Revue L'Oiseau bleu (1p. 169-185).

IX. — DEUX LETTRES


En entrant dans sa chambre, à l’hôtel Rasco, un soir orageux de juillet, Olivier Précourt vit venir au-devant de lui le petit Michel. L’enfant avait l’air joyeux.

— Qu’est-ce qui se passe, Michel ? Tu as l’air tout chose.

— Monsieur Olivier, il y a beaucoup de lettres qui vous attendent. Vous allez être content.

— Je l’espère, mon petit.

Quel changement dans l’attitude et les manières du petit orphelin qu’Olivier avait adopté quelques semaines auparavant. Vêtu avec une certaine élégance, il savait maintenant se présenter dans les réunions organisées par son protecteur. Il souriait et parlait peu. Discret par nature, il évitait avec adresse les questions qu’on lui posait sur les agissements des patriotes dont il était entouré. Il observait, par contre, avec une constance et une perspicacité étonnantes pour son âge. Les rendez-vous d’Olivier Précourt et de la belle Mathilde Perreault, de « la princesse », comme l’enfant continuait de l’appeler, n’avaient pas de plus sûr gardien que lui. Plusieurs fois, il avait averti les amoureux de l’approche ou du père de la fiancée, ou d’un ami de son protecteur. Olivier disparaissait alors, et le petit garçon s’approchait de la jeune fille, dont il rassemblait les divers objets ou qu’il aidait à remonter à cheval. M. Perrault avait un jour questionné sa fille sur ce garçonnet qu’il apercevait souvent auprès d’elle. Mathilde avait haussé les épaules et appris à son père que les cousins Précourt envoyaient leurs messages par cet enfant qu’ils avaient presque adopté, vraiment. À son père, qui s’étonnait avec ironie de la fréquence des messages des parents de Saint-Denis, la jeune fille répliquait encore qu’elle n’y pouvait rien, pas plus lorsqu’il s’agissait des mots de ses cousins que de ceux que lui adressait, fréquemment aussi, le lieutenant Herbert Walker, qui se servait, lui, de son ordonnance. Cette allusion de la jeune fille à l’officier anglais dont la cour persistait, nonobstant le froid accueil qu’il recevait, avait réduit M. Perrault au silence. Pouvait-il risquer que l’indifférence de sa fille envers le jeune homme se changeât en aversion ? Il comptait d’ailleurs sur l’éloignement prochain du petit cousin des bords du Richelieu. Marie Précourt retournait à Saint-Denis, pour sa part, au début de juillet. Il serait alors plus délicat pour le jeune homme d’être assidu auprès de sa fille. Oui, un peu de patience, et il reprendrait son ascendant sur l’esprit de Mathilde qui finirait bien par épouser l’homme choisi par son père.

Conduit par Michel qui lui racontait les incidents de la journée, Olivier Précourt, qui était absent depuis la veille, l’écoutait d’un air distrait.

— Michel, dit soudain Olivier, as-tu aperçu ma fiancée aujourd’hui ?

— Oui, j’ai vu la princesse qui se promenait à cheval cet après-midi.

— Seule ?

— Non. Et l’enfant baissa la tête.

— Le lieutenant Walker l’accompagnait ?

— Son ordonnance aussi.

— Bien.

— La princesse avait l’air tout triste, reprit Michel. Vous ne lui avez pas écrit avant votre départ. C’est mal, monsieur Olivier.

— De quoi te mêles-tu, mon petit, voyons ? Puis, tu sais bien qu’il faut dépister les soupçons de M. Perrault…

— Pourquoi n’enlevez-vous pas la princesse comme dans les contes de fées ?

— Ton moyen est un peu extrême et fort dangereux depuis longtemps, reprit en riant Olivier. Bon petit Michel, continua-t-il, en frappant sur l’épaule de l’enfant, je crois que je puis compter sur toi quand il s’agit de mon bonheur.

— Oh ! oui. Mais que faire pour vous le prouver ?

— Enfant, la vie a parfois d’étranges retours. Qui sait si tu ne me rendras pas au centuple le bien que je te fais en ce moment ?

Rêveur et lointain, le jeune homme, tout en parlant, ouvrait la porte de sa chambre.

Sur la table, il aperçut, en effet, plusieurs missives scellées. Deux d’entre elles portaient, sur le cachet blanc de la poste, le nom de Saint-Denis.

— Il y a des nouvelles du Richelieu, vous le voyez, monsieur Olivier ?

— Oui. Et même, regarde cette lettre ! C’est le Dr  Duvert qui l’a écrite. Il te regrette, peut-être.

— Il était si bon pour moi, M. le docteur… Je le regretterais aussi, moi, mais…

— Mais quoi ? demanda Olivier, qui s’installait dans son fauteuil, puis prenait une de ses pipes favorites que lui tendait Michel.

— Auprès de vous, voyez-vous, qui êtes un patriote aussi fameux que M. Ovide Perrault, ou que M. Édouard Rodier, c’est impossible que j’aie des regrets, impossible…

— Alors, nous sommes heureux, mon petit Michel ?

— Oui, oui.

— À tes devoirs, alors. Je vais prendre connaissance de toute cette correspondance.

— Vous ne descendez pas souper ?

— Un ami s’est occupé, tout à l’heure, de me faire donner un bon repas. Ne t’inquiète pas.

— Tant mieux.

— Oui, le cousin que tu renies, Rodolphe Desrivières, ajouta en souriant Olivier, m’a régalé comme un roi.

— M. Olivier, je ne le renie pas, vous le savez bien. J’obéis à ma pauvre maman qui m’a dit de me taire là-dessus. Toujours !

— Tu le mystifies, ce bon Rodolphe. Il retrouve en toi je ne sais quel aïeul… Il me faut, chaque fois, le convaincre qu’il doit se tromper sur cette prétendue ressemblance.

— Il me plaît, votre ami. Mais je ne parlerai jamais, jamais, de mes parents avec lui, reprit l’enfant de son petit ton décidé.

— Drôle de petit bonhomme ! Enfin… on verra. Michel, ce que l’avenir tirera de ton obstination. Allons, occupons-nous chacun de notre côté.

Olivier disposa d’abord des lettres des indifférents. Puis, il lut les deux pages que lui adressait le docteur Duvert. « L’effervescence populaire montait, montait, apprenait le docteur. » Toute la vallée du Richelieu s’enflammait peu à peu. La proclamation de lord Gosford et l’ordre de milice du 21 juin, qui amenaient tant de démissions d’officiers et de juges de paix, étaient commentés avec force injures et menaces. « Vous trouveriez aussi, si vous étiez ici, continuait le docteur, une certaine organisation de forces pseudo-militaires dans presque chacun de nos villages. La jeunesse, Olivier, la jeunesse surtout, clame sa révolte bien haut. À quoi pense donc lord Gosford de prendre de telles mesures prohibitives ? Puis, pourquoi ne songe-t-il pas à convoquer les chambres au plus tôt ? On y verrait plus clair. »


Pour moi ?… fit le garçonnet, étonné.

Olivier sourit en repliant la lettre du paisible docteur. Que ne se souvenait-il du proverbe, expressif et si vrai : « Qui sème le vent récolte la tempête. » N’y avait-il pas assez longtemps que le Canada français endurait l’insolence des colons anglais ; que la Grande-Bretagne, trompée par ceux-ci, accablait de vexations et d’injustices les pauvres vaincus de 1760 ? « Nous ne sommes pas devenus, j’espère, un peuple de lâches et d’esclaves, » se répétait Olivier Précourt, dont les mains se serraient.

Puis, sa physionomie rageuse changea. Un peu d’attendrissement parut dans ses yeux, tandis qu’il brisait le cachet de la lettre que lui envoyait sa grand’mère. Deux feuillets s’en détachèrent. Ils étaient couverts d’une grosse écriture. Olivier s’en amusa. Les deux feuilles étaient signées par la petite Josephte et l’une portait le nom de Michel Authier.

— Michel, fit-il, il y a un mot pour toi. Viens le prendre. Vite !

— Pour moi ? fit le garçonnet, étonné.

— Josephte ne l’oublie pas. C’est elle qui t’en assure sur cette feuille.

— Merci, monsieur. C’est la première fois de ma vie que je reçois une lettre. Comme ça fait plaisir ! Le cœur me bat.

— Parce que tu reçois une lettre, ou parce que cette lettre est de Josephte ? fit Olivier, taquin.

— Je ne sais pas, monsieur. Tout cela est si nouveau pour moi. C’est égal, votre sœur est bien gentille d’avoir pensé à écrire à un petit pauvre comme moi.

— Michel ! reproche Olivier.

— Ne vous fâchez pas, monsieur, mais vous le savez bien que je ne suis qu’un orphelin abandonné et sans un sou qui vaille… Mais ne me regardez pas ainsi, je ne suis pas malheureux, allez, de tout vous devoir, tout, tout, tout, continua plus bas l’enfant, bien ému.

— Michel, si tu reparles encore de ces choses, et sur ce ton, je te mets à la porte de mon appartement. Et tu y reviendras… tard, je t’en réponds.

— Bien, monsieur, je me tais…

— Lis ta lettre, petit fou. Josephte sera mécontente d’apprendre ton peu d’empressement à l’égard de son mot.

Le silence régna de nouveau dans la chambre.

Et voici la lettre qu’Olivier Précourt recevait de la grand’maman qu’il chérissait et vénérait à l’égal de Mathilde :

« Mon cher enfant,

« Je suis un peu déçue. Il me semble que tu aurais dû revenir avec Marie, qui m’est arrivée hier de Montréal. Tu aurais pu retourner tout de suite, d’ailleurs, et si facilement. Ne sommes-nous pas dans la belle saison ? Non que ta sœur ait manqué de compagnes de voyage : Madame de Saint-Ours et les filles de M. Debartzch prenaient le même bateau qu’elle. Ce que tu savais, sans doute.

« Marie est satisfaite de son voyage. Les Perrault ont été charmants pour elle. Il y a eu plusieurs réunions pour la jeunesse, nonobstant le trouble des esprits, que les événements politiques n’entretiennent que trop. Octave Perrault est, paraît-il, sans pitié pour les patriotes. Marie croit qu’il a retenu de gros mots à leur adresse à cause de sa présence. Tu n’es pas épargné par le cousin qui me blâme, paraît-il, en outre, de ne pas te mettre mieux à la raison. Comme si je pouvais demander à mon grand de me sacrifier toutes ses convictions… Si tu es sincère, et tu l’es, je n’en doute pas, que puis-je contre l’indignation de ton cœur révolté… hélas ! avec raison ? Évidemment, je te voudrais moins belliqueux, plus accessible au froid raisonnement d’un LaFontaine, qui aime ardemment son pays, lui aussi. Mais la fougueuse éloquence de M. Papineau t’aveugle. Je le voudrais moins bel orateur et plus juriste, ce grand homme, du moins en ce moment.

« Lorsque j’ai demandé à Marie si Mathilde semblait contrariée de la mauvaise humeur de son père envers toi, elle a haussé les épaules. « Vous vous doutez bien, grand’mère, que Mathilde, à cause de cela, est triste plus souvent qu’à son tour. Elle doit recevoir dans son salon, et très souvent, un officier anglais, qui ne lui plaît pas, et, très rarement, un cousin qu’elle aime… Oh ! c’est plus que visible : Olivier est l’homme de son cœur. Je les ai accompagnés dans de petites promenades sentimentales et clandestines assez souvent pour en juger. Même, je soupçonne certaines choses… Il y a, figurez-vous, à l’annulaire de Mathilde un anneau d’or que j’ai vu souvent au doigt d’Olivier. Je n’ai rien demandé. À quoi bon ? Mon cher frère ne me répondrait pas, et Mathilde de façon si vague… Puis, qu’est-ce que mes paroles de blâme pourraient bien leur faire ? Car je les blâme, grand’mère. Le moment est mal choisi d’engager sa parole, surtout pour Olivier, qui se compromet de plus en plus aux yeux du cousin Octave, en ne recherchant que la compagnie des patriotes les plus avancés : Charles-Ovide Perrault, Robert Nelson, Rodolphe Desrivières, le Dr  Gauvin et combien d’autres encore… Oh ! je sais, moi, que ce n’est pas leur influence qui rend Olivier extrémiste en politique, car il pourrait leur en remontrer là-dessus, n’est-ce pas ? D’ailleurs, ils sont tous d’extraordinaires amoureux, malgré cela, ces patriotes. Avec eux, la politique et l’amour marchent de front : Louis Perrault se marie avec Marguerite Roy, le 15 août prochain ; Ovide, son frère, se marie lui aussi dans quinze jours, avec Mathilde Roy, aussi inconséquente, cette Mathilde, que notre cousine. Car, enfin, comme le clame en maugréant le cousin Perrault, « il y a de la poudre dans l’air partout dans le Bas-Canada par la faute de MM. Papineau, Nelson et autres orateurs ou meneurs populaires… Il a raison, il a raison ! »

« Tu vois que Marie m’a fait beaucoup de confidences à ton sujet. Je ne sais que penser. Si je n’avais confiance en ton jugement, je m’étonnerais de te voir t’engager secrètement avec Mathilde. Tu me connais. Je n’approuve pas des fiançailles à l’insu des parents. Rien ne pressait, il me semble. À moins que ce jeune Anglais n’ait été susceptible de gagner, par sa cour empressée, les faveurs de Mathilde. Ce dont je doute. Puis, as-tu songé à la colère assez justifiée de son père lorsqu’il apprendra votre conduite indélicate à son égard ?… Je t’en prie, Olivier, rassure-moi. Si tu as échangé des promesses sérieuses avec Mathilde, ne la contrains pas de les suivre jusqu’au bout. Le respect dû aux parents ne doit pas être lettre morte, ni pour toi, ni pour elle. Si, comme je l’espère, tu n’es pas allé si loin, essaie de mettre de la mesure en tout, pour ne pas déplaire de façon irrévocable au père de ta cousine. Sois, patriote, c’est très bien, mais sans y mettre cette passion qui te porte à parler avec trop de véhémence, ici et là, aux côtés de MM. Rodier et Perrault. Sois amoureux, cela aussi c’est dans l’ordre, mais sans rien exiger d’un cœur de jeune fille prêt à se donner, à se dévouer surtout jusqu’aux plus pénibles sacrifices.

« Pardonne-moi de prêcher, mon grand. Parlons maintenant d’autre chose. Je suis très contente que tu te sois chargé de l’avenir de Michel, ce petit protégé de l’abbé Chartier, de Saint-Benoît. Tu accomplis ce que ta grand’mère aurait voulu faire. Et c’est bien ce que j’ai écrit à M. le curé de Saint-Benoît tout à l’heure. Va-t-il en être heureux ! Notre petite Josephte a battu des mains à la nouvelle de tes projets charitables, malgré les mots dédaigneux de sa sœur… moins enthousiaste ! La pauvre Marie possède un orgueil de caste qui ne s’améliore guère. Elle projette un voyage aux États-Unis, cet automne. Je ne m’y opposerai point. Il règne ici une telle effervescence qu’il pourrait bien surgir quelques ennuis graves pour nous… Tu sais qu’elle n’est guère patriote.

« Josephte t’envoie un mot d’affection. Elle n’oublie pas le petit Michel qui vous plaît tant à tous deux que je suis bien obligée de faire comme vous. Je t’attends, mon enfant, dans la semaine qui suivra le mariage du brillant Charles-Ovide Perrault. Tout le monde le prise, je le vois, dans la vallée du Richelieu, comme dans l’île de Montréal et ailleurs.

« Ne t’inquiète pas trop de ma santé. Le cœur ne bat pas comme à vingt ans… mais qu’importe puisqu’il peut encore très bien battre pour vous, pour vous seuls, mes petits-enfants. Avec les baisers de

GRAND’MÈRE
« Saint-Denis-sur-Richelieu, 6 juillet 1837. »


Olivier avait un pli soucieux au front en repliant la lettre de sa grand’mère. Les blâmes qu’elle lui infligeait, avec une douceur aussi affectueuse que pénétrante, le troublaient. Pauvre Mathilde !… Il avait exigé beaucoup d’elle, en effet, dans sa crainte d’un rival… peu dangereux, en somme. Sans doute, il eût préféré parler de son amour unique pour Mathilde d’abord avec le cousin Perrault. Il l’aurait prié, supplié de consentir à des fiançailles immédiates. Mais il était si sûr d’aller au-devant d’un échec qu’il n’avait pas osé. Ah ! si sa grand’mère avait vu l’enthousiasme du cousin pour ce prétendant qui avait nom Herbert Walker, lieutenant de Sa Majesté le roi d’Angleterre, elle aurait excusé le geste imprudent de son petit-fils, au lendemain d’une terrible nuit d’angoisse.

« Geste imprudent ? Non, non, se disait Olivier, mais bien décision spontanée d’un cœur qui ne veut pas perdre un trésor sans prix. Puis… se répétait aussi Olivier, notre secret nous laisse de la latitude. Je ne le trahirai jamais le premier. Quant à Mathilde, et je le lui dirai demain, elle en usera en toute liberté… Ainsi, conclut Olivier, dont le front se rassérénait, tout n’est pas aussi grave que l’écrit ou le craint grand’mère. Je suis prêt, sans doute, à verser jusqu’à la dernière goutte de mon sang pour que mon pays retrouve sa liberté, et alors Mathilde, si je meurs, redeviendrait libre… Mais, moi vivant, personne, non personne, ne me l’enlèvera. Ah ! ah ! Grand’mère ne m’a pas encore entendu sur tous ces événements. Je serai près d’elle au mois d’août. Je la convaincrai bien de l’opportunité du geste qu’elle me reproche. »

La lettre de la petite Josephte fit rire beaucoup le jeune homme. Elle le toucha aussi. Voici ce que lui disait entre autres la fillette qu’il adorait :

« Tu sé, l’autre jour, jé vu Marie Laçasse et bien dotres petite fille qui ont di quels voulait aitre des patriotes come leur papa et leur frère. Et que si on se battait à Saint-Denis, ou ailleurs, elle serait là pour édé… Marie Laçasse croit que des enfan comme nous fera mieux de prié tout le tam des batailles… Quen pance-tu, Olivier ? Je le demende ossi à Michel dan la lettre que tu lui donnera, mon bon frère que j’aime tant.

Gros baiser de
JOSEPHTE. »


— Eh bien, Michel, tu es content des nouvelles que te donne Josephte ? Tu vois, ton enthousiasme pour les patriotes gagne ma petite sœur.

— Monsieur Olivier, c’est plutôt, je crois, parce qu’elle vous aime et vous admire.

— Allons, allons, n’exagère pas… En tous cas, je vais à Saint-Denis et les reverrai en août… Où en seras-tu, Michel, dans tes cours, vers cette date ? Me suivras-tu ?

— Je ne crois pas pouvoir vous accompagner, répondit Michel en soupirant. Mon répétiteur dit que je n’ai pas une minute à perdre d’ici au milieu d’octobre.

— Oh ! oh ! Et si j’ai besoin de toi auparavant ?

— Si vous avez besoin de moi, c’est différent. Je suis prêt à partir quand vous le voudrez. Tant pis pour mes cours ! Vous d’abord !

— Tu dis vrai. Michel ? demanda en souriant Olivier.

— Oh ! monsieur Olivier…

Bien, bien. Bravo ! Mais ton obligeance ne sera pas mise à une si rude épreuve. Je te confierai, durant mes absences, d’ici au mois d’octobre, à une vieille amie de ma grand’mère. Elle aime beaucoup soigner, à l’occasion, de braves petits garçons comme toi. Ah !… tes devoirs sont finis. Michel ?

— Il est dix heures, monsieur Olivier.

— Bien. Couche-toi alors. Je vais répondre à Grand’mère quant à moi, car, je le vois, je ne serai pas dérangé ce soir. Je ferai ensuite comme toi, mon enfant.

— Bonsoir, monsieur Olivier !

— Bonsoir, petit Michel. Dors bien.