Les Quarante Médaillons de l’Académie/21

XXI

M. VIENNET

Le premier de tous à l’Académie. Le véritable Académicien ! Que dis-je ? C’est vraiment l’homme-Académie ! Il a été engendré de toute éternité pour elle. S’il m’était permis de donner mes idées sur cette auguste institution, je voudrais qu’on inventât pour M. Viennet un fauteuil de présidence perpétuelle, tant il représente bien l’Académie ! tant il s’adapte bien à cette vieille chose du passé qui n’a plus de raison pour être ! M. Viennet, c’est le classique pur, la borne immuable. C’est le d’Arlincourt du classique, comme d’Arlincourt était le Viennet du romantisme. Il a fait des tragédies comme la Fosse, des comédies comme Rochon de Chabannes, des fables… pas comme la Fontaine, à la lecture desquelles on rit à l’Académie de ce rire sans dents qu’on y a, parce qu’il coud à la queue de ses fables, d’une main qui ne manque pas de frénésie, des malices orléanistes… On peut le nommer Campenon, Campistron autant que Viennet… Dernièrement il a publié, comme d’Arlincourt, un poëme épique, et ce n’est point l’épopée dont il avait le génie. Cela ne s’appelle point la Louis-Philippiade, mais la Franciade, ce qui est bien différent. Aussi a-t-il raté net son affaire. Poëme de douze mille vers ! il faudrait vingt-quatre mille hommes pour l’avaler.