Les Muses françaises/Cécile Périn

Les Muses françaises : anthologie des femmes-poètesLouis-MichaudII (XXe Siècle) (p. 252-261).




CÉCILE PÉRIN




Mme Cécile Périn, née Cécile-Elisa Martin, naquit à Reims, le 29 janvier 1877. Jusqu’à sa vingtième année, elle vécut en Champagne, dans l’atmosphère tendre et heureuse d’une famille nombreuse et très unie. Les études qu’elle fit au lycée de jeunes filles de Reims, donnèrent une direction précise à son esprit que l’esprit large et des goûts artistiques d’un père admirable avaient déjà influencé profondément.

Dès 1893, elle collabore à d’éphémères feuilles régionales : le Carillon Champenois, le Reims-Théâtre, etc. Enfin, après son mariage avec le poète et romancier de grand talent Georges Périn, elle vint se fixer à Paris.

« Mon idéal littéraire, je le crois peu différent de celui de tout écrivain : faire une œuvre durable et émouvante, de passion et de sincérité. Je n’ai jamais écrit qu’obsédée par une idée ou violemment impressionnée par une sensation de joie, de douleur ou de beauté, idée ou sensation qui d’elles-mêmes créent un rythme. La part de travail volontaire est minime dans mes poèmes. Ils sont essentiellement instinctifs. C’est pour cela que j’écris peu en prose, la prose me semblant être beaucoup plus que la poésie une œuvre de volonté raisonnée.

« Les questions d’école et de prosodie me préoccupent peu. Etre soi, tout est là, et au point de vue de la forme, ne pas plus sacrifier la spontanéité de son émotion à la routine qu’au désir de nouveauté ; ne pas assonancer par crainte de la rime, ne pas rimer par crainte de l’assonance. Pour la poésie surtout qui est une chose ailée et vivante, il n’est pas de principes tout faits et le secret de notre harmonie n’est qu’en nous. »

Voilà ce que m’écrit Mme Cécile Périn. Je m’en serais voulu de ne pas reproduire ici cette sincère profession de foi qui nous renseigne si complètement sur l’esthétique de l’auteur de Vivre. On a reproché à Mme Périn de ne pas apporter un suffisant souci d’art dans l’écriture de ses poèmes, — elle répond elle-même, on le voit, à cette critique assez justifiée, d’ailleurs. Très sensible, fébrilement vibrante, tendre infiniment, pensant très fortement ce qu’elle écrit, — ses vers sont tout frémissants de ses émotions, — elle se soucie assez peu de la forme, non qu’elle la dédaigne, mais parc© que, comme la plupart des poétesses passées et présentes, elle ne s’en préoccupe pas. Ce qu’elle éprouve, sa joie ou sa douleur, colère ou passion, avec des mots, elle cherche à l’exprimer aussi parfaitement que possible. Et si elle parvient à nous faire sentir, à nous faire éprouver ce qu’elle a senti et éprouvé elle-même, il lui semble avoir atteint son but.

De l’émotion, de la passion, de la sincérité, voilà selon son propre aveu ce qu’elle demande à la poésie. Pas de préoccupation artistique ; elle chante d’instinct. En vérité, en tout ceci Mme Cécile Périn est essentielle Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/259 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/260 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/261 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/262 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/263 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/264 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/265 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/266 Page:Séché - Les Muses françaises, II, 1908.djvu/267