas été inscrit dans la notice sur la ville de Marmande.
  29. Claude Pellot, seigneur de Port-David et Sandars, était intendant de Guyenne depuis l’année 1664; il mourut premier président du parlement de Rouen, le 13 aoust 1683.
  30. Comme je l’ai fait pour le président de Maniban, je renverrai, pour le premier président de Suduiraut, au travail que M. Communay prépare sur les offciers de la cour des aides de Guyenne.
  31. La famille de Brezets est une des vieilles familles de Marmande. J’ai rappelé (notice sur cette ville, p. 90) qu’à la fin du XVIe siècle, Isaac de Brezetz, reçut de la reine Marguerite de Valois, dame apanagiste du comté d’Agenais, les provisions de Juge royal à Marmande.
  32. On ne trouve mention ni de l’exil, ni du rappel de ces magistrats dans la Chronique Bourdeloise. Le président d’Hostein est-il le même que celui qui était déjà si mal noté, en 1644, dans une lettre du président de Lauson au chancelier Séguier (Archives historiques du département de la Gironde, tome XIX, p. 127), et qui, en 1653, est désigné par le duc de Vendôme et le duc de Candalle comme devant être exclu de la cour des Aides (Ibid. t. XV, p. 451) ?
  33. Probablement un des aïeux de M. Coudroy de L’Isle, ancien lieutenant d’infanterie au régiment d’Orléans et consul de Marmande en 1752, mentionné dans la notice de 1872, p. 114.
  34. On retrouve deux fois ce nom dans la même notice : en 1750, il s’agit (p. 113) d’un consul et, en 1764 (p.116) d’un procureur syndic de la ville.
  35. C’était François d’Auber, écuyer, seigneur de Peyrelongue, il était fils de Guillaume d’Auber de Peyrelongue, écuyer, mentionné dans un document du 20 décembre 1624 que j’ai reproduit dans la notice sur la Ville de Marmande (p. 103). Voir sur la famille d’Auber de Peyrelongue une intéressante note dans la notice sur le château, les anciens seigneurs et la paroisse de Mauvezin par M, l’Abbé Alis (p. 556-557).
  36. Si le nom de Labarchède est absent de la notice sur la ville de Marmande, en revanche on y trouve plusieurs fois mention des noms Laperrière et Faget. Voir pages 110, 119.
  37. Conférez la continuation de la Chronique Bourdeloise p. 102 et 107. Les deux narrateurs sont d’accord sur les points principaux, mais chacun d’eux donne quelques détails différents et les deux récits se complètent l’un par l’autre.
  38. On lit dans la Chronique Bourdeloise (continuation de 1671 à 1700, p. 112) : « du 4 décembre (1686), le Roy ayant pourvu le sieur de Villepreux fils, l’un de ses mousquetaires, de la charge de Sergent-Major de la Ville sur la démission volontaire que le sieur de Villepreux, son père, en avoit fait, les Lettres de provision de Sa Majesté furent enregistrées dans les registres de l’Hotel-de-Ville. » C’était le 27 août 1653 (Chronique Bourdeloise. Continuation de 1620 à 1672, p. 67) que le sieur de Villepreux le père, « escuyer » avait été « receu en la charge de Major de la Ville, par la recommandation de son Altesse de Vendosme, aux gages de six cens livres annuellement en temps de paix, et de douze cens livres en temps de guerre. »
  39. Les Perret occupèrent souvent la charge de procureur du roi à Marmande, depuis ta fin du XVIe siècle jusqu’à la fin du XVIIIe siècle (Notice sur la ville de Marmande, pp. 91, 110, 118).
  40. Hélène de Lavergne et son mari Jean Demourand ont été déjà mentionnés dans la première note de la première page, note contenant des extraits du contrat de mariage de Jean de Fontainemarie et de Jacquette de Villepreux.
  41. « Me  Deymier, notaire royal de Castelnau-sur-Gupie  » figure plusieurs fois dans la monographie déjà citée de Mauvezin, notamment p. 376.
  42. La commune de Castelnau-sur-Gupie, comme celle de Mauvezin, sa voisine, appartient au canton de Seyches ; elle est à 9 kilomètres de Marmande.
  43. Cet évêque était le célèbre Claude Joly, qui siégea de 1665 à 1678.
  44. De même que le livre de raison vient de nous révéler le nom d’un des curés de la ville de Marmande, nom que je retrouve, accompagné du prénom Guillaume, dans un acte notarié du 23 avril 1689, au sujet des dîmes de Granon, de Bouillatz, etc, il nous révèle ici le nom de l’architecte qui au XVIIe siècle, accomoda — l’expression fera trembler les archéologues ! — la belle église de Notre-Dame. Puisque nous en sommes aux choses d’architecture, notons que le narrateur mentionne un peu plus loin, au sujet des réparations et additions à sa maison, Thomas Benquet, maître architecte de Bazas, et le frère Hippolyte «  fameux architecte capucin.  » Thomas Benquet fut aussi chargé de la construction de la chapelle que le narrateur fonda dans l’église de Beaupuy.
  45. Cette maison est celle qu’occupe aujourd’hui dans la grande rue nationnale M. Jarleton, gendre de feu M. Charles Boisvert. C’était la maison de la branche aînée des Fontainemarie. La branche cadette possédait la maison de la rue Puy-Guiraud qu’habite actuellement M. Farbos.
  46. Voir dans Ville libre et barons, par M. G. Tholin (Agen, 1886, p. 219 225) une substantielle note ou pour mieux dire, notice sur Le franc alleu en Agenais. Conférez le récent travail de M. Pierre Lanéry d’Arc, docteur en droit, avocat à la Cour d’Appel d’Aix : du franc alleu (Paris, 1888, p. 367-384. Guienne et Agenais).
  47. Cette assemblée est mentionnée dans la Chronique Bourdeloise (p. 104). Voir encore Continuation de la Chronique Bourdeloise ( p. 1 et 2).
  48. M. de Mallet « escuyer et premier Jurat » est souvent nommé dans la Chronique Bourdeloise, il figure notamment dans la Continuation de cette Chronique (p. 3. avril 1670).
  49. Voir Continuation de la Chronique Bourdeloise, p. 26-30. Du reste les récits des journées des 27, 28 et 29 mars abondent et on en trouve un peu partout, même jusque dans la Revue des deux Mondes (livraison du 15 avril 1865, p. 1006-1008, article de feu Pierre Clément (de l’Institut), intitulé : Les émeutes sous Louis XIV). Il me semble que le récit de Jacques de Fontainemarie contient quelques particularités qui manquent dans la Continuation de la Chronique Bourdeloise et aussi dans l’Histoire de la Ville de Bordeaux par Dom Devienne (p. 482-490).
  50. Sur le conseiller Andraut, voir l’Histoire du Parlement de Bordeaux par Boscheron des Portes (tome Il, p. 201).
  51. Sur l’avocat-général Dalon, voir le Parlement de Bordeaux, par M. Communay (p. 124 et suiv.)
  52. Sur le conseiller Tarneau, voir l’ouvrage de Boscheron des Portes (tome II, p. 201).
  53. J’ai publié, dans le tome XVIII des Archives historiques du département de la Gironde (1878, p. 406), une lettre écrite le 2 janvier 1620 à Louis XIII par Madame de Tarneau, probablement la mère de la victime du 27 mars. Cette lettre d’une veuve désolée montre qu’une sorte de fatalité poursuivait sous Louis XIII comme sous Louis XIV, la famille de Tarneau.
  54. Si Jacques de Fontainemarie crut devoir citer Valère Maxime, le continuateur de la Chronique Bourdeloise cite, de son côté (p. 29) un vers de celui qu’il appelle « le prince des poètes ».
  55. Toutes les relations signalent la présence du généreux Henri de Béthune au milieu des révoltés qu’il chercha vainement à faire rentrer dans leur devoir. On attend avec impatience le beau livre que M. l’abbé Louis Bertrand va consacrer à un des plus saints et des plus illustres de tous les Archevêques de Bordeaux.
  56. Sur le président Bernard de Pichon, seigneur de Longueville — il avait épousé en secondes noces Anne d’Affis, baronne de Longueville, fille du président Jean d’Affis et d’Anne de Massiot — voir une excellente notice de M. Jules Delpit, dans le tome IV des Archives historiques du département de la Gironde (p. 551-566). Cette notice est accompagnée d’un beau portrait de ce grand magistrat » dont on trouvera dans le même recueil, de nombreuses et intéressantes lettres.
  57. Boscheron des Portes dit ( t. ll, p. 209) que, « le Parlement envoy d’abord à Condom ne put y rester à cause de l’incommodité extrême d’un pareil séjour. » Le séjour de Marmande ne parut guères plus commode aux exilés, comme on peut le voir (même volume, p. 215), où leur mécontentement est ainsi dépeint, d’après les registres secrets : « Il leur avait été matériellement impossible de rester à Condom, première résidence assignée. Ils faisaient donc la rentrée de 1676 à Marmande, où il manquait plus de la moitié de la Compagnie, et le parquet tout entier. Dès ce jour là c’étaient des plaintes unanimes sur l’excessive cherté des vivres et des logements dans une petite ville dont les habitants spéculèrent sur ces objets de première nécessité. »
  58. Cette date manque dans la Notice sur la ville de Marmande (p. 110).
  59. Sur Jean-Denis d’Aulède de Lestonnac, voir le Parlement de Bordeaux, par M. A. Cormnunay (p 106-114).
  60. Gérard Du Burg, d’abord conseiller au Grand Conseil, puis (mars 1660) président à mortier.
  61. Divers personnages de ce nom figurent dans la Notice sur la ville de Marmande (pp. 91, 116, 117).
  62. Port sur la Garonne, près de l’embouchure de la Baïse, dans l’arrondissement de Nérac et le canton de Lavardac.
  63. Voir sur la porte de La Ma, Notice. sur Marmande, pp. 60, 113.
  64. Guillaume de Sève, seigneur de Châtillon, Le Roy, Izy et Grigneville, qui avait succédé à d’Aguesseau (mars 1673), devait rester en Guyenne jusqu’en décembre 1678. Voir sur son départ de Bordeaux et sur ses visites d’adieu la Continuation de la Chronique Bourdeloise (p. 58, à la date du 20 décembre).
  65. Ce magistrat était le grand-père du célèbre duc Elie Decazes. Je me souviens d’avoir trouvé, dans l’Histoire ecclesiastique des églises réformées au royaume de France par Théodore de Bèze, que je n’ai pas en ce moment sous la main, la mention d’un Cazes à Libourne, qu’il faut sans doute rattacher à la famille de l’homme d’État Girondin.
  66. Mon savant maître et ami, M. Jules Delpit, qui est voisin de Cavernes, m’apprend que « c’est une localité de la commune de Saint-Loubès, où jusqu’au commencement de ce siècle les voyageurs de Libourne se faisaient apporter par un service régulier de gabares qui leur permettaient de couper par terre l’isthme ou pointe du Bec d’Ambès, et d’arriver promptement à Lormont où de nouveaux bateaux les transportaient à Bordeaux. » Voir la Monographie de Saint-Loubès, par M, de Comet, 1869. in-8o, p. 30).
  67. Domaine situé dans la commune de Toulenne, arrondissement de Bazas, canton de Langon, à 40 kilomètres de Bordeaux. La contenance de ce domaine à la fin du XVIIe siècle, d’après un contrat « receu par de Saige, notaire de Bazas », était de « 35 journaux 10 lattes 6 escats, mesure de Langon, à 20 lattes le journal, à 20 escats la latte de 12 pieds. » Le narrateur nous apparait comme propriétaire de Beaufossé dans cette note que je trouve en dehors du Livre de Raison : « Le 7 janvier 1697 j’ay rendu hommage à Bordeaux dans le château de Puypaulin de la maison de Beaufossé et d’un journal de terre au seigneur Henri-François de Foix de Candalle, duc et pair de France, chevalier des ordres du roi, baron de Langon, Castelnau, Boisebelle, seigneur de Puypaulin et autres places, au devoir de vingt sols tournois d’exporte et d’un fer de pique à muance de seigneur et vassal… » Rapprochons de cette note un acte ainsi cotté : hommage rendu par M de Fontainemarie à M. le duc de Foix d’une maison sise dans la juridiction de Langon, acte dont voici quelques extraits : « Sachent tous qu’aujourd’huy septiesme du mois de janvier 1697 après midy par devant moy notaire royal à Bordeaux et en Guyenne soussigné presans les tesmoins bas nommés a esté present M. Me  Jacques Fontainemarie, seigneur de Castecu, sous-doyen de la Cour des Aides de Guyenne seant à Bordeaux y demeurant rue du Chay des Farines, paroisse St Pierre, lequel a reconnu et confessé estre homme vassal et tenir à foy et hommage-lige de très haut et puissant seigneur Mgr Henri-François de Foix de Candalle… absent (remplacé par Estienne Journiac, avocat au Parlement de Bordeaux)… une maison anciennement appelée de Pardiac et à present de Beaufossé, paroisse de St-Saturnin de Thoulene… » On rappelle dans l’acte que, par contrat du 27 août 1617, hommage de cette maison avait été rendu à « deffunt haut et puissant seigneur Mgr  le duc d’Epernon comme baron de Langon… »
  68. C’est-à-dire à l’église paroissiale de Marmande.
  69. Divers membres des familles Laliman et Labat sont mentionnés dans la Notice sur la ville de Maramande (pp. 95, 97, 100, 113, etc). Les deux personnages nommés par la narrateur figurent dans un arrêt du Grand Conseil du 27 mars 1651, par lequel il est ordonné que François de Labat, secrétaire du Roy, précèdera Maitre David Lalyman, juge royal de Marmande, en toutes assemblées publiques et particulières. La famille Labat était ancienne à Marmande et c’est elle sans doute qui a donné son nom à la rue et au chemin de ronde de Labat ( plan de la Ville de Marmande, 1863, annexé au tome IV des archives historiques du département de la Gironde, (P. 244).
    Je trouve mention d’un Jehan de Labat, prestre, ainsi que d’un Jehan de Brezetz et feu messire Guillem Pigosset, dans un acte du 1er  mai 1548 relatif aux fiefs de Valaduc et Villepreux dans Marmande : contrat de vente de certaine rente y énoncée consentie par Margurite Dubouch, femme de noble Jacques Valladuc, en faveur de sieur Peyroton Maignan, bourgeois de Marmande, contrat dressé par Jehan Espar, notaire royal, habitant dudit Marmande et expédié par Tauziette, autre notaire.
  70. L’Evêque de Bazas était alors Guillaume de Boissonade (1668-1682). Voici une note du narrateur qui complète ce passage :
    Ordonnance dudit seigneur évesque de Bazas, du 24 mars 1679, donnée dans le cours de sa visite au consentement du sieur Fizelier, curé de l’église de St-Vincent de Beaupuy et du sieur promoteur du diocèze. portant entre autres choses que mon banc sera placé ainsy qu’il a esté conveneu entre ledit sieur curé et moy, et que la qualité de bienfaiteur insigne de ladite église me sera acquise et passera à mes héritiers et successeurs seigneurs dudit Castecu.
    Autre ordonnance dudit seigneur evesque donnée à la Reolle le III aoust 1679 signée Guilhaume E. de Bazas avec le sceau et armes dudit seigneur et plus bas du mandement de Monseigneur : Seguin, dont ta teneur s’en suit :
    Veu la presente requête et consentement dudit sieur curé avons maintenu et maintenons le sieur suppliant en la qualité de bienfaiteur insigne de ladite Eglise, approuvant l’emplacement desdits autel, balustre, banc et chaire, deffendant d’appuyer sur ledit balustre aucun banc ny autre chose, lequel ne pourra servir qu’à ceux qui s’approcheront de la sainte Communion.
    Donné à La Réole, le 30 aoust 1679.
  71. C’est-à-dire du droit de banc.
  72. La reddition de la ville de Condé est du 26 avril.
  73. Monsieur, frère du Roi, s’empara de Bouchain le 11 mai. On lit dans la Continuation de la chronique Bourdeloise, (p. 38) : « Du 28 (juin) la ville de Bouchain ayant été prise et réduite à l’obéissance du Roy, on chanta le Te Deum à St-André en actions de grâces, et l’on fit le feu de joye avec les cérémonies acccoutumées ».
  74. Je dois à M. le Marquis de Boisgelin, pour lequel l’histoire de la noblesse de Provence n’a pas de secrets et qui communique si obligeamment ses trésors aux chercheurs embarrassés, les indications suivantes :
    François-Paul de Valbelle, seigneur de Meyrargues, fut reçu conseiller au parlement de Provence le 28 juin 1659, en survivance de son père, Léon de Valbelle, aussi seigneur de Meyrargues, qui avait été reçu conseiller en 1626 et qui était mort le 15 novembre 1673. François-Paul mourut le 27 mars 1685 et fut, comme son père, enseveli à Meyrargues (commune de l’arrondissement d’Aix, à 26 kil. de cette ville). Il avait épousé, le 26 septembre 1665, Suzanne Fabri, fille de Claude, marquis de Rians, seigneur de Peiresc, Valavès, et neveu de l’illustre érudit.
  75. Ce fut le 23 octobre que Gaston de Roquelaure, duc et pair de France, fut pourvu du gouvernement de la Guyenne.
  76. La ville de Valenciennes fut emportée d’assaut le 17 mars, selon l’Art de vérifier les dates, le 10 mars selon le Dictionnaire historique de la France. La bonne date est la première, car elle est donnée par un très exact spécialiste, le marquis de Quincy (Histoire militaire de Louis le Grand, t. I. in-quarto, 1726, p. 530).
  77. La victoire du duc d’Orléans sur le prince d’Orange à Cassel, est du 11 avril, jour du dimanche des Rameaux.
  78. Prise de Cambrai, le 5 avril, selon l’Art de vérifier les dates et le Dictionnaire de M. Ludovic Lalanne, le 6 avril, selon l’Histoire militaire (p. 532)
  79. Prise de St-Omer, le 20 avril, selon les Bénédictins, M. Lud. Lalanne, etc ; le 22. selon le marquis de Quincy (p. 538).
  80. La ville d’Ypres capitula le 25 mars.
  81. La ville de Gand se rendit à Louis XIV le 9 mars, et la citadelle, le 12 du même mois.
  82. Chef-lieu de canton de l’arrondissement de La Réole, à 16 kilomètres de cette Ville.
  83. Boscheron des Portes a donc été mal informé quand il a dit (t. II p. 209) qu’ « une épidémie força » le Parlement de quitter Marmande.
  84. Voir Armorial des Landes, par le baron de Cauna (tome III, 1869. p. 15, et aussi p. 110). En cette dernière page est rappelé Le mariage du 11 mars 1614. En cette même page on apprend que la fille née de ce mariage, Catherine de Poyferré, épousa Christophe de Cabannes, seigneur baron de Cauna.
  85. Suivant une note qui m’a été communiquée par M. A. Communay, noble Étienne de Villepreux, écuyer, aurait eu deux sœurs, une qui était Madame de Fontainemarie l’autre mariée à Honoré de Rebleys, écuyer, seigneur de La Badie.
  86. Saint-Pey de Castels est une commune du département de la Gironde, près de la rive gauche de la Dordogne, arrondissement de Libourne, desservie par le bureau de poste de Castillon.
  87. Aux renseignements fournis dans une note précédente sur les majors de Villepreux, j’ajouterai ce renseignement tiré aussi de la Continuation de la Chronique Bourdeloise (p. 229) : « Du 25 (janvier 1700) il fut ènregistré un arrêt du Conseil d’Etat rendu en faveur du sieur de Villepreux Major de la Ville, au sujet du rétablissement et payement de ses gages pendant sa vie en considération des services par luy rendus depuis plusieurs années par les troupes de Sa Majesté, où il est actuellement officier. »
  88. C’était François d’Auber, écuyer, seigneur de Peyrelongue, premier consul de Marmande en 1670, fils de Guillaume d’Auber, écuyer, seigneur de Peyrelongue, enseigne d’une compagnie de gens à pied, 3me  consul de Marmande en 1630, premier consul en 1640, et petit-fils d’Alexandre d’Auber, écuyer, seigneur de Peyrelongue, consul de Marmande en 1605, premier consul en 1627.
  89. Un Jean Ferran est mentionné dans la Notice sur Marmande (p. 115). Le Ferran ici nommé doit être celui qui figure dans une transaction du 30 avril 1690 reçue par le notaire Bernus et où il est qualifié « docteur en médecine et consul de Marmande. »
  90. Vayres, commune du département de la Gironde, sur la rive gauche de la Dordogne, canton de Libourne, à 6 kilomètres de cette ville.
  91. Saint-Pardon appartient à la commune de Vayres.
  92. Izon est une commune du canton de Libourne, à 10 kilomètres de cette ville. Je ne nommerai pas Izon sans y saluer la riante et studieuse retraite de M. Jules Delpit, ce jeune octogénaire auquel je souhaite de passer encore sous ses beaux arbres de bien longues et de bien fécondes années.
  93. Chef-lieu de canton du département de Lot-et-Garonne, arrondissement de Villeneuve-sur-Lot, à 27 kilomètres de cette ville.
  94. Ce recueil d’arrêts est-il perdu ? Je ne rai pas vu dans les archives de M. Maurice Boisvert.
  95. La plupart de ces noms se retrouvent dans la Notice sur Marmande, mais la liste des magistrats municipaux de l’année 1683 n’y avait pas été donnée. Les de Bruet étaient très anciens à Marmande et ils y apparaissent dès 1243 ( notice, p. 25).
  96. Commune du canton de Tonneins, à 6 kilomètres de cette ville.
  97. Chef-lieu de canton de l’arrondissement de Villeneuve-sur-Lot, à 10 kilométres de cette ville.
  98. Ne nous moquons pas trop de cet enthousiasme qu’expliquent les illusions de l’esprit de corps. Combien ne voyons-nous pas de gens qui pour moins de motifs encore, montent plus fièrement au Capitole !
  99. Le premier jurat Labissière n’est pas nommé dans l’Histoire de La Réole par M. Octave Gauban (1873, in-8), estimable travail dont j’ai été heureux de faire l’éloge dans un journal de Bordeaux aujourd’hui disparu, la Guienne.
  100. La ville que J. de Fontainemarie appelle Villeneuve d’Agenois, est souvent appelée par abréviation Villeneuve d’Agen, ce qui a toujours constitué aux yeux des Villeneuvois un abus révoltant. Un sous-prétet de Villeneuve m’a jadis raconté que, pour s’être servi de cette malencontreuse appellation, le jour même de son installation, en réponse aux compliments de bienvenue, il avait jamais conquit une magnifique impopularité.
  101. Chef-lieu de canton de l’arrondissement de Marmande, à 18 kilomètres de cette ville.
  102. La maison de Comarque est une des anciennes et nobles maisons du Périgord, Voir sur cette maison en général, et en particulier sur la branche établie en Agenais, la plantureuse notice publiée par Courcelles, dans le tome V de l’Histoire généalogique des pairs de France ( 1825).
  103. Hautes-Vignes est une commune du canton de Marmande, à 18 kilomètres de cette ville. Moi qui ai jadis été l’humble historien de cette humble localité (Notice de 12 pages, Agen, 1869, dans les Monographies historiques publiées sous les auspices du Conseil général), je ne sais rien de Jean Maisonnade. Je dirai seulement que, depuis la publication de ma plaquette, j’ai trouvé un document qui montre un personnage du même nom et du même prénom investi des fonctions consulaires dans la même localité une trentaine d’années auparavant. Voici les premières lignes de ce document relatif à un emprunt de 550 livres pour payer la subsistance qui a esté imposée sur la presante jurisdiction par ordonnance de M. le duc de Candalle (à la suite des troubles de la Fronde) « Le dixiesme may mil six cens cinquante troys dans le bourg de Hautes-Vignes en Agenois se sont assemblés en jurade Jean Maisonnade et Huguet Lagaunye consulz, en compagnie de Maistres Gellibert Marlhan, James Mourges, Pierre Pons, juratz et praticiens James Farges, Guillaume Rieublanc Jean Beaujon. Leonnard Cumin, etc. »
  104. Le prieuré du Mas-d’Agenais était aussi ancien que célèbre. Je voudrais bien que l’on en écrivit l’histoire complète. Les documents ne manqueraient pas ; ils sont surtout nombreux pour la période de la domination anglaise.
  105. Le domaïne de la Saubiolle est dans la commune de Mauvezin. Le sieur de la Saubiolle était Jean de Lapeyre, écuyer. Voir sur la famille Lapeyre la notice sur Mauvezin de M. l’abbé Alis, passim. Je me sers sans scrupule de l’indication passim, à cause de la table si détajllée et si exacte dont l’historien de Mauvezin a enrichi son beau volume.
  106. Au sujet de divers membres de la famille Bazin, voir Notice sur la ville de Marmande, pp. 111, 114, 119.
  107. Gontaut, selon l’orthographe adoptée par la très noble famille qui porte ce nom, Gontaud, selon l’orthographe officielle, commune du canton de Marmande, à 13 kilomètres de cette ville.
  108. Pourquoi le narrateur n’a-t-il pas donné le nom de ce premier consul ? J’ai vainement cherché ce nom dans les documents hélas si incomplets qui sont encore aux archives municipales de Gontaud. Je voudrais bien établir la liste des consuls successifs de ma chère ville natale dans le recueil, que je prépare, de Documents et notes relatifs sur l’histoire de Gontaud.
  109. Commune de l’arrondissement de Marmande, canton de Tonneins, à 5 kilomètres de cette ville.
  110. Cette paroisse fait partie de la commune de Varès, canton de Tonneins, à 9 kilomètres de cette dernière ville.
  111. Les consuls d’Agen, en l’an de grâce 1687, étaient Jean de Nargassies, de Cambes, Bissières, Guillaume Douzon, sieur de Lalande, Pierre Bussière, Charles Monbet
  112. C’était Joseph de Rangouse, sieur de Beauregard, avocat, receveur des décimes de 1681 à 1690, mentionné par M. Jules Andrieux dans son inappréciable Bibliographie générale de l’Agenais (tome II, p. 226). M. Andrieu croit que Joseph était un neveu du très original épistolier Pierre Rangouze auquel Tallemant des Réaux a consacré une si piquante historiette (édit. P. Paris, tome V, p. 1-8), et dont M. Adolphe Magen a donné un si spirituel crayon dans son étude sur un trafiquant littéraire au XVII siècle (Recueil des travaux de la société des Lettres, sciences et arts d’Agen, tome VI, 1353, p. 282-296).
  113. Commune de l’arrondissement de Marmande, canton du Mas-d’Agenais, à 3 kilomètres de cette dernière ville.
  114. Je me demande si ce sieur de Saint-Amans, appartenait à la famille de l’historien du département de Lot-et-Garonne, Jean-Florimond Boudon de Saint-Amans. Je ne le vois pas indiqué dans la notice inédite sur les Boudon de Saint-Amans rédigée par Madame la Comtesse Marie de Raymond et dont je dois une copie à sa gracieuse amitié.
  115. L’hôtellerie qui avait ainsi des armes parlantes n’existe plus et son souvenir même s’est envolé de Tonneins.
  116. Le nom de ce consul ne se trouve ni dans les Recherches Historiques sur la ville et les anciennes baronnies de Tonneins par L. P. Lagarde (Agen, 1883), ni dans la nouvelle édition très augmentée donnée de cet ouvrage par le fils de l’auteur, Alphonse Lagarde, sous ce titre : Notice historique sur la ville de Tonneins (Agen 1884).
  117. Probablement Daniel Desclaux, avocat au parlement mentionné, à côté de Claude Drême, aussi avocat en parlement, parmi les plus distingués magistrats municipaux de Tonneins dans la seconde moitié du XVIIe siècle (p. 84 de la notice citée en la note précédente). De Daniel Desclaux j’aime rapprocher, d’une part, Pierre Desclaux, consul de Tonneins en 1618 avec Jean de La Barrière (Ibid. p. 61), d’autre part, M. le docteur Desclaux, ancien maire de Tonneins, qui vient de mourir au moment où j’écris ces lignes (août 1888), laissant la réputation d’un excellent administrateur et d’un parfait homme de bien.
  118. C’était Daniel de Catuffe, avocat au parlement en 1656, juge de Tonneins, Grateloup et Villeton en 1658. juge de Monheurt en 1685, etc. M. A. Jardinet, qui avait épousé une demoiselle de Catuffe dont la sœur était mariée avec M. Imbert de Mazères, préfet de la Vienne, a bienvoulu me communiquer un brevet d’exemption des gens de guerre accordé par Louis XIV, en 1682, au magistrat qui fut un hôte si aimable pour Jacques de Fontainemarie.
  119. Oui, il faut faire honneur aux commissions et, dans un sens plus large, aux situations élevées. Malheur à qui, dans notre généreux pays, méconnaît la grande loi du sacrifice !
  120. Le mot définitoire ayant disparu de nos dictionnaires, je crois devoir rappeler que c’était le terme usité, dans plusieurs ordres religieux, pour désigner l’assemblée des principaux membres d’un chapitre, nommés définiteurs.
  121. Si l’on dresse jamais, comme on l’a fait pour les notaires de la ville d’Agen, le tableau par ordre chronologique des notaires de la ville de Marmande, le livre de raison des Fontainemarie fournira sa bonne part d’indications.
  122. Ce successeur de Faucon de Ris, ce prédécesseur de la Bourdonnaie, fut intendant en Guyenne pendant près de quatorze années (1686-1700). Louis Bazin, seigneur de Bezons, arriva dans la ville de Bordeaux le 2 mai 1686 (Continuation de la Chronique, p. 109.)
  123. L’illustre ministre de la guerre allait mourir deux ans plus tard (16 juillet 1691). Quelques années auparavant, le 11 juin 1680, il avait reçu à Lormont les compliments des jurats de Bordeaux (Continuation de la Chronique, p. 69).
  124. Charlemont est le nom de la citadelle de Givet, département des Ardennes, à la frontière de la Belgique, citadelle établie sur une roche à pic dominant la Meuse de plus de 200 mètres.
  125. Ce régiment était alors commandé par le marquis de Ravignan. Le jeune officier vint en 1702, dans son pays natal chercher des hommes destinés à compléter sa compagnie. Il quitta Marmande le 1er  mars 1702, et il mourut du côté de Strasbourg, en septembre de la même année. « Mon cousin Fontainemarie, » écrit le malheureux père, nous en porta la nouvelle le 6 octobre suivant. Nous n’avons pas manqué de faire prier Dieu, pour le repos de son âme. La compagnie de mondit fils estoit une des plus belles du régiment.  »
  126. Le narrateur ajoute dans une note « Les sous-lieutenans ayant esté cassez à cause de la paix généralle, mondit quatriesme fils ayant esté du nombre, s’est retiré à Marmande après avoir fait la campaigne ; il est arrivé au logis le 17 décembre 1697. »
  127. Alphonse de Maniban, chevalier, seigneur et baron de Saint-Félix, qui, comme nous l’avons vu plus haut, avait été reçu conseiller en même temps que le narrateur (1661), épousa Henriette de La Rochefoucauld et en eut un fils nommé Guy, comme le président son grand-père. Guy fut conseiller, puis président en la Cour des Aides et mourut en 1731.
  128. C’est-à-dire, si je l’entends bien, le commissaire associé au rapporteur, formant avec lui, en quelque sorte, une combinaison (cum, avec, bini, deux). Le mot combiné, ainsi employé, n’est indiqué dans aucun de nos dictionnaires.
  129. Ai-je besoin de rappeler que saint Yves est le patron des avocats (advocatus et non latro, res miranda, etc.) ? je dois ajouter que, selon la remarque d’un vieux biographe (Moréri 1759) « il y a lieu de douter que S. Yves ait effectivement exercé la profession d’avocat. »
  130. L’historien du Parlement de Bordeaux dit au sujet de cette crue (t. II, p 217) La Cour de Guyenne offrit le prix d’un titre nouveau de président et de six de conseillers, sacrifice considérable pour elle dans l’état de dépreciation où étaient tombées ces places, et qui n’allait pas à moins de 400 000 fr. Mais que n’était-elle pas résignée à faire pour revenir à Bordeaux ? » Le continuateur de la Chronique Bourdeloise raconte ainsi le retour de la Cour des Aydes (p. 137) : « Le 14 (novembre 1690), la Cour des Aydes ayant été rétablie et ayant fait ce matin l’ouverture de la séance, M. le Premier Président de Sudiraut a été visité par deux députez avec leurs robes noires et chaperons de livrée. »
  131. Etienne de Guérin, seigneur de Vizac, d’abord avocat au parlement de Bordeaux, fut pourvu le 4 février 1658, d’un oflice de conseiller en la Cour des Aides. Quand il mourut, le 15 février 1708, il y avait cinquante ans révolus qu’il tenait sa charge.
  132. C’était Geoffroy de Baritaud qui avait succédé, dans les fonctions d’avocat général, à son père, lequel les remplissait depuis 1647. G. de Baritaud fut remplacé en octobre 1691, par Aymard de Billy, dont le narrateur va nous annoncer la mort dans le dernier paragraphe de son journal, et il devint président juge des droits de sorties et entrées établis en la ville de Bordeaux.
  133. Je reproduis une note du narrateur, séparée de son livre de raison et relative à ses armoiries :
    « Ordonnance du 29 du mois de novembre 1697, rendue par MM. les Commissaires généraux du Conseil députés sur le fait des armoiries portant que les miennes après avoir esté vérifiées ont esté enregistrées à l’Armorial général dans le registre cotté Guienne en conséquence du paiement des droits réglés par les tarif et arrest du Conseil du XX novembre 1696 en foy de quoy le brevet a esté délivré le 29 janvier 1698 par M. d’Hozier, conseiller du Roy et garde de l’Armorial général de France.
     
    Lesdits droits se sont montés
    23 livres 10 s.
     
    Plus j’ay payé pour un duplicata qui est attaché audit brevet
    23 livres 62 s.

    Ces deux pièces sont dans une petite liete rouge dans un cabinet.

    Escu de mes armoiries :

    M. Fontainemarie soubs doyen de la Cour des Aydes et finances de Bordeaux porte d’azur à la Fontaine jaillissante d’argent maçonnée de sable, soutenue par deux lions d’or armés, et lampassés de gueulles, deux étoiles d’or en chef, et un croissant d’argent en pointe.

    M. Fontainemarie, advocat en la Cour, mon cousin germain, a de semblables armoiries il m’en "a fait voir le brevet qui luy en a esté expédie. »

    Puisqu’il est question du prieuré de Garrigue sur lequel nous savons si peu de choses, je résumerai un acte des archives de M. Maurice Boisvert qui donne quelques indications sur les prédécesseurs ou successeurs de Bernard Imbert Dubosc : Du 9 octobre 1766. Reconnaissance en faveur de M. le prieur de Garrigue par messire J-B de Fontainemarie, conseiller du Roy en la Cour des Aydes et finances de Guienne : pardevant le notaire royal de Marmande en Guienne soussigné fut présent messire Jean Baptiste de Fontainemarie, conseiller du Roy, etc, demeurant à Bordeaux, rue du Chapeau-Rouge, paroisse Saint-Remy, de présent en cette ville, lequel a volontairement reconnu et confessé avoir et tenir en fief cens rente directe foncière annuelle et perpétuelle, selon les fors et coutumes d’Agenais et dudit Marmande de M. Joseph Lherm, grand archidiacre, chanoine de l’église de Mirepoix, y demeurant au nom et comme seigneur prieur commendataire du prieuré N. D. de Garrigue et ses annexes d’ici absent, mais le sieur Jean Bouic, bourgeois, Jurat de cette ville, y habitant, son procureur constitué, present pour ledit seigneur acceptant, un journal douze escats de terre situé dans la paroisse de Granon, juridiction de Marmande… » Dans l’acte sont mentionnés deux autres prieurs de Garrigue, Bertrand Ruffi (1484), Jean Espaignet (1695).

  134. Le domaine de Grayon jadis célèbre par ses riches vignobles et son excellent vin, appartient actuellement à M. le docteur François Boisvert, frère de M. Maurice Boisvert. J’ai eu sous les yeux un contrat du 22 octobre 1692 (Quittance pour Nicolas Fourcades, maître chirurgien, donnée par messire Jacques Fontainemarie, conseiller du Roy en la Cour des Aydes et Finances de Guyenne), dont voici les premières lignes « Ce jourd’huy vingt-deux du mois d’octobre après midy mil six cens soixante-deux, dans le lieu de Grayon situé dans la paroisse de Beaupuy, juridiction de Marmande en Agenais, par devant moy, notaire royal soussigné presens les témoins bas nommez a esté présent messire Jean Fontainemarie, seigneur de Castecu, Dauriolle, conseiller du Roy en la Cour des Aydes et finances de Guyenne seante à Bourdeaux y habitant au Chay des farines, estant presentement au present lieu de Crayon à luy appartenant. »
  135. Parmi les très rares documents que nous possédons touchant l’histoire de Marmande au XVIIe siècle, aucun n’a pu m’apprendre quels étaient les consuls de cette ville en 1692.
  136. Jean de Lapeyre écuyer, déjà nommé plus haut à l’occasion de son mariage (année 1686).
  137. Commune de l’arrondissement de Marmande, canton de Meilhan, à 11 kilomètres de cette ville.
  138. Ce paragraphe, qui se rapporte aux années 1691 et 1692, n’est pas à sa place au milieu de faits relatifs à l’année 1697. Je n’ai pas cru devoir sacrifier à l’ordre chronologique, l’ordre suivi par le narrateur, et, pour répéter un mot célèbre, faire de l’ordre avec du désordre.
  139. L’évêque d’Agen était alors Jules Mascaron (1679-1703).
  140. Nous avons déjà rencontré ce nom porté par un notaire de Castelnau-sur-Gupie (année 1670). Rappelons qu’un Deynier, habitant de Ste Bazeille à la fin du XVIe siècle, eut l’honneur d’être un des correspondants du futur Henri IV (Voir Une lettre inédite, du roi Henri IV et une Mazarinade inconnue) Marmande, 1884, in 8°). Je crois que l’on doit identifier Deynier avec Deymier et je regrette d’avoir trop tard songé à une identification aussi naturelle.
  141. La famille de Lajus, éteinte depuis le siècle dernier, a fourni plusieurs maires et plusieurs juges à la communauté de Gontaud. Le nom de Lajus est encore porté, de nos jours, par un petit groupe de maisons voisin de cette ville et par un bois qui en est éloigné de 3 kilomètres environ.
  142. La commune de Birac, où se trouve la Duronne, est limitrophe de la commune de Gontaud.
  143. Chef-lieu de canton de l’arrondissement de Bordeaux, à 8 kilomètres de cette ville.
  144. On lit dans la Continuation de la Chronique Bourdeloise (p, 200) : « Du 9 novembre Messieurs les jurats ayant eu avis que Monseigneur de Bourlemont, archevêque venoit de mourir, ils firent sonner le trépas, ensuite les trois classes, et le lendemain une autre classe par la grande cloche del’Hôtel de Ville. »
  145. À rapprocher du récit qui, dans le recueil susdit, commence ainsi (p. 201) : « Du 27 Messieurs les Jurats ayant été invitez par M. l’Abbé de Bourlemont pour assister à l’enterrement et à l’Oraison funèbre de feu Monseigneur l’Archevêque de Bourlemont son oncle, ils partirent de l’Hôtel de Ville sur les 10 heures du matin en robes et chaperons de livrée, la grande cloche sonnant precedez du Chevalier et Archers du guet et autres officiers de la Ville accompagnez des Juge et consuls de la Bourse, se rendirent à l’Archevêché où étant arrivez, ils furent introduits dans la grande sale haute. Messieurs du Parlement étoient dans la sale suivante, Messieurs de la Cour des Aydes et autres corps dans une autre sale de l’autre côté.. »
  146. Ces derniers détails ne sont pas donnés par le continuateur de la Chronique Bourdeloise.
  147. L’oraison funèbre n’a pas été imprimée, car elle n’est pas indiquée dans la dernière édition de la Bibliothèque des écrivains de la compagnie de Jésus par les PP. de Backer et Sommervogel (Louvain et Lyon, 3 vol. in-fº, 1869-1876).
  148. Le continuateur de la Chronique Bourdeloise a passé sous silence cette cérémonie qui paraissait si belle à notre narrateur.
  149. Jacques-Joseph de Gourgues, occupa le siège de Bazas pendant quarante années (1684-1724).
  150. On trouve dans les papiers de Jean de Fontainemarie divers documents relatifs à sa chapelle. Le plus important est une ordonnance du 24 janvier 1676, par laquelle G. de Boissonnade « par la miséricorde de Dieu et grâce du St-Siège apostolique evesque et seigneur de Bazas, veu la requeste à nous presentée par M. Maistre Jacques de Fontainemarie, conseiller du Roy, en la Cour des Aydes et Finances de Guyenne, seigneur de Castecu, tendante aux fins qu’il nous plaise luy accorder la permission de faire bastir une chapelle dans l’église paroissiale St-Vincent de Beaupuy, en nostre diocèse, nous, desirant favoriser la piété dudit sieur requérant pour l’augmentation du culte de Dieu et décoration de ladite église, luy avons permis et permettons d’y bastir une chapelle, laquelle sera dédiée et consacrée à Dieu, sous le nom de Saint Jean le Majeur Apostre, du costé du Nord entre les 2 arcc-boutans qui sont vers le clocher dans laquelle chapelle ledit obit de Castelcu Dauriolle sera célébré du 1er  mai). « Voici un autre document de date antérieure, concernant spécialement cet obit :
    « RÈGLEMENT SUR L’OBIT D’ORIOLLE :


    Nous, vicaires-généraux de Monseigneur l’illustrissime et Révérendissime evesque de Bazas, avons ordonné et ordonnons que ledit sieur Brettes, prestre et curé de Beaupui, dira la messe haute du Saint-Esprit portéé par la Fondation à diacre et sous-diacre et ses successeurs à l’advenir dans l’église parroissialle dudit Beaupui tous les mardis après le dimanche de l’Octave de Pasques qui ne sera pas empesché d’aucune feste double, et le lundi précédant dira les vespres des morts, advertira ses paroissiens au prosne d’y assister si bon leur semble dès le dimanche précédant, de laquelle proclamation ainsy faitte et du son des cloches ledit sieur de Fontainemarie En qualité de seigneur de Castecu ou ceux qui le représenteront se tiendront pour suffisamment advertis d’assister audit anniversaire, le tout en conséquence de l’Obit vulgairement appelé d’Oriolle.
    Fait à Bazas, le X juillet mil six cens soixante huit signé Baulon, vicaire general, Delort, vicaire general, Durand, vicaire general, de Gasc, vicaire general, Bertrand, vicaire general, et, plus bas

    du mandement de Messieurs les vicaires généraux.
    Bordes, secrétaire

    avec le sceau et armes du seigneur evesque de Bazas.

    La signiffication est au bas faitte audit sieur Brettes le 20 septembre 1668 par Lalerrière, sergent royal.

    Il a une ordonnance du seigneur evesque de Bazas confirmative dudit Règlement du 4 juillet 1873. »

    Pour épuiser le sujet, indiquons encore une note du chroniqueur nous apprenant que sa chapelle « a esté bénite par le sieur Fizelier, curé, le 29 juillet 1679 » et où il rappelle avec une légitime fierté que dans le titre à lui délivré par l’évêque de Bazas, il est proclamé « bienfaiteur insigne de ladite église, ayant exécuté mes offres y mentionnées, »

  151. Quand j’avais l’honneur d’être a la tête de l’administration municipale de Gontaud, il y a de cela plus d’une vingtaine d’années, j’ai entendu dans une réunion de maires tenue sous la présidence de M. Ernest de Berh, sous-préfet de Marmande, un de mes collègues, un rural, s’écrier en répondant à une question du Sous-Préfet : Oui, Monseigneur. L’enthousiasme du sieur G… amusa fort l’assemblée, et le Monseigneurisé ne fut pas le dernier à rire du titre si inattendu dont on le bombardait.
  152. En cette année 1702, Jacques de Fontainemarie raconta le pieux voyage fait par les Marmandais à Agen à l’occasion du Grand Jubilé universel. On trouvera le récit du pèlerinage du 30 avril dans la Notice sur Mauvezin (p. 597-599). M. l’Abbé Alis attribue l’édifiante relation (p. 434, note) à François de Fontainemarie. Mais l’auteur parle de son fils Le prêtre et par là signe, en quelque sorte, le document.
  153. C’est le personnage dont il a été déjà question et sur lequel le narrateur, en une note séparée, revient en ces termes : « Le 21 juillet 1697 M. Touchart, conseiller aux Requestes, s’estant trouvé à une procession qui se fit autour du cloistre de la paroisse, le sieur Faget, maire de Marmande, dont ils sont natifs, luy ayant vouleu prendre le pas sur ce qu’il estoit en habit court, ledit sieur Touchart le saisit au corps et le fit reculer, dont ayant fait un procès verbal, il a esté décrété d’adjournement personnel en grand chambre. M. Drouilhet, conseiller an parlemant, aussy natif de Marmande et moy, restames chaquun dans son banc. Ladite charge de maire a esté supprimée le sieur Faget a achepté celle de gouverneur que le Roy a depuis créée. S’ensuist l’arrest du Parlement : La Cour, après avoir mandé dans la chambre Faget, maire de Marmande, décrété sur le verbal du sieur Touchard, conseiller du Roy en icelle, commissaire aux Requêtes du Palais, pour l’irrévérance par luy commise le 21 juillet dernier, après qu’il a rendeu son audition devant les commissaires à ce députés, l’a renvoyé et renvoie pour faire l’exercice de sa fonction, luy enjoint de porter plus de respect aux conseillers de la Cour, luy fait inhibitions et deffanses d’user à l’avenir de telles ou semblables façons de faire à telles peines que de raison. Prononcé à Bordeaux en Parlement le 9 aoust 1697, M. Lecomte premier présidant. »
  154. Le président Barbot correspondait souvent avec Jacques de Fontainemarie. On retrouve parmi les papiers de ce dernier cet Extrait d’une lettre à moy escrite par M. le Président Barbot, du 24 mars 1705 : « Vous aurez sceu les mouvemans que nous nous sommes donnés pour éviter le Monseigneur que M. le M[aréchal] — Il s’agit là du maréchal de Montrevel, gouverneur de la Guyenne — prétendoit que nos députés devoient lui donner quoiqu’on eut receu une lettre précise de M. de la Vrillière, on a fait de très humbles remonstrances, et depuis 4 mois qu’on les a envoiées, nous ne voions pas que le Conseil ayt rien déterminé, ni que le voiage da Paris ait rien produit contre nous ; cependant tous les officiers ont eu l’honneur de le saluer en particulier ; il rendit le lendemain la visite à M. le Premier Président, et tout nous paroit tranquille. »