Les oeuvres poétiques de Clovis Hesteau de Nuysement 1578/Comme on voit un chevreuil


LXI.



Comme on voit un chevreuil qu'un grand Tigre terrace,
Qui deçà qui delà, ore haut ore bas,
Le vautrouille & l’estend dans son sanglant trespas,
Pavant des os du sang & de sa peau la place :

Puis en assouvissant sa carnagere audace
Tranche, poudroye, hume, et foulle de ses pas,
La chair, les os, le sang dont il fait son repas,
Laissant parmy les bois mainte sanglante trace.

Et comme on veit jadis les borgnes Ætneans,
Rebattre à coups suivis les boucliers dicteans,
Sous le fer rehaussé d'une force indomptable :

Amour me va plongeant dans mon mortel tourment,
Mon rond, trouble, ravit, os, sang, & sentiment,
Et martelle mon chef d'un bras insuportable.