Lettres choisies du révérend père De Smet/ 13

Victor Devaux et Cie ; H. Repos et Cie (p. 149-164).
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XIII


Université de Saint-Louis, 1er janvier 1854.

Je profite de mes premiers moments de loisir pour vous annoncer que nous sommes heureusement arrivés à destination, le deuxième jour de Noël.

À l’occasion de la nouvelle année, je vous souhaite, ainsi qu’à vos chers enfants[1], beaucoup de bonheur et de prospérité. Je prierai Dieu tous les jours pour qu’il daigne répandre sur vous ses bienfaits et ses bénédictions. Je n’oublierai jamais la grande bonté et l’attachement fraternel dont vous m’avez donné tant de preuves durant mon séjour en Belgique, ma patrie.

Voici la narration du long et dangereux voyage que je viens d’accomplir. Comme la besogne m’accable, je dois écrire à la hâte, currenle calamo.

Le 17 novembre dernier, jour auquel je vous fis mes adieux, ne s’effacera pas de sitôt de ma mémoire. Le lendemain je rejoignis, à Paris, Mgr Miége avec ses compagnons. Les huit jeunes gens qui m’accompagnaient eurent seulement deux jours pour parcourir cette grande cité, ou plutôt cette foire interminable  ; ils y visitèrent les principaux monuments, les places publiques, les palais  ; puis les jardins de Versailles.

Le 21, nous arrivâmes au Havre, pour nous y embarquer le lendemain. Toute la journée fut employée à rassembler nos caisses, qui se trouvaient dans différents bureaux de la douane, et à faire tous les préparatifs pour notre voyage de mer. Le vapeur américain se trouvait déjà en rade, à deux lieues de la ville  ; un petit remorqueur devait y conduire tous les voyageurs. J’avais quitté pendant une heure mes treize compagnons, pour aller réclamer trois caisses à la douane et les faire transporter directement à bord du bateau à vapeur le Humboldt. À mon arrivée au débarcadère, tous les passagers s’y trouvaient, excepté ma bande. J’envoyai aussitôt à sa recherche une dizaine de personnes qui parcoururent les quais et les rues du Havre, six heures durant, sans obtenir la moindre information. Et l’on était au moment du départ  ! Un gendarme enfin, auquel je m’étais adressé comme à une dernière ressource, et la plus sûre après tout, vint bientôt me tirer d’embarras et me dire que les jeunes messieurs qui me donnaient tant de soucis et d’inquiétude, se trouvaient depuis six heures à bord du Humboldt, et qu’à cause de mon long retard, eux aussi étaient très-inquiets par rapport à moi. Je m’empressai d’aller les rejoindre, et j’arrivai heureusement au moment où l’on allait lever l’ancre pour s’engager dans la haute mer.

Je trouvai, sur le vapeur, des gendarmes qui étaient à la recherche de quelques individus suspects. On disait que ces agents de la sûreté publique avaient reçu les ordres les plus sévères de visiter minutieusement tous les passe-ports. Mes compagnons étaient en règle, un seul excepté, qui était venu me rejoindre à Paris, du consentement de ses parents. Je n’étais pas sans souci à son égard. Notre jeune déserteur, M.M…, s’était déguisé en mousse, ou garçon de cabine, et en jouait parfaitement le rôle : il tenait lui-même la lanterne pour bien éclairer la police, lorsque ces messieurs visitaient les chambrettes et les salons. Tous les passe-ports furent examinés et les voyageurs passés en revue  ; mais les gendarmes ne firent aucune attention au gentil porteur de la lanterne qui se tenait toujours à leur côté, échappant ainsi tranquillement à leurs recherches. Mon inquiétude toutefois pour lui ne cessa que lorsque je vis les messieurs à chapeau claque s’éloigner de notre bord.

Bientôt deux coups de canon annoncent que le Humboldt va partir : les officiers, le pilote, tous les matelots se trouvent à leur poste. Les sifflements de la puissante machine à vapeur se font entendre pour la dernière fois jusque dans l’enceinte de la ville : c’était le signal donné par l’ingénieur. Aussitôt le capitaine commande le départ. Le bateau suit la direction de Southampton et de Cowes, entre l’île de Wight et les côtes d’Angleterre, pour y prendre la malle et les passagers anglais. Ce ne fut que dans la soirée du 23 qu’il fila sur New-York.

Pendant quatorze jours, le Humboldt eut à lutter contre une mer orageuse et un fort vent d’ouest  ; Neptune reçut son tribut accoutumé de tous les nouveaux voyageurs qui avaient osé entreprendre le passage de son vaste domaine. Le plus, malade fut Mgr Miége, car il tint constamment le lit  ; vint ensuite le jeune Fortuné Hègle,[2] qui a l’estomac trop faible pour faire jamais un bon marin  ; cependant la misère neptunienne ne lui fit point perdre courage et le trouva sans un mot de regret d’avoir quitté pour quelques années ses paisibles pénates. Tous les autres s’en tirèrent tant bien que mal. Quant à moi, j’ai tenu bon pendant tout le voyage et je me suis à peine ressenti du mal de mer. Aux vents violents et orageux dont nous eûmes à souffrir, ajoutons que nous courûmes d’autres dangers : la machine à vapeur s’est plusieurs fois dérangée, et à différentes reprises les chaudières menacèrent de nous faire sauter en l’air : le charbon était de mauvaise qualité et commença à manquer le douzième jour de notre voyage. On fut forcé de dévier de la route ordinaire, pour aller chercher un supplément de combustible à Halifax, port de mer de la Nouvelle-Écosse. Cette négligence de la Compagnie du Havre[3] nous a été bien fatale dans ses conséquences.

Dans la matinée du 6 décembre, à la hauteur d’environ quinze milles du port, un pêcheur se présenta à notre bord, en qualité de pilote, et déclara au capitaine, qui lui demandait ses certificats, «  que ses papiers se trouvaient dans sa barque ou bien chez lui.  » Le capitaine le crut sur parole et lui confia la conduite du bateau. Aussitôt, contre l’avis des officiers, le faux pilote changea de direction  ; et malgré leurs remontrances, il persista dans son opiniâtreté. Une heure et demie plus tard, le Humboldt allait échouer contre les dangereux récifs appelés les Sœurs, dans le voisinage de l’île du Diable. Il était six heures et un quart du matin  ; la plupart des passagers se trouvaient encore au lit. Le choc fut terrible. Je me promenais en ce moment sur le pont. Découvrant bientôt de gros débris de bois flottant sur l’eau, je m’empressai d’aller avertir du péril tous mes

compagnons. Je pris le jeune Hègle près de moi et l’y retins aussi longtemps que dura le danger ; j’avais une corde en main pour le descendre dans le premier esquif qui serait lancé à l’eau ; car cet enfant m’avait été confié par son père. Tout le monde s’était levé en sursaut ; l’épouvante et l’effroi avaient gagné tous les cœurs ; en même temps que l’eau entrait dans le navire comme un torrent, le feu s’y déclara. On parvint à l’éteindre, mais non sans de grands efforts, beaucoup de présence d’esprit et une mâle énergie de la part du premier ingénieur du bord. Pour comble de malheur, et comme si tout conspirait à nous perdre, un brouillard s’éleva si épais qu’il nous ôta la vue à trente pas du navire. On employa toute la force de vapeur pour gagner le rivage, qui était encore à une distance de deux lieues ou six milles. Le bateau ne tarda pas à pencher fortement du côté de bâbord[4] où la voie d’eau s’était faite, et il s’enfonça sensiblement. On travaillait à tour de bras pour lancer les chaloupes à l’eau. Sans le sang-froid du capitaine, homme d’un caractère très résolu,[5] il y aurait eu beaucoup de tumulte et de désordre à bord. C’était une lutte à qui descendraient les premiers dans les esquifs et en prendraient possession. Heureusement on n’eut pas besoin de ce moyen de sauvetage. Tandis que la plupart se croyaient perdus, — et j’étais de ce nombre, — le navire flotta de nouveau dans quelques brasses d’eau et s’arrêta bientôt sur un rocher. Nous étions sauvés  !

Immédiatement après notre naufrage, le brouillard se dissipa et nous découvrîmes alors, pour la première fois et à notre joyeuse surprise, que la terre n’était éloignée de nous que d’une centaine de pas. La mer était calme, le vent tombé et le soleil radieux. C’était le retour du beau temps, qui nous avait quittés depuis le Havre  ; il continua de régner jusqu’à notre arrivée au Missouri.

Nous eûmes le bonheur de sauver nos malles, nos sacs dé voyage et toutes nos caisses. La perte du navire, avec une partie de sa cargaison, fut évaluée à près de 3 000 000 de francs.

Plusieurs de nos compagnons de voyage étaient des juifs, des infidèles, et des protestants de toutes les nuances, quelques-uns fortement imbus de préjugés contre notre sainte religion et surtout contre les Jésuites. Aucuns même attribuèrent le désastre maritime qui venait de les frapper, à notre présence sur le Humboldt  ; aussi firent-ils au capitaine la proposition «  de nous forcer à nous éloigner d’eux le plus tôt possible.  » Ils y furent pour leurs frais de mauvaise plaisanterie.

Un bateau à vapeur d’Halifax fut envoyé à notre secours. L’archevêque de cette ville, Mgr Walsh,[6] nous témoigna beaucoup de bonté et d’amitié, et insista pour que l’évêque Miége et moi prissions notre logement chez lui.

Le lendemain, nous eûmes le bonheur de célébrer le saint sacrifice de la Messe dans la cathédrale  ; tous mes compagnons s’approchèrent de la sainte Table, pour rendre grâces à Dieu et à la sainte Vierge de nous avoir sauvés du milieu de tant de périls. De telles circonstances sont bien propres à nous rappeler que nous sommes entre les mains du Seigneur, qui nous protège et nous conserve la vie, ou nous appelle quand il lui plaît devant son tribunal.

Halifax[7] compte environ 25, 000 âmes, dont un tiers sont catholiques. Cette ville a trois églises catholiques, deux couvents et quatre écoles.

Le 8 décembre, jour de l’Immaculée Conception, après avoir célébré la Messe, on vint nous annoncer l’arrivée du Niagara, bateau à vapeur qui fait le service entre Liverpool et Boston, et, à chaque voyage, s’arrête à Halifax pendant deux heures. Tous les passagers du Humboldt se rendirent à bord, et se mêlèrent aux passagers anglais  ; le nombre total des voyageurs dépassait les quatre cents. Nous rencontrâmes sur le Niagara un petit homme, à barbe de bouc, qui s’appelait Francisque Tapon, du pays des Chez-nous, nouvel apôtre, envoyé pour illuminer l’univers  ! Francisque se déclarait l’ennemi juré de toute religion, mais surtout du Pape et des Jésuites. En quittant Liverpool, il avait dit tout haut, «  qu’il tuerait le premier Jésuite qu’il rencontrerait sur le sol américain.  » Il fut, en effet, pendant plusieurs jours, si violent dans ses gestes et dans son langage que le capitaine, par prudence, lui avait fait déposer une carabine, des pistolets et des poignards dont le drôle était porteur. J’appris ces détails en prenant nos places sur le Niagara. Je conseillai à mes jeunes compagnons d’éviter M. Tapon, et de ne prêter aucune attention à ses dires. Il proclama bientôt le programme de son nouvel évangile, «  qui devait succéder, selon lui, à toutes les religions.  » Ceux qui l’entendaient haussaient les épaules, et se disaient tout bas : «  Cet homme est fou.  » En débarquant à Boston, il se fit plusieurs ablutions, au grand amusement de tout le monde, déclarant «  qu’il se lavait des dernières ordures de l’Europe  !   » M. Tapon gagna la ville, et nous le perdîmes heureusement de vue.

C’est un fanatique de plus dans ce pays, qui en a déjà reçu par milliers de toutes les contrées de l’Europe. L’Amérique s’en ressent déjà : ces individus commencent à se remuer, à parler, à vouloir changer la Constitution de la grande république, et faire des États-Unis un pays de proscription, surtout contre les catholiques. Les meurtres, les incendies d’églises, les persécutions contre les prêtres, et bien d’autres maux se multiplient. C’en est fait de la liberté si le radicalisme européen prévaut sur le sol de l’Union. Nul pays au monde ne saurait offrir autant de succès aux radicaux, et l’on craint avec raison que cette belle confédération, si heureuse d’abord, ne soit transformée bientôt, par les trames et les menées des libertins et des démagogues européens, en une arène de divisions, qui causeraient sa ruine. Déjà les noms de liberté, de droits du peuple, deviennent synonymes de crime, de violence, et cette transformation liberticide désole les citoyens honnêtes, probes et sensés.

Mais revenons à notre sujet. Toute la journée du 29 fut belle et notre traversée heureuse d’Halifax à Boston, où nous abordâmes la nuit. Nos Pères nous y reçurent à bras ouverts  ; leur bonté et leur charité extraordinaires furent partagées par tous leurs paroissiens. J’ajouterai, à la louange surtout de la fervente congrégation allemande, desservie également par les Jésuites, que pendant le séjour de notre bande voyageuse à Boston,[8] on chargea notre table de volailles choisies, de légumes, de gâteaux et de fruits.

Boston a une population catholique de 75,000 âmes.[9] Les Sœurs de Notre-Dame de Namur y ont des écoles très-florissantes et y font un bien immense ; leurs établissements font vraiment merveille en Amérique ; aussi demande-t-on ces excellentes institutrices de tous côtés, surtout dans les grandes villes. Ces bonnes Sœurs instruisent, à Cincinnati, au delà de 5, 000 enfants.

J’ai accompagné, jusqu’à New-York, le jeune Fortuné Hègle, qui avait été confié spécialement à mes soins  ; je l’ai placé, selon le désir de ses parents, au collège de nos Pères, à Fordham. On ne saurait se former une idée de l’augmentation rapide et merveilleuse de New-York, cette grande métropole des États-Unis, sous le rapport du commerce et de la population. Le nombre de ses habitants dépasse déjà 700, 000  ; ils sont les descendants et les représentants de toutes les nations de la terre. Le nombre des catholiques est de près de 200, 000[10].

J’étais de retour à Boston le 14. Le lendemain, dans la matinée, je quittai la ville avec tous mes compagnons, déjà bien remis des fatigues et des inquiétudes éprouvées dans la traversée de l’Atlantique. Ils ne pouvaient revenir de leur étonnement de tout ce qu’ils avaient vu et observé dans cette cité, appelée l’Athènes de l’Amérique.

Nous nous risquâmes sur le chemin de fer par Buffalo, Érié, Cleveland et Columbus jusqu’à Cincinnati, ce qui représente une distance d’environ 770 milles anglais, parcourus en cinquante-deux heures, y compris tous les retards éprouvés aux stations. On change six fois de voiture dans ce trajet. Ne vous étonnez pas que je me serve du mot risquer  ; car les accidents sur toutes les voies ferrées sont très-fréquents et vraiment épouvantables. Aujourd’hui, c’est un pont qu’on a laissé ouvert  ; un ingénieur étourdi, ivre peut-être, ne fait attention à rien, machine et chars se précipitent dans le gouffre  ; le lendemain, ce sont deux trains lancés à toute vapeur sur la même voie, dans une direction opposée. En un mot, il y a ici des malheurs de tous genres. Quand ils ont eu lieu, on donne, dans les feuilles, la liste souvent très considérable des morts et des blessés, on fait une enquête, et, quelques jours après, à peine si l’on en parle encore  !

À Cincinnati,[11] nos Pères étaient au comble de la joie de nous voir arriver avec treize nouveaux et jeunes compagnons, remplis d’un zèle ardent pour travailler dans la vigne du Seigneur. À mesure que je m’approchais de Saint-Louis, je respirais plus librement  ; mes inquiétudes, occasionnées par les dangers du voyage, se dissipaient les unes après les autres  ; je n’avais plus qu’un pas à faire pour être à destination. Toutefois ce pas. mesure 700 milles, dont 530 étaient à parcourir sur l’Ohio et 170 sur le Mississipi. Or ces deux fleuves enregistrent aussi chaque année une très-longue liste d’accidents, suivis ou accompagnés d’un nombre effrayant de victimes. Nous nous embarquâmes sur l’Ohio le 20, en bateau à vapeur, et le lendemain nous fûmes les hôtes de nos Pères à Louisville[12] dans le Kentucky. Le 22, nous continuâmes la descente de la rivière sans rencontrer le moindre obstacle jusqu’à l’embouchure.

Mes compagnons admiraient sans cesse les superbes paysages et les magnifiques vues qui se présentaient, à chaque instant, sur les deux rives de cette belle rivière ; c’est une chaîne de coteaux pittoresques, riches, bien cultivés et garnis de grandes fermes, une succession de villes florissantes et de beaux villages.

Le Mississipi est plus dangereux que l’Ohio. Pour y naviguer il faut, surtout en hiver, prendre beaucoup de précautions, car alors le fleuve est bas, rempli de bancs de sable, de chicots, et il charrie une masse de glaçons. Plusieurs fois nous nous trouvâmes dans le plus grand danger : à trois reprises différentes, notre bateau à vapeur talonna avec tant de force qu’on le croyait perdu. Dans le trajet, nous vîmes les débris de cinq grands bateaux, récemment échoués et mis en pièces. Cinq religieux Lazaristes, passagers comme nous du Humboldt, nous devancèrent de quelques jours à Saint-Louis, après avoir fait une seconde fois naufrage, ayant l’eau jusqu’au cou. Enfin, le 26 nous arrivâmes sains et saufs à l’université de Saint-Louis. Je ne pourrais vous exprimer les sentiments de joie que j’éprouvai en me trouvant avec tous mes compagnons au terme de ma longue course au milieu de mes frères en Jésus-Christ. Une heure après notre arrivée, j’eus le bonheur d’offrir le saint sacrifice de la Messe en actions de grâces pour la protection et les bienfaits que nous avions reçus du Ciel durant le voyage de Gand à Saint-Louis. Veuillez me croire,

Mes très-chers frères,
Votre tout dévoué frère

P. J. De Smet, S. J.
  1. Cette lettre a été écrite par le R. P. De Smet à MM. Charles et François, ses frères. M. Charles De Smet est mort à Grembergen-lez-Termonde au mois de novembre 1860, à l’âge de 61 ans. Il était conseiller à la cour d’appel de Gand, ancien président du tribunal de 1re instance de Termonde. Ancien vice-président du conseil provincial de la Flandre orientale, chevalier de l’ordre de Léopold. Le pieux missionnaire se trouvait en Belgique lors du décès de son frère et eut la consolation de l’assister à ses derniers moments. M. François De Smet a rempli pendant de longues années les fonctions de juge de paix à Gand, où il habite aujourd’hui, magistrat pensionné en retraite. (Note de la présente édition.)
  2. M. Hègle, père de ce jeune compagnon de voyage du R. P. De Smet, était alors propriétaire, à Bruxelles, d’un grand établissement industriel connu sous le nom de Manufacture royale de gants. Le fils Hègle se rendait aux États-Unis pour y achever ses études commerciales. (Note de la présente édition.)
  3. Le Havre, autrefois le Havre de Grâce, ville et port de France (Seine inférieure), chef-lieu d’arrondissement, préfecture maritime et place forte, est situé sur la rive droite de la Seine à son embouchure dans la Manche, à 178 kilomètres N. O. de Paris (213 kil. par Rouen). La ville du Havre est toute moderne. Au XVe siècle on voyait sur son emplacement deux tours que les Anglais prirent sous Charles VII. François Ier jeta les premiers fondements de la ville, qu’il voulut appeler de son nom Franciscopolis ; mais une antique chapelle de Notre-Dame de Grâce, située près de là, fit oublier ce premier nom. En 1562, la trahison des protestants livra le Havre aux Anglais  ; mais il fut repris en 1564. Sous Louis XIV, il devint le siège de la compagnie des Indes  ; en 1694, les Anglais le bombardèrent, mais sans y faire de notables dommages. — Il fut encore bombardé par eux en 1759. Patrie, entre autres célébrités, de Bernardin de Saint-Pierre et de Casimir Delavigne  ; des statues leur ont été érigées près du musée. — (Grégoire, Dict. Encyclop.) (Note de la présente édition.)
  4. Bâbord, le côté gauche d’un bâtiment, en partant de la poupe, opposé à tribord, le côté droit, (Note de la présenté édit.)
  5. Il se nommait Lyons. Le Humboldt appartenait à la compagnie américaine Livingstone. — Chose étonnante, les Américains malgré plusieurs essais n’ont jamais réussi à maintenir une ligne de steamers transatlantiques. Aujourd’hui même, que nous sachions, ils n’ont pas de ligne de bateaux à vapeur qui fasse le service régulier entre l’Europe et les États-Unis. (Note de la présente édition.)
  6. Mgr Walsh, prêtre irlandais de l’archidiocèse de Dublin, aussi distingué par son zèle que par sa science, fut nommé d’abord coadjuteur de Mgr Frazer, vicaire apostolique de la Nouvelle-Écosse et du Cap Breton. Il devint plus tard, en 1845, évêque d’Halifax, et, en 1852, archevêque du même siège. — Il eut pour successeur, au mois d’avril 1859, Mgr Thomas Louis Connollv, Irlandais, qui avait été consacré évêque de Saint-Jean (Nouveau-Brunswick) en 1852. (Note de la présente édit.)
  7. Halifax, ville de l’Amérique anglaise, chef-lieu de la Nouvelle-Écosse, sur l’Atlantique, au fond de la Baie de Chiboudou, par 44° 39’26 lat. Nord, 65° 58’12" long. Ouest. Port vaste et bien défendu, l’un des plus beaux du monde. Relâche très-fréquentée par les bâtiments qui font le voyage d’Europe en Amérique. Elle compte aujourd’hui environ 35, 000 habitants. (Note de la présente édition.)
  8. Boston, grande et belle ville, capitale de l’État de Massachusetts, est située par 42° 22' 11" lat. Nord et 73° 19' 20" long. Ouest, sur une presqu’île montueuse, à l’embouchure du Charles-River dans la baie de Massachusetts, à 700 kil. N. E. de Washington. — Archevêché catholique et superbe cathédrale. Le port est excellent, bien fortifié et peut contenir 500 navires. — Service régulier de paquebots, pour l’Angleterre. — Boston est célèbre par ses établissements littéraires, scientifiques, d’instruction ; son observatoire, ses nombreux journaux ; Université d’Harvard, à Cambridge, près de la ville. – Population 180,000 habitants et avec les localités voisines, situées sur la baie et reliées à Boston par sept ponts d’une longueur extraordinaire, 256,000 habitants. — Boston fondée en 1630 par des puritains de Boston en Angleterre, donna le signal du soulèvement contre la métropole en 1773 ; elle fut prise par Washington en 1776. — Patrie de Franklin. (Note de la présente édition.)
  9. Elle dépasse les 100,000 aujourd’hui.
  10. En 1870, la population de New-York était de 942, 541 habitants. — Elle dépasse notablement ce chiffre aujourd’hui. — On y compte plus de 500, 000 catholiques. (Note de la présente édition.)
  11. Cincinnati, ville très-importante de l’État d’Ohio, sur la rive droite de la rivière du même nom, beau port  ; grand Centre de commerce. Sa situation et sa prospérité lui ont fait donner le surnom de reine de l’Ouest  ; — 190 000 habitants — archevêché catholique — collège  ; écoles de médecine, de droit, d’arts et métiers  ; observatoire. Hôtel des invalides. Quartier général de la division militaire de l’Union. (Note de la présente édition.)
  12. Louisville, ville, de 70,000 habitants sur l’Ohio. Évêché, catholique. — Nombreux hospices et établissements de charité. — En face sont les chutes de l’Ohio, que l’on évite par le beau canal de Louisville. — Portland. — Grand commerce de viande salée. — Fonderies, minoteries. (Note de la présente édition.)