Les Chansons de Bilitis, suivies de Chansons modernes/Les Chansons de Bilitis/140

Slatkine reprints (p. 163).


LE DERNIER AMANT


Enfant, ne passe pas sans m’avoir aimée. Je suis encore belle, dans la nuit ; tu verras combien mon automne est plus chaud que le printemps d’une autre.


Ne cherche pas l’amour des vierges. L’amour est un art difficile où les jeunes filles sont peu versées. Je l’ai appris toute ma vie pour le donner à mon dernier amant.


Mon dernier amant, ce sera toi, je le sais. Voici ma bouche, pour laquelle un peuple a pâli de désir. Voici mes cheveux, les mêmes cheveux que Psappha la Grande a chantés.


Je recueillerai en ta faveur tout ce qu’il m’est resté de ma jeunesse perdue. Je brûlerai les souvenirs eux-mêmes. Je te donnerai la flûte de Lykas, la ceinture de Mnasidika.