Les Anacréontiques/Le Songe

Les AnacréontiquesAlphonse Lemerre, éditeurPoésies d’Auguste Lacaussade, tome 1 (p. 115).

XLV

LE SONGE


 
Par des champs pleins de fleurs nouvelles,
En rêve il me semblait courir.
J’allais, prompt comme le désir ;
Aux épaules j’avais des ailes.
Éros, l’enfant charmant et blond,
Bien qu’à ses pieds il eût du plomb,
Me poursuivait, et dans la plaine
Bientôt il m’atteint et m’enchaîne,
En riant d’un rire vainqueur.
Pour moi ce rêve est un présage,
Et j’en suis troublé dans mon cœur :
Jusqu’à présent, d’humeur sauvage,
Si j’ai pu de beaucoup d’amours
Briser le facile esclavage,
Celui-ci dans un dur servage
Me tient prisonnier pour toujours.