Les Droits de l’humanité/Préface

F. Alcan / Payot et Cie (p. i-iii).

PRÉFACE



L’auteur a voulu dans ces pages, écrites à la demande de quelques amis, énoncer et justifier les vœux formés aujourd’hui par le public éclairé relativement aux droits qu’une bonne législation doit consacrer. Leur cadre est donc celui d’un traité de droit naturel, dont l’idée dominante serait que le droit naît du devoir, mais que le juge du devoir étant la conscience individuelle, l’accomplissement n’en est exigible par voie de contrainte que dans la mesure indispensable à la conservation des droits d’autrui. Nos conclusions pratiques sont déduites de ce principe, et la notion du devoir exposée dans l’Introduction, la seule partie du livre dont la juste appréciation demande peut-être au lecteur une attention quelque peu soutenue.

Voulant faire tout le possible pour empêcher les malentendus, si fréquents en ces matières, les idées rectrices sont rappelées et reproduites en toute occasion, d’où résultent des répétitions qui fatigueront la patience, mais qui ne laisseront pas l’essentiel passer inaperçu.

Cependant ce petit volume n’est point un traité scientifique ; il ne résume pas un système, il ne veut être qu’un programme des principales réformes à réaliser soit par la loi, soit par le concours spontané des volontés. Aussi les sujets les plus importuns sont-ils passés sous silence ou dépêchés en quelques mots lorsqu’il n’y a pas d’urgence à s’en occuper ou que l’attention générale ne s’étant pas portée sur eux, la discussion n’en offrirait aujourd’hui qu’un intérêt spéculatif. Ce que nous aurions voulu rendre sensible, c’est l’étendue des réformes qu’implique et que réclame un libéralisme effectif ; c’est plus encore peut-être la solidarité de ces réformes, afin qu’elles soient abordées de concert par tous les amis de la liberté.