Les Dieux antiques/L’Héré grecque ou la Junon latine
éré. — Héré est fille de Cronos et
de Rhée ; par suite, une sœur de
Zeus et de Poséidon, avant tout la
femme de Zeus (fig. 38). Son nom,
probablement dérivé de la même racine
que celle d’où vient le sanscrit Svar,
le ciel brillant, et Surya, le soleil (aussi
bien que le grec Hélios), semble avoir,
dans l’origine, signifié la couche céleste,
épouse de Zeus, qui est, lui, l’éclat céleste.
Les histoirees mythiques viennent à
l’appui de cette explication : le sens de
celle d’Ixion, spécialement, s’accorde avec le sens de la
présente. La déesse apparaît dans les poèmes homériques
comme l’épouse de Zeus, révérée par les dieux non
moins que son mari, envers qui elle se montre de tout
point soumise. Toutefois il y a quelques exceptions à
cette grande soumission. Ainsi, en dehors de son opposition
à Zeus dans la guerre de Troie, elle participa au complot ourdi, entre Poséidon et Athéné, d’enchaîner le
Fig. 38. — Statue de Héré ou Junon.
dieu. Ce qui lui fit
prendre parti contre
les Troyens,
dans la guerre faite
par les Achéens au
peuple de Troie ou
Ilion, est le jugement
de Pâris, devant
qui Aphrodite
et Athéné parurent,
avec elle,
pour réclamer la
pomme d’or offerte
à la plus belle des
trois. La pomme
échut à Aphrodite,
et dès lors Héré et
Athéné haïrent la
cité de Priam.
Les histoires varient
tellement à
propos du lieu de
naissance et relativement
au mariage
de cette déesse,
qu’il est impossible
d’en tirer quelque
chose ou de les harmoniser.
Déité d’une grande importance, au reste, sans
qu’aucune légende détermine bien la nature de la fonction remplie par la déesse, la Fable nous montre presque toujours
Héré comme la reine du ciel pur. On trouve cette idée
manifestée spécialement par la légende d’Ixion (le
soleil qui tourne) : ce personnage, après avoir été purifié
du crime de sang versé, cherche à gagner l’amour de
Héré ; mais il est déçu par Zeus, qui fait prendre à un
Fig. 39. — Tête de Héré ou Junon.
nuage la forme de la déesse. Le
nombre de ses enfants est certain,
trois : Arès, Hébé et Héphaistos.
Junon. — La femme de Jupiter s’appelle Junon (fig. 39), un nom qui répondrait à la forme grecque Zénon, prise au féminin ; mais il n’existe pas d’histoires latines sur la déesse, celles que racontent d’elles des poètes de temps avancés ayant été empruntées au grec. Comme Jupiter, on invoquait Junon sous plusieurs noms : en tant que rein- des cieux, elle était Junon Reine ; présidant au mariage, Junon Jugalis, et gardant l’argent et les trésors, Junon Moneta (cette appellation probablement vient de la même racine que Minerve). Exceptionnellement dans notre étude comparative latine et grecque, Junon et Héré sont la même divinité ! Quoique les mythes latins correspondent le plus souvent de nom seulement avec ceux des Grecs, l’identité est, dans le cas présent, suffisamment prouvée.