Causeries, deuxième série/Les Bains d’air

Hachette (2p. 278-292).

LES BAINS D’AIR.

Si quelques lecteurs du journal m’ont fait l’honneur de remarquer mon absence, je parie hardiment que pas un n’a deviné en quel coin du monde je m’étais perdu. J’étais, je suis encore enfermé dans un couvent, et j’y suis de mon gré, ce qui peut paraître invraisemblable à ceux qui me connaissent. On ne m’a pas jeté tout frémissant dans le cloître, comme le sire de Spesbourg qui rugit soixante ans sous le froc, à quelques lieues d’ici, et qui passa un jour devant les ruines de son château sans pouvoir les reconnaître. Je n’ai pas succombé non plus à une atteinte de monomanie religieuse, comme certains artistes ou écrivains de notre temps. Si l’abbé Litz comptait sur moi pour servir sa première messe, il risquerait un peu de ne la dire jamais. Connaissez-vous ce joli mot de Mme Octave, une belle actrice du Palais-Royal ? Un journal de théâtre annonça qu’elle avait pris le voile ; elle répondit gaillardement : « Soyez sûrs que si j’entre au couvent, je choisirai un couvent d’hommes. » C’est dans un couvent de femmes que je griffonne ce feuilleton.

Un rédacteur de l’Opinion nationale, interné au monastère de Sainte-Odile, voilà certes du nouveau. La légende prétend que Charlemagne, Louis le Débonnaire, l’empereur saint Henri, le pape Léon IX, Frédéric Barberousse, Richard Cœur de Lion et autres personnages de haute volée ont habité tour à tour ces modestes cellules et nourri de leur sang les aïeules de nos puces ; mais c’est la première fois, j’en réponds, que l’Opinion nationale vient se faire manger ici.

J’y suis d’ailleurs en bonne compagnie. J’ai pour voisins Gustave Doré et Adolphe Leleux, un auditeur au conseil d’État, charmant garçon plein d’esprit et d’entrain, un ingénieur qui passe sa vie à percer des puits artésiens dans le Sahara, un chirurgien fameux, le seul qui pratique l’ovariotomie avec un succès presque constant : inutile de vous dire que l’un s’appelle Degousée et l’autre Kœberlé.

N’allez pas croire au moins que nous soyons entrés à Sainte-Odile comme les compagnons du comte Ory à Faremoutiers. Presque tous les hôtes du couvent y ont amené leurs familles. Celui-ci a gravi la montagne en compagnie de sa mère, cet autre a sa femme et sa fille avec lui. Le monastère haut perché qui nous héberge tant bien que mal, est devenu depuis dix ans un rendez-vous de bonne compagnie. Si l’on voulait connaître en un été tout ce qu’il y a d’un peu notable en Alsace, il suffirait de séjourner ici trois mois durant.

Si vous êtes curieux de savoir à quoi tient la vogue de cette résidence, je ne vous ferai pas languir trop longtemps.

L’habitant d’une grande ville, et même d’une petite, éprouve au moins une fois dans l’année un violent besoin d’oublier ses voisins, ses affaires, son travail, ses journaux et le cours de la Bourse. Nous sommes tous de grands enfants ; il nous faut des vacances. Les citadins ont inventé la maison de campagne pour satisfaire à cet appétit. Mais on s’est bientôt aperçu que les villas entassées l’une sur l’autre dans les banlieues ne faisaient qu’élargir indéfiniment le périmètre des villes.

C’est en vain que les chemins de fer étendent le rayon de la villégiature ; le châtelain, si loin qu’il se transporte, entraîne ses petites misères avec lui. Il fuit escorté de ses habitudes, et des nécessités artificielles de sa vie. Il ne se débarrasse de ses relations que pour en subir de nouvelles ; on a partout des voisins ; on reçoit, on est reçu, on s’habille autrement, mais aussi ridiculement qu’à la ville ; il faut tenir maison, faire figure, ouvrir un salon, écouter et répondre des riens ; on a cru s’affranchir, on se retrouve esclave de la sottise et de la vanité urbaines.

Il suit de là que les châtelains eux-mêmes s’échappent de la campagne au beau milieu d’une saison. Les uns gagnent la mer, les autres se dirigent vers les eaux de France ou d’Allemagne. Mais il n’y a pas d’eaux à la mode qui ne deviennent bientôt plus parisiennes que Paris. On y trouve tout ce qu’on fuyait, et de plus les tripots, le gaspillage insolent de l’argent gagné vite, le mélange de tous les mondes, le contact inévitable de la pornocratie.

Les bains de mer valent un peu mieux, j’en conviens : on s’y cantonne plus facilement contre les invasions de l’autre monde. Mais aussitôt qu’une plage est adoptée par la mode, elle devient un turf d’élégance ; on y passe la vie à se faire voir, à changer de toilette ; l’âcreté des jalousies fait plus de mal que l’air salé ne fait de bien. D’ailleurs, le voisinage de la mer ne convient pas à tous les tempéraments. Ajoutez que les distractions de Bade et de Trouville ont le tort de coûter fort cher : le temps n’est plus où les élégantes pouvaient faire en été des économies pour l’hiver.

Économisent-elles au moins de la santé et de la force ? J’en doute un peu. Pour que les gens du monde tirassent un vrai profit de leurs vacances, il ne faudrait pas transporter dans leurs bagages les habitudes meurtrières de Paris. Mais on se couche aussi tard à Trouville et à Bade qu’à Paris même. Le jeu, le spectacle, le bal durent jusqu’à minuit ; on soupe ensuite. On se couche trop tard pour se lever matin ; on se lève fort las, bon à rien, capable tout au plus de nager vingt minutes ou de flâner une heure à cheval. Je me suis amusé souvent à étudier les figures qui peuplent les casinos et les kursaals en France et à l’étranger ; j’ai vu partout des yeux battus, des figures tirées, les rides précoces de la fatigue et de la fièvre. Paris retrouvera ces pauvres gens en octobre tels qu’il les a vus partir en juillet.

Il y a donc autre chose à chercher, et si les moralistes se reconnaissent impuissants à modifier le train des villes, ils doivent se mettre en quête de certains lieux de repos où nos pauvres civilisés puissent se refaire entre leurs fatigues.

Nous avons les montagnes qui semblent inventées tout exprès. Je suis presque certain qu’elles prendront faveur à leur tour et qu’on verra bientôt les bains d’air à la mode.

On me dira que les Alpes et les Pyrénées ont devancé d’un siècle au moins ma petite prophétie. Je le sais. Mais la Suisse elle-même est assez loin de Paris ; les voyages y coûtent cher ; les auberges un peu propres y sont inabordables. D’ailleurs, les grandes ascensions sont un exercice de haute école interdit à la plupart des jambes. Il faudrait, pour bien faire, offrir aux Parisiens une région moins lointaine et moins escarpée, où toute une famille, y compris les femmes et les enfants, pût s’ébattre en bon air et prendre un exercice modéré, tout en faisant des économies. Prenez mon ours, prenez les Vosges, et vous m’en direz des nouvelles.

Les Vosges sont à dix heures de Paris, et je sais de science certaine que la Compagnie de l’Est veut mettre le voyage à la portée de toutes les bourses. Avant trois ans d’ici, peut-être l’année prochaine, vous viendrez de Paris à nos montagnes pour le prix d’une stalle des Italiens. Mais encore, avant de se risquer dans un pays si neuf et si peu connu, faut-il savoir ce qu’on y verra. Je vais vous le dire. Nous n’avons ni glaciers, ni grands lacs alimentés par la fonte perpétuelle des neiges. Mais nous avons des forêts aussi belles, plus grandes et plus anciennes que la forêt de Fontainebleau. Quelques-unes sont encore aussi sauvages et (tranchons le mot) aussi vierges que celles de l’Amérique.

Nous avons des rochers énormes, d’une forme et d’une couleur admirables ; blocs de grès rouge, de granit et de porphyre ; nous avons des vallées riantes et fraîches où les ruisseaux débordent sur des prés plus verts que l’émeraude, après le formidable été qui a séché, roussi et crevassé le sol français, du nord au sud. Enfin, ce qu’on ignore un peu trop dans cette belle France, nous avons sur toutes ces montagnes une collection de vieux châteaux historiques que le voyageur le plus infatigable ne pourrait point cataloguer en trois mois.

Il y en a de tous les temps et de tous les styles, mais la plupart construits entre le douzième et le quatorzième siècle. Les uns s’étalent à ciel ouvert au sommet d’une montagne : les autres sont enfouis sous les arbres et paraissent d’autant plus poétiques que des sapins géants ont pris racine dans leurs murs. On vous montrera dans la même demi-journée une demeure seigneuriale, opulente, quasi princière comme le Landsperg, et un nid de vauriens ténébreux comme le Dreystein.

Nos forêts sont littéralement peuplées de ces petits repaires qu’un brigandeau faisait construire en lieu inaccessible pour serrer son butin et protéger sa personne. On n’habitait pas ces terriers, on s’y retranchait. Les princes ne les assiégeaient point ; il y aurait eu trop à faire : ils coupaient une forêt, l’amoncelaient autour du château imprenable, et enfumaient le brigand comme un renard. Les murs, construits en prévision de l’incendie, ont souvent deux mètres d’épaisseur et plus.

Nous n’avons qu’à tourner autour de notre gîte pour rencontrer le Landsperg, le Dreystein, et dix autres ruines aussi curieuses, comme le Hanfmatterschloss, le Hagelschloss, Birkenfels, le Niedermunster, Truttenhausen, Ratsamhausen et son voisin Lutzelbourg ; et la fortification romaine du Kæpfel, et le dolmen druidique du Mennelstein, et la voie romaine, et le fameux mur païen, long de dix kilomètres, énorme et singulière énigme où tous les archéologues de l’Alsace ancienne et moderne ont cassé leur estimable nez.

Pour peu que la promenade s’allonge, nous tombons sur Andlau et le Spesbourg. Ces jours derniers, Bartholdy, le statuaire de Colmar, nous a entraînés jusqu’à sa ville natale, et, sous prétexte de nous montrer le lac noir et le lac blanc, deux volcans éteints, il nous a fait compter une demi-douzaine de monuments héroïques, dont l’un, le haut Kœnigsbourg, est moins un château qu’une cité féodale. Il faut avoir traversé cette région des Vosges alsaciennes pour se faire une idée de ses richesses archéologiques. Pas un bourg, pas un village où l’on ne rencontre cinq ou six monuments du moyen âge ou de la Renaissance.

En dix minutes de séjour dans la petite cité d’Obernai, j’ai vu un hôtel de ville admirable, une fontaine féerique et un bahut italien qui est un monument, en son genre. Les voyageurs ont raison d’admirer Strasbourg ; mais Colmar, qu’on oublie, est peut-être plus intéressant. Un épicier nommé Pfister habite, après Charles-Quint, une maison du seizième siècle qui mériterait huit jours d’études assidues. Non-seulement il l’habite, cet honnête homme, mais il l’entretient, la répare et la restaure avec intelligence dans le plus pur style du temps. Toute cette face des Vosges qui regarde le Rhin, depuis Colmar jusqu’à Saverne, est une fourmilière de belles choses, merveilles de la nature et chefs-d’œuvre de l’art.

Sainte-Odile, où nous sommes, est la sentinelle avancée des Vosges, la tête de l’Alsace. Les Romains l’ont fortifiée, après les Druides ; on reconnaît encore les ruines de leur castellum. Le premier duc d’Alsace y résidait au septième siècle. Cet Adalric, ou Atticus, ou Étichon, qui est l’ancêtre commun du comte de Chambord, du comte de Paris, de la reine d’Espagne, du grand-duc de Bade, de l’empereur d’Autriche et du dernier roi de Naples, faisait ses bombances seigneuriales sur le plateau où nous avons si mal déjeuné ce matin.

C’est lui qui fut le père de sainte Odile et qui la condamna à mort, dit la légende, parce qu’elle était née aveugle. Mais Odile fut sauvée par sa mère Berswinde, qui fit tuer une jeune vassale à sa place ; elle reçut une éducation chrétienne dans un cloître de la Franche-Comté ; elle recouvra la vue le jour de son baptême ; elle se réconcilia avec son père, qui voulut la marier malgré elle, et la poursuivit comme une biche, à courre, pour la livrer au mari de son choix. Mais les anges veillaient sur la vierge chrétienne ; ils écartaient les rochers devant elle, et les remettaient à leur place aussitôt qu’elle avait passé. La paix se fit, à la fin, entre le père et la fille ; Étichon rasa son château et construisit un cloître dont Odile devint abbesse.

La future patronne de l’Alsace faisait des miracles par douzaines ; elle guérissait les aveugles ; elle faisait jaillir l’eau des rochers en les touchant du bout du doigt. Pour arracher son père au purgatoire, elle pleura tant et tant qu’elle creusa un trou large et profond comme un coffre dans le granit. On ne voit plus les larmes, mais j’ai vu le trou. Quand la sainte mourut à l’âge de 109 ans, un ange descendit tout exprès pour lui apporter le viatique. Tout est miracle dans cette histoire ; le couvent seul n’est plus guère miraculeux. Il est vrai que douze incendies et une demi-douzaine de saccages l’ont fait aller de mal en pis. Ce n’était qu’une ruine informe en 1833 lorsqu’un mauvais garnement du nom de Lhuillier l’acheta 14 000 francs et y fonda l’ordre des Frères paillards. Il y avait aussi des Sœurs paillardes, et les deux sexes y menaient un train plus joyeux qu’édifiant, malgré les interdictions et les excommunications de l’évêque.

L’ordre (ou, pour parler correctement, le désordre) se maintenait grâce aux coupes des bois voisins et au pèlerinage obstiné des Alsaciens aveugles, borgnes ou chassieux.

Le peuple naïf de ces contrées n’a jamais perdu l’habitude de financer au tronc de sainte Odile et de se laver les yeux à sa fontaine miraculeuse. Tous les propriétaires du couvent, moines, séculiers, voire laïques, ont trouvé une ressource abondante dans l’obole des pèlerins.

Il y a douze ans que le patriotisme alsacien s’est mis en tête de ressusciter le monastère Sainte-Odile. On a fait une souscription dont le chiffre, si je ne me trompe, s’est élevé à 45 000 francs. L’évêque actuel de Strasbourg, au nom du diocèse, a racheté et restauré la ruine. Il en a fait une auberge vraiment originale, qui conserve la forme et le nom du couvent. Le premier personnage est un aumônier fort discret : il ne se montre guère qu’à l’église. L’abbesse, ou mère, préside aux soins de la cuisine et de la comptabilité. Elle installe les voyageurs dans leurs cellules, règle le menu des repas, et présente la carte à payer. La cuisine est médiocre, et surtout monotone en diable ; les vins, fournis par l’évêque, qui est un des plus riches vignerons du pays, ne valent pas précisément ce qu’ils coûtent ; le service est assez mal fait par des servantes cloîtrées, qui ignorent généralement le français. La ferme annexée au couvent est confiée à des frères porteurs d’eau, bouviers, laboureurs, faucheurs, etc., tous ignorants à faire peine et sales à faire peur. L’eau manque trop souvent dans nos cellules, les petites bêtes qui piquent y pullulent insolemment.

Malgré toutes ces horreurs, on est heureux ici, et je n’hésite pas à vous recommander l’auberge de Sainte-Odile. Si l’on n’y trouve pas le même confort qu’au Grand-Hôtel, si les lits sont trop durs, les corridors trop sonores, si l’on mange sur la toile cirée sans autre nappe, si le maigre est obligatoire deux fois par semaine, si la règle un peu bebête interdit le cigare, le piano et jusqu’aux simples chansons, tous ces défauts sont rachetés par des avantages inestimables. L’auberge, telle quelle, est située au milieu des plus belles beautés des Vosges. Elle touche aux grands bois et aux châteaux héroïques ; elle regarde la forêt Noire face à face par-dessus la plaine d’Alsace et le large ruban du Rhin.

Nous faisons chaque jour deux grandes promenades, la première jusqu’à midi, la seconde jusqu’au coucher du soleil ; on escalade des montagnes, on se laisse rouler dans les ravins, on se froisse, on se heurte, on se fatigue, on sue à tordre sa chemise, et l’on ne se fait pas de mal. Cette gymnastique virile obtiendrait, j’en suis sûr, l’estime d’Hector Malot, notre vaillant collaborateur, et de M. Eugène Paz qui veut régénérer les Parisiens par l’exercice. On s’étonne parfois que Gustave Doré, le plus puissant artiste et le plus fécond de notre temps, ne soit pas mort à la peine : il n’est pas mort parce qu’il vient chaque année passer un mois dans ce pays-ci, parce qu’il grimpe aux vieux châteaux comme un chat, parce qu’il se laisse rouler en boule dans ces précipices inoffensifs.

Un autre mérite du lieu, c’est que le carnaval des toilettes y est tout bonnement impossible. Les robes de Bade et de Trouville ne tiendraient pas une heure dans ces sentiers. De bons souliers solides, de bons tissus bien résistants, voilà le seul luxe permis aux jolies femmes et aux dandies.

Enfin, cette excellente vie a l’avantage de coûter un peu moins que rien. Quoique le couvent de Sainte-Odile fasse des affaires d’or, je défie les viveurs les plus déterminés d’y dépenser plus de cinq francs par jour. Que vous en semble ?

Il y a peu de fortunes en Alsace, et les riches de nos contrées sont enclins à garder leur argent. Si les bains d’air qu’on prend dans les Vosges n’étaient pas d’un prix modéré, on ne verrait pas la population de la plaine se jeter dans les montagnes aux approches de l’été.

Depuis sept ou huit ans, chaque site un peu remarquable s’embellit d’un chalet aussi hospitalier, sinon aussi fameux que le couvent de Sainte-Odile. Le peuple des villes y court. Nos petits chemins de fer départementaux, à dix centimes par station, transportent les citadins jusqu’au pied de la montagne. Aussitôt débarqué, chacun prend ses jambes à son cou et monte joyeusement vers la région du bon air. J’ai vu, ces jours derniers, dans un pays perdu, au bout du monde, un chalet dont la bâtisse et les dépendances ont coûté cent mille francs.

Comprenez-vous qu’on installe une auberge d’un tel prix dans un hameau de six maisons qui s’appelle le Hohwald, c’est-à-dire la forêt haute ? Hé bien ! la propriétaire aura tout payé l’an prochain. Elle n’avait pas un centime au début ; son mari, un pauvre garde assassiné dans la forêt, l’avait laissée sans ressource, avec un fils. Elle a trouvé du crédit, elle s’est mise à héberger les touristes de la montagne au prix de cinq francs par jour. Sa maison ne désemplit pas de tout l’été ; il faut s’inscrire un mois à l’avance. Il est vrai que la cuisine est meilleure au Hohwald qu’à Sainte-Odile et le logement plus propre.

J’insiste sur cet exemple, pour prouver aux habitants des Vosges que leur tour est venu, que les montagnes seront bientôt à la mode, et qu’ils doivent se mettre en mesure d’héberger convenablement cent mille chercheurs de santé. Quant à vous Parisiens, qui lirez ceci dans deux jours, ai-je besoin de vous prouver qu’on vit heureux sur ces montagnes ? Notre séjour au couvent de Sainte-Odile en dit plus long que tous les discours.

On sonne à la porte d’entrée ; je vous quitte pour aller voir si ce n’est pas Mlle Adelina Patti qui nous arrive. Elle a presque promis de venir se reposer au pays des bonnes fatigues, des appétits terribles et des nuits où l’on s’endort à neuf heures moins le quart.