Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« Je n’ai rien oublié pour chercher… »)


LXXXI. Billet à la duchesse Mazarin, 1696.


BILLET À LA MÊME.
(1696.)

Je n’ai rien oublié pour chercher Paisible, et lui faire savoir vos volontés. Le hasard a plus fait que mes soins et mes diligences : je l’ai rencontré, et lui ai dit ce que vous désiriez de ce grand et paresseux musicien. Il m’ a dit qu’il ne souhaitoit rien davantage que les occasions de vous pouvoir témoigner son obéissance, avec des manières qui sentent un homme bien nourri, comme on dit en Espagne, et des termes qu’il peut avoir appris dans sa petite bibliothèque. Le résultat, c’est qu’il va aux bains dans peu de jours, et qu’à son retour, il n’oubliera rien pour vous consoler de la perte de votre Boulé.

Votre absence fait crier milord d’Arran1, et plaindre M. Villiers. Sir Robert Thorold, plus judicieux, après m’avoir témoigné son déplaisir de n’avoir pas l’honneur de vous avoir, m’a dit qu’il avoit un excellent jambon et de très-bon vin ; qu’il souhaiteroit que vous lui fissiez l’honneur de dîner chez lui, avec les gens que vous nommeriez, et telle cour qu’il vous plairoit. J’ai plus estimé cela que les cris et les plaintes, qui ne peuvent pas être plus grandes qu’elles sont sur votre absence ; mais cela verba et voces, voix et paroles. Sir Robert est essentiel. Hasta.


NOTES DE L’ÉDITEUR

1. Plus tard duc d’Hamilton.