Les Dieux antiques/L’Héphaïstos grec ou la Vulcain latin
éphaistos. — Ce dieu nous apparaît
comme l’artisan qui forge des armes
irrésistibles, mais est laid et boiteux
(fig. 67). Pourquoi ? Parce que Héphaistos
est strictement « l’éclat de la
flamme » ; et comme la flamme provient
d’une petite étincelle, on représenta
le dieu chétif et difforme à sa naissance,
mais fort et puissant, une fois grand.
La légende est belle. Fils de Zeus et
de Héré, voilà l’enfant ; et quelquefois
de Héré seulement. Sa laideur déplut
tant à sa mère, qu’elle pensa le rejeter de l’Olympe ; et
c’est plus tard, quand il prit le parti de la déesse dans
une querelle, que Zeus le précipita du ciel. Il tomba,
blessé et estropié, à Lemnos, où les Sintiens le traitèrent
avec bonté. Tout en forgeant, il resta le porte-coupe
des dieux, et il faisait des cuirasses et des armes.
Quand Hector eut dépouillé de l’armure d’Achille le corps de Patrocle, Héphaïstos, à la prière de Thétis, fit
un nouvel habit de guerre, brillant comme un soleil et
Fig. 67. — Statue d’Héphaïstos ou Vulcain.
ravissant le héros comme le ferait l’aile d’un oiseau. Cent
œuvres d’art nous montrent, épouse du rude forgeron,
Aphrodite elle-même ; mais certaines légendes donnent ce titre à Charis, et d’autres à Aglaïa ; trois leçons voulant
dire une seule et même chose, à savoir que la flamme
du feu est apparentée à l’éclat de la lumière du soleil.
Héphaistos se retrouve dans des traditions étrangères à
celles des Grecs, mais point sous ce nom. Des Latins et
Fig. 68. — Buste de Vulcain.
des Romains d’époque avancée, il
était connu en tant que Vulcain
(fig. 68). Dans les poèmes védiques
il s’appelle Agni, le même mot
qu’en latin Ignis, le feu. Les
Latins semblent, dans cette légende
et dans d’autres, avoir emprunté
un grand nombre de notions
grecques ; mais les poètes
hindous insistaient plutôt sur la
force de la flamme nouvellement
allumée que sur son aspect chétif.
Au lieu de dire, comme nous, que
le feu brûle et que le bois fume,
je les entends chanter : « Hennissant
d’ardeur à se nourrir, il
s’avance hors de sa forte prison ; puis le vent, après cette
explosion, souffle, et le sentier d’Agni (le feu) est tout
de suite obscur. » La même idée se rencontre dans la
mythologie du nord de l’Europe.
Rappelez-vous l’histoire de Sigurd, qui est l’Achille ou
le Persée des légendes norses ; Régin, l’artisan de Hialprek,
roi de Danemark, répond exactement à Héphaistos,
et, pareil à lui, forge des armes auxquelles nul ennemi
ne peut résister.
Vulcain. — Vulcain est donc le dieu latin du feu, qu’on identifiait avec l’Héphaistos grec. Aussi le dit-on l’époux de Vénus, nom apparenté au vieux mot sanscrit ulkâ, un « brandon de feu », un « météore ».