Les Pleurs/L’Oreiller d’une petite fille

Pour les autres éditions de ce texte, voir L’oreiller d’une petite fille.

Les PleursMadame Goullet, libraire (p. 371-375).

L’OREILLER
D’UNE PETITE FILLE.

Aux petits des oiseaux il donne la pâture,
Et sa bonté s’étend sur toute la nature.

Athalie. —

LXIV.

Cher petit oreiller, doux et chaud sous ma tête,
Plein de plume choisie, et blanc ! et fait pour moi !
Quand on a peur du vent, des loups, de la tempête,
Cher petit oreiller, que je dors bien sur toi !

Beaucoup, beaucoup d’enfans pauvres et nus, sans mère,
Sans maison, n’ont jamais d’oreiller pour dormir ;

Ils ont toujours sommeil. Ô destinée amère !
Maman ! douce maman ! cela me fait gémir.

Et quand j’ai prié Dieu pour tous ces petits anges
Qui n’ont pas d’oreiller, moi j’embrasse le mien.
Seule, dans mon doux nid qu’à tes pieds tu m’arranges,
Je te bénis, ma mère, et je touche le tien !

Je ne m’éveillerai qu’à la lueur première
De l’aube ; au rideau bleu c’est si gai de la voir !
Je vais dire tout bas ma plus tendre prière :
Donne encore un baiser, douce maman ! Bonsoir !


PRIÈRE.


Dieu des enfans ! le cœur d’une petite fille,
Plein de prière, (écoute !) est ici sous mes mains ;

On me parle toujours d’orphelins sans famille :
Dans l’avenir, mon Dieu, ne fais plus d’orphelins !

Laisse descendre au soir un ange qui pardonne,
Pour répondre à des voix que l’on entend gémir.
Mets, sous l’enfant perdu que la mère abandonne,
Un petit oreiller qui le fera dormir !