Les Jeux rustiques et divins/J’ai conduit le cheval à travers la forêt

Mercure de France (p. 9-13).
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ARÉTHUSE


C’est une fontaine dans l’île d’Ortygie où, quand les flûtes des pasteurs s’étaient tues, venaient boire les Sirènes de la Mer.


FLÛTES D’AVRIL & DE SEPTEMBRE


À JOSÉ-MARIA DE HEREDIA.

J’ai conduit le cheval à travers les marais,
Dit-il ; l’automne avec les feuilles des forêts
Avait jonché la route et comblé les fontaines ;
Les durs sabots craquaient sur la coque des faînes,
Et je tenais la bride en marchant près de lui,
Et je ne voyais plus les arbres dans la nuit,
Et la route était longue à travers le bois noir.
Je tremblais d’être entré par les portes du soir
Et j’errais, anxieux du gîte et de l’issue,
Mais, peu à peu, j’ai vu blanchir mes deux mains nues
Et le cheval ailé, peu à peu, devint clair
Comme si se faisait l’aurore dans sa chair ;
La source jaillissait sous son sabot divin ;
Son envergure éblouissait tout le matin,
Prodigieuse avec la forme d’une lyre.
Une clarté sortait de lui comme un sourire
Et, toute la forêt sachant que c’était lui,
Les antres refermaient leurs gueules sur la Nuit.