Les peaux noires : scènes de la vie des esclaves/10

Michel Lévy frères (p. 287-301).


LE CODE NOIR




I


Tous les drames que présente la vie des esclaves dans le Nouveau-Monde ; tous les sentiments que peut inspirer ce spectacle de l’omnipotence d’un côté et de la soumission absolue de l’autre ; toutes les émotions, toutes les accusations, toutes les injustices, toutes les pitiés, tous les abus de pouvoirs, toutes les générosités, toutes les révoltes, tous les crimes, toutes les larmes, se résument dans la loi qu’on a appelée le Code noir.

Dénomination terrible et lugubre qui épouvante l’imagination beaucoup plus que de raison ! Il semble que derrière chaque page de ce code se cache le bourreau, que chacun de ses articles enseigne un supplice nouveau, que chaque mot met aux mains du maître un instrument de torture ! Et pourtant le Code noir n’est qu’une loi protectrice, protectrice pour l’esclave et pour le maître à la fois.

L’esclavage étant donné, le Code noir a dû exister ; ce n’est pas le Code noir qu’il faut condamner, mais l’esclavage. Les abolitionistes ont beaucoup déclamé contre le Code noir, sans trop savoir ce qu’ils disaient. Ils ont bataillé contre un mot, et rien de plus.

Le Code noir n’a accordé aucun pouvoir extraordinaire au maître sur l’esclave, c’est la société qu’il a armée de toutes les rigueurs pénales contre le nègre coupable de crimes que la conscience humaine, la philosophie et la religion excusent et légitiment à distance des époques, des mœurs et loin du milieu social où règne la loi. Le Code noir, au contraire, impose des devoirs au maître, définit et limite ses pouvoirs, ses droits. Ce n’est pas contre le Code noir que l’esclave se révolte, c’est contre l’esclavage. L’esclavage a rabaissé une race humaine, l’a dégradée, asservie ; la loi a pris le nègre en cet état, et l’a couvert de son bouclier protecteur, en prévenant les abus, mais en le tenant toujours dans une condition inférieure au blanc ; l’esclavage a fait le nègre la propriété du blanc, propriété intelligente, active, susceptible conséquemment de toutes les passions ; passions d’homme libre d’abord, puis passions d’esclave. Sans une loi également protectrice, le maître pouvait commettre autant de crimes sur la personne de l’esclave que l’esclave sur la personne du maître.

Tous les pays à esclaves ont eu leur Code noir, soit qu’il ait été une loi unique, soit qu’il ait été la réunion de toutes les ordonnances, ou règlements spéciaux concernant l’esclavage. Partout ce Code noir a été le même, ou du moins le même esprit l’a inspiré ; à peu de chose près, aux États-Unis, dans l’Amérique méridionale, aux Antilles, ce sont toujours les mêmes obligations réciproques, la même omnipotence d’un côté, la même soumission, les mêmes humiliations, la même dégradation de l’autre ; partout le nègre est l’esclave et le blanc est le maître ; partout l’esclavage porte à ses rameaux des fruits amers.

Il est bon que le lecteur prenne une idée de ces codes noirs ; il aura ainsi la clé de bien des faits que j’ai consignés dans le cours de ce volume, et de quelques traits qu’il me reste a rapporter de la vie des esclaves.

J’emprunte au Code noir d’un des États à esclaves de l’Union américaine, ses principales dispositions.


II


Le Code noir garantit aux esclaves la jouissance du dimanche ; toutefois, le maître peut les faire travailler ce jour-là, moyennant une indemnité de quatre schillings. Cette disposition du code n’est applicable ni aux domestiques de maison, ni aux cochers, ni aux esclaves employés dans les hopitaux, ni à ceux qui portent des légumes au marché.

Le Code noir assure à l’esclave un baril de maïs par mois, une pinte de sel, une chemise et une paire de pantalons de coton, pour l’été ; une chemise de flanelle, une paire de pantalons de laine, une casaque pour l’hiver, et une pièce de terre à cultiver. Les esclaves infirmes, âgés et aveugles, doivent être habillés, nourris et soignés aux frais du maître, sous peine pour celui-ci d’une amende de vingt-cinq dollars pour chaque infraction à cette disposition de la loi.

Le maître ne peut pas se débarrasser de la charge d’entretenir les esclaves en leur accordant un jour pour travailler à leur propre compte.

Les enfants au-dessous de dix ans ne peuvent être vendus sans leur mère.

Il est interdit aux esclaves de rien posséder, ni de rien vendre, d’avoir des armes ou de chasser sans la permission du maître ; ils ne peuvent ni se porter parties, ni témoigner dans aucun procès civil ou criminel.

Tout esclave rencontré à cheval sans la permission de son maître, peut être arrêté, et puni de vingt-cinq coups de fouet.

Nul ne peut frapper un esclave au service d’un autre maître, sous peine d’une amende de vingt-cinq dollars ; néanmoins toute personne rencontrant un esclave, hors de la circonscription de la plantation de son maître, est autorisée à l’arrêter, à le punir, et même à le tuer en cas de résistance.

Toute personne a droit de faire feu sur un esclave marron, ou sur un esclave qui, sommé de s’arrêter, s’y serait refusé.

Quiconque est blessé par un esclave marron, en cherchant à se saisir de lui, reçoit une indemnité de l’État, et en cas de mort l’indemnité est allouée à ses héritiers.

Tout propriétaire d’esclave marron a le droit de le rechercher ou de le faire rechercher par le ministère de personnes blanches, même sur les plantations des autres planteurs, sans la permission de ces derniers, excepté dans l’intérieur des maisons ou dans tout autre lieu fermant à clé.

Le maître qui maltraite ses esclaves ou qui leur refuse la nourriture et l’habillement, est traduit sur la déclaration d’une ou de plusieurs personnes, devant la justice de paix, et condamné à une amende de vingt-cinq dollars par chaque délit.

Les gens de couleur libres qui manquent de respect à un blanc, qui prétendent à traiter d’égal à égal avec lui, qui l’insultent ou le frappent, sont punis de la peine de l’emprisonnement selon le degré de l’offense.

L’esclave accusé d’un crime est jugé dans les trois jours qui suivent son accusation, par un tribunal composé de trois ou cinq personnes libres ; ni le propriétaire de l’esclave, ni aucun de ses parents jusqu’au quatrième degré ne peut faire partie de ce tribunal.

Tout homme de couleur, libre ou esclave, est puni de la peine capitale pour le crime d’incendie, d’empoisonnement, d’assassinat ou de viol sur une femme blanche.

Tout homme de couleur libre qui aide à l’évasion d’un esclave, est condamné à deux années de travaux forcés, et à payer la valeur de l’esclave ; s’il ne peut satisfaire à cette dernière peine, la première est doublée.

L’esclave qui blesse volontairement son maître, sa maîtresse ou leurs enfants, est puni de la peine de mort.

Pour un esclave condamné à mort, le maître reçoit de l’État une indemnité de 300 dollars. (1,500 fr.)

Le maître qui favoriserait l’évasion d’un de ses esclaves arrêté pour crime, est passible d’une amende de 200 dollars ; si le crime peut entraîner la peine capitale, l’amende est élevée à 1,000 dollars.

L’esclave convaincu d’avoir frappé pour la troisième fois une personne blanche, est puni de la peine de mort.

Le maître accusé de sévir contre ses esclaves avec barbarie, est passible d’une amende de 200 à 300 dollars.

L’esclave qui dénonce un complot ou une insurrection, est récompensé par l’octroi de sa liberté.

Aucun esclave ne peut être affranchi avant l’âge de trente ans, et encore faut-il qu’il se soit toujours bien conduit, qu’il n’ait jamais été condamné pour marronnage, vol, ou aucun autre crime pendant les quatre années qui précèdent son émancipation. Est exempt de ces conditions, l’esclave qui a sauvé la vie à son maître, à sa maîtresse ou à quelqu’un de leurs enfants.




Y a-t-il dans les dispositions de cette loi, si terrible par son nom, autre chose que ce que j’ai indiqué ? Protection réciproque, obligations sérieuses d’une part, soumission absolue de l’autre ; humiliation, dégradation, suprématie de la race blanche libre sur la race noire esclave.

J’ai dit que partout ce code était le même, moins les détails : j’en citerai un qui met le comble à l’abaissement de l’esclave devant le blanc ; c’est une ancienne ordonnance qui, aux colonies, interdisait aux nègres de porter des souliers. Plus tard, quand cette ordonnance fut rapportée ou tomba en désuétude, le nègre s’était si bien accoutumé à ne plus porter de chaussures, que dans ses jours de grande toilette, il mettait ses souliers dans sa poche.


III


La protection assurée a l’esclave par le Code noir est tellement la loi générale et a si bien pénétré au plus profond du cœur de la race blanche, que toute infraction aux obligations imposées aux maîtres soulève facilement l’indignation publique. Pour rendre justice au bon esprit des propriétaires d’esclaves, j’ai, dans le cours de ce livre, rappelé que la loi n’avait jamais épargné les mauvais maîtres, et que la vindicte populaire les avait forcés à prendre la fuite.

Voici un fait à l’appui :

En 1837, vivait à la Nouvelle-Orléans une femme qui occupait le premier rang dans la société créole ; la plus grande estime l’entourait, elle et sa famille. L’aventure qui l’a précipitée du haut de la considération dont elle jouissait, a fait assez de bruit et de scandale pour que je n’aie pas besoin de taire le nom de cette dame : elle s’appelait madame Lalaurie.

Un incendie se déclare chez elle, un soir. Au milieu du désordre de ce grave accident, et alors qu’on désespère, malgré tous les efforts, de se rendre maître du feu, le bruit se répand qu’un bâtiment où les flammes commencent à atteindre renferme des esclaves. Il s’agit de leur porter secours. M. Canonge, juge de la cour criminelle, et que son zèle de citoyen a appelé sur le lieu du sinistre, réclame de madame Lalaurie les clés de ce bâtiment ; celle-ci se trouble, hésite, balbutie de mauvaises raisons, assure qu’on se trompe, qu’aucun esclave n’est enfermé dans ce bâtiment. Le juge insiste, madame Lalaurie refuse obstinément de remettre les clés. Un soupçon trop bien justifié traverse l’esprit de M. Canonge qui, aidé de quelques personnes, enfonce les portes du bâtiment. Un horrible spectacle s’offre à sa vue. Sept esclaves sont là, dans une pièce obscure et privée d’air, couchés sur la terre, le carcan au cou, des chaînes aux pieds et aux mains, — sept cadavres encore vivants, lacérés de coups, les épaules sanglantes, les membres tuméfiés, le corps dévoré par la vermine. L’un de ces malheureux déclara qu’il subissait ces tortures depuis cinq mois, et qu’il avait vu mourir à ses côtés plus d’un de ses camarades.

Dès que madame Lalaurie vit que ses crimes étaient découverts, elle songea à prendre la fuite. Chose étrange, inexplicable ! Ce furent ses autres esclaves eux-mêmes qui aidèrent son évasion, pendant que la populace parcourait avec terreur cette ténébreuse maison, cherchant l’auteur de ces crimes pour les lui faire expier.

Madame Lalaurie parvint à gagner New-York où son mari et son jeune fils la rejoignirent. Elle s’embarqua pour la France sous un faux nom ; mais pendant la traversée, un des passagers ayant soupçonné la vérité, questionna l’enfant qui dévoila naïvement le nom de sa mère. De ce moment aucun des passagers ni des hommes de l’équipage n’adressa plus la parole à cette malheureuse.

Un fait à peu près analogue se passa à la Martinique en 1820 ou 1822 ; il eut les mêmes résultats pour l’auteur de forfaits semblables à ceux dont madame Lalaurie se rendit coupable : comme elle, il fut obligé de quitter la colonie, en emportant la haine et l’indignation publiques.

De pareils attentats sont des exceptions ; et les châtiments qu’ils ont provoqués permettent de douter que tous les crimes de même nature imputés aux blancs dans les pays à esclaves, soient restés impunis.

Aussi dois-je faire mes réserves en rapportant ici quelques-uns de ces drames qui empruntent au moins leur vraisemblance à certains articles de ce Code noir que j’ai rappelé plus haut. Je ne nie pas les crimes, ils sont possibles, je conteste l’impunité et surtout l’indifférence publique en présence d’infamies qui s’abriteraient derrière un texte de loi dont l’élasticité serait exagérée.


IV


Les États du nord et de l’est de l’Union sont, je l’ai dit, un foyer de propagande contre l’esclavage du Sud. Les journaux américains au service de la cause de l’émancipation remplissent merveilleusement leur rôle et leur mission. Ils se donnent bien de garde, par exemple, d’importuner le public par des discussions philosophiques et par l’exposition de doctrines dont leurs lecteurs sont déjà imprégnés. Ils sont plus habiles, et en tout cas ils ont eu dans le roman de madame Beecher Stowe, si admirable en quelques parties, un modèle de polémique ; c’est par le drame qu’ils font des prosélytes, par le récit habilement arrangé de faits, faux le plus souvent, mais appropriés à la vie douloureuse des esclaves, en présentant toujours un côté vraisemblable. À vrai dire le roman de madame Beecher Stowe est une reproduction adroite et ingénieuse d’une multitude de petites histoires disséminées dans les journaux américains. On sait le succès prodigieux du livre célèbre auquel je fais allusion, livre où, pour les besoins d’une cause toute gagnée devant le cœur, mais perdue devant les intérêts des propriétaires, l’auteur a faussé le caractère du nègre, imaginé des cruautés impossibles, exagéré et méconnu les rapports entre maîtres et esclaves.

Voici un de ces drames épouvantables dont je parlais tout à l’heure, et qui m’a été raconté par un abolitionniste, tel ou à peu près qu’il l’avait lu dans un journal américain.

Je ne saurais dire si le journal en question s’est inspiré de quelques passages du roman de madame Stowe, ou bien si cette dernière a connu le fait qu’elle a développé et habilement arrangé.

La scène se passe dans la Pensylvanie, à Wilkesbarre.

Un matin, l’adjoint au marshall, nommé Roscoe, escortés de trois chasseurs d’esclaves virginiens, se présentèrent dans un hôtel de la petite ville, et s’attablèrent fort paisiblement pour déjeuner. Le service était fait par un jeune mulâtre nommé Bill, qu’ils savaient être un esclave fugitif de la Louisiane.

Ce Bill était un grand et beau jeune homme à figure intelligente ; il avait si peu de sang africain dans les veines qu’on l’eût pris au premier abord pour un blanc ; c’est à quoi il s’était fié pour assurer sa fuite et pour se croire en parfaite sécurité à Wilkesbarre. Bill à qui ses hôtes ne paraissaient nullement suspects, causait familièrement avec eux, lorsqu’il se sentit tout à coup frappé par derrière, et vigoureusement saisi par le cou.

Déjà son poignet droit était pris dans les menottes, lorsque, par un effort désespéré, il parvint, après une lutte terrible, à se débarrasser de ses adversaires. Malgré le peu de chances que présentait au pauvre mulâtre une lutte si inégale, il réussit à s’échapper de la pièce où on avait vainement tenté de l’enfermer.

Il sortit de la maison couvert de sang. À quelques pas de l’hôtel, se trouvait la rivière ; Bill s’y jeta, en disant à quelques personnes qui cherchaient à l’en empêcher :

— Laissez-moi ! laissez-moi, j’aime mieux me noyer que tomber vivant entre les mains de mon ancien maître.

Ses adversaires, qui le suivaient de près, lui envoyèrent à deux reprises une volée de coups de carabine ; mais heureusement aucune des balles n’atteignit le hardi nageur. Les chasseurs d’esclaves, passant ensuite un pont, allèrent attendre leur proie de l’autre côté de la rivière, et, au moment où le fugitif s’apprêtait à sortir de l’eau, ils le couchèrent en joue en lui ordonnant de se rendre.

— Non ! s’écria Bill, j’aime mieux mourir !

Cette réponse, dite d’une voix énergique, fut accueillie par une nouvelle décharge, et cette fois une des balles frappa le malheureux fugitif à la tête. Il bondit au-dessus des eaux, le visage couvert de sang, et malgré sa douleur il trouva dans son désespoir des forces nouvelles pour tenter d’échapper à ses ennemis.

Cette scène avait attiré une foule considérable de spectateurs sur les bords de la rivière. La vue de ce malheureux tout ensanglanté avait échauffé les têtes et les cœurs ; quelques personnes, s’approchant des chasseurs d’esclaves, leur reprochèrent avec indignation leur conduite. Ceux-ci jugèrent prudent de se retirer à quelque distance pour se consulter sur ce qu’ils avaient à faire.

Bill, ne les voyant plus, les crut partis ; et, comme il ne se sentait pas assez de force pour rester plus longtemps dans l’eau, il s’approcha du rivage. Quand on l’eût aidé à mettre pied à terre, il était si épuisé qu’il perdit bientôt connaissance. Pendant quelques instants on le crut mort.

— Eh bien ! notre campagne est finie, s’écria un des chasseurs d’esclaves, un nègre mort ne vaut plus rien pour le Sud.

Le pauvre Bill ayant ensuite, contre toute attente, donné de nouveaux signes de vie, un homme de couleur nommé Rex, le prenant par le bras, se disposait à l’amener chez lui, lorsque les Virginiens, avisés de la résurrection du mulâtre fugitif, revinrent le pistolet au point, menaçant de tuer quiconque tenterait de leur dérober leur proie.

Cette menace écarta la foule, et Bill se vit prêt à tomber entre les mains de ses ennemis. Quoique sérieusement blessé, à peine remis de son émotion, à bout de ses forces, le malheureux n’hésita pas à se jeter de nouveau dans la rivière, et il chercha un refuge dans les petites îles boisées qui flottaient comme des corbeilles à l’ancre sur ces eaux rougies du sang d’un homme dont le crime était de courir après sa liberté.

Les cinq chasseurs d’esclaves, que la résistance de Bill exaspérait, apportaient à cette conquête du fugitif l’âpre énergie de la difficulté vaincue. Disséminés sur les deux rives, le fusil à l’épaule, l’œil aux aguets, ils cherchaient à apercevoir à travers les broussailles des petites îles le refuge de l’esclave.

L’un d’eux s’apprêtait à détacher du bord un canot pour explorer le fleuve, lorsque Bill, se montrant à l’extrémité de l’île où il s’était blotti, lui cria avec l’exaltation du désespoir :

— Viens, si tu l’oses ! mais je jure que nous trouverons tous les deux la mort au fond de la rivière.

Cette scène émouvante durait depuis deux heures environ ; la foule s’était de nouveau amassée ; un frémissement d’indignation courut parmi les témoins de cette horrible chasse à l’homme ; le courage revint aux plus timides. La justice de Wilkesbarre, jusqu’alors insensible devant cette monstrueuse tragédie que son impassibilité semblait encourager, intervint, et le juge Collin somma les chasseurs de se retirer.

L’énergique attitude du magistrat ranima la foule qui proféra des cris de mort. Le marshall et ses trois acolytes furent obligés de battre en retraite ; le pauvre Bill, mettant à profit ce tumulte, se laissa paisiblement emporter par le courant de la rivière, et alla toucher terre à un mille plus loin ; là il reçut des secours, et pendant la nuit on le fit partir pour le Canada, où il trouva enfin la liberté.