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Les Doléances de la foutue gueuse de Polignac
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-29
Les Fouteries chantantes, 1791 - Figure n-29



LES DOLÉANCES

DE LA
FOUTUE GUEUSE DE POLIGNAC,
OU
REGRETS SUR LA PERTE
DES VITS DE FRANCE.


Air de Manon Giroux.


Voyez en moi cette gueuse,
Qui du genre humain,
Choisit d’une raccrocheuse,
Le beau tour de main ;
A branler prenant la peine,
Que dire à cela ?
D’un doigt j’ai foutu la Reine ;
Encor celui-là.

Plus d’une jolie pucelle
Placée dans mon lit,

Pour un doigt de ma main belle ;
Laissait-là le vit ;
De sa brûlante matrice,
Que dite à cela ?
Je chatouillais l’orifice ;
Encor celui-là.

Dans le con d’une Princesse,
Valant un fouteur,
J’ai su prouver mon adresse,
Aussi ma vigueur ;
Et dans son tendre délire,
Que dire à cela ?
Je décharge, et je soupire ;
Encor celui-là.

Du vit de la Valetaille,
Souvent j’ai fait choix,
Et des pines de Versaille,
J’ai reçu les loix :
Si j’ai passé pour fouteuse,
Que dire à cela ?
Qu’une garce est très-heureuse
Encor celui-là.

En parfaite libertine,
Laissant le plumet,

J’ai su travailler la pine
Du petit-collet.
Blonds Abbés, Coureurs et Pages,
Que dire à cela ?
J’ai sucé l’apprentissage ;
Encor celui-là.

Dans mon con rempli de charmes,
Je vis autrefois
D’un vit répandre les larmes,
Par le cher d’Artois,
Et lors, en digne bougresse,
Que dire à cela ?
Je lui chatouillais la fesse ;
Encor celui-là.

J’ai borné toute ma gloire
En quittant Paris ;
Je n’aurai plus la victoire
Sur les clitoris :
A branler pine allemande,
Je vois mon destin ;
Et pourtant étais friande,
Moi, sacrée putain.


Les Fouteries chantantes, 1791 - Fleuron - Fleur