Les Anacréontiques/Sur Lui-même (7)

Les AnacréontiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 101-102).

XXX

SUR LUI-MÊME


 
Je me plais au rire ainsi qu’aux chansons.
Qu’un groupe enjoué de jeunes garçons
D’un vin trempé d’eau m’apporte une coupe,
Je vois des chagrins s’éloigner la troupe.
A quoi bon se plaindre et pourquoi gémir ?
Noyons la tristesse au fond de la coupe.

Que sait-on des jours ? — qu’il nous faut mourir !
Avant que l’Hadès nous prenne à la terre,
Des plaisirs vidons la coupe éphémère.
La rose est d’un jour, il faut la cueillir :
Ses parfums sont doux à qui doit mourir !
Le front couronné de rouges verveines,
Noyons les chagrins dans les coupes pleines.
Enfants beaux et frais, joyeux échansons,
D’un nectar riant emplissez ma coupe ;
Mêlant à vos chants la flûte aux doux sons,
Des ennuis chassez loin de moi la troupe !
Je me plais au rire ainsi qu’aux chansons.