Les Gaietés/Les Vétérans

Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 124-126).


LES VÉTÉRANS.

ANNÉE 1818.


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Naguère, en des temps de douleurs,
On méconnut nos vieux services,
Et nous cachions nos cicatrices,
Fiers témoins de notre valeur.


On poursuivait par des injures
Les vainqueurs d’Ulm et d’Iéna ;
On disait, comme à des parjures :
Ils étaient là !

Oui, nous étions là, pour l’honneur,
Non pour un chef, mais pour la France
Toujours armés pour sa défense,
Aux jours de gloire et de malheur.
Appuis de cette auguste mère,
À sa voix notre sang coula.
Dans sa grandeur, dans sa misère,
Nous étions là.

Tous nos braves ne sont pas morts,
Il en reste un débris fidèle,
Et la France qui les appelle
Les verra peu nombreux mais forts.
Monument de la vieille armée
Devant qui le monde trembla,
Pour soutenir sa renommée,
Nous sommes là !

Pour servir notre souverain,
Faut-il, dans un péril extrême,
Venger le peuple qui nous aime,
Punir l’ennemi qui nous craint ?
Ah ! de l’honneur la voix chérie
Jamais en vain ne nous parla :
Remparts vivants de la patrie,
Nous sommes là !


Cependant, aux socs nourriciers
Suspendant nos glaives terribles,
De l’État citoyens paisibles,
Cédons le poste des guerriers.
Mais si la France, si la Gloire
Disait : Enfants, êtes-vous là ?
Répondons par une victoire :
Oui, nous voilà !