Les cinq nièces de l’oncle Barbe-Bleue/Chapitre 05

Charavay, Mantoux, Martin (p. 81-97).



CHAPITRE V


SOUS BOIS


« Avouez que nous ne sommes pas bien malheureuses chez l’Oncle cousu d’or, dit un jour Élisabeth, ponctuant ses paroles par un baillement qui ne venait pas précisément à l’appui de ce qu’elle disait.

— C’est-à-dire que nous sommes ici comme des coqs en pâte, déclara Charlotte en découvrant ses petites quenottes blanches dans un bâillement non moins accentué.

Geneviève partit d’un éclat de rire : — Mais regardez-les donc comme elles ont l’air de s’amuser !…

Valentine leva les yeux de dessus son livre, et sourit.

Étendues sur l’épais tapis de mousse frisée qui leur faisait une moëlleuse couche sous les sombres sapins aux senteurs balsamiques, le regard perdu au loin, tantôt suivant le vol capricieux d’un oiseau, tantôt la marche des nuages sur le ciel azuré, les deux petites sœurs rêvaient, tandis que Marie-Antoinette, les paupières closes, semblait dormir sous le voile bleu qui abritait son teint délicat. Elle avait les mains soigneusement gantées et un gigantesque parasol blanc doublé de vert la protégeait contre les rayons du soleil filtrant à travers le dôme de verdure des sapins. Jamais la petite coquette ne serait sortie sans avoir pris toutes ces précautions contre le hâle et les moustiques.

L’espiègle Geneviève, assise à califourchon sur une lourde branche d’arbre touchant presque terre, comme entraînée par son poids, se balançait avec de grandes torsions de son petit corps souple. Son épaisse toison brune était toute piquetée de fines aiguilles de pin, mais peu lui importait. Cinq minutes auparavant, n’était-elle pas debout sur cette même branche, au risque de tomber, pour attraper des cônes luisants où perlaient des gouttes de résine ? Sa robe était déchirée, ses doigts poisseux, sa main portait une profonde estafilade encore saignante, mais Geneviève n’eût pas été Geneviève, si elle avait prêté la moindre attention à des détails si minimes.

« Que ne suis-je oiseau ou écureuil ! » disait-elle souvent, désolée de ne pouvoir grimper partout.

Pour Valentine, elle griffonnait au crayon une interminable lettre à l’adresse de Stanislas. Un ouvrage de tapisserie, un autre livre ouvert à ses côtés, témoignaient de ses occupations précédentes.

Des petits paniers contenant encore des restes de gâteaux et de fruits, des écorces d’oranges et des noyaux épars autour du lieu de campement, prouvaient surabondamment qu’on y avait fait bonne chère. Enfin, des poupées, adossées au tronc d’un arbre voisin, montraient que les habitantes de ce petit coin perdu dans les sapins n’étaient pas encore bien âgées, malgré les grands airs qu’elles prenaient parfois. Même, Marie-Antoinette possédait une magnifique poupée articulée aussi grande qu’un bébé de quatre ans, dont elle s’occupait peu pour son propre compte, mais dont elle faisait grand étalage, et qu’elle prêtait volontiers afin qu’on n’oubliât point qu’elle en était l’heureuse propriétaire. Les toilettes luxueuses de cette jeune personne étaient une source de ravissements et d’extases perpétuelles pour Élisabeth et Charlotte qui ne dédaignaient pas, comme Geneviève, le jeu de la poupée. Valentine ne s’en souciait guère, mais elle avait, par moments, des tendresses subites pour une certaine « fille » qui lui avait été donnée deux ans auparavant, et qu’elle préférait de beaucoup aux nombreuses poupées de toutes tailles et de tous costumes, qu’un oncle prévoyant avait chargé Mlle Favières d’acheter à Paris pour ses nièces.

« Je vous admire, de bailler ainsi, reprit Geneviève en dépouillant nerveusement, brin à brin, un grand panache de feuilles qui lui servait tour à tour d’éventail ou de fouet pour exciter l’ardeur d’un coursier imaginaire. « Faites quelque chose, si vous vous ennuyez, remuez-vous, amusez-vous, mais ne restez pas là comme des momies. »

— Grand merci, lui répondit Élisabeth, il fait trop chaud pour prendre de l’exercice comme tu en prends.

— C’est une vraie fournaise, ajouta sa sœur.

— Que diriez-vous donc si vous étiez à Paris, s’écria Valentine, avec un soupir à l’adresse des chers absents.

Marie-Antoinette ouvrit un œil pour répondre languissamment :

— Personne n’est à Paris au mois d’août. On va à Trouville, à Évian, à Vichy, quand on ne fait pas de plus longs voyages, mais rester à Paris, fi donc ! il n’y a plus maintenant que les petites gens qui n’ont pas le moyen d’aller en villégiature.

Valentine, sa voisine, rougit jusqu’au blanc des yeux. Elle avait toute prête une riposte qui lui donnait une démangeaison de parler, mais elle se retint.

— Si jamais je suis riche, dit-elle seulement, je ferai bâtir au bord de la mer une grande maison où je recevrai tous les petits enfants pauvres de Paris pour leur remettre des roses sur les joues.

— Quelle philanthropique ! dit méchamment Marie-Antoinette.

— Ah ! ah ! ah !

— Eh bien quoi ? de quoi riez-vous mesdemoiselles ?

— Ce sont les tropiques qui en sont cause, s’écria Geneviève. Que diable venaient-ils faire dans cette galère ? tu sauras pour une autre fois qu’on dit un philanthrope, et non un philanthropique…

— J’aime mieux me tromper en parlant que d’employer des expressions comme les tiennes, dit Marie-Antoinette d’un air pincé.

— En quoi ma manière de parler peut-elle te choquer ? demanda Geneviève.

— « Que diable ! » des expressions de garnison ! murmura Marie-Antoinette.

— Ah ça, pardon ! Mademoiselle, riposta la petite fille, c’est du Molière tout pur. Nous connaissons nos classiques nous autres. Vous n’en pourriez peut-être pas dire autant. Quoique militaire, mon papa est tout aussi distingué que les papas des Mademoiselle Pimbêche et compagnie.

— Oh ! ne vous querellez pas, je vous en prie, interrompit Charlotte suppliante. Jouons plutôt.

— À quoi ? demanda sa sœur d’un ton bourru, tandis que Geneviève paraissait prête à bouder contre son habitude.

Mais aussi, pourquoi avait-on touché à son papa ?

Ces demoiselles commençaient à trouver les journées longues. Elles avaient déjà épuisé le charme des principales distractions de Rochebrune. On ne peut jouer indéfiniment aux grâces, au volant, au tonneau, ni même au croquet ou au lawn-tennis. Les fillettes en avaient été folles les premiers jours, mais on se lasse de tout, même du lawn-tennis et du croquet, surtout quand on joue toujours avec les mêmes partenaires. La chaleur aidant, on avait rêvé d’autres jeux moins fatigants, on avait essayé sans plus de succès des poupées, des dessins, des livres, etc., avec le désœuvrement était arrivé l’ennui, et par suite, les disputes.



— C’est drôle, tout de même, d’être ici, dit Élisabeth songeuse. Pourquoi l’Oncle nous a-t-il fait venir après s’être passé de nous pendant des années ? Quelle mouche l’a piqué tout à coup de nous inviter ?

Valentine leva vivement la tête, ouvrit la bouche comme pour parler, et la referma, toute rougissante.

— Il est certain que ce n’est pas pour que nous le distrayions par notre agréable société, dit Geneviève, car nous le voyons de moins en moins. Il paraît à peine aux heures des repas depuis le commencement de la semaine.

— Je voudrais bien savoir quelles sont les occupations mystérieuses qui le retiennent dans ses appartements, insinua timidement Charlotte.

— Je t’ai déjà dit que nous avions affaire à une seconde édition du sire de Barbe-Bleue ! s’écria Geneviève. Un de ces quatre matins, je passerai par dessus la défense, et j’irai, furetant partout, jusqu’à ce que je découvre la porte du cabinet où il a pendu ses sept femmes.

— Comment pourrais-tu le faire quand il n’en bouge pas de son cabinet ? dit Élisabeth en haussant les épaules.

— Bast, il s’absente assez souvent pour que nous ayons le champ libre.

— Une belle idée pour te faire renvoyer ignominieusement à ton papa, dit Élisabeth. L’Oncle ne doit pas admettre qu’on lui désobéisse.

— C’est ça qui m’est égal, murmura « le diablotin » en veine de méchanceté, je ne lui en demanderai pas la permission.

— Je le dirai à mon oncle, fit Marie-Antoinette rageuse.

— Vas-y, rapporteuse, je t’y engage.

— Mesdemoiselles, de grâce, pas de disputes, dit la douce voix de Valentine.

Ainsi qu’un paratonnerre attire la foudre, cette timide observation attira sur la tête de la pauvre Valentine les colères réunies de toutes ces demoiselles.

— Voyez Mlle Prêchi-Prêcha, la Perfection même ! s’écria-t-on de tous côtés.

— Au lieu de nous sermonner, dit Élisabeth en s’étirant longuement, tu ferais bien mieux de nous suggérer un amusement.

— Que pourrions-nous faire pour nous amuser ? répéta Charlotte, nous sommes comme Adam et Eve dans le Paradis terrestre. Nous avons tant joui de ce qui nous est permis que nous n’avons plus envie que de ce qui nous est défendu.

— Faisons une partie de barres, proposa Valentine, quoiqu’elle n’eût aucun goût pour les exercices violents.

— Pour être nouveau, c’est nouveau, dit Geneviève moqueuse.

— Sans compter que c’est bien trouvé par cette chaleur.

— Dansons des rondes.

— Comme des bébés de quatre ans.

— Faisons la classe à nos poupées.

— Nous l’avons faite hier.

— D’ailleurs, nous sommes lasses des poupées à toutes les sauces, ajouta Geneviève.

— Jouons des charades, reprit Valentine.

— Devant qui ?

— Hum !…

— Le fait est que nous manquons de spectateurs.

— À moins que Valentine ne compte jouer ses charades devant Mlle Favières et l’Oncle.

— Pourquoi pas ?

— Qui est-ce qui le lui proposera ?

— Pas moi.

— Ni moi.

— Ni moi non plus.

— Pas de chance ! Valentine, avec tes propositions.

— Je donne ma part au chat… Trouve mieux, toi, Geneviève.

— Ma foi, je vote pour… pour… Tiens ! mais, ce ne serait pas déjà si bête.

— Quoi donc ? parle !…

— Mesdemoiselles, déclara Geneviève en se levant toute droite.

— Écoutez, écoutez l’orateur !…


.

— Pourquoi pas l’oratrice ? fit Marie-Antoinette, qui n’était pas encore bien remise de sa petite mortification.

— Pourquoi pas aussi l’orateuse ? lui dit Geneviève.

— Dame ! puisque les femmes, comme dit papa, veulent se mêler de faire ce que les hommes faisaient seuls autrefois, il faut avoir d’autres noms pour elles.

— Tu crois que les femmes ne pourraient pas être aussi bons orateurs que ces messieurs ?

— On ne leur a jamais reproché d’être muette, riposta Marie-Antoinette.

— Peu nous importe le mot, dit Élisabeth qui était assez pratique, orateur, orateuse, ou oratrice dis-nous ce que tu avais à nous dire.

— Vous mériteriez que je me fasse prier maintenant pour vous punir de m’avoir taquinée, mais je suis bonne enfant, et voici mon idée : nous allons toutes, tant que nous sommes, chercher chacune un joli projet d’amusement. Cela en fera cinq à mettre à exécution.

— Comment ? quoi ? ce n’est pas une idée ça !…

— Comprenez-moi donc mieux ! nous avons un grand château, un parc, mille jeux connus, et nous ne nous amusons pas précisément.

— D’accord.

— Moi d’abord, je m’ennuie carrément, déclara Marie-Antoinette. Passe encore si le château de l’Oncle était près d’Uriage et qu’on nous y menât souvent. Uriage, c’est gai, c’est joli, on dirait un petit décor de théâtre, une boîte de joujoux de Nuremberg. On y danse, on s’y amuse, il y a un casino, on y voit des toilettes et des gens chic, on est vu !… mais ici, c’est pire qu’un couvent.

— Raison de plus pour inventer des plaisirs, Geneviève n’a pas tort du tout.

— Geneviève a tout à fait raison, insista Charlotte, nous en avons assez des jeux connus : cherchons-en d’inconnus.

— Ah ! tu te décides à y arriver !

— La grande question est d’en trouver, poursuivit Charlotte. Il faudrait imaginer un jeu qui nous donnât autant de plaisir à préparer qu’à exécuter.

— Tout juste. Je vois qu’à force de réflexion, vous parvenez à me comprendre. Ce n’est pas dommage !

— Les grands esprits ne sont jamais compris du premier coup, dit Marie-Antoinette toujours persifleuse.

— Cependant, quand on a affaire à de grands philosophiques comme toi, insinua Geneviève sur le même ton.

— Oh ! assez, assez ! firent les autres.

— Plaisanterie à part, reprit Geneviève, si l’Oncle nous permettait de lui désigner chacune un genre de divertissement inédit jusqu’ici à Rochebrune, que choisiriez-vous ?

Les fillettes parurent se recueillir profondément.

— Ne parlez pas toutes à la fois, Mesdemoiselles, fit Geneviève. Allons, il n’en coûte pas beaucoup de faire des projets. Que demanderais-tu à l’Oncle, toi, Marie-Antoinette ?

— Un bal.

— Un bal en été ?

— Pourquoi pas ? Allez voir dans les casinos si l’on ne danse pas tous les soirs.

— Tu aimes donc bien la danse ?

— Plus que tout.

— Cela me passe que tu aimes à te trémousser en cadence, toi qui as toujours si peur de te fatiguer.

— Moi, je voudrais que nous jouions la comédie, dit Élisabeth, ce serait si amusant de se déguiser.

— Oh ! apprendre un rôle, vous n’y pensez pas ! s’écria Marie-Antoinette, c’est déjà bien assez d’avoir à travailler tous les matins avec Mlle Favières.

— Laisse donc, c’est si vite appris.

— Va pour une comédie ! Au reste, cela nous occupera de préparer nos costumes et de répéter.

— Sera-ce devant les sapins de la forêt que vous donnerez votre représentation ? demanda Marie-Antoinette.

— Qu’avons-nous besoin d’auditoire ! répondit Élisabeth impatientée ; le plus amusant, là-dedans, ce sont les répétitions.

— Continuons, dit Geneviève. Nous n’avons encore que deux projets. Quels sont les autres ?

— Moi, fit Charlotte, je rêverais une partie de campagne, loin, loin… Partir le matin, rester toute la journée dehors, et faire soi-même son dîner.

— Il serait fameux ton dîner.

— Je te crois !

— Je ne voudrais pas en goûter pour tout l’or du monde. Je n’ai pas confiance dans les cordons-bleus de ton espèce.

— Moi, si, dit une autre voix. Charlotte est assez gourmande pour savoir cuisiner de bons petits plats.

— Moi, j’aimerais une fête champêtre dans le parc, avec des lampions dans les arbres, dit Valentine.

— Et un feu d’artifice pour terminer, comme au 14 Juillet ? insinua malicieusement Marie-Antoinette.

— Je ne demandais pas de feu d’artifice, mais je ne me plaindrai pas si l’Oncle nous en octroie un.

— Est-ce drôle que Valentine, notre Minerve, veuille un bal, tout comme Marie-Antoinette, s’écria Geneviève.

— Et des danses ?

— Certainement.

— Je crois que ma fête ne serait pas tout à fait pareille à la sienne, répondit Valentine. Qui inviterais-tu à ton bal, Marie-Antoinette ?

— Toutes mes petites amies, leurs frères et leurs cousins, et, à leur défaut, tous les enfants des châteaux environnants, car enfin, il doit y avoir des châteaux par ici. À Grenoble, même, je suis sûre qu’on trouverait quelques bonnes familles.

— Eh bien, moi, dit Valentine, j’aurais pour invités tous les enfants des environs, pauvres ou riches, mais surtout les pauvres. Je n’aime pas cette pensée que nous sommes seules à jouir de toutes ces belles choses, et je voudrais pouvoir donner une journée de plaisir à tous les enfants qui n’en ont jamais.

— Les petits pauvres ne sont pas décoratifs, dit Marie-Antoinette.

— Oh ! fit Élisabeth scandalisée.

— Je ne vois pas un bal composé uniquement de petits déguenillés.

— Quant à cela, rien n’empêche de les habiller, dit doucement Valentine.

— Comment donc ! nous pourrions pousser le dévouement jusqu’à nous abîmer les doigts à leur coudre des robes, n’est-ce pas ?

— Ce ne serait déjà pas une si mauvaise idée, s’écria Geneviève.

— Oh ! la, la, les jolis points que tu leur ferais, toi, en particulier.

— Mais l’intention y serait, du moins.

— Comme résultat, ce serait peut-être insuffisant ; ils dureraient bien deux jours, des vêtements cousus par toi !…

— Ah ! c’est ainsi ? vous me mettez au défi de faire quelque chose de bien en couture ? J’allais vous avouer que si, pour mon compte particulier, j’avais un poney, tous mes vœux seraient comblés ; mais j’ai honte de mon égoïsme, et alors voici mes deux-projets, Mesdemoiselles : L’un, très sérieux, est de confectionner pendant les heures où nous nous ennuyons à force de nous amuser, toute une série de vêtements destinés à la plus pauvre famille du village voisin.



— Bravo, Geneviève, dit Charlotte en battant des mains.

— Je mets mon aiguille à ta disposition, ajouta Valentine.

— Quant à mon projet no 2, poursuivit Geneviève, la sage Valentine ne l’approuvera pas autant : il consiste à fourrager dans les greniers de l’Oncle, à la recherche de vieilleries, qui, pour nous, sont des nouveautés. Nous y trouverons peut-être de quoi faire nos costumes pour cette fameuse comédie que réclame Élisabeth. La serre nous fournira un superbe théâtre, si l’Oncle veut nous la prêter.

— Le voudra-t-il ! c’est là la question.

— Ne vous en inquiétez pas. Mesdemoiselles, je lui arracherai son consentement de vive force s’il est nécessaire, déclama Geneviève en brandissant comme une épée son panache veuf de verdure. Je lui prouverai que le premier devoir d’un oncle qui appelle ses nièces auprès de lui, est de faire les trente-six volontés des susdites nièces.

Charlotte l’appuya bruyamment :

— Je te soutiendrai !

— Tu viens déjà de manquer une belle occasion de me soutenir, s’écria Geneviève, qu’un faux mouvement venait de précipiter sur la mousse verte.

Puis, reprenant son poste :

— Récapitulons, dit-elle. Primo, il faut distinguer dans nos rêves ceux qui sont pratiques et ceux qui ne le sont pas. Sans compter mes propres projets, nous avons à l’ordre du jour :

Un bal,

Une comédie,

Un dîner sur l’herbe,

Une fête champêtre

Le premier me paraît impraticable.

— Ce n’était pas la peine de me demander ce que je voulais, dit Marie-Antoinette.

— Pourquoi es-tu si ambitieuse ? Pour Valentine comme pour Marie-Antoinette, je doute que l’Oncle nous accorde jamais son autorisation, mais la comédie et la partie de campagne ne souffriront aucune difficulté, ou je me trompe fort. Aidez-moi à coudre, et je me charge d’être votre interprète « auprès des autorités. »

— C’est pour tout de bon, ce projet de couture ?

— Évidemment ! tâchons d’être bonnes à quelque chose, nous qui n’avons jamais servi à rien. »