Lettres de Chopin et de George Sand/Lettre 60

Texte établi par Ronislas-Edouard Sydow, Denise Colfs-Chainaye et Suzanne Chainaye, [Edicions La Cartoixa] (p. 121-122).

60. — Franz Liszt au major Adolphe Pictet, à Genève.

[Rome avril 1839].

[…] George Dudevant Kamaroupi nous a laissés sans nouvelles depuis l’ère Chopin (9 mois environ). Elle est positivement à Marseille avec Chopin dont la santé ne s’est guère améliorée aux Baléares. Les dernières productions du Docteur Piffoëls [sic] (les Aldini, [sic] Spiridion, et les sept cordes de la Lyre) m’ont laissé une impression pénible.[1] Lélia et les Lettres d’un Voyageur sont assurément d’autres paires de manches ; il y a évidemment lassitude, épuisement, décadence depuis lors. Mais attendons encore ; et puisque nous avons été ses amis, ne disons ces choses-là que bas et entre nous. Mallefille a justifié nos prévisions amicales du lac Léman. C’est un bien excellent et honnête garçon : malheureusement il n’est pas assez poète pour se passer de sens commun : […]

  1. Si Madame d’Agoult maniait la méchanceté avec virtuosité et plaisir, Franz Liszt se montre, dans cette lettre, le digne disciple de son amie.