Les Muses françaises (Gérard)/Marie de France

Les Muses françaisesFasquelle (Collection : Bibliothèque Charpentier) (p. 8-10).

xiiie siècle.

MARIE DE FRANCE

On l’appelait — par quel mystère —
Marie de France et, cependant,
Elle vécut en Angleterre,
Paraît-il, presque tout le temps.

Elle vivait à la campagne
S’inspirant, parmi ses travaux,
De tous les récits de Bretagne
Et de tous les vieux fabliaux.

D’ailleurs, des animaux aimables
L’entourant depuis le matin,
Elle aurait pu trouver des fables
Rien qu’en regardant son jardin.

Le soleil, de mille arabesques,
La suivait du matin au soir ;
Elle fut à la mode presque,
Et des seigneurs venaient la voir.

Qu’a-t-elle inventé ? Pas grand’chose
Dans ses ouvrages… Mais on dit
Qu’elle savait soigner les roses
Et sauvegarder les brebis.

Sa vie ardente et bocagère
Faisait hésiter le destin :
Elle fut presque une bergère…
Elle fut presque un écrivain.


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SOR TRISTAN ET YSEULT
EN LE LAI DU CHEVREFOIL

D’euls deus fu il tut autresi
Cume del chevrefoil esteit,
Ki à la codre se preneit.
Quand il est si laciez et pris
Et tut entur le fust s’est mis,
Ensemble poïent bien durer.
Mais ki puis les volt desevrer
Li codre muert hastivement
Et chevrefoil ensemblement.
— Bele amie, si est de nus :
Ni vus sanz mei, ni mei sanz vus.


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