Les Jeux rustiques et divins/Le Voyageur

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Mercure de France (p. 103).


LE VOYAGEUR


Vers la douce maison dont j’ai fermé la porte,
Un soir, sur l’âtre en cendre et sur la lampe morte,
Je reviendrai, car l’aube est triste sur la mer,
Y rallumer la lampe éteinte et l’âtre clair ;
La forêt est si vaste au bout des marais mornes
Que l’an aura déjà décliné vers l’automne
Quand mes pas oubliés ranimeront l’écho
Qui répond, en entrant, à gauche de l’enclos.
Anxieux qu’au jardin les Faunes sous les treilles
Aient, la ruche rompue, emporté les abeilles
Et les Satyres bu les outres du cellier
En dansant et pillé les plants et l’espalier
Et, avec les roses mortes, dans la fontaine
Jeté des fruits pourris, des caïeux et des graines.