Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/157

Slatkine reprints (p. 191).


HUIT HEURES


Quel timbre sonne ? Elle s’est dressée avec crainte et s’appuie d’une main sur le lit, malheureuse comme au bruit d’un danger. Quelle heure ? Elle ne veut pas l’entendre.

« Non ! Pas encore ! » Elle rentrera trop tard. Advienne que pourra. Tout lui est égal, hors l’instant qui s’approche. Tout ce qui n’est pas cela n’est pas vivre.

Sa chevelure en moiteur, suspendue à sa tête lasse, retombe alentour, la couvre d’ondes noires. Seule, émerge une blanche épaule.

Il faut écarter les douces boucles pour chercher la bouche perdue que j’écoute gémir sans la voir et qui me brûle à travers les cheveux.