Les Dieux antiques/L’Hestia grecque ou la Vesta latine
estia. — Hestia est l’aîné des enfants
de Cronos et de Rhée. Sa fonction :
déesse du foyer domestique ou plutôt
du feu qui brûle sur le foyer.
Tous les hommes étaient, selon la
vieille coutume païenne, regardés comme
ennemis, à moins que, par un pacte spécial,
ils ne fussent devenus amis ; et
Hestia (fig, 41) présidait spécialement au
commerce loyal et vrai qui s’établissait
entre eux. La maison est le centre de
toute bonne affection, et la déesse du
logis était toujours représentée comme pure et non souillée.
Hestia livre peu d’elle-même à la légende : ce fait
seul, peut-être, que Poséidon chercha à en faire sa femme
et qu’elle refusa. À qui demande comment il se fait
qu’on ne dise presque rien de Hestia, je répondrai que cela
vient uniquement de ce que son nom était un de ces mots
qui n’avaient pas perdu leur signification. Hestia continua jusqu’à la fin d’être ce qu’elle avait été dès le commencement :
Fig. 41. — Statue de Hestia ou Vesta.
l’autel de la
maison, le sanctuaire de
la paix et de l’équité, et
la source de tout bonheur
et de toute richesse.
Son influence se fit peut-être
sentir plus profondément
et accomplit plus de
bien que celle de tout autre
personnage de l’Olympe ;
l’honneur que lui rendait
chacun impliquant des
devoirs directs et pratiques.
Hestia ne pouvait
être servie en rien par des
hommes qui tenaient mal
la parole engagée ou agissaient
traîtreusement à
l’égard de ceux qu’ils
avaient reçus à leur foyer.
Le culte de cette déesse
devint la source d’un bien
presque sans mélange, à
la fois dans les intérieurs
et pour l’État ; aussi était-elle
honorée par les cités
aussi bien que dans la vie
privée de la maison ! Chaque
ville avait son Prytanéion, où les prytanes, qui sont
les anciens, tenaient leurs réunions. On ne souffrait pas que le feu sacré, brûlant sur le foyer public, s’y éteignît
jamais. Si parfois il venait à s’éteindre, soit par négligence,
soit par accident, le devoir était de le restaurer avec du feu
obtenu par le frottement de morceaux de bois entre eux,
enflammés quelquefois encore au moyen d’un verre ardent :
avec du feu ordinaire, jamais. Quand une cité envoyait
de ses hommes établir une colonie, on maintenait le
pacte qui unissait cette colonie et la mère patrie à la
faveur du feu sacré de Hestia, dont le colon emportait
au loin une portion, pour la garder vive à jamais sur
la terre nouvelle. Aussi longtemps que le feu continuait
à brûler, ce groupe sentait qu’un intérêt commun le rattachait
aux citoyens du sol antique et natal. Voyons
encore jusqu’où s’élargit la fonction de Hestia, qui n’est
point limitée aux âtres de la maison et à la cité, ni même
aux bornes de la patrie, car on supposait qu’au centre
de la terre il existe un foyer répondant lui-même au foyer
placé au centre de l’univers total. La déesse y préside.
Vesta. — La Vesta des Latins semble une déité par son nom, de même que par son caractère, identique à la Hestia grecque. Probablement un vestige de l’héritage commun apporté de là par les ancêtres des tribus grecques et latines, patrie où elles avaient vécu autrefois ensemble. Vesta, pour les Romains, représenta toutefois une déesse d’une bien autre importance que Hestia chez les Grecs. Le feu de son autel était gardé par les vierges Vestales, consacrées à ce seul soin ; on sait que si l’une d’elles venait à le laisser éteindre, elle subissait ce supplice horrible d’être enterrée vivante.