Les Gaietés/Sur l’Événement du Jour

Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 119-120).


SUR L’ÉVÉNEMENT DU JOUR[1].

Air :xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx


N’y a pas d’mouchard ousq’nous v’là…
Cadet, que dis-tu de c’tour là ?
Sauver son mari ! conviens-tu
Qu’c’est d’un’femm’ qu’a bien d’la vertu ?
Moi, batelier d’la Guernouillère,
Quoique l’mariag’ ne me tent’ guère,
Ah ! ah !
J’voudrais, oui dà,
Épouser un’comtess’ comm’ça.

C’te femm’ là m’conviendrait beaucoup ;
À sa santé buvons un coup !
Malad’, mais n’se rebutant pas,
La pauv’mère y perd tous ses pas.
Pour son mari, d’puis un’ semaine,
Sur les g’noux on dit qu’ell’ se traîne ;
Ah ! ah !
J’voudrais, oui dà,
Épouser un’comtess’ comm’ça.


Sachant qu’à son mari, l’lend’main,
On doit fair’ prendre un vilain ch’min,
Pour l’tirer d’prison, tant bien qu’mal,
Ell’ lui met sa robe et son schall,
Lui disant : Souviens-toi d’ton poste…
Pour aller plus vit’, prends la poste ;
Ah ! ah !
J’voudrais, oui dà,
Épouser un’ comtess’ comm’ça.

Le roi, que c’beau trait za touché,
N’fait qu’semblant d’en être fâché ;
Mais nos députés furibonds
En sont colèr’ comm’ des dindons.
C’te femme-là f’ra crever d’rage
Tous ces p’tits seigneurs de village.
Ah ! ah !
J’voudrais, oui dà,
Épouser un’ comtess’ comm’ça.

Cadet, nous qui somm’ gens d’honneur,
Buvons encore à son bonheur !
Pour moi, qui babill’ sans raison,
Et qui crains d’pourrir en prison,
D’mêm’que ben d’autr’s, du fond de l’âme,
Je souhaitons un’ pareill’ femme.
Ah ! ah !
J’voudrais, oui dà,
Épouser un’ comtess’ comm’ ça.



  1. 15 décembre 1815, évasion de La Valette.