Lettres à Herzen et Ogareff/À un inconnu (19-11-1862)
Je profite de la nouvelle adresse que m’a donnée M. Ch. Mitchell Grant, pour vous prier, en premier lieu, de remettre la lettre ci-jointe à ma femme Antonia Xavérievna, dans le cas où elle serait encore à Irkoutsk. En cas d’absence, veuillez l’envoyer à Julia Mikhaïlovna ou à Sophia Xavérievna Kwiatkovska. À partir de demain, je vous expédierai la Cloche à cette même adresse.
Mon adresse par Pékin :
C’est clair. Écrivez-moi donc plus souvent. Vous trouverez en moi un correspondant et un commissionnaire très exact. Si possible, donnez-moi des nouvelles de ma pauvre femme, car, loin d’elle, mon cœur se consume de chagrin. Écrivez-moi toujours, ne fût-ce que pour m’informer que mes envois vous arrivent bien, sans quoi je n’aurais plus le courage de continuer à vous les expédier. Je vous envoie cette lettre en me conformant à vos ordres et j’en ferai autant pour les journaux, les livres et les brochures. Je vous les enverrai en gros paquets, si vous le voulez, à l’adresse de la maison Lane Crawfort et Cie à Tien-Tsin, avec prière de les transmettre à M. N. N…, et, dans le cas où il aurait quitté la ville, par l’ambassade russe à Pékin. C’est à vous, alors, de juger si cette adresse est bonne ; sinon, rectifiez-la et écrivez-la bien lisible. C’est à vous encore qu’il appartient de charger M. X… de régler les comptes avec la maison Lane Crawfort et Cie pour les frais de transport. Ici nous cherchons à faire, non seulement toutes les économies possibles, mais, comme vous allez le voir dans la Cloche, nous nous cotisons de plus pour la « cause russe » ; le produit de ces cotisations sera versé dans la caisse de nos « fonds » à Londres.
Maintenant, cette affaire marche à toute vapeur, et de la théorie pure, elle va passer dans le domaine des solutions pratiques…
Vous autres, en Sibérie, vous êtes richissimes ; amassez-donc de l’argent et envoyez-le nous directement à la caisse des « fonds » ou, si vous aimez mieux, à l’adresse ci-jointe. De mon côté, peu à peu, je vous ferai parvenir des choses très intéressantes.
Salut amical à tous ceux qui ont gardé souvenir de moi et qui m’aiment comme par le passé.
Nota. — Évidemment, cette lettre ne fut pas expédiée à destination, car nous la trouvons en original (Drag.).