Les Poëmes de l’amour et de la mer/S’il me fallait mourir le premier soir d’amour

XIX.

S’il me fallait mourir le premier soir d*amour
Où ton âme serait fiancée à la mienne,
Où ton corps, éclatant de la splendeur du jour,
A mon corps enlacé comme par une chaîne,
Me livrerait ses chairs superbes, ses seins blancs
Dont les pointes sont des rubis étîncelants,

Avec sa large hanche à Topulent contour
Et ses jambes d’ivoire amoureuses et fines ;
S’il me fallait mourir par ce beau soir d’amour
Dans un enivrement de voluptés divines.
Je n^hésiterais pas, et mon cœur tourmenté
Dans un instant mettrait toute une éternité.


Et je me coucherais, pour ne plus m’éveiller,
Sous des rideaux de pourpre et parmi les dentelles ;
Je poserais mon front brûlant sur l’oreiller,
Et, quand j’aurais goûté tes caresses mortelles,
Je baiserais ta bouche et je m’endormirais
Dans le tiède parfum de ton corps jeune et frais.