Lettres politiques - La Chambre et le Ministère



LETTRES POLITIQUES

LA CHAMBRE ET LE MINISTÈRE.

Nous voici, monsieur, assez loin de l’ouverture de la session pour pouvoir juger le grand débat par lequel s’inaugure chaque année la saison parlementaire. Il était facile, ce semble, d’en pressentir le résultat, et l’on peut affirmer, sans crainte de paraître prophète après coup, que la situation politique ne comportait pas une solution différente. Il suffit, pour s’en convaincre, d’examiner avec quelque soin, et sans parti pris, dans quelles dispositions se sont retrouvés face à face la chambre et le cabinet.

Peu d’évènemens ont rempli l’intervalle des deux sessions ; aucun n’a eu un caractère assez décidé pour mettre le ministère du 12 mai en mesure de prendre une couleur politique, en lui enlevant cette physionomie provisoire qu’il avait reçue des circonstances mêmes du sein desquelles il était sorti. Quelques actes maladroits, quelques tentatives imprudentes, dont le cabinet renvoyait la responsabilité à l’un de ses membres en faisant tous ses efforts pour s’en dégager, avaient seuls suscité des irritations et alimenté l’ardeur d’une polémique que l’opinion extérieure n’excitait plus. Le pays en est arrivé à comprendre en effet qu’il y a de la duperie à se préoccuper de noms propres, lorsque ceux-ci n’empruntent plus leur signification à une idée, et ne représentent que des individualités ambitieuses ou des personnalités égoïstes. Le seul résultat moral et utile de la coalition est assurément celui-là, et je le tiens pour acquis. Il existait donc, monsieur, contre le cabinet, des mécontentemens assez nombreux : on estimait tel ministre insuffisant, tel autre malhabile ; mais tous ces griefs ne se groupaient point autour d’une pensée commune, et quelque impolitiques que pussent paraître les dispositions relatives au conseil d’état, quelque imprudentes que fussent les tentatives concernant les offices, tout cela ne suffisait pas pour organiser une opposition systématique. Peut-être direz-vous qu’il n’en a pas fallu davantage pour renverser le 15 avril. Je vous concéderai, si vous voulez, qu’il en a fallu moins ; mais qu’importe ? les temps sont changés ; une grande expérience a été faite, et la France n’entend pas la recommencer. Il peut être fâcheux de voir les fruits de cette expérience recueillis par quelques personnages politiques qui, en morale sévère, n’en devraient pas avoir le droit ; mais les faits se présentent ainsi, et l’ancienne majorité se résigne à garder un ministère sorti d’une coalition plutôt que d’en essayer une autre pour le renverser.

Tel a été le sentiment dominant dans son sein le jour où elle a tenu le sort du cabinet entre ses mains, et où elle a pu mesurer toute la responsabilité qu’elle eût attirée sur elle en brisant un ministère qu’aucune combinaison sérieuse n’était en mesure de remplacer. Il n’est, en effet, douteux pour personne que si une combinaison vraiment grave avait préexisté à la discussion de l’adresse, ce débat n’eût présenté une issue très différente. La chambre ne s’est pas fait illusion sur la portée des bruits répandus à cet égard ; elle n’a pas cru à des dispositions qu’on disait sincères, et qui l’étaient peut-être ; elle a persisté à reconnaître des incompatibilités d’humeur ou d’ambition, à douter de sacrifices qu’elle serait heureuse de voir consommer, mais que son instinct, plus sûr que toutes les affirmations des couloirs, lui fait envisager comme improbables, sinon comme impossibles. Cette universelle incréance à des rapprochemens dont le moment n’est point arrivé, s’il doit jamais venir, est peut-être ce qui a le plus contribué à les faire échouer, car, pour que de telles négociations réussissent, il faut qu’elles soient énergiquement soutenues par l’opinion. Or, en ce moment, l’opinion ne soutient rien, parce qu’elle n’a foi en rien ; elle accepte tout sans amour comme sans haine.

Que si nous entrons, monsieur, dans un examen plus étendu des dispositions de chacune des fractions de l’assemblée, il nous sera facile de montrer que le ministère pouvait presque partout compter sur une sorte de neutralité.

La gauche subit, sans trop de résistance, un cabinet qu’elle n’oserait concevoir l’espérance de remplacer ; elle comprend qu’une crise ministérielle l’éloignerait du pouvoir, loin de l’en rapprocher. Ce n’est pas trop présumer de la sagacité de M. Barrot que de supposer qu’il voit ceci clairement. Le pouvoir, en échappant aux mains du ministère du 12 mai, irait évidemment aux hommes de l’ancienne majorité, qui forment après tout la seule portion compacte de la chambre, et auxquels une alliance conclue, soit avec le chef du centre gauche, soit avec celui de l’ancien centre droit, assurerait une incontestable prépondérance. Un ministère formé par la réunion de l’élément doctrinaire à l’opinion gouvernementale, ou par l’association de M. Thiers aux amis de M. le comte Molé, c’est là une double éventualité que la gauche dynastique, ambitieuse et pressée pour son propre compte, ne saurait envisager sans une vive appréhension : elle sent que sa creuse rhétorique n’agite pas le pays, que les forces vives du parti démocratique l’abandonnent de plus en plus ; et, réduite à un bagage de lieux communs sans portée dans le parlement en même temps que sans écho au dehors, elle comprend qu’une majorité constituée autour d’un ministère définitif lui porterait un coup dont il est difficile de prévoir comment elle parviendrait à se relever. La gauche entend donc maintenir le cabinet, qui lui fait après tout une assez supportable position. Celui-ci repousse, il est vrai, ses quatre cent mille électeurs ; mais combien n’a-t-il pas jeté de gâteaux de miel aux agitateurs que vous savez ! Combien certains de ses membres ne sont-ils pas empressés de complaire à ces intrépides solliciteurs qui dépensent en petite monnaie d’antichambre leur patriotisme de l’an dernier ! Tant qu’à rester dans l’opposition, situation dont on commence à se lasser par pur amour du pays sans doute, mieux vaut en faire contre le 12 mai que contre le 15 avril ressuscité et rajeuni ; ainsi raisonne la gauche à laquelle des défections éclatantes viennent révéler chaque jour tout ce qu’il y a dans ses rangs d’ambitions impatientes et de vertus faciles. Ce parti a grandement raison, monsieur, et vous pouvez tenir pour certain que s’il se décide à faire grand bruit à la tribune et dans ses journaux, que s’il attaque le cabinet, ce sera avec des fusils chargés à poudre.

Celui-ci rencontrera au centre gauche des adversaires plus sérieux, des passions plus irréconciliables. Il n’y a pas à s’étonner, en effet, qu’un parti parlementaire, qu’on s’était habitué à regarder comme maître de la situation, soit profondément blessé d’une défection qui lui a ôté une grande partie de son importance. Il est tout simple qu’on garde rancune aux lieutenans qui ont quitté l’armée pour passer généraux, selon l’expression d’un spirituel orateur. Dans cette partie de la chambre, la blessure est profonde, les ressentimens sont amers et les antipathies implacables. Là est le noyau d’opposition le plus formidable, quoique le moins nombreux, et si cette opposition ne se manifeste pas dans toute l’âpreté que lui donnent des griefs tout personnels et très légitimes, il faut l’attribuer, d’une part, au tempérament de la chambre, de l’autre à la situation que l’illustre chef du centre gauche s’attache à reprendre dans l’opinion gouvernementale, situation qui impose comme un premier devoir la modération dans la pensée et la mesure dans la conduite.

Le parti des anciens 221 reste étranger à ces querelles de famille ; et quoique les personnages portés aux affaires par la scission opérée dans les rangs du centre gauche ne soient assurément ni les hommes de ses complaisances, ni ceux de son choix, il ne saurait oublier que son initiative et son insistance ont plus que tout autre motif contribué à cette scission, originairement si difficile. Vous vous rappelez sans doute, monsieur, que ce fut du sein de la réunion Jacqueminot, constituée à l’ouverture de la session dernière, que partirent les propositions dont le premier résultat fut de porter M. Passy au fauteuil, par le concours des 221 et d’une faible partie du centre gauche. Ce jour-là l’œuvre fut consommée, et la formation de l’administration du 12 mai fut la conséquence logique et obligée de ce fait, dont je n’apprécie pas en ce moment la moralité, quant aux personnes, mais dont on ne saurait méconnaître les avantages politiques, il faut bien le dire, en se reportant aux circonstances où la coalition avait placé l’ancien parti conservateur.

Il était difficile que des hommes graves et désintéressés se fissent, contre le cabinet du 12 mai, une arme de la défection qu’ils avaient eux-mêmes provoquée ; il était à croire qu’ils sauraient pousser le sacrifice jusqu’au bout en maintenant un contrat sollicité par eux, au mépris de leurs affections et de leurs intérêts personnels. Cet exemple, ils ont su le donner, et le pays doit leur en tenir compte. L’ancienne majorité a estimé plus moral et plus politique d’imposer ses conditions au ministère, que d’user de sa force pour le renverser : ce renversement était parfaitement facile, puisque les boules des deux fractions légitimiste et puritaine auraient fait l’appoint de toute majorité systématiquement hostile ; mais il pouvait être sans résultat, et n’était pas sans danger. Dans les prudentes voies où s’est engagé le parti conservateur, il y a, au contraire, garantie pour ses opinions, sécurité pour le pays, et honneur pour lui-même. D’une part, il a sagement évité à la France les périls d’une crise ministérielle, de l’autre il a contraint le ministère à se livrer à lui sans réserve. Telle est, en effet, la position du cabinet sorti de la coalition qu’il ne saurait dire une parole, ou accomplir un acte de nature à blesser l’ancienne majorité, sans signer par cela seul l’arrêt de sa chute immédiate. Les 221 font plus qu’occuper le pouvoir, ils le dominent, et sont en mesure de lui faire des conditions plus sévères que s’ils l’exerçaient eux-mêmes. M. le ministre de l’instruction publique s’est placé le premier, et ses collègues l’ont bientôt suivi sur le terrain dont l’opinion conservatrice ne pouvait les repousser sans se manquer à elle-même. En cela, M. Villemain s’est quelque peu écarté de la ligne de conduite qu’il avait si vivement poursuivie pendant la coalition ; mais ce n’est pas à nous de l’en blâmer. La voie où il s’est engagé avec talent et avec courage a décidé des convictions jusqu’alors indécises ; il s’est concilié la majorité en n’hésitant point à se rallier à son drapeau. Il était juste que le ministère fit toutes les avances dans ce traité, dont la conséquence n’était rien moins que le maintien de la politique suivie avant lui ; à cet égard, il a su accepter de bonne grace toutes les nécessités qui lui étaient faites, et il a scellé l’alliance en se préoccupant moins des intérêts de sa vanité que de ceux de sa position.

La réforme électorale est le champ de bataille choisi pour rallier le parti conservateur : autant ce terrain qu’un autre ; on peut trouver seulement que la question est trop peu sérieuse, et ne tranche pas assez dans le vif. Quand je dis qu’elle n’est pas sérieuse, on comprend que ce n’est pas en ce qui se rapporte au plan de réforme du comité radical : ici au moins il y a une pensée hardie, une machine formidable dont on mesure la portée ; c’est une tentative qui ne va à rien moins qu’à changer l’esprit et les formes du gouvernement. Mais savez-vous quelque chose de plus parfaitement niais que la mesure délibérée par le comité de la gauche constitutionnelle, et imposée par le caprice de quelques journalistes aux hommes politiques de ce parti ? Y a-t-il une pensée dont la France se préoccupe moins, connaissez-vous rien de plus dénué d’originalité, de portée politique et de vie populaire ? Comment l’honorable M. Barrot n’a-t-il pas compris que toute cette agitation s’opérait au profit d’une autre pensée que la sienne ? Comment a-t-il consenti à subir la responsabilité d’une conception bâtarde qui ne rencontre de sympathie dans aucun des grands partis nationaux ?

Quoi qu’il en soit, si l’opposition a fait une faute immense, le ministère en a profité, et la réforme électorale lui servira à défrayer la session. Des questions plus graves s’élèveront sans doute, et au premier rang je place celles qui tiennent à nos relations diplomatiques, que l’hostilité d’une grande puissance et la froideur d’une autre compromettent de plus en plus. Les propositions itérativement adressées par la Russie à l’Angleterre, l’accueil qui leur serait fait par la majorité du cabinet britannique, la réserve de l’Autriche, qui, tout en reconnaissant la justice de nos prétentions et la sagesse de notre plan dans la question orientale, se refuse à le seconder, tout cela prépare pour l’avenir des péripéties bien inattendues au dedans comme au dehors.

On ne saurait se dissimuler que ce côté de la question acquiert d’heure en heure plus de gravité, et que si l’évènement éclate, il emportera un ministère trop faiblement constitué pour puiser un accroissement de force dans cette épreuve décisive.

J’ai raisonné d’abord en ne tenant compte que des dispositions de la chambre, et je crois les avoir exposées dans toute leur vérité. Livrée à ses impulsions seules, la chambre supportera le cabinet et ne fera rien ou presque rien pour le renverser ; mais si au lieu d’un horizon pâle et terne, un prochain avenir nous prépare un ciel orageux, qui pourrait douter qu’elle ne se sentît soudain placée en présence de devoirs tout nouveaux ? Un cabinet sous l’administration duquel se serait consommé l’acte le plus inattendu aussi bien que le plus fatal à la France, un cabinet qui, dans la plus importante négociation entamée depuis 1830, se verrait contraint de rappeler brusquement nos ambassadeurs des deux principales résidences diplomatiques, et qui viendrait au sein du parlement notifier un traité qu’il se serait montré impuissant à prévenir, ce serait là une impossibilité devant le bon sens comme devant l’honneur national.

Ce jour-là, de grands devoirs commenceraient pour tous les hommes politiques, et à la manière dont ils sauraient les remplir, l’Europe jugerait en dernier ressort de notre force et de la vitalité même de nos institutions. Le respect pour la France, si ce n’est le respect pour soi-même, suspendrait au moins dans ce jour décisif les querelles de vanité et les questions de préséance, et l’on saurait bien faire quelques sacrifices au pays, à l’instant où il s’agirait pour lui d’être ou de n’être pas.

Ce n’est pas qu’il y ait trop à s’effrayer de l’isolement qui nous serait imposé par deux ambitions rivales momentanément réunies. L’immoralité même de cette alliance nous donnerait en Europe une force considérable ; elle nous doterait de celle qui appartient toujours au droit, et nous serions à la fois puissance révolutionnaire par le souvenir ineffaçable de notre origine, et puissance modératrice par la position même qui nous serait faite. Nous pourrions utiliser au dehors toute l’énergie du principe qui est en nous, sans inquiéter l’opinion européenne en nous montrant ambitieux, et nous serions agressifs par la contagion de nos idées tout en conservant une position défensive et en protégeant l’indépendance des peuples. Que de perspectives nouvelles une telle politique ouvrirait devant nous, que de sympathies à exploiter, quelles terribles facilités pour se faire craindre des gouvernemens sans se faire redouter des peuples ! Mettre en œuvre cette double puissance de la révolution et du bon droit, remuer jusqu’au fond de l’Asie les haines accumulées par l’oppression séculaire de deux peuples dominateurs, se préparer en Amérique des alliances maritimes, reprocher aux puissances allemandes le rôle honteux qu’elles subissent, et les menacer, si elles n’en changent, de ce drapeau qui représenterait moins désormais la conquête territoriale que celle de la liberté constitutionnelle : c’est là un rôle assez grand pour être accepté avec une pleine confiance. Le cas échéant, le cabinet de M. le maréchal Soult jugera si ce programme est à sa taille !

Peut-être, monsieur, la tribune et la presse vont-elles se trouver dans le cas de débattre bientôt ces hautes et brûlantes questions, entre lesquelles un changement de ministère serait assurément la moindre de toutes ; peut-être aussi l’alarme est-elle prématurée, et la session reprendra-t-elle son cours naturel. Dans ce cas, on doit s’attendre à voir se prolonger une situation qu’aucune des grandes fractions de la chambre n’a un intérêt très prononcé à changer. On voudra peut-être maintenir une transaction qui ne compromet pas l’avenir et contribue indirectement à le préparer.

Mais la victoire obtenue sur le terrain politique sera chaque jour compromise dans les questions de détail que doit soulever une session laborieuse, car le ministère sait sans doute mieux que personne que, s’il a à peu près conquis l’adhésion silencieuse de la majorité, il n’a pas acquis pour cela la sympathie individuelle de tous ses membres ; il n’est point assez fort dans la chambre pour arrêter l’essor des rancunes privées ou des pensées excentriques qui viendront sans nul scrupule à l’encontre de ses combinaisons administratives et financières. Or, il n’a jamais été débattu, depuis l’origine du gouvernement représentatif en France, de questions administratives et économiques d’une solution plus ardue que celles qui résultent des projets de lois sur la conversion de la rente, le renouvellement du privilége de la Banque, l’indemnité réclamée pour le sucre indigène, le système des retraites, la réorganisation du conseil d’état et la liberté de l’enseigneraient secondaire. Dans la disposition actuelle des esprits, avec le fractionnement et l’indiscipline de toutes les opinions, il est impossible qu’en face de tels problèmes des échecs nombreux ne signalent pas la campagne qui vient de s’ouvrir. Si ces échecs ne sont pas une cause de mort, ils amoindriront de plus en plus un corps déjà bien faible par lui-même ; ils inciteront à poser le problème de savoir si un cabinet dépourvu des principales influences parlementaires et d’une haute direction politique peut fonctionner régulièrement, quelle que soit la valeur incontestée de plusieurs d’entre ses membres. Ce problème ressort de l’esprit même du gouvernement représentatif : les circonstances peuvent retarder sa solution, mais rien ne saurait faire qu’il ne soit incessamment posé.

Gouverner par l’ascendant de la parole et de la renommée, agir en vertu d’une pensée qui vous soit propre et dont vous soyez en mesure de défendre la responsabilité, ce sont là, ce me semble, monsieur, les premières conditions de ce gouvernement parlementaire que la France s’est décidée, pour parler le langage de l’adresse, à chercher à travers tous les hasards d’une révolution. Mais en proclamant ces principes, ne dissimulons pas les faits et soyons justes pour tout le monde. Reconnaissons qu’il n’y a pas moins en ceci de la faute de la chambre que de celle du cabinet, et qu’il est au moins difficile d’organiser un gouvernement dans des conditions normales et permanentes, lorsqu’il y a si peu d’hommes politiques groupés autour d’un centre commun. Quel est le personnage éminent dont le nom servît de lien à une majorité compacte, quel est celui qui n’écarterait pas des suffrages au lieu d’en rallier ? À cet égard il faut bien reconnaître que le ministère exprime une mauvaise situation sans en être précisément la cause, et qu’il subit l’empire de circonstances auxquelles il serait difficile à tout autre de se dérober. Réunir une majorité, la grouper autour d’idées nouvelles et fécondes, si faire se peut, associer des hommes nouveaux aux influences anciennes, préparer enfin l’avenir sans compromettre le présent, tel sera le programme de cette session, dont j’aurai soin comme la Revue l’a déjà fait pour les sessions antérieures, d’esquisser pour vos lecteurs les phases principales, avec le désintéressement d’un spectateur qui ne voit que de la galerie, mais qui croit voir juste.


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