Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Je ne me consolerois pas… »)


LXXVIII. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

Je ne me consolerois pas, Madame, du dérèglement de votre visite, si je ne croyois que la maison de M. le duc de Richemond vous aura fait perdre la vilaine idée de la mienne. Comment est-ce qu’un homme infecté des ordures de ses chiens et des siennes, peut être souffert par deux malades de propreté ? Je crains plus encore M. Villiers que vous : cependant, Madame, j’ai été ravi de le voir, étant assuré que M. Milon ne vous suivoit pas, avec l’exhortation funeste dont il me menace depuis longtemps : je lui en prépare une pour bien vivre, qui vaudra du moins celle qu’il me fera pour bien mourir. J’admire la discrétion de mes chiens : eux qui dévorent tout le monde, ne vous ont approchée que pour vous rendre leurs respects : je les avois instruits, et c’étoient plutôt les miens que les leurs, qu’ils vous rendoient.