Les Dieux antiques/Deucalion
DEUCALION, DIEU GREC ET LATIN.
(Grec : Deucalion.)
l’époque de Deucalion, chef de
Phthia, et fils de Prométhée et de
Clymène, Zeus résolut de punir
la méchanceté des hommes, l’iniquité
de Lycaon et de ses fils y ayant mis
le comble. Il envoya donc un déluge
à la terre, et, comme les eaux s’élevaient,
Deucalion ordonna à sa femme
Pyrrha d’apprêter l’arche qu’il avait
construite sur l’avertissement de son
père Prométhée. Or y entrant, lui et
sa femme, ils furent portés sur les eaux
pendant huit jours, et le neuvième, l’arche demeura sur
les hauteurs du Parnasse. Ils laissèrent cette nef sur la
cime, et offrirent un sacrifice à Zeus, lequel envoya
Hermès pour exaucer toute prière faite par Deucalion.
Le juste demanda la restauration de la race humaine ;
Hermès dit que lui et sa femme avaient à se couvrir la
face de leurs manteaux, et à jeter derrière eux les os de leur mère sur le chemin. La sagesse qui venait à ce géant
de son père Prométhée lui enseigna que sa mère, c’était
la terre ; il fallait donc jeter simplement des pierres derrière
soi pendant la descente du Parnasse. Les cailloux ainsi
semés devinrent des hommes et des femmes, et commencèrent
aussitôt cette dure vie de labeurs, qui est
depuis le lot de l’humanité.
Quand eut lieu ce déluge ? Quelques-uns le fixent au
règne d’Ogygas, roi mythique d’Athènes, mais il y a
maintes variantes à ce conte : telle disant que tous les
hommes périrent ; une autre, que ceux de Delphes échappèrent.
Ainsi, dans l’histoire babylonienne de Xisuthros,
le déluge épargne les mortels qui sont pieux. Dans quelques
leçons du conte indien, Manu entre en l’arche ainsi
que les sept sages ou Rishis, qui restent avec lui jusqu’à
l’atterrissement sur un pic appelé Naubandhana (des
liens du vaisseau). Les noms de cette légende se peuvent
expliquer : donc, lecteurs, à l’œuvre ! Le nom de
Deucalion d’abord n’est pas sans se rattacher à celui de
Polydéikès ou le Pollux latin, le fils « brillant » de Léda
(autre forme de Léto). Sa femme Pyrrha, la rouge (en
tant que désignant peut-être la terre rouge), appartient à
cette même classe, ainsi qu’Iole, Iocaste, Iam « de couleur
violette », et Phœnix « pourpre ». Reliez enfin ce
conte à beaucoup d’autres. La légende de Prométhée se
rattache à celle d’Io et d’Héraclès, d’Épiméthée, de Pandore,
d’Athéné et à plus d’une encore. Deucalion est
aussi le père de Minos, le Manu indien « le penseur, ou
l’homme » ; et Minos, père d’Ariane, que Thésée conduit
à Naxos après avoir tué le Minotaure, est de plus apparenté
avec Nisos et Skulla, en latin Nisus et Scylla.
D’autres enfants passent pour issus de Deucalion : on appelle ce géant le père d’Hellène (de qui l’on dit que descendirent les Hellènes), et de Protogénéia « le grand matin », enfant premier-né du soleil. Légendes qui procèdent du même esprit. Protogénéia, l’aube, devient mère d’Aéthlios, le soleil peinant et s’efforçant, qui, comme Héraclès et Achille, travaille pour d’autres, non pour soi : et Aéthlios est le père d’Endymion le beau, qui s’enfonce, pour y dormir, dans la caverne de Latmos comme le soleil plonge dans la mer occidentale. Toujours l’acte solaire.
Ajoutons que l’histoire de Deucalion a été conservée par la tradition d’un autre peuple. Les Indiens Macusi de l’Amérique du Sud racontent, dit-on, que le dernier homme qui survécut au déluge repeupla la terre en changeant des pierres en hommes. Selon les Tamanaks d’Orinoko, ce fut un couple d’êtres humains qui jeta derrière lui le fruit de certain palmier, et du noyau naquirent des hommes et des femmes.