Les tendres épigrammes de Cydno la Lesbienne/55

(pseudonyme)
Traduction par Ibykos de Rhodes (pseudonyme).
Bibliothèque des curieux (p. 147-148).


LV

MON ROSSIGNOL


J’avais, au kiosque de la Lecture, un rossignol de Chine, aveugle, qui chantait miraculeusement dans sa cage d’ébène aux barreaux d’or.

Il se distingue par son plumage vert olive, pointillé de jaune et de rouge, son bec de pourpre et ses grands yeux.

Hélas ! Cette petite sotte de Naïs a laissé la cage dehors, pendant la nuit, et une rivale que j’ai devinée tout de suite m’a ravi mon cher musicien.

Mon pressentiment ne m’avait pas trompée : ce matin, j’ai entendu mon rossignol qui chantait dans la cour de la méchante Koris.

C’est bien lui : j’ai reconnu sa voix.

J’allais m’élancer, mais l’orgueil m’a retenue : Cydno ne peut adresser une parole, même injurieuse, à une Koris.

Bah ! La jalousie est industrieuse. Je trouverai, dès ce soir, une ruse qui ramènera mon rossignol dans le kiosque où je médite les fragments de Sapphô.