Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/166

Slatkine reprints (p. 205).
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NOTE II[1]



Les rencontres littéraires, déplorables si elles sont contemporaines me font plaisir à longue distance.

Un soir de 94, j’écrivais une petite page ou Bilitis aperçoit la nuit, au bord de l’eau, des jeunes filles qui attendent … « ceux qui reviennent, l’une son père, l’autre son frère ou son fiancé ! Bilitis qui n’attend personne, s’en retourne, Seule ? Oui et non. « À travers les arbres, la lune me reconduisait. » Page de poésie élémentaire comme une fable. Les poètes ne sont jamais seuls.

Mais cette lune reconduit une mélancolie, je voulais lui donner une épithète humaine et j’aimais déjà les mots les plus simples. J’écris, en hésitant : « La lune aux yeux bleus … » C’était si simple que je ne me souvenais pas d’avoir lu cela nulle part. En le relisant, je me suis même dit : « Ce n’est pas français ; mais cela pourrait être grec ? » — J’ai cherché, et j’ai trouvé quatre mots d’Euripide : un fragment d’une tragédie perdue, avec une lune γλαυϰῶπιϛ.

  1. Note inédite de l’auteur.