Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Ta vertu, ta bonté


VI.



Ta vertu, ta bonté, & ta rare valeur,
M'ont tellement charmé les yeux, les sens, & l'ame :
Qu'il n'y a trait, lien, ni amoureuse flame,
Qui plus blece, garrotte, & embrase autre cueur.

C'est le fer, le cordeau, & l'ardant feu vainqueur,
Qui me poinct, qui me tient, qui vivement m'enfame :
C'est l'unguent, le couteu, & l'eau que je reclame,
Pour guarir, deslier, & dompter mon ardeur.

Voila cette unité qui (soudain t'ayant veuë)
Entama, prit, brusla, ma pauvre ame deceuë :
Mais la voix, le poil, l'oeil qu'il me faut adorer,

C'est le trait, c'est le rets, c'est la vive estincelle,
Qui me poinct, prend, & brusle en t'aimant ma rebelle,
L'unguent, le glaive & l'eau, qui me peut restorer.