Les Muses françaises (Gérard)/Duchesse de Rohan
DUCHESSE DE ROHAN
Comme jadis, dans la forêt,
De fleurs et d’étoiles coiffée,
Quand on disait « la bonne Fée »,
Tout le monde la connaissait ;
De même quand partout, sans cesse,
Dans le vacarme des salons,
On disait « la bonne Duchesse »,
Tout le monde savait son nom.
Elle était bonne, bonne, bonne…
Elle ne rencontrait personne
Sans lui désirer du bonheur…
La bonté fut sa Muse exquise :
Et le vers, toujours, quoi qu’on dise,
Se sent des noblesses du cœur.
FERME LES YEUX
Ferme ! ferme les yeux pour bien te recueillir,
Pour oublier la terre.
Vole dans l’azur clair ! monte et vas-y cueillir
L’étoile du mystère.
Ferme tes yeux de chair, ouvre ceux de l’esprit
Et regarde ton âme.
Plantes-y l’arbrisseau qui produira le fruit
Que toute soif réclame.
Ne vois que la beauté, la bonté, la valeur,
Et méprise l’offense :
La plus grande vertu, c’est d’avoir sa douleur
Comme unique défense.
Vouloir ne plus entendre et vraiment le pouvoir,
Pardonner à l’envie ;
Oh ! bienfaisant secret, apprendre à ne pas voir
Les laideurs de la vie !
