Les Rues de Luxembourg du 16è siècle par rapport à celles d’aujourd’hui

Les rues de Luxembourg

du 16me siècle

PAR RAPPORT À CELLES D’AUJOURDHUI,

par

Constant DE MUYSER,
Ingénieur,
Membre effectif de la Section historique de l’institut grand-ducal.


(Extrait des « Publications de la Section historique de l’institut grand-ducal de Luxembourg », Vol. XLIV.)




LUXEMBOURG.
Imprimerie de la Cour, V. BÜCK, Léon BÜCK, Successeur, Rue du Curé.
1895.

Les rues de Luxembourg du 16e siècle
par rapport à celles d’aujourd’hui,
par
Constant DE MUYSER,
Ingénieur, Membre effectif de la Section historique de l’Institut grand-ducal.
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Introduction.

Retracer l’histoire des rues de Luxembourg, les changements qui y ont été faits, les rues nouvelles qui pendant le cours des siècles sont venues s’ajouter, les anciennes qui n’existent plus, la direction qu’elles avaient autrefois par rapport à celles d’aujourd’hui, c’est en quelque sorte retracer une partie de l’histoire de la ville.

La première partie, l’histoire, a été magistralement traitée en 1849 dans les publications de l’institut par feu M. Würth-Paquet. Presque tout ce qu’il en avait dit alors, s’est confirmé depuis et reste encore vrai aujourd’hui.

Les pages suivantes en seront un petit complément ; elles auront trait à la direction des anciennes rues. Autant qu’il nous sera possible, nous tâcherons de retracer une image de notre ville natale, pendant la seconde partie du 16e siècle, image sinon tout-à-fait exacte, du moins aussi fidèle que possible.

Ce qui rend chères ces recherches, c’est la pensée que dans cette enceinte agrandie, bouleversée, brûlée, démolie tour à tour, nos ancêtres ont vécu, circulé, supporté les misères de la ville fortifiée de ce temps ; ce qui nous les rend chères, c’est l’ineffaçable souvenir de ce vieux géant noir, comme l’illustre Goethe appelait notre forteresse, que nous avons encore vue à son apogée, comme résultat des efforts de plus de quatre siècles et que nous avons vu tomber après, emportant et vouant à l’oubli la majeure partie de ce génie militaire déployé par l’Espagne, la France, l’Autriche et l’Allemagne, pour l’élever à cette hauteur.

Lentement les derniers vestiges finissent par disparaître, la nouvelle génération qui grandit de nos jours, pourra difficilement se faire une idée quelque peu exacte de ces transformations gigantesques ; il est temps de consigner les souvenirs qui restent, pour ne pas perdre l’enchaînement qui existe entre la suite des temps[1])


Description générale de la ville.


Il ne faut pas croire qu’aux 15e et 16e siècles les escarpements qui séparent la ville haute de la ville basse, avaient le même aspect qu’aujourd’hui. Bien au contraire, les changements qui en ont transformé les abords par suite de l’ajoute successive des ouvrages de défense de l’ancienne forteresse, sont tellement grands qu’on aurait de la peine à s’y reconnaître, s’il était permis de porter un regard en arrière. La simple inspection des anciens plans, notamment de celui de Braun et Hagenberg, fait voir que le côté sud-est de la ville qu’il représente, était autre qu’aujourd’hui. Or il ne faut pas attribuer ces différences au manque de soin dans l’exécution des anciens plans, car la vérification de ceux auxquels notre travail se rapporte, démontre qu’on travaillait alors déjà avec beaucoup de précision.

Tout nous autorise à admettre que les abords de la ville étaient de tous côtés accessibles par des pentes douces et que la plupart des rocs taillés à pic sont de date récente et le résultat de la transformation en ville-forteresse.

Pour égaliser le plateau sur lequel est venu s’étendre la ville, pour la rendre de plus en plus inaccessible du dehors, les pentes douces qui environnaient la ville, ont été enlevées peu à peu et les déblais en ont servi de remblayage aux murs et remparts de la forteresse. La quantité de déblais nécessaire était tellement grande que cet enlèvement ne se bornait pas aux rochers ; la terre même qui recouvrait le sol des environs, a été prise et bien souvent au détriment des propriétaires. Les généraux qui présidaient aux constructions nouvelles de la forteresse, ne se faisaient du reste aucun scrupule de prendre des terres où bon leur semblait. Du temps de Créqui, un mètre de terre arable recouvrait encore les glacis ; les grandes pelades de 1746-1747 et 1748 les ont ôtées et les jardins disparurent, sans que les propriétaires aient reçu la moindre indemnité.

Plus tard la forteresse a disparu ; ce formidable relief qui avait masqué la ville du côté de l’ouest et qui, sous la forme d’un immense talus gazonné, entrecoupé de fossés et hérissé de batteries, élevées en amphithéâtre les unes au-dessus des autres depuis le pied du glacis jusqu’au sommet du grand rempart, a de nouveau été aplani. Les démolitions ont mis à jour les milliers et milliers de tombereaux de terre arable, provenant d’enlèvements anciens et de la pelade générale de 1745 à 1748.

Le sol est ramené presque partout au même niveau et présente comme autrefois une surface plane légèrement inclinée vers le sud.

Cette inclinaison au 16e siècle devait être beaucoup plus prononcée, notamment à partir de la rue Marie-Thérèse vers la 3e enceinte ; la tour St-Josse en effet avait encore un étage garni de meurtrières à couleuvrines au-dessous du niveau de la nouvelle avenue qui la recouvre ; la hauteur de la voûte était de 3,60 mètres. (Voir Biermann, notices sur la ville de Luxembourg, p. 35.)

La chapelle St-Josse englobée dans le bastion du même nom, mise à jour au commencement du mois de juin 1871, pendant que l’on travaillait au nivellement de ce bastion (chapelle qui se trouvait à environ cent pas à gauche en sortant de la ville), était également de 4 mètres au-dessous du niveau de la ville, une couche de terre la recouvrait entièrement.

Tout fait supposer que la 3e enceinte avec ses 19 tours à partir de la tour St-Josse jusqu’à la seconde tour près du St-Esprit, se trouvait notablement plus bas que le niveau actuel de cette partie de la ville. La 6e tour mise à jour lors de la construction de la maison Sivering (avenue du Viaduc) sert encore aujourd’hui de fosse d’aisance ; le pied de cette tour se trouvait donc également beaucoup plus bas et il en est de même du mur d’enceinte qui reliait ces tours.

Le niveau primitif du St-Esprit était à 4 mètres au contre-bas du niveau de 1867 ; on a pu s’en convaincre, lorsqu’en 1885 on a abaissé le niveau de la cour du St-Esprit ; on a retrouvé derrière la courtine de l’hôpital militaire les traces de l’ancienne rue qui menait à l’église du St-Esprit. L’ancien pavé mis à jour était de 4 mètres plus bas que le niveau de la cour inférieure du St-Esprit.[2])

Je citerai encore le mur crénelé et l’escalier à 34 marches, qui descendait à 7 mètres en contrebas du pavé trouvé (voir Biermann, Notice, p. 36) dans la maison du sieur Cerf, place du Saint-Esprit. Pour racheter une différence de niveau aussi sensible, il fallait que la pente vers la Pétrusse fût douce. La différence qui existe entre le niveau de la place Guillaume et la rue Notre-Dame, a son origine dans cette inclinaison de terrain. Du côté Est de la ville, le niveau est à peu près rétabli comme il était primitivement. Il n’en est pas de même du côté Nord, entre le bastion Marie et le bastion Berlaimont. D’après les indications du général Vauban, il résulte que ce dernier bastion ne se trouvait pas, comme en 1867, assez près du remblai, mais qu’il s’avançait dans la plaine, ce qui démontre que la pente vers le Pfaffentlial était également plus douce[3]). Le Bock lui-même n’était autrefois pas aussi fortement escarpé que de nos jours, toutes les gravures anciennes l’indiquent. Peu à peu dans le cours des siècles, il a été isolé et c’est en majeure partie par la main de l’homme que ses rochers ont été transformés.

Les abords du plateau d’Altmünster étaient également accessibles. Un chemin, qui a disparu, conduisait de Clausen vers ce plateau[4]. L’intérieur même de la ville présentait des différences de niveau plus prononcées. Je ne citerai que la descente vers le marché aux poissons. La plupart des maisons prouvent par les hauts escaliers, qu’autrefois ce terrain était plus haut et l’accès de l’église des Dominicains de ce côté plus rapide ; il en est de même du côté du « Scheerslach », dont le seuil se trouve notablement plus bas que les maisons avoisinantes. Il a fallu le travail de bien des générations pour l’assainir et de bien des siècles pour l’applanir au niveau actuel.

Il résulte de ce qui précède que le mamelon, qui forme l’assise de la ville liante, était au 16e siècle encore encadré de collines aux pentes douces et aux contours plus arrondis, qui venaient se perdre en partie dans les ondes limpides d’alors de la Petressa et de l’Alizuntia.

Parmi les nombreux plans de la ville de Luxembourg qui nous ont été transmis, il y en a surtout deux qui méritent toute notre attention, non seulement à cause de l’époque reculée à laquelle ils appartiennent, mais surtout par l’autorité des géographes qui les ont exécutés. C’est en premier lieu le plan de la ville par Jacques Deventer, en second lieu celui de Guicciardini.

La plupart des plans qui ont suivi pendant plus d’un demi-siècle, ont pour point de départ le dernier.

Une analyse détaillée n’en a pas encore été donnée et je crois combler une lacune, en la taisant.

Une inspection superficielle de ces plans rend bien compte de la situation approximative des rues en ce temps, mais ne donne aucun point d’appui pour les comparer aux plans modernes. Pour les examiner de plus près, il a fallu d’abord rapporter exactement ces plans à une échelle existante pour les comparer au sujet de leur exactitude.

C’est par là que nous avons commencé et disons de suite qu’aucune échelle ne s’est prêtée mieux à ce travail que celle de 1 : 2500, d’abord, parce que nous avons un plan récent de MM. Ruth et Besé qui est dressé à cette échelle et un autre de 1864 de M. J.-P. Liesch, géomètre du cadastre.

Comme beaucoup de points d’attache se rapportent à l’ancienne forteresse et qu’il n’existe pas de plan de celle-ci à cette échelle, nous y avons également réduit en partie le grand plan en 9 feuilles d’Erasmy.

Pour trouver les différences, ces quatre plans ont été superposés et il en est résulté finalement un seul, qui donne le résumé des plans Deventer, Guicciardini, Liesch, Erasmy, Ruth et Besé.

Cette étude nous a fourni une grande quantité de données précieuses, tant sur la direction des rues et chemins d’alors, que sur l’emplacement de plusieurs bâtiments publics, églises, chapelles, murs et tours de la 3e enceinte, le cours primitif de l’Alzette, données que nous voulons rendre accessibles au public. On est vraiment étonné de voir avec quelle exactitude ces anciens plans ont été dressés dans ces temps où les moyens géodésiques n’étaient certes pas avancés et où on ne disposait, pour ainsi dire, d’aucun instrument de précision.

À part quelques différences dans l’orientation de l’ensemble, et que nous avons dû rapporter aux données des plans récents, différences qui se retrouvent naturellement avec moins d’importance même dans les divers plans modernes, quand on les superpose, à part cela, disons-nous, la direction des rues correspond parfaitement, les points de repère ne varient qu’insensiblement et on aurait gravement tort d’attacher peu d’importance à ces plans précieux, les seuls que nous pouvons consulter avec fruit, pour nous rendre compte de la situation de la ville à cette époque.

Mais avant de faire entrer le plan Deventer dans le présent travail, nous devons d’abord examiner s’il est possible de déterminer, au moins approximativement, l’année à laquelle il se rapporte et relever les différences qui existent entre ce dernier et celui de Guicciardini qui date de 1581. Différents détails font admettre, que nous nous trouvons non seulement en présence du plus ancien plan de Luxembourg dont on ait connaissance, mais qu’il précède celui de Guicciardini d’au moins quarante ans. Un simple regard sur ce plan précieux montre que la plupart des quartiers qui, sur le plan de Guicciardini, sont déjà bouclés de maisons, sont inachevés sur le premier. Il en est ainsi de toute la partie nord de la ville. Les trois quartiers au-delà de la Grand’Rue, limités vers le haut par l’ancienne rue du Rempart, depuis la rue du Casino actuelle jusqu’à l’extrémité de la rue de l’Arsenal, et séparés en trois par la rue de la Porte neuve et la rue des Capucins, n’ont encore aucune construction au-delà du tiers.

La rue St-Philippe n’est tracée qu’en partie ; deux groupes de maisons se trouvent isolés à l’entrée de l’emplacement actuel de la rue Louvigny. La rue passant du bastion Marie à la tour St-Josse, ne possède aucune construction. La première partie de la rue Marie-Thérèse qui existait déjà alors en partie, n’a pas de maison du côté gauche ; sur le plan Guicciardini il y en a. La rue remplaçant celle du Séminaire, est intacte sur le côté inférieur. L’ancienne rue qui allait de l’église du St-Esprit rejoindre la rue de la Congrégation, en traversant la maison Schmilz, et qui sur le plan Guicciardini était une des plus peuplées, ayant sans interruption des maisons des deux côtés, n’en a encore aucune du temps du plan Deventer.

Il en est de même de la rue Guillaume. À droite il n’y a que deux maisons, à gauche il semble que le couvent était limité par un mur de clôture qui le contournait jusqu’aux escaliers intérieurs du Knuodeler.

Sur le plan Guicciardini le mur n’existe plus qu’à partir du coin du bâtiment actuel de la Banque internationale, tandis que les deux côtés de la rue Guillaume sont garnis d’habitations.

L’ancienne église des Cordeliers sur le « Knuodeler », construite en 1223, fut, comme on sait, complètement détruite par l’explosion des poudres en 1554, et avec elle une grande partie des maisons de la ville. Or, sur le plan Deventer, cette église est figurée comme étant entourée de tout un groupe d’habitations, probablement les dépendances du couvent, tandis que sur le plan Guicciardini et sur d’autres de la même époque environ, elle est complètement dégarnie et entourée de trois rangées d’arbres seulement. Il y a donc tout lieu d’admettre que le plan est antérieur à 1554.

Une autre preuve qu’il date d’une époque plus ancienne encore, c’est que toute l’agglomération de petites maisons qui existaient jusqu’en 1554 dans la rue Notre Dame tout près de l’église, forme encore une rangée compacte, tandis que sur le plan Guicciardini il y a beaucoup de places vides, emplacement des maisons qui n’ont pu être relevées des cendres. L’incendie de 1554 s’était subitement propagé dans tous les sens, parce que la plupart des maisons de Luxembourg à cette époque étaient encore couvertes en chaume et en bardeaux et parce qu’on manquait d’eau. Les maisons représentées par Guicciardini n’auraient donc certainement pas été ménagées, et il faut nécessairement admettre que ce sont celles qui furent reconstruites après 1554.

Sur le plan Deventer est indiquée la chapelle de la Trinité, en face de la rue de la Congrégation ; elle n’existe pas sur le plan Guicciardini ; ceci cependant doit provenir d’une omission. Ces données suffiront, je crois, pour la ville.

Voyons ensuite les villes basses et d’abord la descente de Clausen : Sur le plan Deventer toute une agglomération de maisons se trouvait entassée autour du vieux château, disparu déjà. Nous nous trouvons ici probablement en présence de ces vieilles habitations qui étaient venues se placer sous les ailes tutélaires du vieux château de Sigefroid.

Le « Bock » à cette époque avait, comme je viens de dire, certainement un tout autre aspect qu’aujourd’hui. Par suite des travaux de guerre, il a subi, comme relève avec raison M. Biermann dans ses notices sur la ville de Luxembourg, de grandes modifications, tant sous le rapport de son étendue que sous celui de son altitude.

D’après la configuration et la hauteur des parties de rochers intactes qui se trouvent encore dans la descente de Clausen, on pourrait admettre que le niveau de la route et celui de l’ancien château fort de nos comtes était au moins placé à 2 ou 3 mètres plus haut que le niveau actuel. Quand ce terrain fut abaissé, les fondations mêmes du château disparurent, et c’est probablement là la raison pour laquelle on n’a plus jamais retrouvé la moindre trace de cet illustre manoir, sauf quelques consoles de voûtes enfouies dans le sol au-dessus de l’ancien jardin Schrobilgen. (Voir Arendt, publications 1870/71, p. 216.)

Les deux rangées de maisons figurant sur le plan Guicciardini ont dû exister non pas au pied du « Bock », comme plusieurs auteurs l’ont cru, mais bien en haut dans la descente même. En dépassant la troisième porte du château dans la descente, le plan renseigne à gauche, dans la manière primitive des traits de Deventer, un bâtiment en forme d’église ; la tour est clairement indiquée, c’est l’ancien couvent des Dominicains. Au delà de l’ancien pont de Clausen, des habitations isolées se suivaient jusqu’à la chapelle Ste-Marguerite ; sur le plan de 1581 on ne trouve plus rien.

Le plan Guicciardini donne les deux anciennes portes, qui se trouvaient dans la rue Vauban, l’une à 100 mètres environ à gauche de l’église St-Mathieu, l’autre à 60 mètres environ à droite (Hagelgasspuort), tandis que la rue entière est encore bordée de maisons des deux côtés entre ces points. Il en est de même du côté gauche de la rue située entre la Reufersport et l’Eicherport.

Je crois avoir suffisamment marqué les différences, pour montrer qu’il a fallu un temps assez considérable, pour combler de pareilles lacunes.

S’il n’était d’ailleurs pas établi que le château du Bock a été rasé en 1541 et que Deventer, l’auteur du plan, n’a pas fait de levée avant 1540, nous n’hésiterions pas à reculer la date encore d’une dizaine d’années au moins.

Il résulte de ces détails que le plan Deventer nous donne l’aspect de la ville de Luxembourg entre 1542 et 1550, que c’est un des premiers plans que J. Deventer a levés, pour rassembler sa collection de 100 plans, levés par ordre de Charles-Quint et Philippe ii, et publiés magistralement dans un album magnifique « Atlas des villes de la Belgique », publié par les soins de la Société Nationale belge de géographie ; il se trouve dans la troisième livraison de cet ouvrage, accompagné d’un texte explicatif dû à M. N. van Werveke.

Le cours de l’Alzette

autour de la ville, avant son redressement par le comte Ernest de Mansfeld en 1573.

Le cours de l’Alzette entre la fabrique de Pulfermühl jusqu’au mur de clôture allant du Verlorenkost au Rham, était sensiblement le même que celui avant 1860. En aval de la fabrique (anciennement Kuborn, aujourd’hui Godchaux) le lit se trouvait avant 1860 un peu plus à droite qu’aujourd’hui, il a été déplacé à gauche par suite de la construction du grand perré. L’établissement du viaduc dans la même vallée a fait déplacer le canal qui commençait auparavant à peu près à l’emplacement de la passerelle en fer près l’école de natation. Dans la traversée des villes basses du Grund et du Pfaffenthal, le lit n’a pas été modifié. Le plan renseigne un pont assez large qui existait au Grund à peu près à égale distance du pont actuel et du passage près de l’endroit dit « Sternchen ». Il reliait la rue Plætis avec la ruelle qui existe encore aujourd’hui derrière la prison des femmes. Du reste, un pont en bois existait encore au commencement de ce siècle en cet endroit.

Dans le faubourg de Clausen, la dérivation du lit actuel commençait près du pont de Clausen. L’ancien cours était plus à droite sur l’emplacement de la route actuelle près de la maison Wilhelm (aujourd’hui Demuth-Wilhelm), se rapprochant notablement du pied des rochers. La rive droite restait encore de 30 à 40 mètres de la porte d’entrée de l’église de Clausen. La largeur de l’Alzette à cette époque, d’après ces anciens plans, était plus grande. De la maison Demuth-Wilhelm, l’ancien cours se dirigeait à peu près en ligne droite vers l’ancien pavillon de la société des arquebusiers (maison Funck) ; de là il se retournait, en passant entre l’ancien cimetière militaire et la nouvelle route Mansfeld, c.-à-d. en plein à travers le pré Hastert, dont une partie est encore aujourd’hui située au niveau de l’Alzette. À cet endroit il y avait un îlot très allongé.

À partir de l’écluse, le cours était comme aujourd’hui.

Entre le pont de Clausen et le passage sur l’Alzette dit « Sternchen » derrière les prisons de l’État, l’Alzette suivait en général le cours d’aujourd’hui, mais en-dessous du pont, à l’endroit du barrage, elle formait deux bras ; le bord du premier bras est encore actuellement le bord du canal, le second passait en plein à travers le pré actuel.

Rues de la ville en 1581.

Les grandes propriétés indépendantes entre le deuxième et le troisième fossé avaient d’abord beaucoup entravé les constructions régulières et l’alignement général des rues, parce que leurs propriétaires cherchaient à soustraire leur héritage au morcellement.

Le terrain en dehors du second fossé et jusque dans les fortifications de la plaine se partageait en très grande partie entre cinq couvents : le couvent du St-Esprit (1140), de Ste Marie-Madeleine (1257), couvent détruit par l’explosion des poudres (1554) et remplacé par celui des Jésuites (1594), le couvent des dames de la Congrégation, les Récollets (1223) et les Capucins (1621). Le reste se répartissait ensuite entre les sept refuges, l’ordre teutonique, les maisons nobles et les propriétaires. Quand les rues existantes ne suffisaient plus, on en construisait de nouvelles, notamment dans les jardins des Jésuites et des Récollets.[5])

Le centre de l’agrandissement de la nouvelle ville était pris par un grand carré, limité au nord par la rue de la Place d’armes, au midi par la rue Marie-Thérèse, à l’Est par la rue Guillaume, à l’Ouest par la rue St.-Philippe. Les rues Monterey, du Curé, Louvigny, Chimay et Reaumont n’existaient pas encore. Trois de ces côtés étaient garnis de maisons’. Seule la partie inférieure de la place Guillaume était libre, de l’angle de la Banque Internationale jusqu’à la rue Chimay. Un mur de clôture ayant une porte plus élevée, ménagée dans le mur, à peu près à l’endroit où se trouve aujourd’hui l’escalier supérieur vis-à-vis de l’Athénée, séparait alors la place Guillaume de la rue Notre-Dame. Il est probable que cette porte, qui reparaît sur d’autres plans à une époque postérieure, donnait accès par un escalier, au couvent du Knuodeler.

Aucune trace de l’escalier inférieur près de la maison Lentz n’existe sur le plan Guicciardini.

Sur la partie inférieure du marché s’élève l’église des Récollets (Knuodeler) ; elle est placée parallèlement avec la rue, ayant sa porte d’entrée du côté Est. Une rangée d’arbres entoure l’église.

Sur la grande place libre, limitée par les rues que nous avons citées plus haut, se trouvaient par-ci par-là quelques maisons isolées. La majeure partie était tenue par de grands jardins.

Place Saint-Michel.

La place St.-Michel avait un tout autre aspect en 1542 et 1581 qu’aujourd’hui ; en général, sa forme était ovale. L’entrée de l’église St.-Michel était du côté où elle touche maintenant l’hospice. La tour se trouvait du côté opposé, vers le château du Bock. Sur le plan de 1581, un pâté de maisons appartenant probablement à l’église, se trouvait devant la porte d’entrée, laissant au milieu une cour libre, une espèce de parvis. Un mur clôturait ces annexes. Dans le mur de façade, on distingue une porte ; la clôture s’avançait jusqu’à la descente du Breitenweg. Par contre, sur le plan Deventer, c’est un amas de maisons qui se trouvent adossées contre l’église. On voit clairement que cette partie était reliée avec celle située vis-à-vis, limitée par la rue de la Loge, la descente du Breitenweg et la rue de la Montagne.

La partie qui barre la descente du Breitenweg sur le plan Deventer représente certainement une porte, car il est hors de doute qu’une communication directe existait toujours entre le vieux marché et la descente. Je ne voudrais pourtant pas prétendre que ce fut le même arc que celui qui existe aujourd’hui. Au contraire, il semble que ce dernier est de date plus récente. Ni le plan Guicciardini, ni aucun des autres de la même époque n’indique le passage voûté ; tous laissent la descente du Breitenweg libre.

Les maisons vis-à-vis de l’église, venant de la rue Wiltheim jusqu’à la banque Werling et Lambert, formaient un quart de cercle. La place du marché actuel n’existait pas encore. La maison désignée sous le nom de « Klack » n’était pas isolée ; d’autres maisons s’avançaient sur remplacement du, marché actuel, à peu près jusqu’au grillage de la maison Larue.

Entre ces maisons et celle de M. de Scherff (emplacement de l’ancienne maison Wiltheim, connue sous le nom « zum wilden mann » ), récemment acquise par S. A. R le Grand-Duc, il restait une étroite ruelle qui aboutissait derrière la « Klack ». Cette rue se continuait derrière la maison Werling et venait également aboutir sur la place libre devant la descente de Clausen dont question ci-dessous. Le plan Deventer donne la même situation.

Au delà de l’église St.-Michel et l’emplacement de la banque précitée se trouvait un assez grand plateau, garni d’arbres. Un chemin passait derrière l’église et venait y aboutir. La place était entourée d’un mur d’enceinte.

Les quartiers limités par les rues de la Loge, la rue de l’Eau, celle de la Montagne et la rue de la Trinité, sont restés depuis lors presque sans changements ; les rues n’ont pas changé du tout, sauf qu’il existait autrefois une communication entre la rue de l’Eau et celle de la Montagne, ruelle qui prenait son origine un peu au-delà de la Chambre des Représentants, et débouchait au sommet de la courbe dans la rue de la Montagne.

Si la direction des rues de cette partie n’a pas beaucoup changé, il n’en est pas de même de leur niveau. Les constructions de toutes les maisons environnantes viennent attester que le sol de ce temps a été plus élevé qu’aujourd’hui. Cette surélévation a déjà dû commencer au bout supérieur de la rue de la Boucherie. C’est la seule raison qui permet d’expliquer pourquoi la plupart des maisons anciennes de la rue de la Boucherie et de la place environnante, comme p. ex. les maisons Scheidt, Würth-Paquet, Bley, Schou, Grimeler ont toutes des escaliers plus ou moins hauts, avant d’arriver au rez-de-chaussée. Si les autres maisons ne les ont plus, c’est qu’elles ont été changées pendant la reconstruction, comme celle de M. Michaëlis, laquelle avait encore un escalier assez haut au commencement de ce siècle. La hauteur des escaliers va en augmentant presque régulièrement depuis la maison Fischer, pharmacien, jusqu’à celle de M. Würth-Paquet qui formait le sommet.

La place Saint-Michel était aussi probablement de ce temps à un niveau plus élevé, de même que plusieurs maisons environnantes, sans toutefois atteindre la surélévation de la rue de la Boucherie. On peut très bien supposer que la différence entre la place et la rue a été rachetée par un escalier. Presque toutes les anciennes villes montrent encore aujourd’hui de ces exemples.

La Grand’Rue.

Le plan de Deventer, dressé comme nous avons vu avant l’explosion des poudres en 1554, rend compte de la situation ancienne de la Grand’Rue. Le plan Guicciardini donne la situation en 1581. Or nous savons qu’en 1570 on avait établi un plan général pour la régularisation des rues. Sur le premier plan on remarque clairement que l’alignement des maisons en général laissait encore beaucoup à désirer. Pour montrer que c’était la rue principale d’alors, ou bien pour faire mieux ressortir la direction des rues, la largeur de ces dernières est un peu exagérée. Nous savons cependant que la Grand’Rue du temps de Deventer comme de Guicciardini n’avait que la moitié de la largeur actuelle. Encore aujourd’hui les caves du côté droit viennent l’attester. La rangée de maisons depuis le coin de la rue Saint-Philippe jusqu’au coin de la rue du Charbon avançait irrégulièrement dans la rue actuelle.

L’auteur de ces lignes a dans le temps visité ces caves ; beaucoup d’entre elles vont jusqu’au dessous de la voie du tramway. À gauche du puits rouge une assez grande place restait libre, plus grande que celle d’aujourd’hui, attendu que la place occupée par les maisons Schrœder, bijoutier, et Wawer, n’était pas encore bâtie.

La rue de Genistre (Lantergasselchen) tournait subitement en courbe pour aboutir vers la maison Neumann.

D’après le plan Guicciardini, la pointe de la maison Wittenauer de la rue du Fossé s’avançait plus en avant presqu’à l’aubette actuelle.

La rue du Rempart.

C’est la rue du Casino qui en formait le point de départ à peu près dans la même direction qu’aujourd’hui. Elle continuait presque en ligne droite derrière l’église des Pères et s’avançait jusqu’à l’emplacement du bastion Berlaimont. À partir de ce point, elle tournait à gauche et suivait d’assez près la rue des Bains. En quart de cercle, elle passait devant la maison actuelle qui forme le coin de la rue des Bains et de la rue Aldringer, traversait la maison Liesch, la maison Brasseur, pour couper la rue de l’Arsenal. De là elle allait à gauche de la rue Aldringer, en courbe devant la nouvelle maison d’école, traversait la cour de la maison de Tornaco (Reuter-Reuter), la maison Michel et entrait dans la rue Marie-Thérèse au coin de la maison Derulle.

La rue Marie-Thérèse

n’existait qu’en partie telle qu’elle est aujourd’hui. Du milieu de la rue vis-à-vis de la maison Derulle n° 29, l’axe allait directement sur la façade de la maison. En bas, toute la largeur de la rue Marie-Thérèse était occupée par un pâté de maisons, la rue se trouvait plus à droite. Elle se repliait brusquement à gauche et rentrait de nouveau dans la rue actuelle, en face de la maison Landmaun.

Un cul-de-sac rentrait encore vis-à-vis du n° 6.

La rue de l’Athénée.

D’après le plan Guicciardini, elle avait son entrée comme aujourd’hui, vis-à-vis de l’hôtel-de-ville ; mais au lieu de se diriger du Nord au Sud, elle allait dès l’entrée obliquement à gauche sur le boulevard actuel, en coupant la maison rouge (Klein), la rue et débouchait sur l’emplacement de la maison Frink du coin, entre la dixième et la onzième tour de la troisième enceinte.

Le plan Deventer donne cette rue dans la même direction, mais en double courbe (S).

Cette rue dont le nom primitif ne nous est pas parvenu, coupait donc l’emplacement de l’ancien magasin aux poudres démoli en 1860, occupé par le pâté de maisons connu sous le nom de « nouveau quartier », parce que c’était le premier qui fut transformé avant la démolition de l’ancienne forteresse.

La rue Aldringer

n’existait pas ; elle était remplacée alors-par la rue du Rempart, qui se trouvait plus à droite.

La rue des Capucins

avait la même direction qu’aujourd’hui ; du côté droit, elle allait jusque dans le bâtiment occupé par les Pères, quarante mètres plus loin que la porte d’entrée de l’église. À gauche, elle avançait jusqu’à l’annexe du bâtiment de la machine de la conduite d’eau. Elle venait aboutir à une grande place devant le cavalier Berlaimont. À gauche se trouvait sur cette même place la rue qui faisait le tour de la ville.

La rue Saint-Philippe

allait en 1581 en ligne droite sans interruption (la rue de Chimay et de Louvigny n’existant pas encore) du lieu dit « Hellepoûl » d’un côté jusqu’à la maison De Muyser (no 13), à gauche jusqu’à la porte d’entrée de la maison Müller.

À partir de là, elle faisait une brusque inflexion à gauche en passant à travers la dite maison Müller (no 30), puis suivait une partie de la cour de l’ancien bâtiment de la direction du Génie (direction des Postes), vis-à-vis de la maison Siegen (no 6) ; passait à travers cette maison, puis occupait l’emplacement de l’atelier de M. Clemen, lithographe (no 8), ainsi que le jardin y contigu, traversait une cour derrière la maison Dieschbourg (no 12) et de Brock (no 14) et aboutissait de nouveau dans la rue Saint-Philippe à l’emplacement de l’ancienne maison Thorleuchter (no 12), aujourd’hui incorporée à la maison Elter.

La façade de la petite maison Timmermans, aujourd’hui démolie en vue de la construction du chemin d’accès de la nouvelle maison d’école, était à front de cette ancienne rue. La rue du Piquet existait déjà, mais n’avait pas tout à fait la même direction qu’aujourd’hui. Elle passait de l’angle de la maison Bonn en ligne droite sur la pointe de la maison Siegen.

Rue du Séminaire.

Sur le plan Guicciardini aussi bien que sur le plan Deventer et les autres la rue actuelle du Séminaire s’avançait beaucoup plus vers la rue Notre-Dame qu’aujourd’hui. La rue formait alors un arc en sens opposé avec la rue du Séminaire actuelle, au milieu le sommet touchait le chœur extérieur de l’église. Il est certain que la direction actuelle a été établie lors de la construction de l’église Notre-Dame en 1611.

Il résulte des documents du temps, que le choix d’emplacement était la plus grande difficulté s’opposant à la construction de cette église. Le terrain où se trouve l’église, appartenait en 1610 en partie à la maison dite « Enscheringen » ou « Schwarzenburg » et il a fallu une décision d’Albert et d’Isabelle datée du 30 juin 1611, de Bruxelles, pour exproprier ce terrain. Il paraît que le Gouvernement d’alors tenait beaucoup à la réalisation de la nouvelle construction (voir Engling, 1855, page 28), de sorte qu’il n’est nullement étonnant qu’il ait en même temps donné l’autorisation de faire dévier la rue du Séminaire, pour comprendre dans un seul pâté l’église Notre-Dame, le séminaire, l’Athénée et le jardin adjacent.

C’est une supposition ; mais dans tous les cas, l’ancienne rue déviait beaucoup de la nouvelle. Le quartier limité aujourd’hui par la rue Notre-Dame, la rue de Clairefontaine, la partie supérieure de la rue de la Congrégation, la rue du Séminaire, le jardin du Séminaire et l’Athénée, n’avait, en 1581, pas la même configuration. Il avait la forme d’un hexagone allongé, dont deux côtés plus longs et parallèles étaient la rue de Notre-Dame et l’ancienne rue du Séminaire, l’angle Est, une partie de la rue de la Congrégation, la Neuwergasse d’autrefois, et de la rue Clairefontaine ; l’angle Ouest, une rue qui a disparu et qui partait du milieu de l’hôtel-de-ville actuel, en traversant l’emplacement occupé plus tard par la poudrière Marie-Thérèse (aujourd’hui nouveau quartier) et débouchait près de la sortie de la troisième enceinte enrayée entre la neuvième et dixième tour. Le sixième côté longeait le mur de l’enceinte ci-dessus. Cette partie du plan de Guicciardini coïncide avec le plan Deventer ; quant à la délimitation, elle en diffère, en ce que les six côtés du plan de 1581 sont bordés de maisons, tandis que le plan Deventer n’a que trois côtés et demi occupés ; (rue de l’Athénée, Clairefontaine, Congrégation, et une partie de la rue du Séminaire). Le restant était encore terrain libre.

La rue Mamer.

La rue Mamer avait la même direction que de nos jours ; seulement il semble qu’elle a été élargie. D’après une communication, que m’a faite M. l’architecte Luja, la cave de la maison Settegast avance encore de quelques mètres en-dessous de la rue actuelle. Ce serait donc seulement après l’alignement général des rues, que la rue Mamer aurait reçu la largeur actuelle.

Rue Guillaume et rue du Fossé.

En général, la direction de ces rues était la même que de nos temps. La rue du Fossé notamment semble n’avoir subi presque aucun changement. Elle occupait alors comme aujourd’hui l’emplacement de l’ancien fossé, creusé en dehors des murs de la deuxième enceinte de la ville. Les fondations des maisons situées à l’Est de la rue du Fossé reposent sur d’anciens murs d’une solidité extraordinaire. (Würth-Paquet, 1849. Publ. p. 107.)

À partir du coin de la rue Mamer, les maisons suivaient la ligne courbe, que présente encore maintenant le côté opposé de la Place Guillaume, c’est-à-dire, les constructions avançaient en face de la rue de la Reine, qui n’existait pas, jusqu’au milieu de la rue actuelle. L’alignement droit des maisons du coin Settegast et Saur, sœurs, rue de la Reine, de même que celui de la maison Schaaf jusqu’à la maison Anders, est de date plus récente.

La rue de la Reine

n’existait pas ; elle est de date plus récente. Aucun des deux plans précités ne fait mention de cette rue, et si dans les archives de 1430, 1452 et 1476, il est question d’une rue neuve « Neugâss », il ne peut pas s’agir de la rue de la Reine, quoique cette dernière portât également le nom de Rue neuve. Dans la direction qu’elle a aujourd’hui, elle doit être du commencement du 17e siècle. Le premier indice certain que nous avons, c’est le cartulaire de 1631, où il est question d’un hôtel (du Lion d’or), joignant la nouvelle rue devant la maison de ville (Palais de S. A. R. le Grand-Duc) vers l’entrée des Cordeliers.

Rue du Gouvernement.

D’après le plan Guicciardini, la rue Marché-aux-Herbes et celle du Gouvernement avaient à peu près la même direction qu’aujourd’hui. Au milieu de la place du vieux marché, devant la chambre des députés, se trouvait l’église Saint-Nicolas, construite en 1120, agrandie en 1703 par l’annexion de la chapelle Saint-Adrien (Pierret, vol. 2, dit à propos de cette dernière qu’elle figurait aussi sous le nom de Saint-Clément et qu’elle a servi aux Jésuites avant la construction de leur propre église). L’entrée était tout près de la rue des eaux, dans le prolongement de la maison Printz. La tour de l’église se trouve au milieu du bâtiment. L’église elle-même est libre de tous côtés.

Rappelons en passant que cette église fut démolie en 1775, parce qu’elle menaçait ruine ; en même temps le cimetière qui se trouvait alentour (den âle Kirfich), fut supprimé dans l’intérêt de la salubrité. Son emplacement a servi à élargir l’entrée de la rue des Eaux et la place libre actuelle.

Je dois encore mentionner un cul de sac allant de la maison Schmitz, rue du Gouvernement, et s’avançant jusqu’à la 2e enceinte, qu’elle ne dépassait pas.[6]) Le cul-de-sac ne figure pas sur le plan Deventer.

Ce plan indique des changements notables. Un pâté de maisons vient s’avancer dans le prolongement de la Chambre des députés jusque contre l’église, qui n’était donc pas encore libre. De plus, une rue ancienne qui ne figure plus sur le plan Guicciardini, raccordait la rue du Gouvernement à la rue du Rost parallèlement à la rue des Eaux. Cette rue devait être très large, elle représente sur le plan le double de largeur au moins de celles environnantes.

Rue de la Place d’armes.

Le quartier limité par la rue de la Place d’armes, la rue Saint-Philippe, la rue du Charbon et la Grand’rue était en 1581 à peu près le même qu’aujourd’hui, avec cette différence seulement que la rue de la Place d’armes était alors plus tortueuse ; elle ne débouchait pas comme maintenant en face de la rue du Piquet, mais bien en face du n° 16.

L’angle de la maison Wirtgen, formant coin, était donc coupé et le n° 9 (maison Bonn) était dépassé encore de toute la largeur de la rue. Quant au côté entrant dans la Grand’rue, nous avons déjà dit comment il s’avançait de ce temps.

En 1581, tout le contour de ce quartier était déjà bordé de maisons, le plan Deventer renseigne la même situation, sauf l’emplacement occupé par la maison Amberg fils, qui était encore libre.

L’emplacement du Saint-Esprit

avait un tout autre aspect ; la plupart des rues qui existaient alors, comme accès de l’ancienne église, ont disparu.

La rue du Saint-Esprit se prolongeait dans la même direction, mais en décrivant une ligne courbe jusqu’au coin Est de l’hôpital de guerre (caserne actuelle). À partir de ce point, elle se dirigeait sous un angle d’environ 100", en passant devant l’ancienne église, et venait aboutir à la porte de sortie de la troisième enceinte. Comme il n’y avait qu’une seule tour donnant accès vers l’église, nous avons tout lieu de croire que c’était l’ancienne porte désignée sous le nom de Reffingersport (1437), Ruffingersporte (1502), Renyngersporte (1462).

Si nous croyons faire cette supposition, c’est d’abord parce que sur les deux plans, un chemin est tracé dans la direction de l’église du Saint-Esprit, qui vient aboutir contre cette tour de l’enceinte. Du côté extérieur, il n’y a qu’un chemin qui longe l’enceinte à droite ; mais, sans issue apparente, le chemin devait descendre primitivement dans la vallée, vers l’église Saint-Udalric peut-être ; pour racheter la grande différence de hauteur, il est probable qu’un escalier était entaillé dans le roc.

Le plan Deventer indique également un bout de rue vers cette même tour qui en 1545 était la dernière de ce côté ; jusqu’à l’ancienne porte Saint-Udalric une grande partie du mur d’enceinte manquait encore.

Une troisième rue longeait l’église, allait d’abord parallèlement avec la troisième enceinte et se recourbait à droite pour descendre vers le Grund dans la rue de Thionville, en traversant l’ancienne prison.

Le plateau du Rham.

En 1581, presque tout le pourtour du plateau du Rham, qui portait alors le nom de Dinsel, était couvert de maisons, une rue située au milieu du côté Est donnait accès sur la place vague du centre.

D’après le plan Guicciardini, cette place n’était pas encore égalisée ; le plan renseigne des sinuosités de terrain assez prononcées. Tout autour du plateau menait une rue « Dinselgâss ». Au nord, cette rue avait en partie la direction de la rue de la porte de Trêves, à l’Est elle suivait la direction des trois tours, qui existent encore ; au midi elle suivait l’enceinte jusqu’au prolongement de la rue de Münster et aboutissait près de la poterne du Bisserweg.

La rue de Münster traversait la cour de l’hospice Saint-Jean et s’avançait jusqu’auprès de l’ancienne porte de Trêves.

À gauche de l’hôpital actuel, une autre traversait la rue précitée et passait tout près de la porte de Trêves jusqu’au bord de l’Alzette.

Le plan Deventer ne renseigne des maisons que sur la partie gauche du plateau, tandis que les rues sont tracées de la même façon que sur l’autre plan.

Clausen.

En quittant la place St-Michel pour se rendre à Clausen, on rencontre d’abord sur le plan Deventer, aussi bien que sur celui de Guicciardini, une grande place ; le second plan l’indique comme étant garni d’arbres.

Un point important pour la détermination de l’époque des deux plans, c’est que la porte du château n’est pas encore indiquée ni sur l’un, ni sur l’autre.

On sait que cette porte a été construite vers 1550.

Beaucoup plus bas se trouvent 3 portes ; la dernière est, d’après les deux plans précités, à environ 50 mètres en-deçà (côté de la ville) du pont du chemin de fer qui passe sur la route ; la seconde se trouve à 25 mètres plus haut et la troisième à 25 mètres de la seconde, à peu près à 14 mètres plus bas que le « Huolen Zant ».

Le couvent des Dominicains, qui n’est plus indiqué sur le plan Guicciardini, se trouve, comme nous l’avons relevé, sur le plan Deventer, à gauche de la troisième porte, mais un peu plus bas.

En sortant de la troisième porte, on trouvait quatre chemins : Le premier descendait tout droit et l’on parvenait sur le plateau d’Altmunster ; le deuxième à droite conduisait en descendant vers l’Alzette au Grund, en longeant le roc du « Bock » par le jardin Pescatore ; le troisième forme le chemin actuel de Clausen et aboutit droite à une porte placée au bout d’Altmunster ; le quatrième enfin descendait à gauche vers la rivière ; un mur d’enceinte, garni de cinq tours, défendait Clausen de l’approche de l’ennemi. Au bout des quatre chemins à droite, en descendant, se trouvent deux ou trois maisons. Le troisième chemin ou le chemin actuel, conduisant à Glausen, est bouclé de maisons des deux côtés et ne laissait que quelques vides sur le côté droit.

Le second conduisant vers le plateau, en a quelques-unes à gauche en descendant, par-ci par-là une à droite.

Il y en a plusieurs en descendant du plateau vers l’Alzette, où un chemin semble avoir conduit ; ces maisons, exceptées celles bâties sur la pente, regardent l’Alzette.

Entre cette dernière rangée de maisons et le plateau supérieur se trouve encore un pâté de maisons.

En sortant de la partie bâtie au bout du chemin du milieu, on longeait à gauche le mur d’enceinte pour aller vers la chapelle de St-Mathieu au Pfaffenthal, en passant par le pont vers l’église de Pfaffenthal : on longeait à droite le même mur pour venir à un double pont sur l’Alzette, l’un sur un bras de la rivière, l’autre sur celle-ci même. On voit une seule maison bâtie à Glausen, de l’autre côté de la rivière, très près du pont.

En passant le pont, on avait à droite un chemin qui longeait l’Alzette, en suivant assez exactement l’ancien cours ; ce chemin conduisait vers le Grund et l’on entrait par la porte près de l’eau, l’autre à gauche conduisait vers le château de Mansfeld, pour de là suivre la courbe de la côte, longer celle-ci et entrer au Pfaffenthal.

On voit le chemin qui conduit auprès l’autre vers le Weimershof. Le château se trouve à droite du chemin venant de Clausen ; à gauche est une église, plus loin une chapelle.

Grund.

La descente du Grund était la même que celle d’aujourd’hui. Les deux côtés sont ornés de maisons ; les façades à gauche suivent la courbe sans interruption, non seulement jusqu’au n° 4, mais jusqu’au milieu du bâtiment des prisons, dont elle coupe le corps principal jusqu’à la 3e cour. À ce point se trouve l’origine du chemin qui monte vers le plateau du Saint-Esprit, en suivant les rochers. Il est probable qu’un escalier était entaillé dans le roc.

Au delà des prisons, la rue de Thionville n’a pas subi de changement. L’îlot formé par le bras de l’Alzette était beaucoup plus restreint et n’allait pas au delà du n° 6 de la rue Plaetis.

La direction de cette dernière était tout à fait la même qu’aujourd’hui ; seulement, elle suivait le bord de l’Alzette jusqu’au Sternchen pour aboutir au plateau d’Altmünster. La rue Plaetis aboutissait derrière la maison n° 1 dans la descente du Grund. Ce bout de chemin n’existe plus. La rue de Münster se prolongeait à travers la cour des prisons, devant l’église Saint-Jean, et une chapelle se trouvait un peu en deçà, pour aboutir devant l’ancienne Kridelspuorten ; celle-ci devait exister dans le mur de clôture actuel des prisons. Au delà du bâtiment principal des prisons, une ruelle transversale allait à droite vers la rue du Rham, à gauche jusque contre l’Alzette. C’est par la rue du Rham (Dinselweg) qu’on arrivait à la Dinselpforten, qui se trouvait donc à droite de la rue de la Porte de Trêves.

À peu près sur l’emplacement de la tannerie Konz se trouvait l’église Saint-Udalric et un peu plus loin une autre petite chapelle.

Vers l’extrémité du dépôt de mendicité, un pont à 6 arches était jeté sur l’Alzette et menait vers la rue Plaetis.

Partie intermédiaire entre le Pfaffenthal et la ville haute.

En passant par la porte encore existante aujourd’hui et figurant 3 tours, on trouvait deux chemins ; le premier conduisait tout droit vers le Pfaffenthal, c’est le même qui existe aujourd’hui. L’autre allait à gauche du premier, appelé Lampersweg, et conduisait probablement vers le Lampersberg ; c’était la direction la plus proche pour y venir. Les deux chemins étaient bouclés de maisons dans toute leur longueur.

Entre les maisons du Lampersberg à gauche et les murs de l’enceinte étaient des jardins.

Il y avait aussi quelques maisonnettes entre la première porte de Pfaffenthal en descendant et les trois tours dont il est question ci-dessus.

Pfaffenthal.

Les quartiers situés à gauche de l’Alzette ont subi des changements notables. En entrant dans cette ville basse par la porte inférieure, deux chemins bifurquaient vers la rue du Pont ; celle à gauche de la rue d’Eich, sensiblement dans la même direction qu’aujourd’hui ; celle à droite dans le prolongement de la rue des Tanneurs qu’elle allait rejoindre en coupant les jardins situés entre les maisons ne 1 et 2.

La rue d’Eich était reliée avec celle des Tanneurs par une rue qui passait à travers l’emplacement actuel de la maison n° 8, pour aboutir en face du n° 13.

La rue du Pont n’a pas subi de changement, sauf que le coin du n° 9 était coupé en courbe.

Derrière la rue du Pont et à peu près parallèlement, une autre rue reliait la rue d’Eich avec la rue des Brasseries ; un bout de ce chemin existe encore en face du n° 37 (rue d’Eich) où elle entrait, pour sortir en face du n° 2 de la rue des Brasseries.

Au milieu, une ruelle allait obliquement dans celle des brasseries.

Les quatre pâtés que nous venons de décrire, étaient bouclés de maisons. Le côté gauche de la rue d’Eich n’a pas de maisons.

L’église Saint-Mathieu était à la même place qu’aujourd’hui, mais d’après le plan Guicciardini, aucune construction n’existait encore, ni dans la rue des Bons-Malades, ni dans celle de Vauban. Nous avons déjà parlé du plan Deventer et nous avons fait ressortir que sur ce dernier le côté droit des deux rues précitées était bordé de maisons, depuis la Hagelgasspuort jusqu’à la porte des Lépreux (Bons-Malades).

La troisième enceinte de la ville.

Les deux premières enceintes ont été suffisamment décrites par différents auteurs pour pouvoir les passer sous silence. Je crois cependant devoir m’arrêter sur la troisième enceinte. Cette troisième enceinte fut décrétée en 1386 par lettres patentes de Prague par le roi Wenceslas ; elle donnait à la ville le périmètre intérieur qu’elle avait encore en 1867. Les travaux ont été commencés en 1393, ils ont été exécutés en partie à charge de la ville. La troisième enceinte partait du rocher à droite de la seconde porte dans la descente du Grund.

La première tour se trouvait au Saint-Esprit, un peu en-deçà du bastion dit de l’Écluse.

Nous allons tâcher de fixer autant que faire se peut, le passage du mur de l’emplacement de chacune des 42 tours et portes, dont elle était entourée dans son ensemble.

Comme points d’attache, nous nous sommes servi des différents restes retrouvés lors de la démolition de la forteresse de 1867-1870 : les restes de la porte Saint-Josse dans le bastion de même nom, la tour près de la porte des Juifs, le mur qui reliait la tour Saint-Josse au bastion Marie et qui avait été mis presque complètement à jour ; la présence d’une tour dans la maison Sivering, la position de la porte enfouie dans le bastion Berlaimont, les vestiges nombreux qui restent encore à ce jour sur le plateau du Rham et de Münster, les portes de la descente du Pfaffenthal ; le tracé indiqué sur les plans Guicciardini et celui du plan Deventer, qui, malgré son respect primitif, est très correct, il renseigne des tours qui ne se trouvent pas sur le premier. Nous devons expressément remarquer que la position de ces murs et tours de la troisième enceinte a fait l’objet de recherches minutieuses. Nous avons consulté à ce sujet non seulement les plans du 16e, mais également ceux du 17e siècle, pendant lequel les vestiges de cette enceinte étaient encore beaucoup plus nombreux qu’aujourd’hui.

Nous n’avons pas la prétention d’affirmer qu’il suffirait de faire des fouilles juste à ces endroits, pour mettre de suite la main sur ces ouvrages ; ce travail résume seulement tout ce que nous en savons jusqu’à ce jour et il facilitera plus tard l’orientation des recherches, si le hasard met un de ces points à jour.

Troisième enceinte de la ville.
A. Côté Sud. Pétrusse.

Le plan Guicciardini comme celui de Deventer renseignent du côté Sud l’existence de dix-neuf tours, la tour Saint-Josse formant la dernière, c’est-à-dire portant le n° 19.

Comme première tour de l’enceinte, nous prendrons celle qui se trouve en face d’un ancien chemin (complètement disparu), qui menait de l’intérieur de la ville vers l’église du Saint-Esprit ; il n’a pas de continuation visible à l’extérieur de l’enceinte ; il est probable cependant que cette tour avait une ouverture qui donnait passage à un sentier descendant dans les escarpements des rochers vers l’église Saint-Ulric ; dans l’ancien temps, ces rochers n’étaient pas aussi escarpés qu’aujourd’hui (nous l’avons déjà dit, du reste,) et il est probable qu’un escalier taillé dans le roc rachetait la différence de niveau ; dans d’anciennes chartes on parle souvent d’un chemin qui conduisait vers le Saint-Esprit. Au commencement de ce travail, nous avons dit que nous supposons qu’il s’agit de l’ancienne Renyngers porten. Un acte de 1462 parle d’une maison, « staende vur Renyngers-Porten, in der gassen da man hien geit tzu dem heilligen Geist ». (Würth-Paquet, Publ. 1876, p. 87. Un autre de 1502 parle de biens sis à Luxembourg « bussent Buffingers portzen uff des billigen Geistes berge ». (Würth-Paquet, Publ. 1884, p. 150.

La deuxième tour se trouvait au Saint-Esprit dans le flanc rentrant du bastion de même nom, tout près du petit rond point donnant une perspective splendide sur les trois vallées. En arrivant de la gare, on remarque ce rond point à droite du viaduc. C’est la seule tour du côté Sud qui, sur le plan Guicciardini, est figurée avec une toiture en pointe.

La troisième tour se trouvait dans la fausse-braie devant la courtine entre les bastions Saint-Esprit-Louis, aujourd’hui à peu près en face de la pile-culée du viaduc de la ville, contre laquelle passe un sentier descendant du Saint-Esprit et contournant le pied des fortifications.

La quatrième tour était dans le prolongement droit de la seconde et dans la même courtine ; la place se retrouverait aujourd’hui, en prolongeant le mur du jardin Majerus parallèle à la face de la maison, de quelques mètres au-delà du parapet du viaduc, à droite, en rentrant en ville.

La cinquième tour tombait sur le mur de séparation entre les façades des maisons Majerus et Conrot, côté du boulevard.

La sixième tour a été mise à jour en 1869 lors des constructions sur le bastion Louis ; elle a été coupée en deux par le mur Nord de la maison Sivering et sert encore aujourd’hui de fosse d’aisance pour cette maison.

La septième et la huitième tour étaient très rapprochées ; il n’y avait entre elles ni mur, ni porte ; il paraît qu’il y existait une sortie vers les rochers de la Pétrusse, mais sans qu’on puisse retrouver la trace d’un ancien chemin ou sentier. Les deux tours étaient situées presqu’en face de la rue de la Congrégation.

La sixième tour devait se trouver à peu près à cheval sur le mur mitoyen entre les maisons H. Fischer et Luja, père.

La huitième tour avait sa place au haut du mur d’escarpe du bastion. Saint-Esprit contre le mur de la courtine entre les bastions Beck et Saint-Esprit ; cet emplacement correspond aujourd’hui avec le mur extérieur de l’annexe de la maison H. Fischer.

La neuvième tour, comme les précédentes, était à peu près dans le même prolongement droit, à l’intérieur cependant du mur de courtine entre les bastions Beck et Louis, en face d’une échoppe dans le couvent Ste-Sophie ; comme la tour se trouvait à plusieurs mètres en contrebas du niveau actuel du boulevard du viaduc, il est assez possible qu’elle existe encore en partie à l’intérieur du mur d’escarpe de la courtine, c’est-à-dire en plein milieu de la promenade plantée d’arbres sur ce boulevard.

M. le professeur van Werveke désigne cette tour comme étant la « Beckerichpforten » et s’appuie sur la présence d’un chemin qui est figuré sur le plan Deventer comme aboutissant à cette tour, pour conduire de la ville vers le bas de la Pétrusse. Nous ferons remarquer cependant que du côté de la ville aucun chemin n’a abouti vers cette tour et que la seule porte, figurée sur le plan en question, se trouve un peu plus haut et y correspond avec une rue inconnue, qui a conduit jadis vers l’Hôtel-de-Ville actuel, obliquement à travers le « nouveau quartier » d’aujourd’hui (ancien emplacement de la poudrière Marie-Thérèse). Il est donc probable que la « Beckerichpforten » correspond au vide entre les tours nos 12 et 13, et que le chemin qui, sur le plan Deventer, conduit à la tour n° 9, a longé le bas du mur de la tour n° 9 à nos 11-12.

La dixième tour se trouvait comme celle n° 9 dans le même alignement ; son emplacement se trouverait aujourd’hui vis-à-vis de la rue du Séminaire, presque au milieu du boulevard.

Les tours nos 11 et 12, dont nous venons de parler, avaient leur emplacement, la première dans le prolongement de la rue de l’Athénée sur le boulevard, la seconde perpendiculairement au milieu de la façade de la maison Bourggraff et tout près du mur d’escarpe du bastion Beck, du côté donnant sur la fausse-braie Louis-Beck.

Les tours nos 1 à 10 se trouvaient très sensiblement en ligne droite d’après les divers anciens plans ; de la tour n° 10 à celle n° 11, le mur fait inflexion toujours suivant le contour de la vallée.

La tour n° 13 existait dans le terre-plein du bastion Beck, et très probablement à proximité de l’endroit où se trouve actuellement l’entrée des escaliers conduisant à travers le bastion et la vallée de la Pétrusse vers l’ancien fort Bourbon ; cette place est très visible par la porte en fer dans le trottoir vis-à-vis de la maison Funck (3 balcons).

Entre les tours nos 13 et 14, presque au milieu, le mur fait une inflexion vers le nord ; le point saillant n’était pas défendu par une tour. La tour n° 14 occupait l’angle rentrant du mur, vis-à-vis de la maison actuelle de M. Kemp, architecte, sur le boulevard.

La tour n° 15 se trouvait également sur le boulevard du viaduc, en face de la maison de M. le professeur Kintgen.

La tour n° 16 était dans le même alignement et dans le prolongement de la rue Philippe, presque au milieu du boulevard.

La tour n° 17 était située dans le prolongement du mur mitoyen entre le Casino bourgeois et la maison Fischer.

La tour n° 18, toujours dans le même alignement, se trouvait en face du jardin réservé entre le Casino bourgeois et la maison de M. Nennig, architecte, nouvellement construite.

Tour n° 19. Cette tour nommée Saint-Josse, de forme oblongue, se trouvait à l’intersection que faisait le mur d’enceinte, qui, de ce point, tournait presque à angle droit depuis la ligne Saint-Esprit-Josse vers la direction Josse-Marie. — L’ancien bastion Josse, mieux connu de la génération actuelle comme « bastion aux nombreux canons », avait en son milieu un corps de garde de forme carrée, bâti sur des casemates ; entre cette tour carrée et le liane du bastion (côté vers le bastion Beck) se trouvait la vieille tour oblongue de l’enceinte de 1393. Derrière le bastion se trouvait une poudrière Josse, masquée par le bastion et les terrasses derrière. Pendant les démolitions en 1869 à 1870, on a mis à jour une maçonnerie oblongue, qui était indubitablement un reste de la tour Saint-Josse.

B. Côté ouest (Plaine) entre la tour Saint-Josse et le bastion Marie.

D’après les plans Deventer et Guicciardini, il n’y avait sur tout ce parcours qu’une seule tour ronde avec toiture ; sur les deux plans elle se trouve à gauche en venant de la rue des Juifs (Arsenal) ; la route franchissait le fossé à l’extérieur du mur au moyen d’un pont. La porte des Juifs se trouvait dans le prolongement de la rue de l’Arsenal, à peu près à l’emplacement de la façade de la maison Ferrant côté de la rue. La voûte de cette tour existait encore jusqu’en 1867, sous la courtine Marie-Camus. Elle était cachée du côté de la ville par un bâtiment où demeurait un fonctionnaire de l’arsenal ; la face de cette maison donnait sur la rue de l’Arsenal. L’espace voûté servait de débarras aux habitants. Lors de la démolition de cette maison en 1867, on pouvait encore très bien la voir. (Voir Biermann « Notices », page 24.) Lors du percement de l’avenue de l’Arsenal en 1868, cette voûte a été complètement démolie ; la rue des Juifs montait du coin de la Grand’Rue jusqu’au devant de la voûte.

Le niveau de la rue de l’Arsenal (rue des Juifs) paraît avoir été plus haut que la rue actuelle ; nous en trouvons la preuve dans le fait que, pour la plupart des anciennes maisons, le niveau du rez-de-chaussée est encore aujourd’hui notablement plus élevé que la rue actuelle.

Elle fut fermée en 1627 après l’achèvement de la Porte neuve. La partie supérieure aura disparu, lorsqu’on construisit la courtine Marie-Camus.

Nous croyons utile de faire remarquer que cette rue formait alors le niveau le plus élevé de la ville et qu’à partir de ce point le terrain descendait constamment vers le sud. (Comparer, à cet égard, Biermann, notices, page 37.)

C. Côté Nord (Plaine) entre les bastions Marie et Berlaimont.

En suivant le mur de clôture à droite, on rencontre le bastion Marie, le seul ouvrage de la forteresse moderne, qui existait de ce temps, bastion qui a été élevé en 1473.

En continuant, on rencontre une 20e tour, tombant dans la limite entre les maisons Ch. Siegen et Champagne ;

Une 21e tour à peu près à l’emplacement de l’ancienne Porte-neuve.

Une 22e et 23e, tombant aux extrémités du jardin dépendant de l’établissement des bains de la ville ;

La 24e et 25e tombaient à l’intérieur de l’ancien bastion Berlaimont et leurs places se trouvaient à peu près aux deux extrémités du réservoir d’eau établi autrefois sur le bastion. Il faut remarquer que lors de la démolition du bastion, on n’a pas trouvé de trace de la tour n° 25.

La 26e tour contenait une porte nommée « Lampertspuort » par laquelle passait le chemin dit « Lampersweg » vers la deuxième tour de la descente du Pfaffenthal contre la cour du Palais de Justice.

Ce chemin s’appelait anciennement « Dannebusch » et suivait assez exactement la direction du nouveau chemin établi en 1883, qui relie la descente du Pfaffenthal à la nouvelle route d’Eich.

Sur aucun des anciens plans, ce chemin ne figure avec une issue à l’extérieur de l’enceinte. Il est probable cependant qu’il regagnait les anciens chemins, notamment la bifurcation de nombreux chemins, en longeant l’extérieur du mur d’enceinte.

La bifurcation ci-dessus se trouvait à l’intérieur (côté ville) de l’ancien réduit Berlaimont, qui était lui-même à droite du chemin de la Porte-neuve vers le Glacis.

La 27e tour occupait probablement le rocher à droite de la nouvelle route d’Eich, un peu en amont de la maison Koltz (aujourd’hui Medinger-Beffort ) ; les fortifications, qui existaient à cette place, ont été démolies.

La 28e tour était à cheval sur la descente du Pfaffenthal, qui comme construction était la même que la deuxième tour de la descente du Pfaffenthal : une tour carrée flanquée de deux tours rondes, placée au milieu du chemin en amont des premières maisons du Pfaffenthal et s’appelait autrefois « Reuferspuort ».

La 29e tour faisait angle tout près de celle qui précède, mais plus à droite au-dessus du chemin qui conduit du Pfaffenthal à la rue Mohrfels en face de la caserne Vauban.

La 30e et la 31e tours se trouvaient sur les rochers au-dessous du Neuenweg.

De la 29e à la 31e tour, le mur de clôture passait à peu près en ligne droite sur les rochers au-dessus du Neuenweg.

La 31e tour tombe dans le milieu de la descente du Pfaffenthal côté du Neuenweg, là précisément où se trouvait encore en 1867 le passage fortifié avec maisons dessus, au pied du petit bastion avec tour espagnole, qui forme aujourd’hui le beau point de vue dans la descente du Pfaffentlial.

La 32e tour se trouvait au bord du Neuenweg, dans l’angle rentrant que faisait le mur, qui infléchissait vers la tour n°33 ; elle se trouvait un peu à gauche de la rue du Palais de Justice, en supposant celle-ci prolongée vers le Neuenweg.

La 33e tour était située à l’intersection de l’enceinte, que nous venons de décrire, avec celle qui partait de la porte du Château et allait rejoindre l’Alzette, coupant dans sa direction la cour de l’hospice au Pfaffenthal.

Tours dans le mur de clôture entre le « Bock » et le « Rham ».

La première tour se trouvait à droite au bas des rochers du Bock, mais à gauche du lit de l’Alzette ; elle existe encore en partie aujourd’hui à l’endroit appelé « Sternchen » et donnait passage au chemin formant continuation de la rue Plætis vers le plateau d’Altmünster. Ce chemin était bordé de maisons.

La deuxième tour se trouvait de l’autre côté sur le bord de la rivière. Ces deux tours étaient réunies par un mur passant au-dessus de la rivière, avec chemin qui conduit sur la route de Trêves (le mur existe encore).

La troisième tour qui servait de porte, était à cheval sur un ancien chemin qui conduisait par la rue de Münster et l’emplacement actuel des prisons parallèlement à la rive droite de l’Alzette et aboutissait au pont de Clausen en suivant toujours le fond de la vallée. Cette porte s’appelait jadis « Krudelsporten » ou Sant-Johannsporten. Le chemin entre cette porte et le pont de Clausen n’existe plus ; une source qui sert aujourd’hui de lavoir et qui se trouve dans la direction de ce chemin, porte encore aujourd’hui le nom de « Krickelsbur » (voir Uveling, Publications 1867, page 101.)

La porte a dû exister dans le mur d’enceinte actuel des prisons, au niveau de la tour intérieure, donc notablement plus bas que le chemin qui conduit au « Stirchen ».

La nouvelle route de Clausen au Grund suit en grande partie la même direction ; mais elle relie le pont de Clausen avec la porte de Trêves, située plus haut que le « Krudelspuort ». Le prolongement de ces trois premières tours rencontrait la porte de Trêves démolie en 1878 (non à confondre avec la « Dinzelspuort » et dont question ci-après).

En cet endroit, le mur se dirigeait à angle droit vers la « Dinselport ».[7]) Entre cet angle rentrant et la porte précitée se trouvait sensiblement au milieu une 4e tour demi-ronde, qui existe encore aujourd’hui à droite du chemin de l’ancienne porte de Trêves vers le « Fetschenhof » ; les murs à droite et à gauche de cette tour ont été abattus vers 1880. Tour n° 5, appelée « Dinselspuort », mieux connue de nos temps sous le nom de « Jakobsthurm ». L’ancienne route vers Trêves passait par cette tour ; elle se trouve à droite du nouveau chemin du Grund par la porte de Trêves (démolie en 1880) vers le « Fetschenhof » (Hechenowel). Depuis le départ de la garnison, cet ancien passage a été réouvert et conduit aujourd’hui vers le Rham.

Ce passage vers la ville aura été supprimé probablement à l’époque de la construction du nouveau chemin. Cette tour a servi autrefois de prison militaire.

Tout le monde se rappelle le panier qui descendait jusqu’au niveau du chemin de Trêves, dans lequel les gens charitables avaient l’habitude de mettre des vivres destinés aux prisonniers.

Tours du Rham.

Les tours nos 4 et 5, dont question ci-avant, font partie de cette enceinte. Les tours nos 6, 7 et 8 demi-rondes existent encore aujourd’hui et clôturent en ligne droite le plateau du Rham, vers la vallée de Pulfermühl. Les murs qui suivaient ces tours ont été démolies vers 1880. Le couronnement des tours nos 6 et 8 a été en partie ébréché depuis.

La tour n° 9 existe également et est bien conservée, elle se trouve à l’angle saillant entre le mur précité et au retour vers la Pulfermühl, tout près d’une batterie construite en 1859 à la bifurcation des chemins de fer vers Trêves et Ettelbruck.

À partir de ce point, le mur d’enceinte suivait l’escarpement des rochers vers la Pulfermühl ; une tour n° 10 se trouve dans le prolongement du pignon Ouest du bâtiment restauré qui sert aujourd’hui d’orphelinat ; cette tour existe encore en partie, elle est caractérisée par les petites meurtrières rondes, de même construction que celles qui se trouvaient dans le bas de la tour Saint-Josse.

À peu de distance, le mur descend rapidement dans la vallée pour joindre la poterne du « Bisserweg ». Cette tour, carrée, existe encore aujourd’hui et livre passage vers l’école de natation et la Pulfermühl. Il en est de même de tout le mur entre la tour n° 13 (Iver der Maierchen) jusqu’à celle n° 9 ; sur ce parcours l’ancien mur est presque intact.

Mur de clôture entre le Rham et le Saint-Esprit.

De la poterne du Bisserweg un mur conduit par dessus l’Alzette et le canal du moulin (aujourd’hui Hastert) vers l’ancienne « Ulrichsporten ». Le mur, comme nous venons de voir, entre le canal et la rivière existe encore ; il est connu sous le nom de « Hannert dem Bour » et plus anciennement « op der Maierchen ». Le plan Deventer renseigne au milieu de ce mur la douzième tour qui existe encore, mais qui ne figure plus sur les plans postérieurs.

La tour n° 13, aujourd’hui disparue, se trouvait à gauche de l’Alzette, presque en face de la deuxième pile (côté gare) du viaduc de la Pulfermühl, à l’entrée du petit chemin nommé « Gässelchen » qui tourne devant la maison Specht. Le niveau de cette ruelle a été relevé après d’au moins 8-9 mètres. Au pied du mur nommé « iwer der Maierchen » et juste en dessous de la ruelle du Bisserweg on voit encore le commencement de l’arc d’une ancienne porte dont le chemin suivait la vallée de Pulfermühl.

La tour n° 14 se trouvait dans le jardin devant la maison Specht au Grund.

La quinzième tour était tout près de la porte de Thionville, vis-àvis à 15 mètres environ de la maison Kerzmann, dans les talus des rochers qui montent.

La tour n° 16 rapprochée de la précédente et anciennement appelée « Ulrichsporten » se trouvait également dans le chemin « Berlinerweg », en avant du pont sur la Pétrusse.

D’après les plans Deventer et Guicciardini, elle ne se trouvait cependant pas à l’emplacement de la porte de Thionville démolie en 1870, mais à environ 25 mètres en avant, c’est-à-dire plus haut. En outre, d’après le premier de ces plans, le mur de clôture n’avançait que jusqu’au bord de la rivière, et de ce point jusqu’à l’ancien chemin, qui montait du Grund au plateau du Saint-Esprit, non loin de l’église de ce nom, il y avait interruption complète, tandis que le plan de Guicciardini renseigne ce mur comme continué jusqu’à sa jonction avec l’origine de la troisième enceinte.

Une tour n° 17 se trouvait au pied des rochers, à l’endroit où le mur montait vers le plateau du Saint-Esprit ; cette tour existait dans la cour de la tannerie Konz.

Plateau d’Altmünster.

Au 16e siècle, tout ce plateau était fermé par un mur fortifié. Des recherches récentes de M. le professeur van Werveke prouvent que ce mur s’étendait plus loin que ne le renseignent les plans Deventer et Guicciardini.

Le mur d’enceinte avait son origine dans le prolongement du pont sur l’Alzette près le Hundhaus (pont existant encore aujourd’hui près de l’abattoir). Ce point tombe dans le bâtiment servant d’abattoir proprement dit, et passait au droit de la pile culée n° 9 (côté Dommeldange) vers Clausen ; une première tour se trouvait tout près du jardin Wilhelm, une deuxième tour dans le prolongement. Non loin se trouvait une grande porte avec trois tours, de la même construction que les deux situées dans la descente du Plaffenthal ; le nom de cette porte est resté inconnu. Elle donnait passage vers le pont de Clausen d’un côté et de l’autre sur le chemin à travers les trois anciennes portes du château, qui, de là, contournait le plateau ; il y avait encore une quatrième tour, dont l’emplacement était dans le prolongement de la descente actuelle de Clausen.

La cinquième tour est celle qui existe encore aujourd’hui au-dessus de la brasserie Mousel.

Une sixième tour a été trouvée par M. le professeur van Werveke ; elle se trouvait à quelque distance de la nouvelle maison construite en bas du plateau, du côté du Bock.


Séparateur

  1. Nous tenons à remercier M. Aug. Kaufield, chef de section des chemins de fer Prince Henri, de l’obligeance qu’il a eue d’avoir bien voulu revoir le présent travail.
  2. D’après les indications personnelles de M. le capitaine Weydert.
  3. Voir Knaff 1881, Publ., p. 367.
  4. C’était la continuation de la rue Plætis, le chemin longeait d’abord l’Alzette, puis remontait par les terrasses actuelles des jardins (Schrobilgen, Mullendorff) vers le plateau. Il est facile d’en suivre la direction, en se plaçant à droite de la descente de Clausen.
  5. Ulveling, Publ. 1867, p. 79.
  6. Il ne faut pas confondre ce bout de rue avec la rue de la Reine qui se trouvait plus bas.
  7. Dans cet angle il existe encore aujourd’hui une vieille tour ronde beaucoup plus petite que celles que nous venons de décrire, mais qui n’est renseignée sur aucun des anciens plans. Elle semble donc être de date plus récente.