Les Pornographes sacrés/Pieuses exhortations

Charles Unsinger (p. 57-76).
PIEUSES EXHORTATIONS

LA CLÉ D’OR
 
OFFERTE
AUX NOUVEAUX CONFESSEURS
 
POUR LES AIDER
À OUVRIR LE CŒUR FERMÉ DE LEURS PÉNITENTS
 
PAR
Mgr CLARET, archevêque de Cuba
Confesseur de Sa Majesté Isabelle II, reine d’Espagne

AVEC APPROBATION DE L’ORDINAIRE


PIEUSES EXHORTATIONS

LA CLÉ D’OR


SIXIÈME COMMANDEMENT
LE SIXIÈME COMMANDEMENT : NE PAS FORNIQUER.


CHAPITRE PREMIER
Exhortation adressée aux personnes impures, qui boivent l’iniquité comme de l’eau, qui ne considèrent pas la luxure comme un péché, ou qui la considèrent comme une chose sans gravité, qui ne vaut pas la peine d’être mentionnée dans la confession. Combien ces personnes sont aveugles !


Il faut que vous sachiez, mon frère, que la luxure est un péché mortel. En commettant des actes de luxure vous vous mettez en opposition formelle avec le VIe précepte de la loi de Dieu. Après l’action de tuer, c’est le plus gros péché dont on puisse se rendre coupable à l’égard du prochain. Dans le Ve commandement, Dieu nous défend de tuer, et dans le VIe, il nous interdit les choses indécentes. La luxure est un plus grand péché que le vol. Ceux et celles qui s’abandonnent à la luxure méritent l’enfer.

Pour vous faire comprendre la malice de ce péché, j’invoquerai la raison naturelle. Vous saurez, mon frère, que le Créateur a mis en nous une inclination très forte vers les choses de la luxure, parce que si l’homme eût été comme une statue, sans ressentir les aiguillons de la chair, le genre humain eût disparu de la terre en fort peu de temps. Mais les hommes, se sentant poussés à l’acte charnel, ont établi le mariage ; ils épousent une femme et peuvent alors faire ce que permettent les lois du mariage et donner satisfaction à cette passion d’une manière légitime et sans qu’il en résulte le moindre désordre. Ils opèrent comme le mécanisme d’une montre et doivent travailler dans un ordre parfait à la propagation du genre humain. Mais, j’ai dit qu’ils doivent travailler dans un ordre parfait, pour indiquer que les choses ne doivent pas s’accomplir selon les goûts et les caprices de chacun ; en agissant autrement, on se rendrait coupable de très graves délits et on encourrait les plus terribles châtiments en ce monde et dans l’autre.

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Le vice de l’impureté est très répréhensible et porte un grave préjudice à celui qui s’y adonne. Pour me faire mieux comprendre de vous, je vais faire une comparaison. Je vous ai déjà dit que le Créateur avait donné à l’homme ces inclinations pour la conservation et la propagation de l’espèce ; s’il n’en était pas ainsi, le genre humain aurait bien vite fini ; mais les choses doivent aller avec ordre, en leur temps et en leur lieu. En procédant autrement, on occasionnerait des maux sans nombre, des préjudices considérables qui affecteraient l’espèce et amèneraient sa destruction.

Vous savez ce que c’est que la poudre et vous connaissez ses propriétés ? La poudre s’emploie pour différents usages, pour la chasse, pour la guerre, etc… mais dans un ordre déterminé et selon certaines conditions. Supposez que la poudre vienne à manquer, par exemple, qu’elle s’enflamme dans les fabriques, ou qu’elle prenne feu dans la gibecière des chasseurs ou dans les gibernes des soldats ; aurait-elle servi à quelque chose d’utile ? Non, au contraire, elle aurait occasionné de grands malheurs pour les ouvriers employés dans les poudrières, pour les chasseurs et pour les soldats, comme cela est arrivé maintes fois et aurait fait bien des victimes. Faites maintenant l’application de mon raisonnement : ceux qui se livrent à la lubricité, comme vous le faites, non seulement ne travaillent pas dans l’intérêt du genre humain et selon les desseins du Créateur, mais encore ils nuisent à eux-mêmes et abrègent leurs jours par les tourments et les souffrances qu’ils attirent sur eux pendant cette vie et ils s’exposent à de grands châtiments pour l’autre monde.



CHAPITRE II
Exhortations aux libertins qui se livrent à la masturbation.


Ah ! mon frère, je suis certain que vous ne vous doutez pas de la gravité de ce péché, et je suis persuadé que si vous l’aviez connue, vous n’auriez pas commis de si vilaines actions. Écoutez-moi dans l’intérêt de votre vie : vous savez bien que personne, pour son plaisir ou par caprice, n’a le droit de tuer son prochain ni de se suicider ; vous savez que personne n’est autorisé à disposer de sa vie. Donc, quand vous vous livrez à cette vilenie, vous tuez et vous détruisez en germe ce qui pourrait devenir une créature, un de vos enfants. Quelle barbare action ! Que diriez-vous d’un père qui, pour son plaisir, mettrait à mort ses enfants ? Qu’il se rend coupable de cruauté. Ne mériterait-il pas d’être brûlé vif ? Eh bien, vous êtes ce père cruel, inhumain, barbare, qui, par plaisir, tue ses enfants. Si l’auteur de vos jours eût agi comme vous, bien certainement vous n’existeriez pas et vous n’auriez ni ce corps ni cette vie dont vous faites un si mauvais usage.

Autre préjudice que vous causez à vos enfants et à la société par ces honteuses habitudes. Autre comparaison pour faire ressortir la chose : supposez qu’un individu ait à sa disposition un sac de très bonne farine et une barrique de vin de qualité supérieure qu’il ne devrait consommer qu’en temps opportun. Mais, par caprice, cet individu a jeté à terre et répandu toute la fleur de sa farine et il ne lui est resté que les résidus au fond du sac. Quel mauvais pain il obtiendra de ces résidus ! Il a, de même, laissé couler et gâter le vin généreux, et il ne lui est resté que la lie. Quelle mauvaise boisson il aura pour sa consommation ! Faisons actuellement l’application de l’argument. Vous êtes cet individu auquel le Créateur a donné ce vin généreux de l’amour, pour le boire, quand vous serez marié, en compagnie de votre bien-aimée femme ; mais comme vous avez dépensé vos forces dans les plaisirs déshonnêtes et les folies, vous resterez avec la lie.

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Dites-moi, mon frère, si on vous offrait une boisson douce et agréable ou un plat de quelque mets savoureux, tout à fait de votre goût, mais si, en même temps, une personne dans laquelle vous auriez confiance vous disait : « Prenez garde ! ne touchez pas à cette boisson ni à ce mets qui vous sont présentés, car ils sont empoisonnés. » Que feriez-vous ? Voudriez-vous les prendre ? Assurément, vous refuseriez d’y toucher. Eh bien ! vous ne devez pas davantage porter à vos lèvres cette coupe d’impureté, si douce et agréable que vous en paraisse la liqueur qu’elle contient, car cette liqueur est un poison pour votre corps et pour votre âme.

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Perturbation qu’apporte la luxure dans les régions de l’âme.

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« L’onanisme ou masturbation ou branlement à l’aide de la main s’appelle aussi pollution ; c’est un vice honteux qui exerce de grands ravages parmi la jeunesse actuelle et qui est assez connu de tout le monde. »

I. Masturbation chez les hommes. — Ce vice provient quelquefois, chez les enfants, d’une cause intrinsèque, à savoir, d’un système nerveux ou des prédispositions des organes de la génération. Les enfants de cette catégorie contractent ce vice sans qu’on puisse l’attribuer à aucune cause apparente ou à la suite d’attouchements qu’ils pratiquent sur eux-mêmes. D’autres fois le vice est dû à une cause extrinsèque, par exemple, lorsque ces enfants sont touchés, masturbés par d’autres enfants, par des femmes et même par leurs mères, oh ! impudeur maudite ! lorsqu’elles veulent arrêter leurs larmes, quand ils pleurent ; et elles excitent de cette manière chez les enfants ce goût funeste. D’autres fois encore le vice est amené par des attouchements mutuels, les enfants se prenant de passion pour d’autres enfants.

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II. Masturbation chez les femmes. — L’humeur qui provient des pollutions, chez les femmes, est tout à fait différente du sperme produit par l’homme, car elle ne coopère en aucune façon à la conception. — Ce vice, chez les femmes, est une offense à Dieu, une injure pour la femme elle-même et pour la société. Celles qui y sont adonnées s’éloignent du commerce des hommes et ne se marient pas. — Ce vice, chez les femmes, est tout particulièrement libidineux et leur occasionne une grande faiblesse sous un double rapport, par la déperdition de l’humeur et par l’ébranlement qu’il imprime au système nerveux, comme cela peut se remarquer chez les enfants qui ne sécrètent point de sperme. — Les femmes deviennent sujettes à toutes les maladies et meurent misérablement, suivant ce principe médical : « L’homme périt par les mêmes organes qui servent à sa reproduction. » Les filles, même celles de l’âge le plus tendre, qui se livrent à ces actions honteuses, peuvent laisser échapper un flux d’humeur, d’après l’axiome : « Où existe le stimulant, là se produit l’écoulement. »

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CHAPITRE III
Conseils au confesseur sur la conduite qu’il doit tenir à l’égard de ceux qui sont adonnés au vice et particulièrement à l’égard des femmes qui se livrent à la masturbation.


Le confesseur devra leur parler avec douceur et affabilité ; il engagera sa pénitente à lui révéler sans rien lui cacher tout ce qui charge sa conscience. Il l’écoutera avec calme ; il évitera de montrer de la curiosité et de témoigner le désir d’apprendre ces sortes d’impuretés ; il ne manifestera pas son étonnement au sujet des choses qui lui sont révélées, quelque abominables qu’elles puissent être. Du reste, je puis dire au confesseur qu’on ne lui apprendra rien de nouveau, puisque nos livres contiennent tous les cas imaginables, et il en connaît beaucoup plus sur la matière que sa pénitente. Cette manière de procéder les encouragera à faire des aveux.

Le confesseur n’interrogera pas tout d’abord sur le fait principal, mais seulement sur les accessoires. Au lieu de questionner sur le péché que la pénitente aura commis, et qu’elle n’ose pas expliquer, il lui dira : Combien de fois l’avez-vous commis ? Si la pénitente hésite à répondre, et si au milieu de la surprise qu’elle éprouve, elle laisse connaître qu’elle a en effet commis le péché, le confesseur lui demandera si elle l’a commis un nombre de fois beaucoup plus grand qu’elle ne l’avait cru. Alors la pénitente voyant son vice deviné, elle dira combien de fois elle a péché. Le confesseur n’attendra pas qu’elle ait achevé de s’expliquer sur le nombre et la gravité des péchés, il lui parlera comme s’il voulait trouver une excuse à ces fautes et lui dira : Assurément vous n’auriez pas fait de telles choses si vous n’y aviez été sollicitée par d’autres personnes. La réponse fera connaître si la pénitente a des complices. Le confesseur sait ainsi qu’elle a péché contre la pureté et que le péché a été commis avec une autre personne. Il lui sera facile de demander ensuite avec quelle personne la chose s’est faite, et d’amener la pénitente à s’expliquer sur la nature et le nombre de péchés commis contre la pureté.



CHAPITRE IV
Exhortations aux fornicateurs.


Ah ! mon frère, songez combien le vice de l’impureté mérite d’être maudit, puisque non seulement il fait condamner aux peines de l’enfer celui qui le commet, mais encore, celui qui en est infecté devient l’esclave du démon et l’instrument de la perdition d’autres âmes, comme vous en avez fait l’expérience. Vous voyez que l’ennemi du genre humain s’est servi de vous pour entraîner au péché et à sa perte cette malheureuse femme qui est à vos côtés.

Dites-moi, femme, avez-vous péché contre l’impureté quand vous étiez jeune fille ? — Je ne sais pas au juste, je crois que non. — Eh bien, malheureuse ! voyez quel gros péché vous avez commis. Il vous a fait perdre la grâce, l’honneur, les biens de ce monde et les trésors de l’éternité ; peut-être que, bientôt, vous vous livrerez à une vie coupable, et le démon se servira de vous comme d’un appât, pour pousser les âmes dans les enfers. Car c’est ce qui arrive à beaucoup de femmes ; après être tombées dans le péché, elles s’abandonnent à tous les excès d’une vie dissolue : vous aurez à répondre au tribunal de Dieu des péchés que vous aurez commis et de ceux que vous aurez fait commettre. Quel scandale vous avez donné I C’est de vous que Jésus-Christ a voulu parler quand il a dit : il eût été préférable qu’on lui eût attaché une meule de moulin au cou et qu’on l’eût précipité au fond de la mer.

 

Excuse. — Mon père, la personne avec laquelle j’ai péché était une femme publique. — Ah ! mon frère, la qualité de la femme ne peut être invoquée pour excuse, pas plus que vous ne pourriez vous justifier d’avoir frappé à coups de couteau une personne en prétextant qu’elle était déjà atteinte de plusieurs blessures.

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Pendant que Her et Onan se livraient au péché d’impureté, ils furent frappés de mort dans le lit où ils étaient couchés, aux côtés de leurs femmes. (Dans l’écriture sainte, Nombre XXV.) Pendant qu’un homme forniquait vilainement avec une femme, survient au même lieu un prêtre nommé Finées. Le ministre de Dieu, dans un accès de saint zèle, se jeta sur les coupables, le poignard à la main, et les tua sur l’heure. Dieu se montra satisfait de cette action, approuva la conduite de Finées, l’en récompensa et pardonna à son peuple.

Vous voyez, mon frère, d’après ce passage de l’Écriture, quelle haine ce péché inspire à Dieu. Notre-Seigneur veut qu’il soit puni en ce monde ; et, à défaut de vengeurs comme Finées, notre Dieu se charge lui-même du châtiment des coupables. Je vais vous raconter un autre fait qui eut lieu dans un village de la Catalogne, et dont je puis vous garantir l’authenticité : Un homme et une femme, qui voulaient forniquer en secret, s’étaient donné rendez-vous dans la maison d’une maquerelle où ils avaient pris une chambre dans laquelle ils s’étaient renfermés. Comme ils y étaient depuis une heure et plus, la maquerelle alla frapper à la porte et leur cria du dehors qu’il était temps de partir. Ne recevant pas de réponse elle se retira, mais elle revint à la charge une deuxième fois, puis une troisième fois sans plus de succès ; elle commença alors de craindre qu’un malheur fût arrivé et alla prévenir l’alcade du village pour lui dire qu’un homme et une femme s’étaient présentés dans sa maison pour lui demander une chambre, ayant à traiter d’une affaire très importante, qu’ils s’étaient renfermés dans la pièce qu’elle avait mise à leur disposition, et qu’après un assez long espace de temps, ne les voyant pas sortir, elle les avait appelés et que n’ayant pas reçu de réponse ni entendu aucun bruit de l’intérieur de la chambre, elle avait craint qu’il ne fût arrivé quelque malheur et qu’elle s’était empressée de venir l’instruire de ce qui s’était passé chez elle. À l’instant, l’alcade se rendit à la maison de la maquerelle, et, ayant été conduit jusqu’à la porte de la chambre, il appela à haute voix en ordonnant qu’on ouvrît ; ne recevant pas de réponse, il commanda qu’on forçât la serrure. La porte étant ouverte, on se précipita dans la pièce et voilà le spectacle qui s’offrit aux yeux des assistants : Dieu tout puissant ! Les deux infortunés entièrement nus, noirs comme les démons, à l’état de cadavres, étaient étendus sur le lit, dans la posture où ils se trouvaient au moment où ils avaient forniqué !… Leurs âmes étaient déjà aux enfers !… Vous voyez par là, mon frère, comment Dieu punit les fornicateurs !



CHAPITRE V
Exhortations aux adultères


L’adultère, dit Job, est un délit énorme et une grande iniquité, c’est un feu qui dévore ceux qui l’allument imprudemment. L’adultère amène à sa suite des malheurs sans nombre pendant la vie et pousse les âmes dans les flammes de l’enfer.

Ah ! mon frère, l’adultère est un si grand péché, que Dieu commandait aux Hébreux de tuer à coups de pierres ceux qui s’en rendraient coupables.

Chez les Gentils, on leur infligeait les peines suivantes : On brûlait la femme vive et au-dessus du bûcher on élevait une potence où l’on attachait l’homme ; il était pendu. Les Grecs coupaient le nez à la femme qui consentait à l’adultère.

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Ah ! femme, si on vous appliquait la peine en usage chez les Grecs ! Si vous deviez aller dans la rue après avoir eu le nez coupé ! Quelle honte, quelle humiliation ce serait pour vous ! Assurément vous préféreriez mourir que d’en être réduite à cette extrémité. Cependant voilà le châtiment que vous avez encouru.



CHAPITRE VI
Exhortations aux sodomistes, aux hommes et aux femmes qui commettent le péché de Sodome


On donne le nom de sodomie au péché que commettaient les habitants de la ville de Sodome et que Dieu punit d’une façon terrible. Il fit tomber sur eux une pluie de feu et de soufre et les brûla vivants ; ils passèrent ensuite du feu matériel au feu éternel de l’enfer.

Certains auteurs assurent que Notre-Seigneur Jésus-Christ a une telle horreur de ce péché, que la nuit où il naquit, à Bethléem, il tua tous les sodomistes.

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Au nom de Dieu, mon frère, ma sœur, ne commettez pas un péché si infâme : Dieu vous punirait dans ce monde, parce que c’est un de ces péchés qui appellent la vengeance de Notre-Seigneur ; ensuite il vous condamnerait, après votre mort, aux peines éternelles de l’enfer.

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CHAPITRE VII
Exhortations à ceux qui commettent le péché de bestialité.


Quel délit épouvantable ! — Les hommes et les femmes qui s’en rendent coupables se montrent pires que les plus immondes parmi les animaux. — Ce péché est désigné par le même mot dont on se sert pour indiquer le commerce charnel avec le démon…

Ah ! mon frère, si Dieu vous appliquait le châtiment que vous avez mérité, où seriez-vous à cette heure ? — Dans les enfers pour y brûler éternellement, accouplé à ces bêtes infernales qui sont les démons. — Si vous ne vous repentez de vos péchés, si vous ne faites pas pénitence, Dieu vous enverra aux flammes de l’enfer, accouplé aux démons pour toute l’éternité. — Il y aura là des pleurs et des grincements de dents.



CHAPITRE VIII
Exhortations aux onanistes


Le péché d’Onan est un si vilain péché que Dieu Notre-Seigneur le punit déjà dans ce monde. — Il est dit, dans l’Écriture sainte, que Dieu frappa de mort subite deux personnes mariées qui commettaient ce genre de péché, et au moment même de la fornication……

Au nom de Dieu ! mon frère, ne vous livrez pas à de telles abominations ; n’employez pas de si affreux moyens pour faire obstacle à l’ouvrage de Dieu. Rappelez-vous que c’est pour procréer des enfants que vous vous êtes marié.

 

Excuses. — Premièrement. Pour ne pas avoir d’enfants.

Quelle déplorable justification ! Si votre père eût agi comme vous, il est bien certain que vous n’existeriez pas. — Comment ! pour ne pas avoir d’enfants, c’est ainsi que vous les tuez !

Deuxièmement. Pour ne pas avoir autant d’enfants.

Vous ne voulez avoir autant ou plus d’enfants ! Eh bien, vous aurez un plus grand nombre de démons qui vous tourmenteront dans les enfers.

Troisièmement. Mon père, nous sommes pauvres, ma femme et moi, comment pourrons-nous élever une nombreuse famille ?

Vous deviez penser à cela avant de vous marier. Néanmoins ne tourmentez pas votre esprit pour cet objet. Dieu vous viendra en aide.

Quatrièmement. Mon père, si nous avons beaucoup d’enfants, nous ne pourrons pas leur procurer une éducation convenable.

Faites ce que vous pourrez afin de donner une bonne éducation à vos enfants, et Dieu se chargera du reste : ne soyez pas effrayé à l’idée d’avoir beaucoup de filles et de garçons à établir, la Providence viendra à votre secours… Ce n’est pas le hasard qui amènera beaucoup d’enfants dans une famille, c’est Dieu qui en a ainsi décidé. — Combien y a-t-il de personnes qui s’emploient de leur mieux et forniquent pour en avoir beaucoup et n’en obtiennent que quelques-uns ou même n’en obtiennent pas du tout ? Vous avoir accordé plus d’enfants qu’à d’autres pères est la preuve que Dieu a plus de confiance en vous que dans un autre. Si un roi donne à un général un plus grand nombre de places de guerre à garder qu’à un autre général, plus d’affaires à conduire à un ministre qu’à un autre, plus de ses enfants à élever et à instruire à un précepteur qu’à un autre ; n’est-ce pas une preuve de sa plus grande confiance dans les uns que dans les autres ? Donc, le Seigneur, en vous accordant plus d’enfants qu’à d’autres pères, vous a donné une preuve de la grande confiance qu’il a placée en vous. Combien serait coupable le général honoré de la confiance du roi, s’il détruisait les places mises sous sa garde, moins une ou deux, sous prétexte qu’il garderait mieux celles qu’il a conservées.

Cinquièmement. Mon père, nous agissons de cette manière, afin de pouvoir donner tous nos soins à un enfant qui est tout jeune, et pour ne pas le mettra en nourrice.

Il est prouvé qu’une femme nouvellement accouchée peut être engrossée sans que cela nuise à sa santé : mais en serait-il autrement, les choses ne s’en devraient pas moins faire selon les règles.

Excuses de la femme. — Mon père, je ne voudrais pas faire l’acte charnel contrairement au précepte : c’est mon mari qui veut que la chose se passe de cette manière.

Si vous ne donnez pas réellement votre consentement à cette action blâmable, si vous ne vous prêtez pas complaisamment à ce délit, le péché ne retombe pas sur vous, mais sur votre mari…

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Nous sommes consentants à la chose, mon mari et moi, parce que mes couches sont très laborieuses et me causent de grandes souffrances.

Vous souffrirez bien davantage dans les enfers où vous irez, si vous ne vous amendez pas. Peut-être que les douleurs que vous éprouvez sont le châtiment que vous avez encouru pour des péchés de cette espèce ou d’une autre nature que vous avez commis, ainsi qu’il est arrivé à notre première mère Ève, que Dieu condamna à enfanter avec douleur pour la punir d’avoir contrevenu à ses ordres. Faites un retour sur vous-même, madame ; songez qu’en continuant à agir comme vous le faites, vous vous exposez à attirer sur vous, un jour ou l’autre, les soupçons de votre mari, car vous pouvez devenir enceinte, malgré tous les soins que vous apportez pour éviter ce résultat. La chose est facile à se produire, plus que vous ne vous le figurez. Alors, votre mari, s’imaginant qu’il n’a point participé à la conception, vous accusera d’infidélité ; il s’ensuivra des disputes, des discordes ; ce sera l’un des châtiments que vous aura attirés le péché que vous avez commis tant de fois. Et, lors même que vous n’auriez pas à craindre les soupçons de votre mari, il existe un autre danger, c’est que l’enfant que vous mettrez au monde ne soit estropié, difforme ou chétif, parce qu’il aura manqué, au moment de la conception, une partie de la semence qui eut été nécessaire à la consommation de l’acte. On peut dire qu’une paire de bas ne fera jamais un aussi bon service et n’aura une aussi longue durée que si on avait employé pour fabrication tout le lin ou le coton nécessaire.

 

Avertissement. — La chose se fait quelquefois à l’insu du mari, et la femme, à l’instigation du diable, use de détestables artifices pour empêcher la conception. Tantôt elle repousse le membre viril hors du vagin, au moment de l’éjaculation, pour que le sperme ne s’introduise pas dans la matrice ; tantôt elle cherche à arrêter l’écoulement de sa propre semence en retenant sa respiration ; d’autres fois, après le coït, elle retire le sperme de la matrice avec un linge ou avec ses doigts ; ou bien elle se lève du lit pour uriner, elle boit de l’eau, etc…

Il convient d’avertir cette malheureuse et coupable femme que toutes ces précautions, le plus souvent, manqueront leur effet ; car si la nature l’a prédisposée à la conception, il arrivera pour elle ce qui se produit pour la poudre, qu’une seule étincelle suffit à allumer. Une fois le feu mis à la poudre, rien ne peut arrêter la combustion. Donc il faut renoncer à des moyens qui n’aboutissent pas au résultat qu’on s’était proposé et qui chargent l’âme de péchés.

À la femme mariée qui met en usage ces pratiques coupables, on dira : Sachez bien qu’en vous mariant, vous avez accepté les obligations et les conséquences du mariage, qui consistent : à rendre le devoir conjugal, à mettre au monde peu ou beaucoup d’enfants, suivant ce que Dieu en décidera, et au milieu des douleurs de l’enfantement.

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CHAPITRE IX
Exhortations aux femmes qui refusent de rendre le devoir conjugal à leurs maris


« Considérez, ma très chère sœur, qu’un mari qui chérit sa femme, et ressent pour elle une grande passion, ne peut garder la continence. Vous êtes tenue, sous peine de très grave péché, de lui ouvrir vos bras et de donner toute satisfaction à ses sens. Pour me faire comprendre de vous, je vais appuyer mon raisonnement sur une comparaison : Si, par exemple, vous vous trouviez prise d’un gros besoin et si, ayant exprimé à votre mari le désir de satisfaire aux nécessités de la nature, celui-ci vous engageait à remettre la chose au lendemain ou à huit jours de là, vous vous diriez assurément que votre mari est un imprudent ou un imbécile, qu’il vous est absolument impossible d’attendre au lendemain, et vous iriez déposer votre « merda » dans un lieu quelconque. La situation dans laquelle se trouve votre mari est tout à fait semblable à celle qui se produirait dans ma comparaison ; et si vous refusez de le recevoir, il ira répandre son sperme dans un autre vase que le vôtre, et vous porterez le péché de son incontinence. Les femmes, très souvent, s’exposent, par des imprudences, à perdre l’affection de leurs maris. Elles se lamentent parfois de ce que les hommes fréquentent d’autres femmes, ont des maîtresses, et viennent leur rapporter leurs souillures… Il eût été facile d’éviter ces désagréments en ne refusant pas de rendre le devoir conjugal quand il était demandé. »

 

Autre exhortation. — Si vous achetez un vase, un plat, etc… et que vous en preniez possession, vous vous en servez quand il vous convient ; il est devenu votre propriété et a cessé d’appartenir à celui qui vous l’a vendu. Il en est de même des choses qui ont trait au mariage. Lorsque vous vous êtes mariée, vous avez fait un contrat avec votre mari ; celui-ci vous a cédé sa personne, et vous lui avez cédé votre corps ; alors la personne de votre mari est à vous et votre corps lui appartient ; chacun de vous a le droit de se servir du corps de l’autre, mais d’une façon licite et raisonnable. Vouloir se soustraire à cette obligation serait vouloir commettre une injustice qui entraînerait des dissensions et qui deviendrait l’occasion de péchés.

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Avertissement. — Le confesseur doit savoir que si le mari de sa pénitente est onaniste, c’est-à-dire s’il répand le sperme hors du vase naturel, celle-ci est tenue d’employer les moyens que lui dictent la prudence et la charité pour l’amener à s’amender. Mais si le mari refuse de s’amender et si la femme craint qu’il persiste dans ses agissements, comme la chose est présumable, celle-ci peut néanmoins rendre le devoir conjugal, à la condition de ne pas se complaire dans le crime de son mari, d’après la réponse de la sacrée congrégation de la Pénitence, du 23 avril 1832.



QUESTIONNAIRE
À l’usage des confesseurs
Pour interroger les jeunes filles qui ne savent pas ou qui n’osent pas faire l’aveu de leurs péchés d’impureté.

Péchés que les jeunes filles commettent habituellement dans cette matière
I

1. — En se livrant à la masturbation, regardant leurs parties sexuelles et faisant des attouchements sur elles-mêmes.

2. — En caressant légèrement avec la paume de la main la partie supérieure de la matrice.

3. — En touchant du doigt le clitoris à l’intérieur du vase, etc.

4. — En introduisant le doigt dans le vagin.

5. — En introduisant dans le vagin un morceau de bois arrondi, etc… ou tout autre objet figurant le membre viril…

6. — En appuyant les parties sexuelles contre les pieds d’une table ou sur l’arête d’un mur, pour exciter la pollution ; ou en les frottant contre la chaise sur laquelle la jeune fille est assise ; ou en s’asseyant à terre et appuyant le bout du pied sur le vase ; ou encore en croisant les cuisses et exerçant une pression sur la matrice, et en faisant des mouvements sur elle-même pour produire des sensations vénériennes, etc…

Tous les moyens pour arriver à la masturbation étant de même nature, il n’y a pas nécessité absolue de faire s’expliquer les pénitentes pour savoir si elles ont procédé d’une façon ou d’une autre, car le confesseur pourrait ne pas en obtenir la vérité, la honte pouvant arrêter leurs aveux. Alors il résulterait de cette cause une mauvaise confession.

II

En se faisant des attouchements, une jeune fille avec une autre, ou plusieurs jeunes filles entre elles. En se livrant à la sodomie entre jeunes filles ; parfois les sœurs entre elles, surtout si elles couchent dans le même lit, une appliquant le pied, la cuisse ou la jambe de l’autre sur ses parties sexuelles, etc… et provoquant ainsi la pollution.

III

En se faisant mutuellement des attouchements, de fille à garçon, aux parties sexuelles. Parfois, en essayant de forniquer d’une manière imparfaite.

IV

1. — Bestialité. En appliquant la matrice sur un animal quelconque, et en se frottant contre lui pour amener la pollution.

2. — En introduisant dans le vase le bec d’un poulet ou d’une poule. Ou bien en mettant de la salive ou du pain dans la matrice et en attirant un chien pour faire lécher les parties pudiques par l’animal. Ou encore, en masturbant un chien pour faire raidir sa verge et l’introduire dans son vase.