Les Muses françaises/Claudine Funck-Brentano

Les Muses françaises : anthologie des femmes-poètesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 127-134).




CLAUDINE FUNCK-BRENTANO




Parce qu’elle n’a été mariée que deux mois à un ingénieur russe Eugène de Tannenberg, l’auteur des Appels signe de son nom patronymique : Claudine Funck-Brentano. Née à Luxembourg, en ISS*^, elle suivit son père en France, après 1870. Pour son dévouement comme médecin ambulancier, Théophile Funck-Brentano avait d’ailleurs reçu le titre de citoyen franç-vis et la croix de la Légion d’honneur.

Par sa mère, Mme Claudine Funck-Brentano est la nièce du célèbre poète romantique allemand Clément Brentano, le collaborateur d’Arnim (son beau-frère aussi) pour le recueil de vieilles chansons populaires le Cor merveilleux de l’enfant, un des précurseurs de Uhland dans la ballade. Elle est la sœur de M. Frantz Funck-Brentano l’érudit historien du Drame des Poisons et de l’Affair du collier.

Avant de publier sous son nom et pour son propre compte — si je puis dire — Mme Claudine Funck-Brentano collabora aux principaux ouvrages de philosophie de son père qui était un économiste et un métaphysicien de haute valeur. — Aussi bien, cette collaboration a grandement profité au poète, le commerce de la philosophie a donné à son esprit de l’amplitude en hauteur comme en profondeur. Je suis intimement persuadé que l’étude de la métaphysique a particulièrement aidé Mme Claudine Funck-Bruntano à reconnaître en elle le sens mystérieux de la poésie. Car, ce sens poétique, Mme Brentano le possède à un degré remarquable. Tandis que tant de gens font admirablement le vers sans être poète le moins du monde, l’auteur des Appels, qui, elle, pécherait peut-être un peu par le métier, a ce qui est infiniment préférable, ce qui est si rare, le don poétique, c’est-à-dire l’art de faire chanter les mots, d’évoquer des images et des sensations, de faire passer toute son âme dans notre âme, de nous bercer, de nous faire rêver, penser, de faire tenir toute l’humanité avec ses douleurs, ses tristesses, ses joies et ses passions — dans quelques strophes émues, dans quelques vers harmonieux.

Rendant compte du volume de Mme Claudine Funck-Brentano, M. Auguste Dorchain disait, mêlant les reproches aux éloges : « Ibut y frémit de passion, de tendresse et de douleur, sans aucun souci de métier, car tantôt le poète s’y exhale en strophes admirables, d’une perfection toute classique et, ainsi, entre en communauté immédiate avec ceux qui le lisent et l’entendent ; tantôt il balbutie son émotion en alinéas amorphes qui n’ont pour nous, ni le charme d’une belle prose cadencée, ni celui d’un vers véritable, de vagues assonances où d’intermittentes cadences régulières venant gâter le plaisir que nous donnerait l’une ou l’autre forme, franchement élue… »

Mme Claudine Funck-Brentano semble avoir voulu répondre par avance à ces critiques lorsqu’elle écrit : « La Poésie est de par sa nature musicale. » Ce qui sans doute, dans sa pensée, implique ce commentaire certaines licences, dangereuses et mauvaises lorsque des poètes sans talent se les permettent, sont cependant tout à fait acceptables, vraiment Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/134 Claudine Funck-Brentano Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/136 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/137 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/138 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/139 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/140