Les Quarante Médaillons de l’Académie/04

IV

M. COUSIN

Marionnette effrénée, aux grands gestes télégraphiques, à la parole emphatique et vibrante, qui met tout sens dessus dessous à l’Académie. C’est un chauffeur. Il chauffe au profit de l’orléanisme et pourrait bien un jour, l’imprudent, faire sauter la chaudière ! Rappelez-vous ses cris de paon sur les toits, dans la cour de l’Institut, lors de la triste élection de Lacordaire. « Nommons Lacordaire ! criait-il. On sait ici que je ne suis pas fou de l’Église, mais nommons Lacordaire, puisque nous ne pouvons pas nommer le pape pour faire pièce à l’Empereur ! » (Textuel.) En philosophie, c’est un pauvre qui a escroqué des habits. En littérature, c’est une perruque, mais une grande perruque du dix-septième siècle. On cherche là-dessous… De tête, point ! Majesté vide ! En philosophie, M. Cousin est la fable et le mépris de l’Allemagne. Il est allé demander l’aumône à la porte de Hegel, qui lui a donné, et il est revenu faire, avec les quelques sous de Hegel, de la fausse monnaie à Paris. Dans l’impossibilité, qu’il sent très-bien, de faire en philosophie même un bâtard, il s’est jeté sur les drôlesses du dix-septième siècle pour faire quelque chose en littérature. Son vice, devenu célèbre, c’est madame de Longueville. J. Barbey d’Aurevilly, dans ses Œuvres et ses Hommes, Taine, dans ses Philosophes français, n’ont eu que des lueurs sur M. Cousin. Le livre à fond sur cet homme et sa bande (car il a une bande) est de M. Ferrari et s’appelle « les Philosophes salariés. » Il faut lire cela si on veut s’exercer au dédain salutaire des baladins solennels ! M. Sainte-Beuve, dont la conversation est le contraire de ses livres, flatte dans ses livres M. Cousin, qu’il abîme dans la conversation ! Mais nous aurons un jour la vérité. M. Sainte-Beuve attend la mort de M. Cousin pour aller, selon son usage, lever la jambe contre son tombeau, et faire ainsi la seule oraison funèbre qui convienne à cet homme de la grande pirouette, qui balance son trapèze entre le déisme, — cet athéisme déguisé, — et ses récentes m’amours aux prêtres, et qui, reniant l’Église dans les cours de l’Institut, met, ailleurs, la main sur son cœur… absent, tout en assurant le catholicisme de son respect !