Les Dieux antiques/Mythes inférieurs grecs
Les noms mentionnés précédemment ne forment pas la liste complète des personnages connus de la Mythologie des Grecs. Outre ceux des dieux olympiens et des héros dynastiques des cités grecques, il y a un grand nombre d’appellations qu’on peut parfois grouper ensemble, quoiqu’il soit impossible de les rattacher à aucune histoire mythique.
Pour mentionner quelques êtres de cette sorte, voici
les Hamadryades, nymphes que l’on supposait vivre et
mourir avec les arbres dont elles étaient les déités ; et les
Oréades ou nymphes des montagnes. Qui ne connaît les
Hyades ? ces filles d’Atlas et d’Æthra, qui est aussi la
mère de Thésée ? Elles pleurèrent jusqu’à mourir, dit-on,
et forment un groupe d’étoiles, qui présage la pluie. Les
Pléiades, leurs sœurs, inconsolables de cette perte, eurent
un sort pareil. Ainsi les Héliades, filles d’Hélios, versèrent
des larmes d’ambre sur la mort de leur frère
Phaéton.
Fig. 166. — Géants (bas-relief).
Arrivons aux Géants (fig. 166).
Dans les poèmes
homériques, ce sont
les Cyclopes qui
habitent en Trinacrie ;
dans Hésiode,
ce sont des êtres
produits par le sang
d’Ouranos, le ciel
tombant sur Gê, la
terre. Ils répondent
aux Trolls, aux
géants des gelées,
dans les mythologies
du Nord. Deux
géants, Otos et
Éphialtès, fils de
Poséidon, s’appelaient
du nom d’Aloades
(aloê, aire),
en tant que possédant
la force de
meules à moulins.
Connaissez-vous ce
nom : les Miolones,
signifiant « ceux qui
s’occupent à moudre » ?
il a été donné
à Euryton et Actor,
fils de Poséidon, qui répondent, par leur caractère, au
Thor Miölnir de la mythologie des Norses.
Qu’était-ce que Borée (fig. 167) ? le fils d’Astraïos et
d’Éos, connu comme le dieu du Vent du Nord. Sa femme
Fig. 167. — Borée.
Fig. 168. — Clio.
était Oreithya, fille d’Érechthée et sœur de Procris.
Érèbe, rejeton du Chaos, habitait l’espace obscur à travers lequel les âmes vont vers l’Hadés.
Ényo était, dans la théogonie d’Hésiode, l’une des Grées. Tels la donnent pour la déesse qui accompagne Arès et se réjouit du carnage et du sang versé.
Les Harpies sont les vents d’orage. Elles sont présentées
comme les belles-filles de Thaumas et d’Électre,
par Hésiode ; mais décrites comme des êtres odieux ou
repoussants, par Virgile.
Fig. 169. — Euterpe.
Fig. 170. — Érato.
Les Muses représentent les déesses de la musique, de
la poésie, de l’art et de la science. Elles semblent avoir
d’abord été au nombre de trois, qui s’est ensuite accru
jusqu’à neuf. On les appelait encore Piérides, de Piérie,
près d’Olympe ; mais une autre légende dit que les Piérides
étaient des filles de Piéros, roi d’Émathie, et que,
venant à lutter avec les Muses, elles furent battues par
elles et changées en oiseaux. Les noms des neuf Muses
sont : Clio ou Cléio (fig. 168) « le héraut ». Muse de l’histoire ; Euterpe (fig. 169) « la charmeuse ». Muse de
la poésie lyrique ; Érato (fig. 170) « l’aimable », Muse
de la poésie aimable et de l’art mimique ; Thalie (fig. 171)
« la joyeuse », Muse de la comédie et de la poésie idyllique ;
Melpomène (fig. 172) la « chanteuse », Muse de
la tragédie ; Terpsichore (fig. 173) « qui se réjouit dans
Fig. 171. — Thalie.
Fig. 172. — Melpomène.
les danses », Muse de la danse mêlée au chant ; Polymnie
(fig. 174) « qui aime les chants ». Muse des
hymnes sublimes ; Uranie (fig. 175) « la céleste », Muse de
l’astronomie, et Calliope (fig. 176) « à la belle voix », Muse
de la poésie épique. On représentait ces neuf Muses, assises
ou debout, chacune avec quelque attribut différent.
Un grand chasseur, aimé d’Artémis et d’Éos et placé
après sa mort au nombre des étoiles, s’appelle Orion.
Pan est une déité qui présidait aux troupeaux de petit
Fig. 173. — Terpsihore.
Fig. 174. — Polymnie.
Fig. 175. — Uranie.
Fig. 176. — Calliope.
et de gros bétail ; quelques auteurs en ont fait le fils d’Hermès, né en Arcadie. On le représente avec la tête et
la poitrine d’un homme et les membres inférieurs d’un
Fig. 177. — Pan (bas-relief).
Fig. 178. — Pan (camée).
bouc (fig. 177 et 178). On dit qu’il voyagea
dans l’Inde avec Dionysos ; et qu’une fois,
entouré et captif, il fut délivré par la clameur
de ses hommes qui dispersèrent
l’ennemi (c’est de là que le mot panique
indique une soudaine et vague terreur). Le
nom de Pan est parent du mot sanscrit le
vent, Pavana, et probablement du latin
Pavonius. Syrinx, la nymphe aimée du
dieu, nom de flûte, est elle-même le vent
dans les roseaux
[1].
Le dieu Pan a acquis, dans les temps modernes, une grande importance : il représente souvent à notre pensée le paganisme tout entier dans son crépuscule. On connaît l’histoire de ces mariniers latins qui aux dernières heures du monde impérial entendirent, une fois, par l’air, ces paroles considérables : « Pan est mort ! » [2].
Éros (fig. 179) est le dieu de l’amour. Hésiode en fait une des puissances primitives, avec le Chaos, Gaia et le Tartare. Les poètes postérieurs le disent fils d’Hermès ou d’Arès, d’Artémis ou d’Aphrodite.
L’Odyssée montre Protée comme un vieillard qui
Fig. 179. — Statue d’Éros.
accompagne les phoques de Poséidon et sort de la mer à
midi pour dormir sur le rivage. Il avait le pouvoir de se
changer en quelque forme que ce fût, comme le « fermier
Weathersky » dans les contes des Norses.
Priape (fig. 180) est fils de Dionysos et d’Aphrodite :
on l’adorait en tant que cause de la fertilité et des fruits et
des troupeaux.
Délicieuse et admirable histoire que celle de Psyché
(fig. 181) ! Ce mot désigne le souffle des êtres vivants,
mais la légende d’Éros et de Psyché parle d’une
Fig. 180. — Priape.
Fig. 181. — Psyché.
Fig. 182. — Dioscures (camée).
vierge qui se croit mariée à
un monstre : prenant une
lampe pour regarder l’époux dans les ténèbres, elle le
trouve beau. Or une goutte d’huile tombant
de la lampe évellle, en ce monstre,
qui ? Éros, lequel s’évanouit et disparaît…
Psyché, après des années de douleur,
s’unit à lui de nouveau. — Le récit
est, en partie, le même que dans la Belle
et la Bête ; et les contes du foyer
(Grimm, etc.) le donnent sous plusieurs autres formes
populaires.
Zagréos semble être un des noms de Dionysos : on présente ce personnage comme l’enfant à cornes de Zeus et
Fig. 183. — Statue de Cybèle.
de Perséphone.
Hespéros, ce dieu du ciel occidental, est le père des Hespérides, qui, avec le dragon Ladon, gardaient les pommes d’or d’Héré.
Castor et Polydeukès (appelé par nous, d’après le latin, Pollux) sont les deux Dioscures (fig. 182) ou fils de Zeus. Dans l’Iliade et l’Odyssée ce sont les frères d’Hélène ; mais il y a beaucoup d’autres versions de leur parenté.
Les Cabires apparaissent comme des déités mystiques, que quelques-uns disaient les enfants de Héphaïstos et de Cabéira, fille de Protée.
Les Caribautes et les
Dactyles, eux, sont des
êtres vraisemblablement
de la même sorte que
les Cabires, On parle des
Carybautes comme de fils d’Apollon. Les prêtres phrygiens
de Cybèle s’appelaient Dactyles.
Qu’était-ce que Cybèle (fig. 183) ? On suppose que
Fig. 184. — Hébé (camée).
Fig. 185. — Iris.
Fig. 186. — Morphée.
c’était originairement la déesse
phrygienne de la terre. Les
Grecs l’identifiaient avec Rhé
et les Latins avec Ops.
Qu’était-ce que Hébé (fig. 184) ? La déesse de la jeunesse, répondant à la Juventas latine.
Qu’était-ce que Hymen ? Un dieu grec du mariage, que quelques-uns disent fils d’Apollon.
Qu’était Iris (fig. 185) ? Dans
la mythologie homérique, comme Hermès, une messagère
des dieux. Dans
Hésiode, c’est la sœur
des Harpies. Suivant
d’autres, elle était femme de Zéphyre, vent d’ouest, et la
mère d’Éos, l’aurore.
L’artisan des songes est Morphée (fig. 186) : on le nomme fils d’Hypnos, le sommeil.
Ganymède (fig. 189) est présenté, dans la mythologie
Fig. 187. — Silène (statue).
homérique, comme un
bel adolescent troyen, qui
fut enlevé par un aigle
et devint dans l’Olympe
l’échanson de Zeus.
Silène (fig. 187) est un serviteur de Dionysos et un chef des Satyres, êtres qui, de même que Pan, sont représentés comme ayant la tête, les bras et le buste des hommes, avec les membres inférieurs d’un bouc [3]. Nous ne pouvons pas ne point voir dans les Satyres (fig. 190) le phénomène de vie qui semble animer les bois et faire danser les branches des arbres, au tronc noueux effrayant les voyageurs. Les Nymphes (fig. 188), charmées de la cour qui leur est faite, ce sont les nuages blancs arrêtés dans les cieux au-dessus du bouquet d’arbres.
Le fondateur mythique d’Athènes est Cécrops, qu’on
représente comme un héros autochtone ou indigène : la Fig. 188. — Nymphe (statue).
Fig. 189. — Ganymède (statue).
Fig. 190. — Satyres (bas-relief).
partie supérieure de son corps étant celle d’un homme, et
les parties inférieures, celles d’un dragon ; Hersé, la rosée, passe pour sa fille. Bref, c’est un personnage parallèle
à Érechthée. Les imaginations d’un âge comparativement
avancé le font venir de Saïs, en Égypte ; mais il n’y
a rien dans la mythologie grecque qui indique un rapport
quelconque avec ce pays pendant les siècles mythopiques
ou « ceux qui font les mythes ».