Les mystères du château Roy/01/06

CHAPITRE
VI
LA FEUILLE D’ÉRABLE

Le lendemain au Château Roy, était baptisée une fillette du nom de Lucille. C’était comme on s’en doute l’enfant de Thérèse. L’ordre fut donné à tous les serviteurs de la maison de laisser entendre dans les alentours que c’était bel et bien l’enfant de M.  et Mme Roy.

Le soir même Thérèse constata et fit constater à son père et sa belle-maman que le bébé portait sur l’épaule droite une feuille d’érable bien visible, ce qui fit penser à Jeanne.

Tout est contre moi pour que j’échoue dans mon entreprise, mais non, je réussirai quand même. Je vaincrai tous les obstacles, il faut que j’arrive à mon but.

Quoique peu satisfait de voir qu’une telle chose était arrivée à Thérèse, M. Roy se montra très empressé pour le bébé, ce qui faisait beaucoup de plaisir à Thérèse ; mais le bonheur que lui procuraient ces marques d’affection ne dura pas longtemps, car trois jours plus tard on lui enleva son enfant.

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Il est minuit, à la grille du château, un homme et une femme sont dissimulés dans l’ombre. On les reconnaîtra sans doute, ce sont Louise et son mari.

— Ils ne viendront pas dit le mari impatienté.

— Attends répondit sa femme je ne crois pas qu’ils retardent. Tiens, je vois venir quelqu’un là bas. Ce doit être cela. En effet un homme vint les trouver et leur remit un enfant, la somme d’argent convenue et une bouteille de remède avec les instructions. Dix minutes plus tard, tout retomba dans l’ordre au Château.

À l’aube Thérèse s’éveilla, étendit le bras pour approcher son enfant dont elle pensait s’être éloignée en dormant. Mais elle ne trouva rien. Elle se mit à crier de toute la force de ses poumons appelant son père avec détresse.

M. Roy réveillé en sursaut accourut accompagné de sa femme et de quelques serviteurs attirés par les cris.

— Qu’as-tu ? lui demanda son père.

— Mon enfant, où est mon enfant ? On m’a volé mon enfant.

Mme Roy eut toutes les peines du monde à retenir Thérèse au lit et ce ne fut qu’après toutes sortes de promesses qu’on allait sûrement retrouver son enfant, qu’elle parvint à la rassurer. On fit des recherches partout dans le Château pour voir par où étaient passé les ravisseurs… Mais ce fut en vain, on ne trouva rien. M. Roy téléphona à Montréal, à une agence de détectives, pour commencer les recherches aussitôt.

Une heure plus tard deux détectives se présentaient au Château. On leur apprit qu’il s’agissait d’un enlèvement d’enfant. Que l’enfant portait sur l’épaule droite une feuille d’érable bien visible.

— Avez-vous entendu du bruit dans le cours de la nuit ? s’informa un des détectives.

— Aucun bruit, le chien dans la cour n’a même lancé aucun avertissement, et il nous a été impossible de découvrir par où sont passés les ravisseurs.

— Doutez-vous quelqu’un qui aurait pu avoir intérêt à faire cet enlèvement ?

— Peut-être M. Walter Hines, dit Mme Roy.

— Quel intérêt peut-il avoir ?

— Il est le père de l’enfant.

— Dans ce cas l’enfant n’est pas à vous ?

— Non, reprit M. Roy. Il appartient à ma fille.

Est-elle séparée d’avec son mari ?

— Non Mr c’était son ami et comme elle ne veut plus l’épouser il aurait probablement voulu avoir l’enfant pour je ne sais raison.

Pouvons-nous voir la mère de l’enfant ?

— Certainement monsieur. Si vous voulez vous donner la peine de me suivre.

— C’est vous la mère de l’enfant qui fut enlevé cette nuit demanda l’un des détectives, une fois introduits chez Thérèse.

— Oui monsieur.

— Doutez-vous M. Hines d’être l’auteur du rapt ?

— Je ne le crois pas capable d’une telle monstruosité.

— Doutez-vous d’autres personnes ou avez-vous quelques idées qui puissent nous aider à retrouver votre enfant.

— Non monsieur aucune.

— C’est très bien, nous vous remercions beaucoup. Ils se retirèrent après s’être fait donner une liste de tous les employés du Château, dont on scruta scrupuleusement les allées et venues de chacun. Ils apprirent que Louise avait eu une fillette la même nuit de l’enlèvement.

Ils allèrent interroger le médecin qui avait été demandé pour Louise, et celui-ci jura que l’enfant était bien à Louise.

Ils se firent même montrer l’enfant par Alfred, le mari de Louise, mais ils ne découvrir pas de tache ou de marque sur l’épaule de l’enfant.

On se lança donc sur une autre piste. Sur celle de Walter.