Les Femmes arabes en Algérie/Féministes au 13° siècle

Société d’éditions littéraires (p. 99-101).


Les Milianaises féministes
au 13e siècle




Épouser est facile, assujettir l’est moins. Parmi les femmes indépendantes l’arabe est une insurgée. C’est qu’elle n’a pas toujours été traitée en bétail :

À l’époque de l’idolâtrie, alors que Mahomet n’avait pas encore proclamé que l’homme était supérieur à sa compagne, la femme de race arabe jouissait des mêmes droits que son époux et plus encore que lui, de considération.

Hommes et femmes doués de la même prodigieuse mémoire, acquéraient le même savoir, ils avaient la même connaissance de la tradition orale et des poésies, car en ce temps-là, l’écriture et les livres étaient inconnus. On énonçait verbalement et en vers toutes ses impressions.

Les femmes ne se contentaient pas d’être belles parleuses, elles avaient un merveilleux talent poétique qu’elles employaient surtout à auréoler de gloire les braves, morts en défendant la tribu.

Confondue avec la poésie dans l’admiration des arabes, la femme était adorée comme une sorte de divinité.

Mahomet renversa l’autel et fit de la femme qui y était assise, un instrument de plaisir charnel.

Cette déchéance, cette annihilation ne fut que superficielle, la loi islamique ne put vaincre l’atavisme et les musulmanes conservèrent dans les géoles matrimoniales, l’amour que leurs aïeules avaient pour l’indépendance.

Les femmes arabes ont levé bien avant les Européennes et les Américaines, l’étendard de l’émancipation.

Il y a cinq cents ans, que les milianaises, se sont insurgées contre le masculinisme. Au 13e siècle, elles se sont fait rabrouer par le saint arabe Sidi-Mohamed-ben-Yusset, qui leur reprochait : « d’usurper la place des hommes, de commander partout, quand elles devraient obéir ; enfin de se révolter contre le droit de l’homme et de faire leur possible pour l’infirmer. »

Bravo nos ancêtres !