Libr. Ch. Delagrave (p. 72-74).
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Tout récemment, en faisant les cent pas dans la cour avec mon excellent ami et directeur Th. Dubois, nous causions de la déplorable répugnance qu’ont les élèves chanteurs, surtout les hommes, à suivre leur classe de solfège, à apprendre les éléments de la musique. Ils n’en comprennent nullement l’utilité, et vous disent carrément : « Je ne suis pas venu ici pour apprendre la musique, je suis venu ici pour apprendre le chant. » On ne peut pas les faire sortir de ce raisonnement saugrenu ; comme si le chant n’était pas la plus simple et la plus naturelle de toutes les manifestations musicales, et parfois aussi la plus noble et la plus éloquente ! Pour eux, il y a deux choses absolument distinctes, la musique et le chant, qui n’ont aucun rapport entre elles, et ils ne peuvent pas admettre que le plus habile chanteur, s’il ne possède pas la technique musicale, s’il est obligé toute sa vie de se faire seriner comme un pinson, ne sera jamais qu’un artiste incomplet. C’est une aberration semblable à celle d’un comédien qui croirait inutile de savoir lire.

Cet entêtement à vouloir rester ignorants, qui constitue les jeunes chanteurs français, au point de vue de l’intelligence artistique, dans un état d’infériorité à l’égard de certains de leurs rivaux étrangers, nous désole et fait périodiquement l’objet de nos conversations, à l’approche des concours.

Or, ce jour-là, en me serrant la main, le directeur me dit :

— « Enfin ! il paraît qu’il y en a pourtant quelques-uns qui se décident à travailler un peu ; tenez, celui qui s’en va là-bas, on m’a dit que c’est un piocheur ! »

Curieux de voir la figure de ce merle blanc, pour le reconnaître aux examens, je double le pas de façon à le rencontrer dans l’escalier.

Horreur !… Il vociférait à tue-tête, cherchant sans doute à se remémorer sa leçon :


\relative c'{
  c2^\<~\ff c8 e4 g8
  c1\fffff
  c2^\>~ c8 g4 e8
  c1\!\bar "|."
}
\addlyrics {
  Do __ Ré Mi Fa-a-a Sol __ La Si Do
}