Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/148

Slatkine reprints (p. 175-177).












CHANSONS NOUVELLES












Il y avait une vierge en Carie et elle s’appelait Hermaphrodite, car elle était fille de Hermès et de Kypris Owanienne. Et elle vit la nymphe Salmakis accoudée à sa fontaine, et elle en devint amoureuse.

Or, comme elle pleurait, disant : « Si j’étais homme ! » elle fut par sa mère exaucée, et s’unit à Salmakis, mais si passionnément, hélas ! que la petite nymphe tout entière s’engloutit dans son étreinte.

Hermaphrodite s’éveilla, dépouillée de l’un et de l’autre sexe, et de quoi lui eussent-ils servi puisqu’ayant été confondue, selon le rêve des amants, elle avait goûté tout l’amour et ne recommencerait plus.

Comme elle se penchait sur l’eau, elle se vit : et la grâce de Salmakis était répandue sur elle. Et elle mourut là, sans bouger, de l’horreur d’être un tombeau.