Les Derniers Bretons/Tome 2/2/3

Texte établi par Charpentier, libraire-éditeur,  (Tome IIp. 331-387).

CHAPITRE TROISIÈME.

poèmes.

Poèmes.


§ I.

Les poèmes. — Aventures d’un jeune Bas-Breton.

Nous conservons le nom de poèmes aux œuvres soumises à un plan fixe, développé, et qui ne sont point adaptées à un air connu. On peut citer en ce genre les Aventures d’un jeune Bas-Breton, la Révolution française, le Michel Morin de Lelaë, l’Enfant avisé de Legall de Guimilliau, le Colloque par le même, le Maudisseur et le Missionnaire, le Geai de Saint-Jean, etc. ; nous ajouterons à ces poèmes les Fables de Ricou.

Les Aventures d’un jeune Bas-Breton[1] sont évidemment l’ouvrage d’un cloarec qui a fait ses études. Ce poème, de plus de treize cents vers, contient beaucoup d’imitations classiques qui prouvent la connaissance des auteurs latins ; mais on y trouve aussi le jeune paysan naïf et chaud de cœur. Nous en donnerons une analyse détaillée, parce que ce sera pour nous un moyen de compléter ce que nous avons déjà dit précédemment. Ceci est l’Odyssée de l’étudiant bas-breton ; c’est le récit du voyage que son âme fait autour des illusions de la vie, avant d’arriver à la patrie terrestre que Dieu lui a donnée ici-bas : le désenchantement et la résignation ! Ce livre est moins un livre qu’une confession. C’est un journal de pensées et d’émotions, tenu heure par heure ; un roman qui commence, continue, et s’achève au fond du cœur, sans qu’il y ait autrement de drame extérieur que dans la vie la plus vulgaire ; c’est, en un mot, l’histoire d’un cloarec qui aime, qui lutte contre son amour parce qu’il l’arrache à ses études, puis cède, puis entend la voix de Dieu qui l’appelle parmi ses prêtres, qui fuit alors celle qu’il avait choisie, tombe dans le désespoir en apprenant son mariage, et qui, enfin, tiède, douteur et ennuyé, prend lui-même une femme parmi les femmes, uniquement pour qu’il y ait un dénouement à son roman. Un poète breton pouvait seul prendre pour sujet cette donnée triviale à force d’être vraie. Aussi, je l’ai déjà dit, ce n’est point un livre qu’il a fait : il a écrit simplement son âme ; mais les détails tendres et ingénieux, les mouvemens passionnés, les tristesses contagieuses, abondent dans cette œuvre sincère.

Le début des Aventures d’un jeune Bas-Breton est, comme de coutume, un appel aux auditeurs.


« Approchez, jeunes gens qui formez des affections ; écoutez comment ces affections commencent et puis tombent à jamais ; écoutez, car, moi, je suis un jeune homme qui avais noué un bel amour, un bel amour dont il ne reste plus rien aujourd’hui.

» Si l’on m’avait dit il y a onze mois : — Tu tomberas dans les chaînes des jeunes filles, — J’aurais répondu avec dédain : — Moi, prisonnier d’une femme !

» Eh bien ! mes frères, j’ai été dans leur prison, et les liens de l’amour sont venus enchaîner jusqu’à mon cœur ; et j’étais dans un enivrement ineffable : les jeunes filles sont de doux geôliers !

» Les geôliers sont cruels et durs pour leurs prisonniers, et ils leur donnent un lit de paille ; mais les jeunes filles vous enchainent et sont tendres avec vous ; les jeunes filles vous donnent ce qu’elles ont de plus doux. Oh ! les jeunes filles sont bonnes à aimer !

» Je suis un jeune cloarec de l’évêché de Quimper, et j’avais choisi ma maîtresse dans l’évêché de Tréguier, une jeune fille au cœur joyeux, aux doux yeux étincelans ; elle habitait Léo-Drés, dans la paroisse de Clestrin.

» Rien ne manque à ma plus aimée, ni les roses, ni les lys, ni le suave parfum de la jeunesse, ni le regarder languissant, ni la douceur, ni l’esprit, ni les charmes mystérieux, ni les grâces du parler.

» Je passerais ma vie entière rien qu’à la regarder. »


Ici le jeune étudiant raconte comment il rencontra la jeune fille un jour du mois d’avril, comment il la connut et l’aima. Il rapporte leurs longs entretiens du dimanche, il peint son bonheur entre-coupé d’éclairs, de repentir et de crainte, et ces souvenirs de Dieu et de sa vocation qui viennent le saisir parfois à la vue de la flèche éloignée d’une église : tout ce récit est plein de ravissantes choses que nous voudrions pouvoir traduire.


« Bonjour, ô bien aimée, soulagement de mon âme, charmeresse de mes yeux, joie de mon cœur ; bonjour, ma douceur, mon espérance, ma consolation !

» — Ô jeune ami, je voudrais être éloquente pour causer avec vous ; mais ma langue est ignorante ; oh ! ne parlons pas tous deux, parlez seul, jeune ami !


 

» Dès que je fus arrivé là, mon esprit se trouva changé ; toute ma dissouciance s’était endolorie ; toute ma dissouciance s’était tournée en douleur.

» — Oh ! je voudrais, mon Dieu, être descendu dans un trou de terre. »


Bientôt ces remords du cloarec prennent plus de force ; ce n’est point encore la voix de Dieu qui lui parle, mais celle de la raison qui lui dit de retourner à ses études, qu’il néglige pour l’amour d’une femme. Ici commencent les imitations classiques dont nous avons parlé ; l’émotion poétique et vraie disparaît pour faire place à l’amplification rhétoricienne et au bavardage mythologique. Un grand combat s’élève entre les Muses et Cupidon, qui se disputent tour à tour le jeune étudiant. Thalie lui fait observer très judicieusement que, s’il se livre à sa passion, il n’obtiendra point la clef du temple de Mémoire, parce que l’on n’a jamais vu Cupidon et Minerve avoir leurs deux têtes dans le même bonnet. Le cloarec est presque persuadé ; il veut abandonner ses préoccupations amoureuses, et substituer les enseignemens sévères de ses livres aux causeries fascinantes de la pennères de Léodrès ; mais Vénus emploie mille artifices pour lui rappeler le souvenir de sa bien-aimée.


« Un matin, en sortant, je vis une image peinte sur ma porte ; et c’était l’image de ma plus aimée. Elle pleurait, et ces mots étaient écrits autour de son visage : — C’est vous, Cloarec, qui faites couler mes pleurs !.



» Et le lendemain matin, l’image était à la même place, et sur son cœur étaient écrits ces mots déchirans : — Cloarec, mon amour croît avec votre cruauté !

» Et quand je revins, au milieu du jour, l’image était changée ; c’était toujours ma belle aimée ; mais elle était couverte d’un linceul, et elle avait à la main un poignard pour mourir. »


Enfin le jeune homme cède. Il laisse là ses livres, et retourne vers celle qu’il n’a pu oublier ; mais son long abandon a froissé le cœur de la jeune fille ; elle le reçoit froidement et répond à ses prières avec une âcre ironie. La douleur du cloarec est d’abord vive et poignante ; mais bientôt elle prend un caractère de résignation à la fois fière et tendre ; le jeune homme se découvre devant l’enfant boudeuse, et il incline tristement son visage à demi caché sous ses cheveux flottans.


« Adieu, jeune femme, dit-il, puisque je n’ai plus de droits sur votre âme. Maintenant encore je vous dis merci, quoique je ne doive plus trouver nulle part l’accomplissement de mes vœux. Merci, car c’est vous qui avez été ma première bien-aimée. Je puis choisir encore une femme sur la terre ; mais elle n’aura plus la même place dans mon cœur.

» Merci, encore, merci surtout de ne m’avoir pas trompé ; car si vous m’aviez fait espérer plus long-temps votre amour, mon cœur se serait brisé lorsqu’il eût fallu se séparer de vous.

» Merci ; — maintenant du moins je n’éprouve que de la douleur.

» Je vous dis adieu, ô vous, ma plus aimée ; adieu, et que tout soit selon vos souhaits ! Pour moi, je ne verrai plus les miens accomplis. »


La jeune fille touchée n’en put écouter davantage ; elle court au cloarec, le prend dans ses bras, et lui crie :


« Revenez, mon serviteur, revenez à moi ; essuyez ces larmes. Vous demandez mon cœur trop tendrement. Ah ! quand je vois vos pleurs, je n’ai plus de refus.

» — Oh ! bénis soient, jeune fille, l’heure et le moment où vous êtes née ; bénie soyez vous, créature charmante. Vous savez frapper jusqu’à blesser ; mais vous savez aussi les remèdes qui guérissent les blessures, »


Alors le mariage est conclu. Le cloarec renoncera à ses études et à ses projets ; il laissera repousser ses cheveux demi tonsurés ; il reprendra le petit chapeau à chenilles bariolées ; il placera un berceau sous son vieux crucifix de plâtre ; il devait être un prêtre, et il redeviendra un homme, un homme heureux, s’il en est dans le pays.

Et tout entier à ce nouveau rêve, il va, il court le long des vallées, tout saisi et tout triste de sa joie ; il va écoutant le bruit des moulins, les chants des laveuses, les cris des enfans dans les vergers fleuris, et il se dit : — Voilà mon univers maintenant ; je suis de la terre aussi, maintenant ; j’aurai parmi ces femmes une femme qui chantera, parmi ces enfans des enfans qui joueront et crieront joyeusement ; je suis redevenu un homme. — Puis, à peine s’est-il réjoui dans son cœur à cette pensée, qu’un sourd reproche murmure en lui ; et il entend comme des voix d’anges qui lui rappellent ses projets d’autrefois. Elles lui vantent la paix d’une vie passée loin des durs travaux ; la douceur de la prière entremêlée aux actions pieuses : elles lui parlent du presbytère caché sous l’ombre de vieux noyers avec une vigne autour des fenêtres, une cour, un puits et un jardin où il y aura des roses ! Mais le jeune homme résiste et repousse les mystérieuses tentations. Alors une autre voix gronde et s’élève ! Dieu parle lui-même ! et pour que le cloarec ne s’y trompe pas, Dieu lui parle la langue sacrée, Dieu lui parle latin, comme un bréviaire et son professeur de rhétorique !


« Et je venais sur la route, ne songeant à aucun mal, ne songeant qu’à ma plus aimée, quand j’entendis quelqu’un d’invisible qui me criait d’un ton terrible :

Quid quietem quæris,
Cùm ad laborem natus sis
 ?

» Et moi, je restai un moment debout, éperdu, et le sang glacé dans mes veines.

» Et la voix répéta encore :

Hunc mundum miserum relinque.
Hunc mundum miserum relinque.

» Je me levai d’auprès de ma maîtresse, et je me mis à marcher, et bien des portes de maison avaient passé devant moi lorsque je vis les tours de Kernitrou ; — et à cette vue je m’arrêtai tout pensif !

» Dieu ! Dieu ! est-ce bien votre voix qui m’appelle, moi plein d’iniquités ?

» Si c’est votre voix je ferai votre volonté ; je laisserai tout de côté pour vous.

» Et la voix répéta encore :

Amice, sequere me,
Et habebis lumen vitæ.

« Oui, mon Dieu ! je vous suivrai jusqu’à l’heure de la mort. Je vous aimerai de toute la profondeur de mon cœur. Mais auparavant, mon Dieu, que j’aille prendre congé de la plus belle jeune fille qui soit sous votre ciel ; il faut que j’aille briser son cœur.

» Et ma maîtresse jolie disait à ses compagnes en me voyant venir : — Savoir ce qu’il y a de nouveau ; je vois venir mon doux ami, et son cœur en chagrin ; savoir ce qu’il y a de nouveau. »


Elle ne tarda pas à le savoir ; la séparation s’accomplit au milieu des larmes.


« Ma maîtresse jolie pleurait, et moi je pleurais aussi, tout éperdu d’amour !

» Et voilà les plaisirs du monde, ils passent comme un fantôme, et encore, où ils ont passé, ils laissent leur fiel aux lèvres de ceux qui ont aimé !

» Adieu ! vie mauvaise et méchante, je ne puis plus te regretter, car tu as été trop lourde à mon cœur ! »


Ici finit la première partie du poème. Le chant qui suit prend le cloarec au milieu de ses études ecclésiastiques et déterminé à accomplir son sacrifice. Retiré de la vie, il s’est enfermé dans sa mansarde avec une de ces belles tristesses que jettent dans l’âme l’accomplissement d’un devoir, et qui sont plus saines que les joies les plus intimes. Il sait qu’il y a par le monde une jeune fille que son nom fait tressaillir, une veuve de cœur qui garde son anneau d’alliance ; il aime et il croit ; il a une âme qui le comprend sur la terre et un Dieu qui l’attend dans le ciel. Que peut-il lui manquer ? — Vue du haut de son dévouement et de ses espérances, la vie lui paraît pleine de charmes. S’il pleure, c’est que les larmes sont bonnes à verser ; c’est qu’il faut bien que l’on pleure, comme il faut que l’on parle, comme il faut que l’on chante pour pouvoir respirer plus à l’aise. Mais le cloarec est heureux ; le cloarec est plein de confiance, car il croit avoir payé volontairement son impôt à la souffrance. — Dieu lui fait bientôt connaître qu’il s’est trompé.


« J’étais dans mon jardin et je contemplais mes fleurs ; mon cœur était vide de tourmens, mes yeux étaient vides de larmes !…

» Et j’entendis un oiseau qui chantait sur ma tête : Livre-toi à l’étude, cloarec, car ta bien-aimée est mariée !

» Mais moi, furieux, je cherchais une arme pour tuer l’oiseau ; je cherchais une arme pour l’abattre du ciel.

» Périsse ainsi quiconque aurait le cœur de m’annoncer une telle désolation !

» — Cloarec, cloarec ! écoute ceci dans les chants d’un oiseau, si tu n’aimes mieux l’entendre de la bouche d’un messager.

» Et j’ai été obligé de l’entendre de la bouche d’un messager ; je l’ai entendu et j’ai respiré dans la douleur.

» Et voilà pourquoi maintenant je désire un trou de terre… »


Telle est la fin du rêve du cloarec. Bientôt le contre-coup de ce désenchantement se fait sentir. Il avait établi dans son âme une sorte de solidarité entre cette femme et Dieu ; voilà que maintenant trahi par la première, il se sent douter de l’autre. On a coupé une des ailes de sa foi, et sa foi retombe à terre, et les étoiles de son auréole de saint s’éteignent, une à une, sur son front. — Puis, sa maîtresse mariée, l’exaltation du sacrifice qu’il faisait à Dieu s’écroule de toute sa hauteur. Cette jeune fille et Jésus-Christ luttaient dans son âme ; mais il n’y a plus de lutte, car la jeune fille s’est retirée ; partant plus d’intérêt, plus de douleur. La robe noire du prêtre n’est plus pour lui une tunique de martyr, ce n’est qu’une soutane vulgaire. Où le sacrifice cesse, le dégoût commence. Le cloarec, douteur et amer, ennuyé et triste, rabaisse les yeux autour de lui, avec la dédaigneuse résolution qui suit toujours ces désappointemens de l’âme. Il secoue sur son passé la poussière de ses pieds, et se mêle à la foule pour n’en plus sortir.

Un épilogue plein de portée termine le poème, et donne, avec une admirable briéveté, la conclusion banale de ce drame sans dénouement, comme la plupart des existences. Il est consacré à raconter le mariage du cloarec avec une jeune pennères, à laquelle les parens donnent, en la mariant, leur bénédiction et une partie de leur fortune. — Toute la moralité du livre est là. C’est une vie humaine dans toute sa triviale vérité ; c’est l’histoire de notre voisin, de tout le monde ; un roman commencé sous les arbres, près d’une jeune fille au regarder languissant et au gracieux parler, et qui se termine avec une autre par-devant notaire



§ II.

La révolution en Basse-Bretagne. — Une messe sur la mer. — Procession des Rogations. — Poème breton sur la révolution française.

Outre les Aventures d’un jeune Bas-Breton, nous avons parlé, au commencement du chapitre, d’un poème sur la révolution française. Cet ouvrage, encore inédit, mais fort répandu dans le Finistère et dans les Côtes-du-Nord, fut fait par de pauvres prêtres réfugiés en Angleterre, lors des persécutions de la terreur. La révolution y est jugée comme elle devait l’être par des catholiques et des exilés, avec plus de passion que de justice. Mais qui ne comprend qu’il en devait être ainsi ? Ce n’est pas à ceux dont les espérances et le bonheur furent ensevelis sous la lave qu’il faut demander l’éloge du volcan, mais à nous qui jouissons maintenant de ses bienfaits et qui vivons sur le terrain fécondé par la pluie de feu qui dévora nos pères. Puis, il faut bien le comprendre, la révolution ne fut pas en Bretagne ce qu’elle était ailleurs. Là, elle fut plus inattendue, plus hostile aux masses. Aussi les choses ne s’y bornèrent point, comme partout, à un émondage régulier de têtes ; il y eut chez nous un drame moins vulgaire et plus curieux à étudier. Ce fut la lutte entre la guillotine et les croyances ; lutte acharnée, dans laquelle la guillotine usa son couteau et fut vaincue. Ce combat ne dégénéra pas, comme dans la Vendée, en guerre civile. À quelques exceptions près, la Basse-Bretagne resta immobile ; mais elle resta à genoux et les mains jointes, malgré tout ce que l’on tenta pour l’en empêcher. C’est en cela surtout que notre pays offrit alors un aspect particulier, bizarre et solennel. Si l’histoire s’occupait de l’étude morale et psychologique des races, comme le roman le fait pour les individus ; si elle était autre chose qu’un moulage de plâtre pris sur le cadavre d’un siècle et chargé de reproduire ses traits sans son âme, il y aurait pour elle un curieux tableau à tracer dans la résistance passive, intime et tenace de la Bretagne à cette époque. Rien ne put altérer chez elle la fraîcheur de sa foi primitive. Elle ne céda ni à la colère ni à la peur. On put bien enfoncer le bonnet rouge sur sa tête, mais non sur ses idées. — Je ferai abattre vos clochers, disait Jean-Bon-Saint-André au maire d’un village, afin que vous n’ayez plus d’objets qui vous rappellent vos superstitions d’autrefois. — Vous serez toujours obligé de nous laisser les étoiles, lui répondit le paysan, et on les voit de plus loin que notre clocher. Aussi ce fut en vain que la loi prononça la peine de mort contre les prêtres non assermentés et contre ceux qui les recélaient ; ce fut en vain que les comités révolutionnaires dressèrent leur effroyable comptabilité patriotique, passant tous les suspects au compte du bourreau : il se trouva toujours en Bretagne des prêtres pour consoler et assister les fidèles, des fidèles pour donner asile aux prêtres. On peut même dire qu’il y eut dans notre province peu de communes où le culte extérieur fut interrompu. La piété était plus ingénieuse que la persécution. En voulez-vous des exemples ? En voici.

À Crozon les églises sont fermées, les prêtres traqués ne peuvent trouver une grange pour offrir le saint sacrifice, les soldats occupent les villages !… Quel moyen de remplir ses devoirs de religion ! Comment baptiser les nouveau-nés ? marier les fiancés ? — Écoutez :


« Minuit sonne : une lueur vacillante brille au loin sur l’Océan ; on entend le tintement d’une cloche, demi perdu dans le grand murmure des flots. Aussitôt de toutes les criques, de tous les rochers, de toutes les anfractuosités du rivage, surgissent de longs points noirs qui glissent sur les vagues. Ce sont des barques de pêcheurs chargées d’hommes, d’enfans, de femmes, de vieillards, qui se dirigent vers la haute mer ; toutes cinglent vers le même point. Déjà le son de la cloche se fait entendre de plus près ; la lueur lointaine devient plus distincte ; enfin l’objet vers lequel accourt cette population réunie, apparaît au milieu des vagues ! — C’est une nacelle sur laquelle un prêtre est debout prêt à célébrer la messe. Sûr de n’avoir là que Dieu pour témoin, il a convoqué les paroisses à cette solennité, et tous les fidèles sont venus ; tous sont à genoux entre la mer qui gronde sourdement et le ciel tout sombre de nuages !… »


Que l’on se figure, s’il se peut, un pareil spectacle ! La nuit, les flots, deux mille têtes courbées autour d’un homme debout sur l’abîme ; les chants de l’office saint, et, entre chaque répons, les grandes menaces de la mer murmurant comme la voix de Dieu !


Et n’allez pas croire que, pour rester fidèle à ses vieilles croyances, le paysan breton n’eût aucun danger à courir. La tolérance des patriotes n’aida point à cette constante foi. Nulle part, au contraire, la persécution ne fut plus continuelle, plus hargneuse. Il y eut des provinces en France où l’on coupa plus de têtes, mais aucune où l’on aiguillonna davantage les susceptibilités, où l’on agaça autant les passions, où l’on aigrit avec plus d’entêtement la colère des masses. On eût voulu faire lever le lion debout pour le frapper plus sûrement à la poitrine ; mais ce fut en vain, le lion resta couché sur ses griffes puissantes. Cependant les attaques ne manquèrent pas, les basses cruautés ne furent pas épargnées. J’en citerai un exemple ; que l’on me pardonne encore cette anecdote, ce sera la dernière.

C’était vers le commencement de mai. On apprit que plusieurs paroisses devaient se réunir, de nuit, pour faire, sous la conduite d’un prêtre réfractaire, la procession annuelle qui appelle la fécondité sur les campagnes. Aussitôt, tout fut prêt. Deux compagnies de la garde nationale prirent les armes, et, au jour désigné, elles se rendirent, à la tombée de la nuit, vers un lieu que la procession devait nécessairement traverser. Les soldats citoyens, comme on les appelait aussi dans ce temps, se rangèrent des deux côtés d’un chemin creux, abrités par de hauts fossés, et attendirent.

Une heure environ s’écoula sans que rien parût.

Enfin, on entendit un bruissement éloigné, comme la marche d’une foule ; puis une voix s’éleva au-dessus des brises de la nuit, et un chant sacré se perdit au loin…

Deus, auribus nostris audivimus. Patres nostri annuntiaverunt nobis. Gloria patri. Exurge[2].

— Ce sont eux, dit le capitaine qui commandait le détachement ; à genoux, tous, et attention au commandement.

Il y eut encore un silence ; puis les chants s’élevèrent de nouveau.

La même voix dit :

Pater de cœlis, Deus,

Miserere nobis,

Répondit la foule.

Fili, redemptor mundi, Deus,

Miserere nobis.

Les chants approchaient toujours, ils se firent entendre à quelques pas ; la procession était engagée dans le sentier même que bordaient les gardes nationaux. Dans ce moment la voix du prêtre et les répons de la foule éclatèrent comme un tonnerre.

A subitaneâ et improvisá morte[3],

Libera nos. Domine[4] !

Ab insidiis diaboli[5],

Libera nos, Domine !

La tête de la procession était passée, les croix et les bannières apparaissaient au-dessus des haies, et effleuraient les baïonnettes des patriotes.

– En joue ! murmura le capitaine.

Les soldats obéirent.

Ab irâ et odio et omni malâ voluntate,

Libera nos, Domine[6] !

— Feu !

À ce mot, cent cinquante coups de fusil partirent en même temps.

Alors ce fut une chose horrible à voir que cette foule désarmée et surprise, recevant la mort sans pouvoir se défendre ni se venger. Les gardes nationaux, en étendant leur ligne, avaient fermé les deux bouts du chemin, et maintenaient ainsi la procession sous le feu des tirailleurs, qui, placés des deux côtés, tuaient à bout portant. Cela dura jusqu’à ce que les plus braves ou les plus désespérés de ceux que l’on parquait ainsi dans la mort, eussent fait une trouée par laquelle ils s’échappèrent. Ils disparurent dans la nuit, avec des cris, des pleurs et des menaces, traînant avec eux leurs morts et leurs blessés. « Je vis une mère, m’a raconté le témoin de cette scène, passer près de moi, emportant sur chacun de ses bras le cadavre d’un enfant. Elle paraissait folle de douleur. Elle criait, elle bondissait échevelée à travers les sillons. Les deux têtes de ses enfans morts ballottaient sur ses deux épaules, comme les deux extrémités d’un bissac rempli. À la clarté du jour qui commençait, on voyait une trace de sang couler après elle. C’était à glacer le cœur. Je la vis passer, en courant, devant les premiers rangs de nos tirailleurs, un coup de feu partit ; elle tomba et ne se releva plus. Je pensai qu’on l’avait tuée, et je m’en réjouis, car c’était pitié de la laisser vivre dans cette douleur. »

Ce fut après plusieurs événemens semblables à celui de la procession des Rogations, qu’un grand nombre de prêtres qui étaient restés dans nos campagnes, les quittèrent pour éviter de plus grands malheurs, et écarter de leurs ouailles les dangers auxquels ils les exposaient par leur présence. Les mieux cachés et les plus tenaces restèrent ; les autres passèrent en Angleterre.

Et ce ne fut pas un sacrifice vulgaire que cet exil ! Ce ne fut pas une promenade romanesque, comme l’émigration qui avait eu lieu peu auparavant, alors qu’une noblesse dénationalisée avait quitté la France en riant, peu soucieuse de devenir anglaise ou autrichienne, pourvu qu’on lui laissât la poudre et les habits à paillettes. La patrie tenait ferme au cœur de ces pauvres prêtres ; ils la quittèrent avec larmes et désespoir. C’est qu’aussi cette patrie était la Bretagne, et tout le monde ne sait pas jusqu’à quel point cette sauvage contrée est chère à ceux qui y ont vu le jour. Dans les grandes villes, on ne connaît pas l’amour du pays. Les hommes y croissent au milieu du bruit et du changement. À trente ans, ils ne se rappellent plus dans quelle maison ils sont nés, et ils ont déjà vendu le lit où leur père est mort. Cette existence patriarcale, cet esprit de famille qui attache au foyer, aux vieux portraits, aux vieux meubles des ancêtres, leur sont inconnus. Ils voyagent dans la vie comme les Arabes dans le désert, allant toujours vers les meilleurs pâturages, et sans bâtir de nid pour leurs affections. En délogeant, ils laissent leurs souvenirs avec les tapisseries, dans la maison qu’ils abandonnent. Aussi ne peuvent-ils comprendre nos attachemens au sol, à l’air, au clocher du village, ni ces acclimatemens de l’âme dans un certain lieu, qui font que partout ailleurs elle devient triste et languissante. Le mal du pays est un de ces mystères que l’on ne peut concevoir, si l’on n’est point né au fond d’une province, dans quelque coin de terre où les rameaux de l’antique foi et de l’esprit de famille ombragent encore le berceau. Dans les villes capitales, on a entendu ce mot, on le répète ; mais ce n’est qu’un bruit sonore, quelque chose comme les mariages d’amour, comme les plaisirs purs d’une existence champêtre, un lieu commun sentimental que tout le monde sait par cœur, mais que personne ne sent.

Il n’en était point ainsi pour ces hommes que la persécution forçait à quitter leur paroisse ; l’affection pour le pays était, chez eux, le résultat du caractère, des croyances. et des habitudes. Abandonner la Bretagne, c’était renoncer à tout ce qui leur avait été doux sur la terre, c’était réellement passer d’une vie à l’autre. Ils étaient d’ailleurs accoutumés au calme de la retraite, et ils s’effrayaient d’être ainsi lancés dans les flots du monde ; ils avaient joui jusqu’alors de ces fortunes paisibles et abritées, de ces existences en espalier qui s’épanouissent à l’aise sous le soleil du pays, et voilà que maintenant, sans appui, il leur fallait résister à tous les orages et jeter leurs destinées en plein vent dans la vie ! Sans doute que la résignation et la force apostolique soutinrent leur courage ; mais leur cœur saigna, leur esprit s’assombrit profondément. Puis, il faut le dire, le lieu de l’exil ajoutait à sa douleur ; pour être des prêtres, ces hommes n’avaient pas cessé d’être Bretons. Ils n’avaient point perdu leurs préventions natales contre l’Angleterre, ils n’avaient point oublié que ce peuple, auquel ils venaient mendier l’hospitalité, était le même que, tout enfant, ils avaient appris à maudire ! car il faut avoir entendu prononcer ce nom du Saoyoit[7] sur nos grèves, pour comprendre quel bouillonnement de haine il éveille encore au cœur de nos Bretons. Un Anglais, pour eux, ce n’est pas un étranger, ce n’est même pas un ennemi ; c’est un Anglais. C’est cinq cents ans de pillage, de meurtre, de trahisons ; c’est le souvenir vivant des défaites navales de l’empire et des pontons de Portsmouth ; c’est la méchanceté et l’hérésie incarnées ; toutce qu’il y a de plus mauvais et de plus détesté sur la terre, depuis que le démon n’y paraît plus. L’éducation, la charité évangélique, avaient bien pu adoucir, chez les prêtres bretons, cette détestation contre la nation maudite, mais non l’effacer entièrement. Ils souffrirent donc doublement sur la terre d’exil ; car ils souffrirent dans leur affection et dans leur haine. Ce fut. dans le but d’alléger le poids de ces maux de l’âme, que les pauvres proscrits se recherchèrent entre eux, et se réunirent pour se parler dans la langue de la patrie. L’ancien curé de Perros présidait à cette réunion, et ce fut avec lui, sous son inspiration, qu’ils composèrent le poème de la Révolution, dont nous allons parler. Ce poème est le cantique sacré de proscrits, c’est le Super flumina Babylonis d’un nouveau peuple de Dieu exilé sur un rivage étranger.

Voici le début.


« Quand donc, ô mon Dieu ! viendra le jour où je respirerai l’air de ma contrée, où je te reverrai, terre de France ?… Mon corps est loin de toi ; mais, jour et nuit, ô France ! mon âme est sous ton ciel, avec le souvenir de tout ce que tu m’as fait souffrir !

» Trois ans déjà, trois ans entiers depuis que je suis venu sur cette terre des Anglais… — Et le cœur qui désire beaucoup se lasse si vite d’attendre ! Mais hélas ! peut-être ai-je encore bien à souffrir, peut-être ne te reverrai-je jamais, ô mon pays !

» Assis sur un rocher, près des grèves de la mer, les larmes coulent sans cesse le long de mes joues en voyant le péché et l’infamie souffler sur ma partie, sans changement ni trêve.

» Et pour soulager mon cœur, je me suis dit : Chantons ! mais je n’ai pu que l’essayer ; chaque son défaillait en soupir ; car, sur un rivage étranger, ma langue s’attache à mon palais ; tous mes chants s’aigrissent et tournent en sombres cantiques. »


Le poète commence ensuite l’histoire de la révolution française et de ses suites déplorables. Il raconte la mort de Louis XVI, puis il ajoute :


« Après un tel crime viendront les autres crimes. Maintenant, à la mort la foule !… Maintenant, malheur à tout riche ! Maintenant, malheur à tout noble ! Maintenant, malheur à tout chrétien !…

» L’instrument de la mort se promène dans nos paroisses, et fauche des têtes à son gré. Au nom de la liberté, la mort est partout. Aux frontières, il faut mourir par la guerre, au foyer de ses pères il faut mourir par l’échafaud !

» Alors vous auriez vu des prêtres vénérables, blanchis et ridés par les austérités, venir, les mains liées, rendre témoignage à la loi de l’Évangile. Ils demandaient l’honneur de mourir ! — Ils furent bientôt exaucés.

» Mille bourreaux sont employés à les conduire à la mort, non pas un à un, mais par troupes. Sept cents sont massacrés à Paris, dans un seul jour, parce qu’ils croyaient !

» Pour eux, ni procès ni défense. Un bourreau les prend et les massacre à sa manière. Il les assomme, les étrangle, les disperse en lambeaux, leur arrache à pleines mains les entrailles ; et quand on est las de tuer, on envoie le reste en exil !

» Honneur, honneur à toi, ma contrée, ma pauvre Bretagne ! mon cœur n’est plus si triste à ton souvenir. Chez toi, des mercenaires[8] pourvoient aux besoins de l’Église de Jésus-Christ. Mille crimes ont été commis, ô Bretagne ! en ta faveur Dieu pardonnera à mille coupables !

» Ô nobles mercenaires ! j’envie votre sort ! pourquoi n’ai-je point la gloire de mourir comme vous ? Combien de temps encore resterai-je au milieu de mes fatigues et de mes souffrances ? Combien de temps serai-je en prison dans mon corps ?

» Mais si ma chair n’est pas ouverte par des plaies saintes d’où puisse s’échapper mon sang, que mon sang se change en larmes, et que ma vie s’écoule par mes pleurs. Et puisse ma mort, ô mon Dieu, compter pour vous, nobles mercenaires ! puisse mon dernier soupir apaiser la colère du Seigneur ! »


Le début du second chant a quelque chose de solennel qui rappelle les prophètes.


« Pourquoi ne puis-je être entendu de l’autre côté de la mer lorsque je crie de loin la vérité ? Pourquoi ne puis-je être entendu lorsque je dis : – Bretons, délassez-vous du crime et écoutez la parole qui vous instruira.

» Vous vous plaigniez des tailles, vous les maudissiez, et vous aviez raison sans doute ; mais en quoi a-t-on amélioré votre sort ? Quelles charges avez-vous vu diminuer ? On n’a diminué que le nombre de vos enfans !

» Les églises sont pillées, les images saintes détruites, les os des morts sont dispersés sur les chemins ; une seule cloche a été conservée dans chaque clocher pour sonner le beffroi d’alarme ! Ils ont raison, qu’ils sonnent, qu’ils sonnent le tocsin du feu pour tout le genre humain !

» Pour argent, vous avez du papier ; vos terres sont en friche ; les denrées sont rares ; la guerre tue vos frères ; la Convention vous pille et ne vous laisse rien ; je me trompe, elle vous laisse deux yeux pour pleurer !

» On mesure votre grain ; on vous pèse votre faim ; la réquisition enlève vos chevaux, vos équipages, et si vous vous plaignez… regardez bien qui vous écoute !

» Le chêne de la liberté, ce symbole de la révolution, qui devait être greffé sur le grand arbre du paradis terrestre, que vous a-t-il produit jusqu’à présent ? — Esclavage et misère ! Vous voilà libres, il est vrai, égaux surtout ; — égaux en souffrances, égaux en déceptions.

» Vous dissimulez en vain, hommes de la révolution, vous vous parez de votre orgueil ; mais votre esprit a bien de la peine à payer votre cœur : votre civisme est de la contrainte ; un seul est heureux, mille souffrent et pleurent. »


Nous nous arrêtons dans ces citations, parce que le poème entier viendrait se jeter sous notre plume. Il continue ainsi, plein d’élan, d’ironie, de sombre tristesse. À la description poétique de l’orage révolutionnaire, succèdent d’admirables regrets sur la ruine de la religion ; puis, tout-à-coup, comme saisie d’une colère sainte, à la vue de ces abominations qui souillent la patrie, la muse jette un cri de guerre, et appelle ceux qui sont encore à genoux à se lever et à s’armer du glaive.


« Laïques et prêtres, il faut prendre votre parti. Voyez à mourir et à combattre. Votre roi sur la terre, votre Dieu au ciel… tous deux ont été outragés ; — qui les vengera ?

» Oh ! si ce fut jamais un devoir pour le peuple de se lever, l’heure est venue ; qu’il montre sa terrible figure ! Bretons, tout chrétien est soldat pour la foi, tout soldat doit sa vie à son roi !

» Roi de France, séchez vos larmes ; plus de regrets, maître, nous mourrons, ou nous jetterons à bas les tyrans. Nos fronts vous serviront de marche-pied pour remonter au trône, et vous y ramènerez la justice et la religion !

» Et vous, Bretons, à la Vendée… C’est là que la foi est encore debout, couronnée de lauriers sanglans. Le vainqueur est là qui vous appelle, une main sur le sceptre, une autre sur l’Évangile. »


Le poème est terminé par un retour vers les souvenirs du pays et vers de douces espérances.


« Ô terre des Bas-Bretons, ô ma contrée chérie, ma contrée tant pleurée, sol précieux, si douloureusement abandonné ! je me sens tout frémissant d’avance à la pensée de te revoir. Et pourtant, ô ma Bretagne ! je mourrais content sans avoir vu ton ciel, si le passé renaissait en France.

» Bénie soit l’heure où une pareille nouvelle me sera apportée ! Alors, ô mon Dieu ! dispose de ma vie !… que je prenne mon vol vers ton paradis ! De ma douce Bretagne ou de la dure terre des Anglais, la course ne sera ni plus courte, ni plus longue, ô mon Dieu ! »


Telle est cette œuvre dont nous n’avons pu donner que d’informes lambeaux, mais dont nous avons tâché de faire comprendre l’esprit, en disant ce qu’étaient les hommes qui la firent. Pour en sentir tout le charme, il faut se mettre, comme nous nous sommes efforcé de le faire, au point de vue de l’époque et des auteurs. Il faut retourner pour un moment sa cocarde, écarter les préoccupations libérales, s’identifier à ces chaudes indignations de croyant, et juger en poète, non en homme politique. Nous autres apôtres du progrès, que passionne si vivement la religion de l’avenir, nous devons comprendre mieux que personne la religion du passé ; nous devons sentir que chez ces hommes, comme chez nous, il y eut croyance, amour et dévouement. Ils avaient foi en leurs pères, comme nous avons foi en nos enfans. La différence entre leurs attachemens et les nôtres fut dans les objets et non dans le sentiment ; ils combattaient pour défendre une tombe, et nous combattons pour protéger un berceau.

fin du tome deuxième.
  1. Aventuriou deun den ynouang a vreiz izel, un vol. in-18. E. Montroulez et ty Leidan.
  2. Dieu, nos oreilles ont entendu. Nos pères nous ont tout annoncé. Gloire au Père éternel. Lève-toi, Seigneur.
  3. De toute mort imprévue et subite.
  4. Délivrez-nous, Seigneur.
  5. Des embûches du démon.
  6. De la colère, de la haine et du mauvais vouloir, — Délivrez-nous, Seigneur.
  7. Saxon, c’est le nom que les Bas-Bretons donnent encore aux Anglais.
  8. Mercenerlen. – Hommes qui vivent du travail de chaque jour.