Lettre de Saint-Évremond à la duchesse Mazarin (« J’attendois à vous écrire que la poste fût arrivée… »)


LXXV. Billet à la duchesse Mazarin.


À LA MÊME.

J’attendois à vous écrire que la poste fût arrivée, pour vous mander quelque nouvelle : mon impatience ne peut souffrir aucun retardement ; il faut que j’apprenne des nouvelles de votre santé par vous-même. Je n’ai pu commencer ma lettre, comme les anciens commençoient les leurs : Si vous vous portez bien, je me porte bien. Le bon état où vous êtes peut bien me soulager dans le méchant où je suis ; mais qu’il ait la vertu de me donner autant de santé que vous en avez,

Ah ! c’est une influence,
Bel astre de mes jours,
Dont mon expérience
Ignore le secours.
Vous voir à table et vous entendre,
A quelque chose de bien doux ;
C’est le plus grand plaisir de tous,
Au moins de ceux que je puis prendre :
Mais ayez à votre logis
Plus de vin, et moins d’eau d’anis.