Les Gaietés/Les Consolations

Les GaietésAux dépens de la Compagnie (p. 12-14).


LES CONSOLATIONS.

Air : Il était un’ jeun’ fillette
Qui n’avait pas plus d’quinze ans.


Marton, puisque ta maîtresse
M’abandonne à ma douleur,
Sur le lit de la traîtresse
Prends pitié de mon malheur.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
Sophie, en ce moment fatal,
Comble les vœux de mon rival.
Ah ! Marton, malgré tes appas,
Non, non, je n’y survivrai pas !

Ce lit même où je te presse
Est témoin que l’autre jour,

D’une éternelle tendresse
Elle assurait mon amour.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
Un autre lit, en ce moment,
L’entend faire un pareil serment.
Ah ! Marton, etc.

Marton, pardonne à mes larmes,
Hélas ! ton sein trop charmant
Me rappelle tous les charmes
De l’objet de mon tourment.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
Ta maîtresse, à l’amant qui l’a,
En montre deux comme ceux-là.
Ah ! Marton, etc.

Lorsque tu te mets en nage
Pour effacer tant d’attraits,
Ton adroit libertinage
Semble augmenter mes regrets.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
Aujourd’hui Sophie est, crois-moi,
Non moins indécente que toi.
Ah ! Marton, etc.

Combien dans ses lacs perfides
J’ai fait d’efforts imprudents !

L’amour et les cantharides
M’ont cent fois mis sur les dents.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
De peur qu’on la laisse en chemin
À cette heure elle y met la main.
Ah ! Marton, etc.

Contre le mal qui m’oppresse,
Que tes efforts sont puissants !
Il se calme, et ma tristesse
Tire à sa fin, je le sens.
Va bien, va bien, ma petite,
Console-moi vite.
Mais à ton tour tu sens combien
Mon cœur s’épanche dans le tien.
Ah ! Marton, grâce à tes appas,
Je crois que je n’en mourrai pas !