Les Dieux antiques/L’Héré grecque ou la Junon latine

J. Rothschild, éditeur (p. 67-69).




LA HÉRÉ GRECQUE OU LA JUNON LATINE.





Héré. — Héré est fille de Cronos et de Rhée ; par suite, une sœur de Zeus et de Poséidon, avant tout la femme de Zeus (fig. 38). Son nom, probablement dérivé de la même racine que celle d’où vient le sanscrit Svar, le ciel brillant, et Surya, le soleil (aussi bien que le grec Hélios), semble avoir, dans l’origine, signifié la couche céleste, épouse de Zeus, qui est, lui, l’éclat céleste.

Les histoirees mythiques viennent à l’appui de cette explication : le sens de celle d’Ixion, spécialement, s’accorde avec le sens de la présente. La déesse apparaît dans les poèmes homériques comme l’épouse de Zeus, révérée par les dieux non moins que son mari, envers qui elle se montre de tout point soumise. Toutefois il y a quelques exceptions à cette grande soumission. Ainsi, en dehors de son opposition à Zeus dans la guerre de Troie, elle participa au complot ourdi, entre Poséidon et Athéné, d’enchaîner le Fig. 38. — Statue de Héré ou Junon.
dieu. Ce qui lui fit prendre parti contre les Troyens, dans la guerre faite par les Achéens au peuple de Troie ou Ilion, est le jugement de Pâris, devant qui Aphrodite et Athéné parurent, avec elle, pour réclamer la pomme d’or offerte à la plus belle des trois. La pomme échut à Aphrodite, et dès lors Héré et Athéné haïrent la cité de Priam.

Les histoires varient tellement à propos du lieu de naissance et relativement au mariage de cette déesse, qu’il est impossible d’en tirer quelque chose ou de les harmoniser. Déité d’une grande importance, au reste, sans qu’aucune légende détermine bien la nature de la fonction remplie par la déesse, la Fable nous montre presque toujours Héré comme la reine du ciel pur. On trouve cette idée manifestée spécialement par la légende d’Ixion (le soleil qui tourne) : ce personnage, après avoir été purifié du crime de sang versé, cherche à gagner l’amour de Héré ; mais il est déçu par Zeus, qui fait prendre à un Fig. 39. — Tête de Héré ou Junon.
nuage la forme de la déesse. Le nombre de ses enfants est certain, trois : Arès, Hébé et Héphaistos.

Junon. — La femme de Jupiter s’appelle Junon (fig. 39), un nom qui répondrait à la forme grecque Zénon, prise au féminin ; mais il n’existe pas d’histoires latines sur la déesse, celles que racontent d’elles des poètes de temps avancés ayant été empruntées au grec. Comme Jupiter, on invoquait Junon sous plusieurs noms : en tant que rein- des cieux, elle était Junon Reine ; présidant au mariage, Junon Jugalis, et gardant l’argent et les trésors, Junon Moneta (cette appellation probablement vient de la même racine que Minerve). Exceptionnellement dans notre étude comparative latine et grecque, Junon et Héré sont la même divinité ! Quoique les mythes latins correspondent le plus souvent de nom seulement avec ceux des Grecs, l’identité est, dans le cas présent, suffisamment prouvée.