Établissements Casterman (p. 71-96).

II. — LES PLANTES MÉDICINALES.


Ache. — L’Ache ou Céleri des marais, Céleri sauvage, Persil odorant, est une plante bisannuelle de 60 à 90 centimètres de hauteur, qui croît communément dans les lieux humides. On emploie fraîches les feuilles d’une odeur aromatique particulière et d’une saveur âcre. La racine qui est bisannuelle, courte, pivotante, rameuse, roussâtre en dehors, blanchâtre en dedans, doit être récoltée pendant la seconde année ; c’est alors seulement qu’elle possède toutes ses propriétés actives. La dessiccation lui fait perdre son odeur désagréable. Quant au fruit, qui est un akène oblong, rayé, grisâtre, il est aromatique, stimulant, stomachique.

La décoction des feuilles (30 à 60 grammes par litre d’eau) coupée avec du lait frais et prise à jeûn, a été utile dans l’extinction de voix, l’asthme humide et le catarrhe pulmonaire chronique. Les feuilles pilées et appliquées, seules ou avec addition de vinaigre et de sel, sur les contusions, les engorgements froids, les engorgements laiteux, agissent comme résolutif. Leur suc est antiscorbutique, c’est un bon gargarisme pour les ulcérations de la gorge, un topique détersif pour les ulcères cancéreux.

L’arnica. — C’est une plante qui croît communément dans les montagnes. Les feuilles font éternuer comme celles du tabac et c’est pour cette raison qu’on appelle parfois l’arnica tabac des Vosges. On emploie, en médecine, la racine, les feuilles et les fleurs, ce sont ces dernières qui sont le plus en usage. À la suite d’une chute, d’un coup, d’une commotion, on administre, comme vulnéraire, une infusion d’une bonne pincée de fleurs dans une tasse d’eau bouillante. On peut aussi donner une douzaine de gouttes de teinture d’arnica dans un verre d’eau sucrée. À l’extérieur, on emploie toujours la teinture, additionnée d’eau, dans la proportion d’un litre d’eau pour 30 grammes de teinture.

L’arnica est aussi utile contre les fièvres ; on fait, dans ce cas, infuser 8 grammes de fleurs dans un demi-litre d’eau et on prend cette quantité de tisane tous les jours.

Bourrache. — La bourrache est une plante à tiges de feuilles épaisses, couvertes de poils, à petites fleurs bleues en panicule à l’extrémité des rameaux, sans odeur ni saveur.

On récolte les feuilles et les fleurs. La bourrache se trouve dans les lieux cultivés, et fleurit en mai et en juin.

Cette plante est journellement employée en infusion (20 ou 30 grammes de feuilles et fleurs par litre d’eau), pour faire transpirer. Pour transpirer il faut prendre la tisane bien chaude. Elle est surtout utile au commencement des fièvres éruptives, comme la rougeole, la scarlatine et la variole.

Camomille. — La camomille est une plante très fréquemment employée dans la médecine des familles. Ses fleurs servent à faire des infusions agréables qui sont toniques et fébrifuges. On se sert encore de la tisane de camomille pour faire transpirer et elle est employée journellement pour calmer les crampes d’estomac qui sont dues au développement de gaz pendant la digestion. Pour préparer cette tisane, on verse un litre d’eau bouillante sur une douzaine de têtes de camomille et on laisse infuser après avoir couvert le tout ; il faut la boire très chaude.

Centaurée (Petite). — Plante très commune dans les bois et dans les champs ; elle porte de petites feuilles ovales, allongées, et donne de jolies petites fleurs roses. Les sommités fleuries bouillies dans de l’eau, à la dose de 25 grammes par demi-litre, constituent un des meilleurs fébrifuges que nous trouvions dans notre pays. Convient aussi dans la convalescence des fièvres marécageuses, dans les atonies ; elle est aussi très bonne pour combattre la faiblesse des organes digestifs. Quand cette plante a été récoltée et desséchée, il faut l’enfermer dans des sacs de papier afin de conserver les fleurs colorées, parce qu’elles sont ainsi plus efficaces.

Chiendent. — Cette plante bien connue fournit une racine, ou plutôt un rhizome, dont la décoction donne une tisane diurétique et rafraîchissante. On emploie 20 grammes de racine pour la quantité d’eau suffisante pour obtenir un litre de tisane et l’on met bouillir une heure.

Coloquinte. — Cette plante appelée vulgairement Chicotin, est originaire de l’Orient mais naturalisée chez nous.

Elle porte des fruits d’abord verts, puis jaunes ou panachés, qui atteignent la grosseur d’une orange. La masse blanche, spongieuse qu’ils renferment est extrêmement amère. Une dose de 10 à 60 centigrammes de cette pulpe pulvérisée au contact de gomme ou de sucre bien sec, ou encore 8 à 30 grammes d’un vin dans lequel on a mis à infuser une partie de pulpe sur 6 de liquide, constitue un purgatif énergique. On l’emploie avec avantage dans les maladies nerveuses, les affections du foie, les dérangements de la circulation, la goutte, le rhumatisme chronique, les engorgements atoniques, les maladies de la peau.

La pulpe fraîche de Coloquinte, la teinture, l’infusion aqueuse, l’extrait appliqués sur le ventre, produisent au bout de quelque temps le même effet que si on les avait administrés à l’intérieur, et l’on peut ainsi mettre à profit les qualités vermifuges de cette plante, chez les enfants auxquels il est difficile de faire prendre les préparations d’un goût désagréable.

Douce-amère. — C’est une plante grimpante à laquelle on a donné les noms de Vignes de Judée, Vigne sauvage, Morelle grimpante, Herbe à la fièvre, Loque, Crève-chien.

Les tiges d’un an ou deux sont les parties usitée. On les récolte avant l’apparition des feuilles ou à la fin de l’été : au bout d’une année elles commencent à perdre une partie de leurs propriétés.

La meilleure préparation est la décoction des rameaux coupés et fendus, dans la proportion de 15 à 20 grammes graduellement augmentée jusqu’à 60 et 90 grammes par litre d’eau à prendre en vingt-quatre heures.

La Douce-amère est stimulante, sudorifique, dépurative et faiblement narcotique. Son action varie selon les constitutions et les désordres apportés dans l’économie par la maladie, mais d’ordinaire elle agit directement sur le tube digestif et secondairement sur le système nerveux. À haute dose, elle cause des vomissements et des évacuations abondantes, provoque la sueur, augmente la sécrétion de l’urine ; puis viennent des crampes, des étourdissements, des vertiges.

Feuilles de cassis. — Une bonne ménagère doit, chaque année, faire la cueillette des feuilles de cassis avec le même soin que celle des fruits. Elle doit savoir :

1o Que la feuille de cassis pilée est excellente pour cicatriser les blessures.

2o Que le suc astringent qu’elle contient mélangé à de l’eau boriquée donne un gargarisme précieux contre l’inflammation de la gorge.

3o Qu’un cataplasme fait avec des feuilles sèches et bouillies peut rendre des services efficaces pour prévenir les ulcérations.

Feuilles de lierre contre les cors aux pieds. — Faites tremper des feuilles de lierre pendant 24 heures dans le plus fort vinaigre. Appliquez tous les soirs de manière à bien envelopper le mal, et, chaque matin, recouvrez les mêmes parties avec des fleurs de souci bien mondées de leur tige. Au bout de quelques jours, les cors s’enlèvent facilement avec l’ongle.

Feuilles de frêne contre le rhumatisme. — Faites infuser 32 grammes de feuilles de frêne pendant une demi-heure avec 5 verres d’eau bouillante. Prendre cette infusion peu à peu dans la journée.

Genévrier. — Les baies du genévrier contiennent une huile essentielle abondante, dans laquelle réside leur principe actif. Leur action générale sur l’économie est stimulante ; elle donne de la vigueur, de la vitalité aux organes, et anime les fonctions des surfaces sécrétantes. Voilà comment elles sont si utiles dans les débiletés de l’estomac, les engorgements, les maladies scrofuleuses ; mais elles semblent agir spécialement sur les reins, et constituent un de nos meilleurs diurétiques, dans tous les cas où il n’y a pas inflammation, mais atonie. Elles rendent de grands services dans les hydropisies simples, et dans l’état maladif qui succède souvent aux fièvres intermittentes. On les emploie en infusion, à la dose d’une poignée dans un litre d’eau.

La décoction du bois réduit en copeaux, à la dose de 60 grammes par litre d’eau, est un bon sudorifique. On s’en sert également pour laver les ulcères indolents.

Gentiane. — Cette plante vivace croît communément dans les terrains secs et montagneux ; elle a une racine très longue et très grosse dont la médecine fait un grand usage comme dépuratif. On l’emploie journellement, en macération, dans de l’eau froide, pour fortifier et exciter l’appétit. Cette macération est une excellente boisson pour l’été surtout. Infusée dans du vin, la racine de gentiane remplace jusqu’à un certain point le quinquina, dont elle est loin d’atteindre le prix, ce qui la rend précieuse pour les gens peu fortunés.

Grande Consoude, vulgairement appelée Oreille-d’Âne, sans doute à cause de la forme de ses feuilles, lorsqu’elles ne sont pas complètement développées. La consoude aime les terres grasses et humides, les prés, les fossés, les bois, le bord des ruisseaux et des mares. La plante est vivace, haut de 50 à 60 centimètres.

Les racines sont épaisses, brunes à l’extérieur, blanches en dedans, douceâtres au goût, pleines d’un mucilage visqueux auquel elles doivent leur propriété adoucissante. Il est bon de les récolter au mois d’octobre ou de novembre. Après les avoir bien nettoyées on les coupe par tranches sur la longueur et on les sèche. Les surfaces mises à nu deviennent jaunes, puis brunes.

La tisane de consoude se prépare en faisant bouillir dans un litre d’eau 60 grammes de racine dont on a eu soin d’enlever l’écorce. Pour toutes les préparations que je vous indiquerai, on doit employer des vases de terre. La racine fraîche écrasée et appliquée sur les tumeurs enflammées, calme la douleur. Un cataplasme bien chaud fait avec cette racine bouillie procure un soulagement notable dans les accès de goutte, non point par une vertu spécifique contre cette maladie, mais seulement par la propriété adoucissante, analogue à celle de la Guimauve, de la graine de Lin, et de beaucoup d’autres plantes dont nous nous occuperons.

Guimauve. — Plante de la famille des malvacées. Toutes les parties de cette plante utile sont employées ; toutes sont adoucissantes. Les fleurs servent à faire des tisanes pectorales ; les feuilles et surtout la racine, bouillies dans de l’eau, donnent une décoction émolliente, l’une des meilleures qu’on puisse employer. Elle sert en gargarismes, dans les inflammations douloureuses de la bouche, en lotions, en injections, en lavements, en compresses.

La guimauve s’emploie aussi bien sèche que fraîche ; aussi conseillons-nous d’en faire une bonne récolte pendant la saison.

Une racine de guimauve bien nettoyée est le meilleur des hochets qu’on puisse donner aux jeunes enfants à l’époque de la première dentition.

La mauve a les mêmes propriétés que la guimauve et s’utilise de la même façon. Si on s’adresse de préférence à la racine de guimauve, c’est que la racine de mauve, très petite, est difficile à nettoyer.

La laitue. — La laitue est un excellent rafraîchissant dont l’usage se recommande pour combattre les inflammations de l’intestin et les maux de reins. Les personnes à tempérament bilieux en tireront grand profit. On a vu des cas légers d’ictère guéris avec la laitue pour toute médication. Cette plante contient un suc, le lactucarium, qui possède des propriétés calmantes. À ce titre elle convient aussi aux tempéraments nerveux. On l’emploie en décoctions prises comme tisane ordinaire, le soir avant le coucher.

Lierre. — Toutes les parties du Lierre sont utiles. Les fruits ou baies noires, de la grosseur d’un pois, qui mûrissent en janvier-mars, constituent, à la dose de dix à douze, un purgatif très énergique dont on abuse un peu dans les campagnes. À la dose de deux grammes en poudre, elles ont guéri des fièvres vernales et automnales, mais c’est un médicament qui demande de nouvelles expériences. Avec le bois de Lierre on fait des pois à cautère, qui entretiennent très bien l’irritation de la petite plaie sur laquelle on maintient une feuille de la plante. Enfin les feuilles, cuites à l’eau et réduites en pulpe, opère un changement favorable sur les ulcères indolents et les plaies de mauvaise nature ; ces cataplasmes agissent aussi comme résolutifs sur les engorgements froids. L’infusion d’une poignée de feuilles dans du vinaigre, employée en lotions matin et soir, guérit la gale en huit à dix jours.

Lis blanc. — Le bulbe de Lis est mucilagineux : bouilli dans l’eau ou le lait, ou bien cuit sous la cendre et mêlé à du saindoux, on l’emploie comme émollient et maturatif sur les furoncles, les engelures, les panaris, les plaies enflammées.

Le Liseron est une plante bien connue par ses tiges longues de plusieurs mètres et ses très grandes fleurs blanches sans parfum. Le liseron est très commun dans les haies, les buissons où il fleurit depuis juin jusqu’en octobre. C’est aux mois de juillet et d’août qu’il convient de le récolter pour en conserver le suc ou la racine. Les feuilles et surtout les fleurs sont amères ; la racine possède une saveur un peu âcre.

Une dose de 6 à 12 grammes de feuilles confuses, infusées dans de l’eau, forme une bonne potion purgative. Pour éviter toute irritation, il est bon d’y ajouter un peu de miel ou mieux du mucilage de racine du Guimauve ou de graine de Lin. Séchées à l’ombre, pulvérisées et mêlées à du miel, les feuilles conservent bien leurs propriétés purgatives.

Le suc laiteux de la racine, épaissi en consistance de sirop, est un des purgatifs les plus efficaces, il opère comme le Jalap, et convient particulièrement à la dose de 1 gramme et plus, assez souvent répétée dans les hydropisies et les maladies constitutionnelles chroniques. Les enfants prennent sans répugnance une dose proportionnée à leur âge.

Mélisse. — La mélisse qu’on emploie en médecine est la citronnelle. Ses feuilles ont une odeur de citron très agréable et elles sont douées de propriétés stimulantes et antispasmodiques. Leur infusion, qu’on prépare en versant 500 grammes d’eau bouillante sur 6 grammes de feuilles environ, agit aussi bien que l’eau distillée de mélisse ou la teinture alcoolique qu’on fabrique dans les officines. Certains produits spéciaux dénommés eau de mélisse sont des préparations composées agissant plus énergiquement et offrant l’avantage d’être toutes prêtes.

La mélisse s’emploie avec succès contre les crampes d’estomac, les attaques de nerfs, les syncopes, etc.

Menthe. — Cette plante est douée de propriétés stimulantes très prononcées que la médecine met à profit dans les maladies nerveuses, les vomissements spasmodiques, les maux d’estomac, les palpitations, etc. On emploie pour cet usage, les feuilles et les sommités fleuries en infusion, à la dose d’une pincée pour un demi-litre d’eau. Cette infusion chaude est encore bonne dans la période algide (frissons), des fièvres intermittentes. L’essence de menthe est une des meilleures préparations dont on puisse faire usage pour aromatiser l’eau avec laquelle on se rince la bouche.

Les deux espèces les plus généralement cultivées dans nos jardins sont la menthe poivrée et la menthe crépue ; on en récolte aussi dans les lieux frais, sur les bords des ruisseaux d’eau vive. La menthe qu’on fait sécher pour l’usage médical doit être cueillie au moment où ses fleurs commencent à s’ouvrir.

Millefeuilles. — Cette plante est ainsi nommée à cause de ses feuilles longues, un peu velues, divisées en segments étroits et dentelés. On l’appelle aussi Herbe aux charpentiers, Herbe aux coupures, Herbe Saint-Jean.

La Millefeuille est très commune dans les lieux incultes où elle montre, du mois de juin au mois d’août, ses capitules de petites fleurs blanches ou rosées réunis en corymbes à l’extrémité des rameaux. On la cultive dans les jardins où l’on en trouve plusieurs variétés, mais on doit préférer pour l’usage médical, celle qui croît spontanément dans un terrain sec.

La racine, traînante, fibreuse, a une odeur camphrée ; la tige et les feuilles, très peu odorantes, sont amères et astringentes, tandis que les fleurs, amères aussi, contiennent un principe aromatique.

L’infusion de Millefeuille, qui se prépare avec 10 à 20 grammes de racine broyée ou de sommités fleuries par 500 grammes d’eau, se décompose rapidement au contact de l’air. On ne la prépare qu’au moment de l’administrer. Les tiges et les sommités agissent comme tonique amer et peuvent être utiles dans les cas très nombreux que je vais vous signaler comme réclamant l’action de ces agents, tandis que la racine jouit de propriétés excitantes.

Les noms d’Herbe aux coupures ont été donnés à la Millefeuille à cause de ses propriétés prétendues cicatrisantes, mais c’est une erreur.

Noyer. — Toutes les parties de l’arbre, excepté le bois sont utiles en médecine. L’amande de la noix contient la moitié de son poids d’une huile siccative que l’on a employée comme tœnifuge à la dose de 150 grammes à jeûn pendant quinze jours. Toutefois pour assurer son action il faut y faire infuser cinq ou six gousses d’ail.

La seconde écorce des jeunes branches, enlevée au printemps à la dose de 2 à 4 grammes, et la seconde écorce des racines trempée pendant une heure dans du vinaigre, peuvent s’employer comme rubéfiant et vésicant. Dans les cas non compliqués de fièvres intermittentes, un bracelet de cette nature appliqué et bien maintenu autour du poignet trois ou quatre heures avant l’arrivée présumée de l’accès pourra en prévenir le retour par son action révulsive et perturbatrice. On panse la plaie produite par ce vésicatoire avec des feuilles de noyer enduites d’un corps gras.

Quant aux feuilles, leur infusion ou leur décoction (15 à 30 grammes par kilogramme d’eau), employées extérieurement en lotions, en gargarismes ou en bains, et administrées à la dose de cinq à six tasses par jour, semblent le remède par excellence des maladies scrofuleuses : engorgements, ulcères, ophthalmies. L’action du traitement est lente, et ne commence guère à se manifester avant la fin du premier mois, mais les guérisons qu’il obtint sont généralement permanentes, et l’on peut espérer un plein succès dans les trois quarts des cas. Ces préparations sont en outre vermifuges et utiles contre la teigne ; elles constituent l’une des meilleures lotions astringentes contre les écoulements de mauvaise nature.

On peut remplacer les feuilles par le brou à dose double. Le suc du brou de noix, étendu d’eau, arrête facilement les diarrhées, et constitue un bon gargarisme dans les angines chroniques.

Pariétaire. — Plante extrêmement commune dans notre pays et qui pousse dans les décombres et au pied des vieux murs. C’est une de nos meilleures plantes diurétiques, en raison du nitre qu’elle contient en abondance. On l’emploie en tisane, en faisant bouillir pendant quelques minutes une poignée d’herbe fraîche dans un litre d’eau.

Persil. — La décoction de racines de persil, fraîches ou sèches à la dose de 30 à 90 grammes par kilogramme d’eau, est stimulante et apéritive, c’est-à-dire capable d’ouvrir une voie d’élimination par les urines ou les sueurs dont elle provoque la sécrétion ; aussi rend-elle des services dans les engorgements du foie, l’hydropisie, les irrégularités de la circulation du sang. Les feuilles pilées appliquées sur les contusions, les tumeurs froides, les engorgements laiteux produisent le même effet résolutif que les feuilles d’Ache, en stimulant la circulation et l’absorption dans la partie affectée ; elles ont aussi la propriété d’aviver, de déterger les ulcères de mauvaise nature et de les pousser à la cicatrisation. Ce topique peut rendre des services dans les ophthalmies purulentes.

Plantin. — À la campagne, sur le bord des routes, on trouve une plante verte qui a la feuille allongée avec cinq ramures, ce qui lui vaut le nom d’herbes à cinq côtes. On l’appelle encore plantin, et cette plante a la propriété d’enlever les douleurs lorsqu’on est piqué soit par une épine, soit par une mouche ou autre bête venimeuse. Elle croît partout, et, si l’on se sent piqué quand on se trouve en pleine campagne, par conséquent sans ressource pharmaceutique, il suffit de chercher une feuille de cette plante, de la presser entre ses doigts pour faire sortir un peu de son jus et d’en frotter la partie malade. La douleur disparaîtra aussitôt, et, par ce simple procédé, on se sera peut-être évité un panaris, si la piqûre est à un doigt.

Primevère. — Les gens de la campagne emploient la racine de primevère dans la gravelle et comme fébrifuge, mais c’est un remède très incertain, et en tout cas peu énergique, auquel on ne doit attacher aucune importance.

Les fleurs exercent sur le système nerveux une action calmante, antispasmodique, comparable à celle du Tilleul. On pourra donc user avec avantage de l’infusion en vase clos de ces fleurs, qui joint à une belle couleur d’or une odeur et une saveur agréables.

Ricin. — Le ricin est un arbre originaire des contrées chaudes de l’Afrique et de l’Inde, où il s’élève jusqu’à douze à quinze mètres. Dans les pays tempérés où il s’acclimate facilement, ce n’est plus qu’une plante annuelle à croissance très rapide, et qui ne s’élève pas au delà de deux mètres. On la cultive dans les jardins à une exposition chaude.

À la fleur succède, peu de temps après la chute de la fleur, une capsule à trois côtes saillantes, couverte d’épines molles, comme le marron d’Inde. Cette capsule contient trois graines ovales de la grosseur d’un petit haricot, tachetées de rouge sur fond grisâtre.

On en retire par la pression, après les avoir broyées, ou par l’ébullition dans l’eau, une huile incolore, visqueuse, d’une odeur et d’une saveur peu prononcées quand elle est fraîche, mais qui rancit assez vite.

L’huile de ricin se prescrit dans tous les cas où l’on désire simplement obtenir un effet laxatif. Elle convient très bien dans les cas de constipation opiniâtre. Elle ne fatigue pas les personnes qui souffrent d’hémorroïdes ; on peut sans crainte l’administrer aux enfants. La dose varie de 15 à 60 grammes pour un adulte, mais rarement on a besoin de dépasser 30 grammes. On la dissimule dans du bouillon aux herbes chargé d’oseille, ou du thé additionné de jus de citron. Mélangée avec de la poudre de sucre ou du miel, elle ne répugne plus aux enfants. Il faut se garder d’avaler deux ou trois graines entières, comme on le fait quelquefois pour produire une purgation énergique ; il pourrait en résulter des accidents graves.

Rue. — La Rue à laquelle on a donné les noms de Péganion, Rouda, Ruda, Herbe de grâce, croît naturellement dans les lieux montueux et arides.

Appliquée sur la peau, elle produit une rubéfaction intense, surtout lorsqu’elle est contuse. On a mis à profit cette action irritante dérivative en faisant porter sur la poitrine un linge imprégné de son suc ou trempé dans sa décoction concentrée, pour guérir des catarrhes chroniques. C’est un anti-parasitaire fort utile en lotions contre les poux, la gale, la teigne, les larves de mouches qui se trouvent parfois dans les plaies ; et pour déterger les ulcères atoniques. En lavement elle fait périr promptement les vers intestinaux. On obtient le même résultat chez les enfants en frottant le ventre avec de l’huile d’olive ou d’œillette dans laquelle on a fait infuser des feuilles de Rue ; elle peut être utile dans les accidents nerveux, et possède des propriétés emménagogues incontestables, mais dont il faut se garder d’user lorsqu’il existe une cause quelconque d’inflammation.

Il faut récolter les tiges avant l’épanouissement des fleurs ; la dessication ne diminue pas ses propriétés. On prépare l’infusion avec 2 à 10 grammes par litre d’eau, à prendre par tasses ; on donne la poudre en pilules à la dose de 1/2 à 3 grammes.

Sauge. — La sauge officinale ou grande sauge est une plante tonique et stimulante qui fait partie des espèces vulnéraires. C’est une plante fort active et très utile dans nombre de cas, notamment dans les affections des voies digestives, la dyspepsie, les catarrhes chroniques, les affections nerveuses, la paralysie, la goutte, etc. On l’emploie à l’extérieur contre les coups, les contusions, les ecchymoses, les maladies de peau ; mais on s’en sert surtout en infusion à la dose de 8 à 15 grammes par litre d’eau.

Sureau. — L’infusion des fleurs sèches à la dose de 4 à 15 grammes par kilogramme d’eau, est un sudorifique d’un emploi vulgaire, tandis qu’une décoction de fleurs fraîches agit comme diurétique et purgatif ainsi que celle des feuilles (30 grammes par kilogramme d’eau) qui est d’ailleurs moins usitée.

La partie du Sureau qui a le plus d’énergie à l’état frais est la seconde écorce, c’est-à-dire l’écorce verte qui se trouve immédiatement au-dessous de l’épiderme grisâtre. Une décoction de 60 à 70 grammes dans un kilogramme d’eau, coupée avec moitié lait et administrée quatre ou cinq fois par jour à doses croissantes de 60 à 100 grammes, a souvent donné de bons résultats dans l’hydropisie ; il en est de même du vin de sureau préparé en faisant infuser 150 grammes de seconde écorce dans un kilogramme de vin blanc. On peut aussi donner le suc de l’écorce par doses de 15 à 60 grammes par jour. Pour obtenir un résultat, il faut causer de copieuses évacuations. Toutes ces préparations, bien que spécialement purgatives agissent aussi comme vomitif lorsque les doses sont un peu fortes.

Tanaisie commune. — Plante aromatique, appelée aussi barbotine ou herbe aux vers, dont les sommités fleuries sont employées comme toniques ou comme vermifuges. On les donne en poudre à la dose de deux à quatre grammes ; en infusion, à la dose de 8 à 16 grammes par litre d’eau. La tanaisie croît abondamment dans les champs, les lieux pierreux et incultes, au bord des chemins, sur les berges des cours d’eau, etc. À l’extérieur, cette plante s’emploie en cataplasmes contre les engorgements lymphatiques, les entorses, les contusions, les ulcères atoniques, etc. On l’a proposée pour remplacer le quassia amara, l’absinthe et le semen-contra.

Le Tilleul, bien connu de tous fournit une ample moisson de fleurs d’un blanc jaunâtre, disposées en petit corymbe dont le pédoncule est soudé en partie à une bractée membraneuse.

On récolte ces fleurs dans les mois de juillet et d’août. Il serait bien de séparer les bractées afin de ne les employer que dans les cas où l’on désire augmenter l’action diurétique et diaphorétique des fleurs qui sont douées surtout des vertus calmantes et légèrement antispasmodiques L’infusion des fleurs, d’une odeur et d’un goût agréables, est d’un usage familier dans la migraine, les vomissements, les indigestions, il remplace avantageusement le thé qui cause souvent une irritation nerveuse. On l’emploie aussi avec avantage dans les diarrhées chroniques, les courbatures, les coliques, les frissons fébriles. Pour la préparer on emploie de 4 à 10 grammes par litre d’eau.

Pour les diarrhées chroniques dans lesquelles les astringents ne réussissent pas à cause de l’irritation de la membrane muqueuse qui tapisse l’intestin, on obtient souvent de bons résultats en employant avec persévérance un mucilage produit par la décoction d’écorce de Tilleul. Cette préparation rend aussi de grands services, appliquée sur les plaies enflammées, les brûlures. Les feuilles, qui sont aussi mucilagineuses, peuvent remplacer celles de Mauve comme émollient.

Tussilage. — Cette plante appelée aussi Pas d’âne, se trouve dans les terrains argileux, aux bords des fossés.

Les fleurs d’une odeur forte, agréable, d’une saveur douce et aromatique, sont rangées parmi les espèces pectorales, comme la Mauve, le Bouillon blanc, la Violette. Quant aux feuilles, que l’on emploie en décoction à la dose de 60 à 100 grammes et plus par litre d’eau, elles passent depuis longtemps pour efficaces dans les affections scrofuleuses, soit seule, soit aidée par l’usage du vin de Gentiane. Le traitement est toujours long, quels que soient les remèdes employés, aussi ne faut-il pas se rebuter après les premiers essais. On fera bien de donner chaque jour 60 grammes de suc des feuilles, en augmentant progressivement jusqu’à 100 grammes. Pour boisson on préparera une décoction de 50 grammes de feuilles sèches dans un kilogramme d’eau, à prendre dans la journée.

Valériane. — Appelée aussi Herbe aux chats, herbe à Saint-Georges. C’est une plante vivace qui croît dans les marais et les bois humides. Sa racine possède des propriétés antispasmodiques incontestables qui la rendent précieuse dans le traitement des maladies nerveuses. La tisane qu’on prépare en faisant bouillir huit grammes de racine dans un litre d’eau à un goût extrêmement désagréable. Aussi, bien que ce soit une excellente préparation, lui préfère-t-on généralement la poudre qu’on prend à la dose d’un demi-gramme à quatre grammes, divisée dans des cachets.

Violette. — Toutes les parties de cette plante sont utiles. Les feuilles fraîches forment un cataplasme émollient. Leur suc, à la dose de deux onces, constitue un laxatif doux. Les fleurs au parfum à la fois suave et très diffusible, sont émollientes, légèrement diaphorétiques, et, comme telles, d’un emploi journalier, en infusion théiforme, à la dose de 4 à 10 grammes par litre d’eau, dans les bronchites, les catarrhes, les fièvres éruptives. Fraîches, elles sont un peu laxatives. La racine possède une propriété vomitive à peu près analogue à celle de l’Ipécacuanha, et peut très bien le remplacer dans les cas où ce dernier semble indiqué, soit à la dose nauséeuse, soit à dose vomitive, surtout chez les enfants et les personnes délicates. Elle peut rendre aussi de grands services dans le catarrhe pulmonaire chronique, la coqueluche, la dysenterie. La dose vomitive et purgative pour un adulte est de huit à douze grammes de poudre de racine ou de racine coupée très menu, en décoction dans un verre d’eau, pris en deux fois. Si l’on recherche surtout l’effet vomitif, il vaut mieux administrer de deux à quatre grammes de la poudre récente dans de l’eau sucrée.


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